Au milieu de nulle part

Elle tapota avec bienveillance les épaulettes de son uniforme bleu-marine. Cela lui faisait tout drôle de voir son fils dans une tenue aussi solennelle et en même-temps, elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une petite pointe de fierté. Voir la chair de sa chair aussi bien apprêtée la gonflait d’orgueil. Presque autant que lorsqu’il lui avait annoncé rejoindre les forces de l’ordre des années plus tôt. Mais un autre sentiment l’avait peu à peu envahie, la peur.

Il y avait maintenant quelques années, l’armée, en accord avec la Fédération des Laboratoires Pharmaceutiques avait créé un tout nouveau corps d’affectation, le B.S.A.A. Quand la grande débâcle de Raccoon City avait pris fin, l’armée n’avait pas voulu prendre de risque et avait recruté ce qu’elle considérait comme une des meilleures équipes armées. Ce tout nouveau corps avait tout simplement pour but que les incidents qui s’étaient produit dans le passé, ne puisse plus se reproduire dans le présent.

James était déjà engagé dans l’armée à l’époque de sa création, mais il avait tout de suite eu dans l’idée de le rejoindre. Il préférait encore, disait-il, devoir massacrer ces « choses » de des personnes bien vivantes.

- Maman, on va être en retard ! Râla James.

- Oui, oui, dit-elle en s’empressant de ranger une boîte de cookies tout frais dans le paquetage de son fils.

- Je serais bien incapable d’avaler tout ça, tu le sais bien.

- Tu partageras avec tes petits camarades.

James poussa un soupir en basculant son bagage sur son dos.

- Je ne vais pas à l’école tu sais ?

Elle haussa les épaules, comme s’il fallait obligatoirement être un enfant pour apprécier de délicieux cookies, pensa t-elle.

Contrairement aux prévisions de James, ils arrivèrent au port à l’heure, celui-ci serra tendrement sa mère dans ses bras et l’embrassa sur le front avant d’aborder.

D’innombrables familles étaient réunies, il disaient au revoir à leurs fils, leurs filles, leurs femmes, leurs maris, qui tous étaient sur le pont pour l’heure des adieux. Ellen sortit un mouchoir et ses yeux rougis ne pouvaient pas se détacher de son fils qui lui faisait de grands signes.

La corne du brume du bateau retentit longuement, et le bateau de tarda pas à se mouvoir les hurlements d’adieu se faisaient entendre, les cris de désespoir aussi. Tous connaissaient les risques de ce genre de mission. Ellen avait prit sur elle pour ne pas sombrer elle aussi et dès que le bateau fut hors de vue, elle s’engouffra dans la voiture et rentra chez elle.

James avait été affecté à une cabine avec ses collègues de régiment, Craig, Justin et Mark. Craig était avec lui depuis son entrée dans l’armée, ils étaient presque devenu indissociable l’un de l’autre que ce soit en repos ou sur le terrain. Le petit Justin lui était une nouvelle recrue, fraîchement débarqué de l’Ohio, il s’était engagé il y a peu en espérant que ce soit : « Comme dans les jeux-vidéos », pauvre de lui, c’était sa première opération. Mark lui était presque un vétéran, il a une grande expérience, mais aussi un grand âge, il était plutôt le sage du régiment et James espérait qu’il ne passerais pas tout son temps à jouer les père-la-morale.

Il y avait quelques jours de cela, un bateau suspect était apparut sur le territoire maritime. Un bateau qui selon les informations ressemblait fortement à un laboratoire naval. En tout cas il embarquait un certains nombre d’outils d’analyse et bien sur, si c’était le B.S.A.A. qui se trouvait mobilisé, ce n’était pas pour rien.

Le lendemain, il ne se trouvaient plus qu’à quelques miles du bateau intrus, ils pourraient aborder dans la nuit. Dans la cantine, les soldats commençaient déjà à jaser :

- Moi je vous dis que c’est une mission suicide ! On va tomber sur un bateau rempli de zombies et c’est tout ce qu’on aura gagné !

- Comme-ci on avait le choix ! Tu compte faire quoi ? Te mutiner ? Te farcir des zombies c’est un peu ton métier mon grand !

- En tout cas moi je me laisserais pas dévorer aussi facilement ! James avait reconnue la voix de Justin.

- Mais tu seras tellement submergé que tu n’auras pas le choix que de te faire grailler !

Vers 22h00 cette nuit, ils furent réunis sur le pont, ils allaient partir par chambrées et chaque groupe devra se charger d’un étage. La chambrée de James s’occuperait du deuxième étage. Ils se virent remettre un talkie-walkie par groupe afin de tous pouvoir rester en contact.

Personne n’avait empêché l’abordage, le navire avait de faux airs de vaisseau fantôme. Selon le plan qu’ils avaient trouvé sur le pont, le deuxième étage comportait les cuisines, la salle à manger, les dortoirs et les sanitaires.

Ils décidèrent de commencer par les cuisines, à l’intérieur, l’air était vicié et ils prirent soin de laisse l’écoutille donnant sur l’extérieur ouverte. Ils allumèrent leurs lampe torches et Justin commença à balayer la salle avec le scanner. Mark ouvra une des chambre froide, une odeur pestilentielle s’en dégagea, toutes les provisions à l’intérieur étaient complètement moisies et pour certaines, grouillaient de larves. Il réprima un haut le coeur et referma la porte aussi vite qu’il l’avait ouverte :

- Ça fait un petit bout de temps que ce rafiot est à la dérive si vous voulez mon avis. Tous est moisi là-dedans, si quelqu’un à survécu c’est pas là-dedans qu’il trouvera son bonheur.

- Tu penses qu’il peut y avoir quelqu’un en vie ici ? Demanda Craig

- Quelqu’un… Ou quelque chose… répondit Mark

La réponse eut à peine le temps de produire son effet que le scanner de Justin se mit à biper frénétiquement :

- Les gars je crois que j’ai un truc…

Sur l’écran, une ligne fluorescente dessinait des courbes vaguement humanoïdes :

- Je crois pas que ce soit bon signe ça !

Sur ses mots, l’énorme silhouette sembla se lever, et lorsqu’ils levèrent les yeux, un énorme monstre avait surgit de derrière les chambres froides. Son corps était décharné et recouvert d’une substance étrange, certains endroits étaient à vifs et des épines hérissaient son dos et l’arrière de ses bras, la créature fondit sur eux dans un rugissement terrible. Craig chargea son revolver et tira une balle qui lui fit exploser une rotule, le faisant ployer sur le carrelage. La bête semblait tendre le bras vers eux, implorant lorsque James tira une balle qui fit exploser son crâne :

- Vous avez entendu ? Dit James horrifié.

- Entendu quoi ? Répondit Craig.

- Non… rien… dit James semblant prendre conscience de quelque-chose.

Mais James en était sur, à travers l’ultime gueulement que la bête avait poussé, il avait clairement entendu les mots « AIDEZ-MOI »