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La Volonté du Neuvième T1 - Retour aux sources
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tome 1, Chapitre 10 « Retour à Yûei » tome 1, Chapitre 10

On pourrait croire qu’avoir déjà vécu ce moment aurait facilité les choses pour Izuku, mais il n’en était rien. S’il était rassuré de savoir qu’il aurait enfin des amis, il était aussi angoissé à l’idée de faire une bourde au sujet de son secret. Ou plutôt, de ses secrets. Izuku leur avait avoué au sujet d’One For All dans son premier vécu, par lettres avant de s’enfuir de Yûei en pleine nuit comme un voleur afin de les protéger d’All For One, mais ce n’était pas le cas dans cette chronologie. Aucun de ses camarades de classe et professeurs - en dehors de Nezu et d’All Might - ne savait la vérité sur son alter et son voyage dans le temps.

Et puis… revoir ses amis et camarades après autant de temps sans qu’ils ne se souviennent de lui était… bah, ça faisait mal à Izuku. Il était tout à fait prêt à reconstruire leurs relations de zéro, mais le fait qu’il en savait plus sur eux que eux sur lui donnait à Izuku l’impression de tricher et de ne pas être légitime à être à nouveau leur ami. Et pour être honnête, il n’avait jamais vraiment su s’il était, étant donné qu’il se trouvait déjà loin quand ses camarades avaient découvert ses lettres. Pour le monde, l’alter d’une personne était comme son identité, et mentir dessus c’était comme mentir sur qui vous étiez. Izuku avait eu trop peur de leurs réactions pour les affronter en face et s’était donc enfui avant de les découvrir, avec l’excuse qu’il devait s’occuper lui-même d’All For One.

En clair, Izuku était une boule de nerfs ambulante en ce jour de rentrée en première année de lycée à Yûei.

Heureusement, il avait encore un peu de temps avant de devoir affronter ses nouveaux anciens camarades. Katsuki ne comptait pas, vu que le karma les mettait ensemble dans la même classe depuis toujours. Izuku triturait sa cravate, dont le nœud ne ressemblait à rien comme d’habitude, tandis qu’il marchait en direction du bureau du principal. Nezu avait voulu lui parler avant le début des cours au sujet de sa licence. Arrivé devant la porte, celle-ci s’ouvrit toute seule, et Izuku entra dans la pièce, un peu raide en saluant Nezu.

– Midoriya-kun, je suis content de te voir.

– Moi aussi Nezu-san.

Izuku s’installa dans le fauteuil préparé pour lui devant le bureau et accepta silencieusement la tasse de thé que l’hermine lui tendit.

– Comme tu le sais, je t’ai fait venir pour te parler de ta licence d’analyse d'alter. Mais avant, je tiens à te féliciter pour avoir réussi à valider les trois premières années ! Ce n’est pas un mince exploit que tu as fait là Midoriya-kun, surtout en continuant de suivre les cours du collège et de te maintenir en haut du classement en termes de notes.

Izuku se sentit rougir. Il était conscient que ces éloges étaient mérités, mais ça lui faisait toujours bizarre d’en recevoir. Sans doute parce qu’il ne prenait pas en compte ceux de ses professeurs du collège, étant donné qu’il savait qu’ils étaient hypocrites, car quand il était Sans-Alter dans son premier vécu, il n’en n’avait jamais reçu un de leur part.

– Merci, monsieur.

– Comme tu le sais déjà, la quatrième et dernière année de licence se passe principalement en entreprise, un peu comme les stages héroïques mais sur un an. Tu passeras donc cette année ici, à analyser les alters de tes camarades et à les aider à mieux les utiliser. Ça sera ton travail principal durant cette année scolaire. Est-ce que cela te va ?

– Oui, tout à fait, répondit Izuku en souriant.

Il se rappelait sans problème des alters de ses camarades de classe, donc pouvoir leur poser des questions de manière officielle allait lui éviter de faire des bourdes en ce qui concerne les connaissances qu’il ne devrait pas avoir. Et s’il en faisait tout de même une, sa licence d’analyse des alters pourrait lui fournir une excuse acceptable. Il l’espérait en tout cas.

– Très bien. J’ai mis au courant les professeurs principaux de la 1-A et de la 1-B, afin que tu sois pour certains cours une sorte d’assistant.

– Je… je vais les assister ? s’étonna Izuku. Mais… je suis un élève. Ils ne vont pas… enfin, ça ne va pas leur poser problème ?

– Non, pas du tout, répondit joyeusement Nezu. Ils ont été évidemment surpris que quelqu’un d’aussi jeune ne soit pas loin d’obtenir une licence universitaire, dans le domaine des alters qui plus est, mais ils ont été assez contents. Vois-tu, il existe peu d’analystes alter, et la plupart se concentrent sur les jeunes enfants afin de leur apprendre à mieux contrôler leur alter pour éviter les accidents. Donc en avoir un dans le domaine héroïque est une bonne chose, aussi bien du point de vue des enseignants que des héros.

Izuku était un peu soulagé de cette réponse, mais ne pouvait pas se débarrasser d’une certaine appréhension. Aizawa-sensei n’avait jamais semblé l’apprécier, sentiment qu’il illustrait en l’appelant “enfant à problèmes”. Bon, peut-être aussi était-ce parce qu’il se brisait les os à chaque fois qu’il utilisait One For All. Ou peut-être aussi parce qu’il se retrouvait toujours dans des situations qu’on pouvait qualifier d’ennuis. Peut-être. Mais Izuku avait aussi un mauvais passif avec tous ses enseignants, donc le comportement d’Aizawa-sensei à son égard n’avait pas été une nouveauté pour lui.

– C’est bien si je ne les dérange pas. Mais comment je vais faire pour être présent pendant les cours de la 1-B ? Je ne peux pas louper mes propres cours, même si je m’en rappelle suffisamment.

– Effectivement, tu ne peux pas, acquiesça Nezu en prenant une gorgée de thé. Contrairement à ton premier vécu, et de manière exceptionnelle, certains cours pratiques d’héroïsme se feront en commun. Oh, bien sûr, c’est une sorte de petite surprise pour les élèves, donc je te prierais de ne pas en parler à tes camarades, Midoriya-kun.

Izuku hocha la tête, avant de froncer des sourcils.

– Quand vous dites que certains cours pratiques seront en commun, est-ce vous parler aussi de l’USJ ? demanda-t-il avec inquiétude.

Il ne voulait pas que plus de monde soit mis en danger durant cette attaque, mais en même temps avoir plus de professeurs ne serait pas du luxe.

– J’ai beaucoup réfléchi avant de prendre une décision à ce sujet, commença Nezu sur un ton sérieux, ce qui était assez rare. D’un côté, envoyer sciemment des élèves dans une attaque de vilains était absolument hors de question, car cela les mettrait en danger ; mais de l’autre cela permettrait d’avoir plus de héros sur place sans avoir à mentir et trouver une excuse à leur présence exceptionnelle.

Izuku hocha une nouvelle fois la tête, ravi que Nezu soit sur la même longueur d’onde que lui. Non pas qu’il ne l’aurait pas été, c’était un héros professionnel après tout.

– J’ai donc décidé de ne pas mettre ce cours en commun. Seule la 1-A se rendra à l’USJ ce jour-là, annonça le principal. Mais ce n’est pas pour autant que je ne vais rien faire. J’ai installé une alarme, sur un système externe et indépendant, afin de me prévenir quand les communications seront coupées, afin que les renforts arrivent le plus tôt possible. De plus, j’irai personnellement chercher Yagi-kun ce matin-là pour éviter qu’il n’utilise sa durée d’action avant d’arriver à l’école.

Ce n’était pas parfait, mais c’était mieux que rien. Izuku était soulagé que le nombre de potentielles victimes ne soit pas doublé et que les chances qu’All Might soit présent dès le début du cours, donc avant l’attaque, soient d’au moins à plus de quatre-vingt dix pourcents.

– Je regrette de ne pas pouvoir faire plus, en tant que héros et en tant que principal. Malgré tes cahiers, nous ne savons pas comment la Ligue a fait pour être au courant de l’emploi du temps d’All Might. Et non, ce n’est pas de ta faute, Midoriya-kun, ajouta-t-il alors qu’Izuku ouvrait la bouche. Ce ne sont pas des informations que nous aurions partagées avec les étudiants, pour ne pas les inquiéter et créer un vent de panique, mais si dans ton premier vécu nous n’avons rien fait pour augmenter la sécurité lorsque la porte a été désintégrée, cela veut dire qu’il y a de grandes chances que la Ligue ne soit pas entrée par effraction à Yûei avant l’USJ. Il est aussi possible qu’on n’ait pas détecté l’intrusion, autant par la distraction causée par les médias et que par le fait que Kurogiri ait un alter de portails de téléportation.

C’était effectivement des informations inquiétantes. Si les élèves n’étaient pas en sécurité à Yûei, la meilleure école héroïque du pays, alors personne n’était en sécurité nulle part. C’était une chose que le premier vécu d’Izuku avait malheureusement confirmé, mais c’était toujours effrayant à entendre.

– Pour en revenir au sujet de ta licence, ce genre d’information à tendance à circuler assez vite, surtout dans une école héroïque, donc ne sois pas surpris si d’autres étudiants que tes camarades viennent te voir.

– Mais… j-je suis pas…

– Allons Midoriya-kun, avec l’expérience que tu as en tant que Ku sur internet, tu n’auras aucun problème, le rassura Nezu.

– Mais avec Ku, les gens savent que je n’ai pas de diplôme dans le domaine ; ça permet aussi de ne pas faire payer les petits conseils car tout le monde ne peut pas se le permettre ; même si je suis un peu obligé de demander une rémunération pour les analyses en elles-mêmes sinon se serait un peu illégal vu que j’ai quand même un savoir professionnel avec la licence même si je ne l’ai pas encore validée ; et puis j’ai créé Ku quand… quand j’étais encore officiellement Sans-Alter.

Izuku cligna des yeux, se rendant compte pourquoi il avait autant apprécié être Ku sur internet. Tout simplement parce que personne ne savait qu’il était Sans-Alter. C’était pour ça qu’il avait pris ce pseudo si différent de tout ce qu’il utilisait dans son premier vécu, pour éviter de se faire harceler à cause de son absence d’alter. Et… il avait apprécié, apprécié d’être vu et considéré comme tout le monde, comme normal, comme un égal. L’anonymat lui avait donné une sécurité et une liberté qu’il n’avait jamais connu jusqu’à ce qu’il obtienne One For All.

– Je vois, dit Nezu, les pattes jointes. Dis-moi Midoriya-kun, est-ce que tu serais d’accord pour révéler le secret sur ton voyage dans le temps à une troisième personne ? Quelqu’un de confiance.

– M-mais ça ne serait pas dangereux ? Pour cette personne ? Je ne veux pas causer d’ennuis.

– C’est un héros professionnel, donc le danger est un domaine qu’il connaît très bien, ne t’en fais pas. Et je ne te demande pas de répondre tout de suite, Midoriya-kun, juste d’y réfléchir.

– Pourquoi devrais-je lui en parler… à cette personne ? Vous et All Might n’êtes pas suffisants ?

– Pas dans son domaine d’expertise, je le crains. Malgré mes nombreuses connaissances en psychologie, je n’ai pas les aptitudes pour les exercer. L’inconvénient d’être un animal, je le crains. Hound Dog est donc bien plus qualifié que moi pour t’aider.

– Je… je n’ai pas besoin d’aide. Enfin, pas ce genre d’aide.

Nezu le regarda droit dans les yeux.

– Je vais être honnête Midoriya-kun. Avec tout ce que tu as vécu, dans tes deux vies, n’importe qui aurait besoin de ce genre d’aide. Y compris des héros professionnels. Y compris All Might.

Izuku resta silencieux. Demander de l’aide, parler de ses problèmes ne faisait pas partie de ses habitudes. C’était lui qui venait en aide aux autres plutôt que l’inverse. Le seul qui ne l’ai jamais aidé était All Might, qui l’avait entraîné et qui lui avait transmis son alter pour en faire un héros. Dès le moment où Izuku avait été diagnostiqué Sans-Alter dans son premier vécu, il avait assimilé que personne ne lui viendrait en aide. Son existence dérangeait déjà suffisamment comme ça, il n’allait pas en plus embêter les gens avec des choses qui ne les concernaient pas. Sa mère était toujours là pour lui, mais ne voulant pas augmenter le poids qu’elle portait sur ses épaules d’avoir un enfant différent, il ne lui avait jamais rien dit, jamais demander de l’aide avec ses problèmes. Avait-il eu tort ?

Un flash se fit dans sa mémoire, avec All Might blessé dans un pyjama d’hôpital devant se tenir contre le mur pour rester debout et marcher. All Might qui avait refusé d’être aidé parce qu’il y avait plus important que sa santé, parce qu’il… jugeait négligeable tout ce qu’il pouvait lui arriver tant que les autres allaient bien. Et Izuku était pareil. Or s’il n’avait pas voulu que All Might se comporte de cette façon avec sa vie et sa santé, ne devait-il pas aussi ne pas vouloir la même chose pour lui-même ?

– Je… je vais y réfléchir, souffla-il avec une petite voix.

– C’est tout ce que je demande, lui assura le principal. Je m’excuse de finir cette réunion aussi abruptement, mais si tu ne te dépêches pas, tu vas être en retard en cours, Midoriya-kun.

Izuku sursauta, sa tasse heureusement vide, et regarda l’horloge, découvrant qu’il ne lui restait que dix minutes avant le début de la classe. Reléguant la discussion en arrière-plan dans son esprit, il prit poliment congé en quatrième vitesse, courant dans les couloirs malgré l’interdiction, pour se retrouver cinq minutes plus tard devant l’immense porte de la classe 1-A. Vu le temps qu’il restait, il y avait de grandes chances que cette journée se passe comme dans son premier vécu, ses os brisés en moins. Reprenant son souffle, il inspira une dernière fois pour se donner un semblant de courage, et ouvrit la porte.

Le calme ambiant mit immédiatement les sens d’Izuku en alerte.

Il était impossible que Katsuki ne se comporte pas d’une façon qui n’énerve pas Iida, et Izuku s’était donc attendu à retrouver la même scène que dans son premier vécu, mais rien, tout était calme. Il balaya rapidement la salle des yeux pendant qu’il s’approchait du tableau pour faire mine de chercher où était sa place, mais aucune trace de Katsuki. Et pour cause : la 1-A était différente de ses souvenirs. Trois nouvelles personnes, pourtant familières, se trouvaient dans la pièce et installées chacune à un bureau.

Trois élèves qui n’étaient pas en 1-A dans son premier vécu : Monoma Neito, Tetsutetsu Tetsutetsu et Shinsô Hitoshi.

Izuku remarqua par conséquent qu’il manquait trois élèves de l’ancienne 1-A : Bakugô Katsuki, Kirishima Eijirô et Mineta Minoru.

Que s’était-il passé ? Pourquoi un tel changement ? Était-ce dû au voyage d’Izuku ou Nezu avait-il fait des siennes ? Le principal connaissait la composition des deux classes de première année héroïque grâce à ses cahiers, en avait-il profité pour interchanger des élèves ? Mais dans ce cas, est-ce que ça voulait dire que l’un des anciens 1-A se trouvait en Général, vu que Shinsô était là ? À moins que ça ne soit l’un des 1-B ?

Le regard d’Izuku croisa celui de Shinsô, et il lui fit un sourire timide de reconnaissance et un signe de tête. Signe qui lui fut lentement rendu, ce qu’il trouva encourageant au vu des souvenirs qu’il avait du comportement de l’élève de Général, enfin, ancien élève désormais. Izuku devait avouer qu’il avait été très stressé d’avoir aidé Shinsô lors de l’examen d’entrée, considérant presque ça comme de la triche. Bon, peut-être que le mot était un peu fort, il ne lui avait pas carrément parlé du système de points de sauvetage, mais il l’avait tout de même fortement sous-entendu.

« Oh… Ça veut dire que c’est ma faute si la personne qu’il remplace n’est pas entrée ! »

Maintenant Izuku culpabilisait. Il savait que les places étaient limitées, mais il n’avait pas réfléchi quand il avait croisé Shinsô - lui était rentré dedans plutôt - et l’avait encouragé en lui disant à demi-mots que détruire les robots n’était pas la seule façon de réussir l’examen. Il n’avait pas pu s’en empêcher pour la simple et bonne raison que s’il avait été à sa place, lui aussi aurait été désespéré et n’aurait sans doute pas été à la pratique. (bon, en fait il y aurait été, tout ce serait passé comme dans son premier vécu, la partie avec le Pointeur Zéro en moins, et aurait fini en Général.)

Bref. Izuku ne savait pas qui entre Kirishima et Mineta, ou encore un des membres de la 1-B n’avait pas pu entrer en Héroïque, et il s’en voulait d’avoir interféré.

C’était la première fois qu’il ressentait ça depuis son voyage temporel. S’il avait pû regretter certaines conséquences, la plupart des changements qui avaient eu lieu avaient été faits de manière involontaire de sa part. Ce qui n’était pas le cas ici. Il avait agi volontairement et sans réfléchir, empêchant sans doute quelqu’un qui le méritait de devenir un héros. Ou peut-être avait-il inconsciemment pensé que même avec son aide Shinsô ne réussirait pas la pratique, et Izuku ne savait pas si c’était pire ou équivalent. Essayant de ne pas s’enfoncer dans ses pensées sombres et pour ne pas montrer son désarroi, il regarda attentivement le tableau. Dessus était affiché la place de chacun par ordre syllabaire*1, comme dans toutes les écoles japonaises, et il découvrit qu’il se trouvait toujours à la même place, derrière Hagakure qui se retrouvait à la place de Katsuki, et devant Monoma à la place de Mineta. Bon, vu que le blond se trouvait en 1-A contrairement à son premier vécu, il ne devrait pas être aussi pénible, donc ça devrait bien se passer. Et ne plus entendre les murmures pervers de son ancien camarade pendant l’inter-classe serait sympa, il fallait avouer. Il commença à se diriger vers son nouveau bureau quand il se fit interrompre par une voix joyeuse et familière :

– Oh, Midoriya-kun ! Je suis heureuse de te revoir !

– Uraraka ! répondit Izuku en se retournant, le sourire aux lèvres. Oui, moi aussi.

Contrairement à son premier vécu, Izuku avait bien mieux réussi l’épreuve pratique, en détruisant beaucoup de robots et aidant les autres candidats quand ils se trouvaient dans une mauvaise position. Ce qui l’avait placé à la première place du classement avec 102 points, à son plus grand choc. Et à la grande fureur de Katsuki qui s’était retrouvé deuxième. Mais il l’avait fait uniquement parce qu’Uraraka s’était retrouvée coincée sous des décombres comme la première fois. Sauf que cette fois-ci, au lieu de se jeter à corps perdu sans réfléchir, il avait soulevé les décombres, porté Uraraka et, voyant que le Pointeur Zéro était trop proche à son goût, envoyé un Smash Air Force à 15% dans les pattes du robot géant, le déstabilisant et le faisant tombé. Dire qu’Izuku avait été heureux et satisfait de finir l’examen sans s’être fêlé et brisé le moindre os ou cartilage aurait été un euphémisme. Suite à ça, comme Izuku n’était pas blessé, Uraraka avait eu la possibilité de le remercier et de se présenter, ce qu’il avait fait à son tour.

– Je me demande si c’est la cérémonie ou la journée d’orientation aujourd’hui ? débita Uraraka avec entrain tandis que la sonnerie résonnait. Je me demande à quoi ressemblera notre professeur principal. Ah, je suis trop excitée !

– Si vous cherchez à vous faire des amis, faîtes-le ailleurs, fit soudainement une voix dans le couloir, derrière Uraraka.

Tous les yeux se posèrent sur la forme jaune indéfinie d’où était uniquement visible un visage pâle et fatigué au regard plat accompagné de longues mèches de cheveux noirs. Aizawa-sensei dans toute sa splendeur. Même s’il avait l’habitude de voir l’homme dans ce sac de couchage, Izuku n’en fut pourtant pas moins surpris. Et maintenant qu’il y pensait, comment l’homme avait-il fait pour se retrouver devant la porte de la classe alors qu’il ressemblait actuellement à une chenille géante ? Mystère.

– Ici, c’est le Département Héroïque, continua Aizawa-sensei en sortant une poche de gelée nutritive qu’il absorba en une inspiration effrayante.

Il se mit debout, toujours dans son sac de couchage, avant de finalement l’ouvrir et d’en sortir. Izuku avait oublié à quel point le héros ressemblait à une épave lors de leur première rencontre. C’était déstabilisant.

– Ça vous a pris huit longues secondes pour vous calmer. La vie est courte, jeunes gens. Vous manquez tous de bon sens, déclara l’enseignant en balayant la classe du regard. Je suis Aizawa Shôta, votre professeur principal. Enchanté.

Ignorant les regards plus que surpris par son annonce, Aizawa-sensei fouilla dans son sac de couchage et en sortit toute pile de survêtements affiliés à Yûei, qu’il posa sur son bureau.

– Mettez ça immédiatement et retrouvez moi sur le terrain de sport. Les vestiaires se trouvent au bout du couloir.

Puis il partit, sans rien ajouter de plus, comme dans le premier vécu d’Izuku. Et c’était… étrangement rassurant. Sa classe avait changé - par sa faute - mais son professeur était toujours le même. C’était un point stable. La présence de ses amis l’était aussi, mais comme pour eux c’était la première fois qu’ils se rencontraient, il y avait un risque que leur relation n’évolue pas de la même façon. Donc le fait qu’Aizawa-sensei n’ait pas changé d’un iota était un soulagement, car c’était une donnée connue.

Jusqu’à présent, Izuku n’avait pas vraiment fait attention au fait que son second vécu était très similaire à son premier, et que le moindre changement l’avait plus ou moins ébranlé. Katsuki en était le parfait exemple, mais comme Izuku était persuadé que leur relation irait mieux une fois entrés à Yûei, il n’y avait pas trop pensé. Pareil pour l’obtention d’One For All en avance, changeant le comportement de ses camarades et professeurs du collège à son égard, mais là encore, comme Izuku savait que ce n’était que de l’hypocrisie et maintenant une certaine distance avec tout le monde, il n’y avait pas trop pensé non plus.

Mais là… c’était différent. C’était différent parce que les choses commençaient véritablement, que les bases étaient finies, terminées. Izuku allait passer ses trois prochaines années avec ces dix-neuf camarades de classe, allait affronter le danger et les vilains avec eux, allait vivre avec eux dans les dortoirs. Et tout cela allait changer la façon dont les évènements allaient se dérouler, faisant que le savoir d’Izuku sur le futur allait devenir inutile. Qu’il se retrouverait dans le noir, comme avant, à subir les actions de la Ligue et d’All For One sans être capable de prédir leurs prochaines actions.

Izuku ne savait pas comment gérer cette information, ce changement et ses conséquences. Il ne pouvait pas juste rouler avec, ça l’impactait trop pour ça.

– Bon ben, on y va ? s’exclama Uraraka à côté de lui, en le sortant involontairement de son début de crise existentielle. Oh, il y a nos noms étiquetés dessus.

Toute la classe se mit doucement en mouvement à ces mots, sans doute curieux de confirmer ses dires. Izuku se dépêcha de prendre son uniforme de gym et recula vers la porte toujours ouverte, observant ses camarades prendre à leur tour leur uniforme en silence. Son regard s’attarda sur les trois “nouveaux”. Izuku ne savait pas ce qu’il s’était passé pour qu’ils soient en 1-A, mais il n’était pas du genre à rejeter les autres, alors il ne les mettrait pas à l’écart parce qu’ils remplaçaient ses anciens camarades de la 1-A. Et pour être honnête, il était plutôt content pour Shinsô, car il méritait d’être au Département Héroïque, surtout avec un alter aussi cool que le sien. Mais il était aussi triste pour la personne que le garçon remplaçait par sa faute, espérant que celle-ci ait intégré un autre lycée héroïque et non le Département d’Études Générales de Yûei.

Izuku attendit qu’une ou deux personnes sorte de la salle pour trouver les vestiaires avant de sortir à son tour. Il aurait été suspect qu’il sache où ils se trouvaient alors que personne ne connaissait encore la disposition de l’école. Sauf Iida peut-être qui avait dû mémoriser le plan se trouvant dans le hall, comme dans son premier vécu, car c’est lui qui ouvrit la marche jusqu’aux vestiaires de leur classe. Izuku devait faire des efforts pour ne pas se changer trop vite et se précipiter sur le terrain de sport, mais surtout il devait se retenir de parler avec ses camarades comme s’il les connaissait depuis longtemps. Et c’était dur. Honnêtement, le seul avec qui il pouvait potentiellement démarrer une discussion était Shinsô, mais avec le peu qu’il connaissait de sa personnalité, Izuku pouvait dire que ça ne durerait pas plus de trente secondes. Bah, ce n’était pas comme si ce genre de choses l’avait déjà arrêté dans le passé, et cette fois il était sur un pied d’égalité avec tout le monde.

– Hm, salut, souffla Izuku dans le couloir en se mettant au même niveau que son camarade. C’est cool que tu sois entré. Au fait, je suis Midoriya Izuku.

– Shinsô Hitoshi. Et oui, je suis content, affirma Shinsô en hochant la tête. D’ailleurs… comment t’étais au courant pour le système caché ?

– Oh, j-je ne l’étais pas, mentit-il. C-C’est juste que… je veux être un héros pour aider les gens et devoir uniquement battre des robots pour entrer dans la meilleure école de héros du Japon, je… je ne trouvais pas ça juste.

– Le monde est injuste.

Si cette phrase n’avait pas été le quotidien d’Izuku durant la majeure partie de sa vie, peut-être aurait-il manqué le ton si amer de Shinsô. Car ouais, ce n’était pas parce que vous aviez un alter que tout allait bien dans votre vie, et avec un alter mental pouvant prendre le contrôle des gens, le garçon avait assurément eu son lot de problèmes.

– Je sais. C’est pour ça que les héros doivent travailler dur.

Il sourit à Shinsô qui lui lança un drôle de regard. Son camarade sembla vouloir lui répondre, mais il n’en eut pas l’occasion, car ils étaient arrivés au terrain de sport où les attendait Aizawa-sensei qui sous la lumière du soleil paraissait encore plus mal en point et fatigué que tout à l’heure. C’était à cause de cette apparence qu’Izuku avait eu peur de lui dans son premier vécu, mais maintenant, il s’inquiétait pour lui. Est-ce qu’il était en bonne santé ? Est-ce que tous les héros avaient des problèmes de santé qu’ils cachaient ?

– Un test d’évaluation d’alters ?!

Le cri surpris venant de sa classe sortit Izuku de ses pensées. Tout le monde affichait différents niveaux de surprise et d’étonnement, Shinsô était clairement désespéré, bien qu’Izuku pouvait dire qu’il essayait de garder une expression de fatigue neutre. Cela lui donna l’étrange pensée que Shinsô avait pris sa place et que lui-même avait pris la place de Katsuki. C’était bizarre. Trop bizarre, même pour lui et tout ce qu’il avait vécu. Izuku secoua mentalement sa tête et fit plus attention à ce qu’il se passait autour de lui.

Comme la première fois, Uraraka s’inquiéta pour la cérémonie d’entrée et l’orientation, Aizawa-sensei la rembarrant et continuant sur sa lancée en expliquant, selon lui, l’illogisme du système actuel décidé par le Ministère de l’Éducation.

– Midoriya, à quelle distance pouvais-tu envoyer une balle de softball au collège ?

– Euh, sursauta Izuku, environ soixante-cinq mètres, sensei.

Le professeur lui lança une petite balle qu’il attrapa facilement.

– Va dans ce cercle, et lance-la avec ton alter. Tant que tu ne sors pas du cercle, c’est bon.

Izuku s’exécuta. Après l’examen d’entrée, il avait évidemment continué de s’entraîner et avait presque atteint les 20% d’utilisation. Est-ce qu’ainsi il pourrait lancer plus loin que dans son premier vécu, ou moins ? Utiliser 18% dans l’entièreté de son bras, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, devrait normalement être plus puissant qu’utiliser 100% dans son doigt, non ? Il ne savait pas, et honnêtement, ce n’était pas très important, pas vrai ? Tant qu’il ne se brisait pas les os, tout allait bien.

805 mètres.

La classe devint bruyante, s’exclamant joyeusement sur le côté marrant de l’activité du jour, puis une aura sombre entoura Aizawa-sensei, faisant inconsciemment reculer Izuku d’un pas. Le héros devenait incroyablement flippant dans ces moments-là.

– Ça a l’air marrant… vous dites ? Donc, vous aviez prévu de passer vos trois années ici à prendre du bon temps ? Et pour ce qui est de devenir un héros alors ? Très bien alors, annonça-t-il avec un regard digne d’un film d’horreur. Nouvelle règle : l’élève qui se classera dernier en termes total de points sera considéré comme “sans espoir” et immédiatement expulsé.

– Quoi ?! s’écria la classe de choc.

Izuku était heureux de maîtriser suffisamment son alter cette fois-ci pour ne pas se sentir menacé, et aussi de savoir qu’Aizawa-sensei n’était pas sérieux à ce sujet. Probablement. Avec son professeur principal, il n’était jamais vraiment sûr de rien.

– Notre “liberté” signifie qu’on peut faire ce qu’on veut des étudiants, expliqua le professeur avec un sourire effrayant. Bienvenue au Département Héroïque.

Uraraka s’écria contre une telle injustice, surtout le premier jour, mais une nouvelle fois, Aizawa-sensei la rembarra avec pragmatisme, donnant la vraie signification de la devise de Yûei. Tout le monde était redevenu sérieux, en plus d’être tendu et impatient de montrer ce qu’ils savaient faire. Sauf Shinsô qui semblait aussi résigné que s’il devait faire face à un destin funeste, tout en semblant être en colère. Izuku retourna auprès de lui, étonné par sa réaction.

– H-Hé, ça va aller, je suis sûr que tu ne finiras pas dernier.

Izuku ne mentait même pas, car avec son alter Shinsô était sûr de pouvoir facilement atteindre le milieu du tableau. Son camarade le regarda du coin de l’œil, comme s’il avait le poids du monde sur ses épaules.

– Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je n’ai pas beaucoup de muscles. Je serais donc obligatoirement dernier. La seule qui semble pouvoir faire moins que moi est la fille invisible. Mais avec ma chance, c’est une sportive et est donc plus forte que moi physiquement.

Ok. Izuku ne savait pas que Shinsô était aussi pessimiste de nature. En même temps, il ne l’avait rencontré que dans des situations de combats, durant lesquelles le garçon était déterminé à prouver qu’il avait sa place au Département Héroïque.

– Tant que tu respectes les règles d’Aizawa-sensei, je suis sûr que tu peux utiliser ton alter pour avoir un bon score, l’encouragea Izuku.

– J’ai un alter mental et tous les exercices sont physiques, dit-il avec la même intonation que lorsqu’on parle à un petit enfant.

– Je sais. Et alors ?

Shinsô le fixa comme si Izuku avait deux têtes.

– Alors mon alter est considéré comme… vilain, souffla-t-il dans un presque murmure. Ce qui fait que dès que je l’utiliserai pour ne pas finir dernier, tout le monde me traitera comme tel.

Izuku cligna des yeux, ne comprenant pas la logique. Enfin, il pouvait comprendre que certains alters mettaient mal à l’aise les gens, mais de là à considérer un alter et par conséquent son propriétaire comme étant un vilain, c’était… faux. C’était leurs comportements et leurs actions qui qualifiaient les gens de vilains, pas leur alter. Le meilleur exemple qu’il connaissait était celui de Stain. L’homme avait voulu être un héros, mais à cause de mauvaises expériences, il avait fini par considérer la quasi-totalité des héros comme des usurpateurs qui méritaient de mourir, ou au minimum d’être handicapés à vie. Certains membres de la Ligue pouvaient aussi être un bon exemple.

– Aucun alter n’est vilain, affirma Izuku d’un ton ferme. C’est ce que tu en fait qui décide si c’est vilain ou héroïque.

– Tu dis ça parce que tu ne sais pas quel est mon alter, Midoriya, fit Shinsô d’un ton fataliste.

– Alors dis-moi ce que c’est.

Le visage fermé, Shinsô ne répondit pas. Aizawa-sensei avait rappelé à l’ordre la classe et commencé le test, distrayant Izuku pendant une petite seconde de son camarade, qui en profita pour mettre de la distance entre eux. Izuku en fut triste, mais comprenait que c’était difficile de parler de quelque chose sur lequel vous n’aviez aucun contrôle et qui pourtant était utilisé par les gens pour… ne pas être sympa avec vous, dirons-nous. Ce fut là qu’il comprit pourquoi il voulait être ami avec Shinsô et l’aider : il ressemblait à Izuku. Et Izuku aurait aimé avoir quelqu’un le soutenant, le considérant comme normal, comme un égal. Quelqu’un qui ne soit pas un adulte. Izuku était infiniment redevable à All Might d’avoir suffisamment cru en lui pour lui donner One For All dans son premier vécu, mais malgré ça, il n’avait pas cru qu’Izuku puisse devenir un héros sans un alter. Y compris sa mère. Elle l’aimait inconditionnellement, mais il avait fallu qu’il lui prouve dans son second vécu qu’il pouvait réussir pour qu’elle affiche un minimum de soutien envers son rêve.

– Midoriya, tout va bien ? demanda Uraraka en se plaçant à ses côtés. Avec ton alter, tu ne finiras pas dernier, ne t’en fais pas.

Izuku sursauta, se rendant compte qu’il s’était perdu dans ses pensées et avait suivi sa classe par réflexe. C’était pas bon, il devait faire plus attention. Il sourit à Uraraka.

– Je ne suis pas inquiet pour ça. C’est juste que… certains d’entre nous ne doivent pas avoir d’alters pouvant les aider pour le test, et je ne trouve pas ça juste.

– Oui, moi non plus, fit-elle en gonflant ses joues d’indignation. Mais on ne peut pas vraiment faire grand chose pour eux. C’est chacun pour soi.

Le déroulement des huit exercices du test se passa comme la première fois, à la différence qu’Izuku réussissait à utiliser son alter sans rien se casser. Il y avait aussi le fait que Monoma copiait les alters qui l’intéressaient pour ne pas finir dernier. Quand il avait essayé avec Izuku, il lui avait dit sans réfléchir que son alter était de type cumulatif et que le blond ne pourrait pas le copier. Monoma l’avait regardé avec de grands yeux, avant de se détourner pour aller chercher une autre cible. Non pas sans d’abord essayer de copier One For All, et échoué.

La pensée que Shinsô avait pris sa place était moins présente, mais Izuku voyait une sorte de similitude entre eux deux. Le garçon utilisait son alter, avec résignation et une certaine colère dans les yeux, dès qu’il pouvait. Pour les exercices où il n’utilisait pas son alter, il se donnait à fond, mais on voyait bien qu’il ne s’était jamais entraîné physiquement avant, ou alors très peu. Ceux qui avaient été ciblés n’étaient pas très contents une fois qu’ils étaient sortis de l’emprise de Shinsô, le plus véhément étant évidemment Iida criant à la triche dès le premier exercice, mais comme Aizawa-sensei s’était contenté de dire que Shinsô respectait les règles établies, personne d’autre n’avait fait de remarque.

C’était le cinquième exercice, celui de softball, et Izuku voyait bien que Shinsô hésitait. Il ne comprit son hésitation que lorsque ses yeux se posèrent sur lui.

– Midoriya ?

– Oui ? répondit-il sans réfléchir.

La seconde suivante, Izuku se retrouva dans un état familier. Sa tête était confuse tout en se rendant compte de ce qu’il se passait autour de lui. Son premier réflexe fut de combattre l’alter de Shinsô, mais sa voix résonna dans sa tête, mettant un terme à sa rébellion.

– Viens dans le cercle.

Le corps d’Izuku obéit sans que son esprit n’ait voix au chapitre. C’était comme lors du Festival Sportif, sauf que les enjeux étaient différents. Izuku avait instinctivement envie de se battre et devait se forcer à ne pas utiliser One For All pour briser la transe de Shinsô.

– Bien. Utilise ton alter pour lancer cette balle aussi loin que tu peux, sans te blesser.

Son corps prit la balle et se prépara à la lancer. Honnêtement, Izuku n’aurait pas dû être surpris par l’apparition des fantômes des Prédécesseurs, mais il le fut quand même. Ils étaient là, à quelques mètres de distance, face à lui. Izuku sentait son alter bouillonné sous sa peau, comme s’il se révoltait de la situation.

[Non. C’est bon. Tout va bien.]

Il espérait que les Prédécesseurs l’entendraient et n’interviendraient pas, mais ce fut peine perdue. Izuku reprit le contrôle de son corps dès que One For All fut activé. Il vit que Shinsô avait senti la coupure, les yeux légèrement écarquillés, le fixant avec surprise. La balle toujours dans sa main, il se mit en position et la lança avec son alter. Quand la balle retomba, il cligna des yeux et se tourna vers leur professeur, qui montra le score à l’écran. 852 mètres. Oh, il semblerait qu’il ait réussi à atteindre les 20%.

– Tetsutetsu, à ton tour, fit Aizawa d’une voix fatiguée.

Izuku et Shinsô sortirent du cercle, leur camarade à l’alter d’acier prenant leur place avec la balle. Uraraka lui sourit en commentant qu’il avait lancé plus fort que la première fois, mais Shinsô resta muet. Izuku ne savait pas quoi lui dire. Son alter était spécial, unique, quelle excuse pourrait-il trouver pour expliquer qu’il ait réussi à échapper à son contrôle mental ? De toute façon, ça ne pourrait pas être pire que ce qu’il avait fait avec Katsuki dans son premier vécu. Il ne connaissait pas assez Shinsô pour établir un plan lui permettant de se sortir de cette situation, il allait devoir improviser. Argh, pourquoi les Prédécesseurs ne l’avaient-ils pas écouté ?

Quand le test fut enfin fini, tout le monde se regroupa et se rapprocha de leur professeur, nerveux de savoir qui avait obtenu la dernière place.

– Il est temps de présenter les résultats. Le total est simplement la somme de chacun de vos scores. Si je donne tous vos scores, ça va prendre un millions d’années, donc je vais les révéler tous en même temps, expliqua Aizawa-sensei en appuyant sur le boîtier numérique. Ah oui, cette histoire “d’expulsion” était un mensonge.

Tout le monde fixa Aizawa-sensei pendant une bonne seconde, se demandant s’ils avaient bien entendu, oubliant un instant les résultats.

– C’était une ruse tout à fait logique afin d’obtenir le meilleur de vos performances, sourit le professeur de façon effrayante.

– Quoi ?! s’écria la majorité de la classe, choquée, le pire étant Iida.

– Sérieusement, les gars, utilisez votre cerveau. C’était évident que c’était une ruse, soupira Yaoyorozu.

Bien que soulagé pour les autres, Izuku se sentait un peu trahi par Aizawa-sensei, car cela voulait dire que la détermination dont il avait fait preuve dans son premier vécu lors de ce test ne l’avait pas impressionné ou au moins fait réfléchir positivement sur sa capacité à être un héros. Mais ce n’était pas comme si Izuku n’était pas habitué à être déçu par ses professeurs, pourtant ça faisait un peu plus mal que d’habitude, sans doute parce que son professeur était un héros.

Izuku jeta un coup d'œil au classement, curieux de connaître sa place.

01 - Yaoyorozu Momo

02 - Todoroki Shôto

03 - Midoriya Izuku

04 - Iida Tenya

05 - Tokoyami Fumikage

06 - Shôji Mezô

07 - Ojiro Mashirao

08 - Tetsutesu Tetsutetsu

09 - Ashido Mina

10 - Monoma Neito

11 - Uraraka Ochako

12 - Kôda Kôji

13 - Satô Rikidô

14 - Asui Tsuyu

15 - Aoyama Yûga

16 - Shinsô Hitoshi

17 - Sero Hanta

18 - Kaminari Denki

19 - Jirô Kyôka

20 - Hagakure Tôru

Hagakure tomba à genoux de soulagement, heureuse d’avoir évité l’expulsion. C’est vrai qu’avec un alter comme le sien, ce genre de test n’était pas juste non plus.

– Ouais… Et avec ça, c’est fini, annonça Aizawa-sensei. Votre planning a été déposé dans la classe avec tout le reste, allez y jeter un coup d’œil.

Puis il partit, les laissant seuls sur le terrain. Ils commencèrent tout doucement à prendre le chemin des vestiaires, certains de façon plus énergiques que d’autres. De nouveau en classe, chacun consulta la petite pile de feuilles sur son bureau, ou la rangea dans son sac sans regarder avant de partir. Bon, ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait pouvoir tenter de renouer son amitié avec Todoroki.

– Midoriya-kun, si tu vas à la gare, on peut rentrer ensemble ? lui demanda joyeusement Uraraka.

– Bien sûr ! Et tu n’es pas obligé d’utiliser un honorifique*2 Uraraka, tu sais. On va être camarades de classe pendant trois ans.

Il n’avait rien dit là-dessus dans son premier vécu, mais c’était principalement parce que qu’elle l’appelait Deku, bien que ce soit de façon bien plus amicale que Katsuki ne l’ait jamais fait. Deku-kun sonnait plus doux que juste Deku. Ils sortirent tous les deux en même temps de la salle, Izuku jetant un dernier regard à ceux qui étaient encore là, et… Shinsô était déjà parti. Bon, il tenterait le lendemain.

C’était bien plus joyeux et moins fatigué et stressé qu’Izuku termina son nouveau premier jour au lycée Yûei.

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*1 C'est l'équivalent japonais de notre ordre alphabétique. Pour les curieux : a, i, u, e, o ; ka (ga), ki (gi), ku (gu), ke (ge), ko (go) ; sa (za), shi (ji), su (zu), se (ze), so (zo) ; ta (da), chi (ji), tsu (zu), te (de), to (do) ; na, ni, nu, ne, no ; ha (ba et pa), hi (bi et pi), fu (bu et pu), he (be et pe), ho (bo et po) ; ma, mi, mu, me, mo ; ya, yu, yo ; ra, ri, ru, re, ro ; wa, wo ; n. Voilà, c'est l'ordre que vous trouvez dans les dictionnaires japonais :)

*2 Les honorifiques en japonais sont les petits mots qu'on retrouve à la fin des noms propres, tel que "-san", "-kun", "-chan", "-sama", etc. Ils sont une marque de respect, et ne se traduisent pas toujours. Les japonais les utilisent tout le temps, y compris entre camarades de classe, sauf pour leur famille proche (donc pas la belle-famille), voire - mais c'est assez rare - pour des amis proches et de longue date. Après ça dépend un peu pour les jeunes s'ils ont l'habitude de côtoyer des étrangers (je crois).


Texte publié par Yuedra, 16 mai 2022 à 14h20
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