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La Volonté du Neuvième T1 - Retour aux sources
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tome 1, Chapitre 13 « Déjà-vu et nouveauté » tome 1, Chapitre 13

Passant les portes de Yûei avec soulagement, Izuku se dirigea vers la salle de réunion qu’il avait indiqué à All Might par texto. Avant d’entrer dans le bâtiment, le garçon ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil derrière lui, se sentant un peu en échec.

La presse était là.

Il n’y avait pas encore beaucoup de journalistes étant donné qu’il était encore trop tôt pour que l’élève ordinaire ne pointe le bout de son nez, mais ils étaient là. Izuku avait sincèrement pensé que l’interview d’All Might éviterait le rassemblement qu’il y avait eu dans sa première vie, mais il faut croire que c’était trop demander. Au moins, ils ne l’avaient pas trop embêté avec leurs questions et avaient été polis.

Il se rendit de mémoire dans la salle de réunion et frappa avant d’entrer. D’ordinaire il aurait attendu l’autorisation, mais il ne voulait pas croiser un professeur ou un membre du service administratif et qu’il demande à Izuku ce qu’il faisait là si tôt.

– Midoriya-shônen, tu es en avance !

– J’avais peur de ne pas avoir assez de temps pour tout raconter.

All Might hocha la tête, compréhensif, pendant qu’Izuku s’asseyait sur le canapé libre. L’homme était déjà assis sur le canapé d’en face avec une tasse de thé devant lui. Il portait comme d’habitude son costume jaune à rayures trop grand pour lui, le rendant visuellement encore plus maigre et maladif qu’il ne l’était déjà. Même s’il était en meilleure santé que dans son premier vécu.

– Et j’excuse encore d’avoir décalé la réunion, mais…

– Voyons, mon garçon, tu n’as pas à t’excuser ! Il est normal que tu profites de ton temps libre pour être avec tes amis ! J’ajouterai même que tu dois passer autant de temps possible avec eux. Tant qu’il n’y a pas d’urgence, ils sont prioritaires. Avec tes études, bien sûr.

– Mais pour la Ligue et All-

– Midoriya-shonen, dit fermement All Might. Tu es un adolescent qui a été obligé de faire face à des choses et des situations qui auraient dû revenir aux adultes, ce qui t’as donné l’impression d’en être responsable. De plus, le fait que tu saches l’avenir immédiat, ou du moins un avenir, te donne un sentiment de culpabilité si tu ne fais rien de cette seconde chance, n’est-ce pas ?

Izuku bégaya devant la justesse des propos d’All Might et acquiesça.

Ses amis et ses camarades de classe étaient importants, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir paresseux, et maîtriser seulement 20% d’One For All en trois ans en était une preuve irréfutable. Il savait aussi qu’il avait fait exprès de prendre tout ce temps, afin d’éviter de se faire exploser les membres à chaque fois qu’il utilisait son alter, mais… ça le rendait malade d’anxiété et d’angoisse de savoir qu’il ne faisait pas le poids contre Shigaraki, Kurogiri et le Nomu quand ils attaqueront l’USJ avec une mini armée de vilains, laissant ses camarades à leur merci.

– Je ne veux pas qu’ils subissent tout ce qu’ils ont subi dans ma première vie, avoua-t-il d’une petite voix impuissante.

– Je comprends, mon garçon. Et même si je ne l’ai pas encore vécu, moi non plus je ne veux pas que des enfants subissent tout ça, soupira le héros, d’un air fatigué. Mais ce n’est pas notre décision.

Izuku releva les yeux, qu’il ne se souvenait pas d’avoir baissé, et regarda All Might afficher un visage sévère. Chose rare.

– Tu… non. Nous ne pouvons pas décider pour les autres et à leur place. Nous pouvons les encourager, les conseiller, les influencer aussi dans certains cas, mais nous ne pouvons pas décider et agir pour eux.

All Might se redressa sur son siège, fixant Izuku comme s’il lui transmettait une sagesse oubliée. Peut-être était-ce le cas ?

– Vouloir protéger les gens est une très bonne chose, Midoriya-shonen. Mais trop les protéger les empêchent de grandir et de s’épanouir.

Le silence s’installa dans la pièce pendant qu’Izuku laissait l’information pénétrer dans son cerveau. C’était… dur. Presque cruel pour lui. Mais d’une certaine façon, il comprenait la logique. C’était comme pour le vélo : c’était normal de tomber quand tu apprenais, et si on t’empêchait de tomber, jamais tu ne comprendrais comment rester en équilibre sur le vélo.

Puis il eut une douloureuse révélation.

Sa mère avait suivi ce principe, et ce, dans ses deux vies.

Elle avait toujours été inquiète pour lui, lui demandant si tout allait bien, de lui dire si ça n’allait pas, et plein de choses similaires. Mais elle ne l’a jamais empêché de faire quoique ce soit. Bon, les choses trop violentes comme le Krav Maga avait été difficile à lui faire approuvé, mais c’était parce qu’elle trouvait qu’il était encore trop jeune pour apprendre ce genre de choses. Elle le lui avait dit elle-même. Pourtant, sa mère a fini par le laisser faire. Comme… comme lorsqu’il lui avait dit la vérité sur son alter. Izuku l’avait blessée, et malgré ça, malgré la violence, la peur, le danger de mort qui remplissaient le pays à l’époque, elle l’avait laissé continuer son chemin les larmes aux yeux, souriante et fière.

Midoriya Inko avait laissé son fils unique devenir un héros, parce qu’elle l’aimait trop pour l’empêcher de vivre sa vie, malgré son désir intense de protection envers lui.

– Tiens, mon garçon, fit All Might en lui tendant un mouchoir.

Izuku remarqua soudainement qu’il pleurait. Les larmes formaient de véritables torrents sur ses joues, trempant ses genoux et commençant à inonder le sol. Il prit le mouchoir avec un remerciement murmuré, et tenta de se nettoyer. Le premier mouchoir fut rejoint par d’autres car évidemment, les larmes Midoriya n’étaient pas si faciles à arrêter. Quand enfin son visage fut sec, le garçon inspira profondément.

– Je… Je voudrais parler d’One For All à ma mère, déclara Izuku d’une voix un peu étranglée.

– Tu es sûr ? demanda le héros, un peu étonné par le changement de sujet. Je pensais que tu ne voulais pas l’impliquer dans tout ça.

– Elle a fait beaucoup pour moi. Ne m’a jamais empêché de faire quoique ce soit, même si elle le jugeait dangereux et qu’elle en avait peur. Et… et je me sens ingrat de la tenir à l’écart à cause de mes propres peurs, alors qu’elle a affronté les siennes. Je veux réparer ça. Lui montrer que je lui fait confiance et que je crois en elle.

All Might resta sans bouger à le regarder, avant de lentement hocher la tête.

– Je comprends, mon garçon. Si c’est ce que tu veux, alors dis-lui. J’imagine que tu souhaites ma présence pour ça ?

– Ah, euh… oui, s’il vous plaît.

– Je serais là, assura All Might avec un sourire. Mais pour en revenir à la raison de notre présence ici si tôt, pourquoi voulais-tu me parler, Midoriya-shonen ?

Izuku cligna des yeux, perplexe, avant que son cerveau se remette à fonctionner correctement.

– Ah ! Oui, c’est… hum, bégaya-t-il, honteux d’avoir autant dévier de la conversation d’origine, même si elle n’avait pas encore débuté. C’était pour vous parler de la vision du Premier.

– La… la vision du Premier… Du premier utilisateur, tu veux dire ?

– Oui. Dans ma première vie, une fois arrivé à 20% j’ai eu accès aux souvenirs du Premier qui me montrait la naissance d’One For All. Vous aussi, je crois.

– Effectivement, j’ai vécu un événement similaire, réfléchit le héros. C’est grâce à ça que je savais à quel point All For One était malfaisant et dangereux. Avant ce souvenir, je n’avais que les dires de ma mentor. Non pas que je ne l’ai pas cru, mais disons qu’en être témoin n’est pas la même chose que se le faire raconter.

Izuku ne put qu’acquiescer. Lui aussi en avait fait l’expérience, mais bien avant d’avoir le souvenir.

– Sauf que cette fois, comme je connais déjà l’origine d’One For All, le Premier m’a juste parler, m’expliquant un peu où ils en étaient.

– Attends, parler ? Le Premier t’as parlé ?!

All Might affichait un air des plus surpris, comme s’il n’était pas au courant. Mais il l’était normalement. N’est-ce pas ?

– Euh, oui. J’en ai parlé dans le cahier dédié à One For All. Nezu le garde dans son bureau avec les autres cahiers de ma première vie.

– Ah, fit l’homme, semblant se rappeler quelque chose. J’ai oublié de les lire.

Izuku ne put répondre que par un silence choqué. Comment pouvait-on oublier ce genre de chose ? Pour Izuku c’était impensable qu’All Might oublie de faire quelque chose d’aussi important, surtout si ça concernait One For All.

– Avant ma blessure, je n’avais pas jugé important de les lire car je pensais pouvoir vaincre All For One définitivement, expliqua-t-il d’un ton fatigué. Ensuite, je me suis occupé de ma convalescence et de ma rééducation, me disant que j’avais le temps. Puis… puis les choses se sont un peu enchaînées de mon côté, et j’ai fini par ne me préoccuper que du présent.

Il soupira, défait.

– Ce n’était pas responsable de ma part. Je m’excuse, Midoriya-shonen.

– Non, non ! Ne vous excusez pas ! Vous avez beaucoup à faire en tant que héros numéro un !! paniqua Izuku, les mains tendues devant lui tout en secouant sa tête.

– Cela n’empêche pas que j’aurais dû les lire, mon garçon. Mon titre de numéro un ne doit pas être une excuse à mes manquements.

Izuku se calma un peu devant la fermeté d’All Might.

– Donc le premier détenteur t’as parlé ?

– Oui. Votre empreinte les as mis au courant de ce qu’il se passait, mais l’alter n’est pas encore assez fort pour gérer une grosse conversation. Donc je ne pense pas de nouveau leur parler avant d’avoir atteint les 45% comme la dernière fois. Et c’est sans compter les moments où je déverrouillerai leurs alters avant d’atteindre ce point.

– Mon empreinte ?... Déverrouiller leurs alters ?... D’accord, il faut vraiment que je lise tes cahiers, décida le héros pour lui-même. Mais si tu pensais que j’étais déjà au courant, pourquoi venir me le dire ?

– L’habitude, je suppose, hésita Izuku après quelques secondes. Vous êtes la seule personne à qui je peux parler de ça, et puis… je trouvais ça juste que vous soyez au courant. La dernière fois, j’ai atteint les 20% en Novembre, un peu après le Festival Culturel. En plus, plus vous savez ce qui se passe, mieux vous pourrez transmettre les informations aux Prédécesseurs via votre empreinte dans l’alter

– Hum… Savoir qu’on se trouve à l’intérieur d’One For All et ne pas savoir ce qu’il se passe à l’extérieur, doit en effet être déroutant. C’est gentil de penser à eux, Midoriya-shonen.

– Non, non, c’est normal, nia Izuku avec gêne.

Même si Izuku avait décidé de reconnaître One For All comme son alter, dans un coin de sa tête, ça serait toujours celui d’All Might. Donc pour lui il était évident et normal qu’il en parle au héros, comme la première fois. D’ailleurs, à propos des Prédécesseurs…

– Oh, euh, en parlant de ça… Votre mentor est très jolie !

All Might sourit joyeusement.

La conversation se fit plus légère jusqu’à ce qu’Izuku prenne congé pour aller en cours, laissant le héros qui lui promis de lire ses cahiers aujourd’hui. Sur le chemin en direction de sa classe, Izuku se prépara mentalement à la panique qui tomberait sur Yûei lors de la pause déjeuner. Rien de ce qu’il se passera aujourd’hui ne l’étonnera.

oOo Plus Ultra oOo

– Je suis désolé de vous l’annoncer comme ça… mais il faut que nous choisissions un délégué de classe, déclara abruptement Aizawa-sensei.

Après une seconde de soulagement, comprenant qu’ils ne subiraient pas un autre test tordu, la classe éclata en bruit et excitation, tout le monde voulant occuper le poste. Sauf Izuku, car…

« J’avais oublié ça… »

Il avait oublié la nomination du délégué de classe, le rangeant dans un coin de sa tête comme un événement non essentiel. C’était quelque chose de tellement trivial comparé à l’USJ, ou à Stain, ou à l’attaque du camp d’été, ou… à tous les dangers survenus au fil de l’année scolaire en fait, qu’Izuku n’y avait plus pensé.

Maintenant qu’il se trouvait en plein cœur de l’événement, Izuku ne savait pas quoi faire. Il avait voulu - timidement et sans y croire - être le délégué de classe dans sa première vie, et avait été choisi grâce au vote d’Uraraka et d’Iida. Puis il y avait eu l’incident avec la presse, et Izuku avait quitté le poste pour le donner à Iida, qui avait agit comme il le fallait pour calmer la foule. Mais à cette époque, Izuku n’avait pas la confiance et encore moins l’expérience qu’il possédait aujourd’hui, faisant qu’il ne savait pas s’il voulait être délégué ou pas.

Iida imposa le silence et commença un mini discours sur l’importance du poste, le ton droit et ferme. Il le conclut en proposant un vote, malgré sa main levée qui trahissait sa propre envie d’obtenir le rôle de délégué. Évidemment, il y eut quelques protestations, car proposer ce système de choix alors que personne ne se connaissait semblait peu sûr. Aizawa-sensei se ficha de leur façon de procéder, et la classe accepta d’utiliser le vote pour désigner le délégué.

Pour l’instant, tout dans cette journée se passait comme dans ses souvenirs. Si on excluait sa réunion avec All Might ce matin.

Pour en revenir au vote, Izuku ne pensait pas avoir autant de voix que la dernière fois. Celle d’Uraraka peut-être, mais Shinsô voulait prouver qu’il méritait sa place et le poste le lui permettrait, tandis qu’Iida n’était pas - encore - son ami. S’il choisissait de voter pour lui-même, il aurait au mieux deux voix. Mais voulait-il être délégué ? Oui, une partie de lui le voulait, mais l’autre se sentait hypocrite à vouloir ce poste de responsabilité alors qu’il avait abandonné la classe à la fin de l’année scolaire dans sa première vie. Il était parti en ne laissant derrière lui que des lettres sur la raison pour laquelle il ne pouvait pas rester, tout en s’excusant de leur avoir menti durant tout ce temps. Izuku n’a jamais vraiment su s’ils lui en voulaient car il était tombé sur l’un des sbires d’All For One, dont l’alter lui permettait de manipuler les gens - et il avait perdu pour ensuite se retrouver devant le super-vilain.

Et le combat final avait commencé.

Puis il a accidentellement voyagé dans le temps.

Izuku ne pensait pas être digne d’obtenir le poste après ce qu’il avait fait, même si techniquement parlant, il n’avait encore rien fait. Son lui de cette seconde vie n’avait abandonné personne, aucun de ses professeurs, camarades et amis. Et puis… peut-être, peut-être, qu’avoir la responsabilité de toute une classe lui éviterait de recommencer le moment venu, non ?

Izuku décida de voter pour lui. S’il n’avait que sa voix, alors il ne méritait pas cette responsabilité. S’il avait assez de voix…

– Midoriya, tu as fini ?

Izuku sursauta pour remarquer Yaoyorozu à côté de sa table, tenant une boîte.

– Ah, oui, désolé. Tiens.

Il mit son papier dans la boîte et sa camarade continua son chemin pour ramasser les derniers bulletins. Étant celle qui avait créé la boîte et les feuilles de bulletins, Yaoyorozu s’installa au bureau du professeur pour dépouiller les votes. Les résultats furent écrits au tableau, après avoir été montrés à la classe dans un souci de transparence.

Et quand le dépouillement fut fini, Izuku ne comprit pas.

Midoriya Izuku - 3

Yaoyorozu Momo - 2

Tous les autres noms sur le tableau étaient ceux qui avaient voté pour eux-mêmes.

Comment se faisait-il que les résultats étaient les mêmes que dans sa première vie ?! Ce n’était pas possible ! Pourquoi ces personnes avait-il voté pour lui ?!

Izuku jeta un coup d’œil à Uraraka qui lui rendit un sourire victorieux, confirmant ses doutes à son sujet. Le nom d’Iida étant inscrit au tableau, il se tourna vers Shinsô, espérant se tromper, mais ce dernier hocha la tête après un regard en coin. Tombant dans une spirale de perplexité, le garçon rejoignit Yaoyorozu à l’avant de la classe, afin de saluer.

Pourquoi avaient-ils voté pour lui ?

oOo Plus Ultra oOo

– Pourquoi avez-vous voté pour moi ? Je ne comprends pas.

Uraraka, Shinsô et lui était assis à l’une des tables de la cafétéria, avalant avec joie le contenu de leur plateau. Lunch Rush était vraiment un super cuisinier. Izuku était content de retrouver la cuisine du héros.

– Tu poses vraiment la question ? s’étonna Shinsô, avant de prendre une gorgée de son verre d’eau. Entre ton analyse et ta stratégie lors de la battle, c’était évident qu’on allait voter pour toi.

– Oui, c’était impressionnant, renchérit Uraraka en soupirant.

– Et puis, je ne voulais pas être délégué, donc je devais bien donner ma voix à quelqu’un et tu étais le meilleur choix.

– Si l’analyse est prise en compte, Monoma aurait aussi fait un bon délégué, argumenta Izuku, toujours déphasé d’avoir encore été choisi.

– Le blond arrogant assis derrière toi ? Pourquoi ? interrogea Uraraka, curieuse.

– Eh bien son alter lui permet de copier la majorité des alters, et donc pour être capable de bien les utiliser et éviter les accidents, il doit les connaître et pour ça les analyser est le meilleur moyen à sa disposition. À moins bien sûr que son alter ne lui donne instinctivement une sorte de mode d’emploi inconscient, mais je penche plutôt pour l’analyse.

Les deux autres restèrent un instant silencieux pendant qu’Izuku continuait à manger, réfléchissant à la possibilité qu’effectivement l’alter de Monoma possède un mode d’emploi interne. Ce serait incroyable et fascinant !

– Je n’y avais pas pensé. Mais c’est vrai que contrôler son propre alter est difficile au début, alors celui des autres…

– Pareil, je-

Shinsô s’interrompit, fouillant sa poche de sa main vide avec étonnement. Il en sortit son portable, avant d’afficher une tête dépitée en regardant son écran.

– Un problème ?

– Non, soupira-t-il. Juste une idée cadeau de ma mère pour mon père.

– Elle a… mauvais goût en matière de cadeau ? demanda Uraraka, un peu hésitante.

Shinsô estimant sans doute qu’une image valait mieux qu’une explication, tourna l’écran vers eux, leur montrant ainsi un… objet assez inquiétant. On aurait dit un œuf, dont la moitié de la partie supérieure était cassée à la verticale, rendant visible l’intérieur qui semblait être composé de… petits crânes humains, de petits serpents et de morceaux de roche blanche translucide*1. Très particulier comme cadeau, estima Izuku.

– Mon père est adepte de lithothérapie, expliqua le garçon aux cheveux violets. Il en a fait son métier, d’ailleurs. D’après ce que ma mère a écrit… c’est une septaria, une pierre qui est communément appelée Œuf du Dragon ou Pierre du Dragon, qui est une pierre de transformation qui apporte évolution et changement, aidant à canaliser les émotions, et aidant aussi contre les troubles du sommeil. Ah, je comprends mieux.

– Tu comprends mieux ?

En quoi les vertus de cette… pierre pouvaient justifier son aspect visuel ? Izuku avait bien bien vu que les crânes et les serpents avaient été sculptés, indiquant que l’objet était décoratif, mais bon, ça restait tout de même particulier.

– L’une des particularités de l’alter de mon père l’empêche de dormir plusieurs jours d’affilée, tout en restant en forme et plein d’énergie. Quand il arrive à dormir, ce n’est que pour quelques heures, trois ou quatres maximum.

– D’où tes poches sous les yeux, devina Izuku, son mode nerd d’alter activé. J’imagine que tu as aussi hérité de ses tendances de sommeil ?

– Ouais, mais je dors plus que lui.

– Pourtant par moments, t’as l’air au bout de ta vie Shinsô, déclara la fille du groupe sans le moindre tact. Et sinon, la pierre est… sympa, je pense. Mais assez glauque.

Shinsô hocha silencieusement la tête avant de taper un message de réponse, puis de reprendre son repas tranquillement.

Izuku envia soudainement leur insouciance. Il faisait de son mieux pour agir comme s’il ne savait pas que l’école allait être la cible d’une fausse attaque et que tout le monde allait paniquer à cause de ça. En ce moment, intérieurement, il n’était qu’une boule de nerfs et d’anxiété. Il ne savait pas si Shigaraki allait détruire le portail de Yûei comme dans sa première vie, ou pas. En fait, il ne savait même pas pourquoi il l’avait fait la première fois. C’était une déclaration, ça Izuku l’avait compris, mais pourquoi en faire une ? Car en réponse, l’école avait ajouté un professeur à leur classe pour l’USJ, ce qui n’était pas prévu à la base d’après ce dont se souvenait Izuku du discours d’Aizawa-sensei. Si Shigaraki n’avait pas détruit le portail, alors seuls Aizawa-sensei et Thirteen-sensei auraient été…

Oh.

En même temps que la réalisation se fit, l’alarme d’intrusion se déclencha, semant la panique au sein du réfectoire.

– Brèche dans la sécurité de niveau trois, annonça une voix robotisée. Étudiants, veuillez évacuer promptement.

– Qu’est-ce qu’il se passe ?! s’inquiéta Uraraka, en se mettant debout et regardant autour d’elle avec inquiétude. C’est quoi le niveau trois ?!

– Je sais pas, répondit Shinsô, tout aussi inquiet. Mais ça fait paniquer tout le monde.

– Ça veut dire que quelqu’un sans autorisation à réussi à pénétrer sur le terrain de l’école, expliqua Izuku en essayant d’être aussi inquiet que les autres.

Comme il savait que personne ne serait blessé, en plus du fait que ce n’était pas une attaque, c’était difficile pour lui de faire semblant de paniquer pour sa sécurité. En revanche, s’inquiéter pour celle des autres alors qu’ils s’agglutinaient sans cohésion dans le couloir en direction de la sortie, ça il pouvait le faire sans problème.

– On est attaqué ?! s’exclama Uraraka avec peur, alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie.

– Pas forcément. Il y avait des journalistes devant l’école ce matin. C’est peut-être eux ? tenta de rassurer Izuku.

– Peu importe. Il faut faire quelque chose pour ce chaos, sinon ça va mal finir, répliqua sèchement Shinsô en pointant du doigt la horde d’étudiants qui était à deux doigts de se marcher dessus.

Izuku couru vers l’une des grandes fenêtres de la cafétéria, celles qui donnaient vue sur l’entrée, et plaqua son visage contre la vitre pour voir exactement ce qu’il se passait. Il fut soulagé de voir que les journalistes étaient bien entrés sur le terrain de l’école et harcelaient les héros qui étaient venus les empêcher d’entrer dans le bâtiment.

Il savait bien que c’était Shigaraki qui était responsable de leur présence à Yûei, mais au moins, ce n’était pas une attaque, donc personne n’était en danger. À moins que les élèves coincés dans le couloir ne continuent de paniquer sans faire attention aux personnes autour d’eux.

– T’avais raison, Midoriya, c’est bien les journalistes !

Izuku se retourna pour… ne voir personne. Il leva la tête et vit qu’Uraraka s’était fait flotter pour également voir ce qui se passait en se plaçant au-dessus de lui. Elle annula son alter et atterrit à ses côtés.

– Il faut prévenir les autres ! Shinsô, tu peux les arrêter ?

Le garçon la fixa avec de grands yeux surpris avant de regarder vers la cohue d’étudiants paniqués. Il secoua la tête.

– Il faut qu’ils répondent pour ça, et il y a trop de bruit. Et puis, même si j’arrivais à tous les attraper, je ne tiendrais à peine une demi-seconde et encore, ils sont trop nombreux.

Izuku fit carburer son cerveau. Comment avait fait Iida pour calmer tout le monde déjà ? Il avait hurlé en disant que c’était la presse et que tout allait bien, mais comment avait-il fait pour obtenir l’attention de tout le monde ? Il se souvenait juste de l’avoir vu au-dessus du panneau lumineux de la sortie, qui était lui-même au-dessus de la porte, comme s’il avait…

– Ah, je suis stupide, marmonna-t-il avant de se tourner vers son amie. Uraraka, fais-moi flotter s’il te plait.

La fille fut surprise un instant avant de froncer les sourcils de détermination et d’activer son alter. Izuku se mit à flotter comme prévu, avant de remarquer qu’il était trop loin de l’entrée du couloir pour s’accrocher à quoique ce soit. Il demanda alors aux deux autres de le pousser dans cette direction, ce qu’ils firent. Izuku avait gardé une sorte de trace de l’habitude qu’il avait en utilisant Float, ce qui était très bien, car il put facilement se retrouver dans le couloir bondé pour prendre appui sur le mur au-dessus de la porte et activer son propre alter pour s’élancer vers l’autre porte où se trouvait le panneau lumineux de la sortie.

Si sa présence à ce point précis n’avait pas attiré l’attention des étudiants, les éclairs verts qui parcouraient son corps l’avaient définitivement fait.

– DU CALME !! cria-t-il en s’accrochant à un tuyau fixé entre le mur et le plafond.

La panique cessa, et tout le monde leva la tête pour le regarder. Urgh, l’embarras…

– IL N’Y A PAS D’ATTAQUE ! CE SONT LES JOURNALISTES ! TOUT VA BIEN !

Izuku vit certaines des personnes près des fenêtres regarder dehors pour confirmer ses dires. Les étudiants se calmèrent, rassurés de ne pas être en danger. Le couloir fut petit à petit évacué, ainsi que le réfectoire, et Izuku put redescendre sur la terre ferme. Uraraka et Shinsô le rejoignirent et ils restèrent tous les trois ensemble dans l’aire d’évacuation, jusqu’à ce que tout le monde se regroupe instinctivement par classe. Aizawa-sensei fut l’un des premiers professeurs à venir chercher les élèves, et il les accompagna dans leur salle de classe.

Du moins c’est ce qu’Izuku pensait, mais à sa surprise, il les emmena au réfectoire. Chose qu’il n’avait pas fait la première fois. Qu’est-ce qui avait changé ?

– Que ceux qui n’ont pas eu le temps de manger, aille rejoindre Lunch Rush, pointa-t-il en désignant le héros derrière le comptoir. Pour ceux qui n’ont pas eu le temps de finir, retrouver vos places et terminer votre repas. Vous avez tous trente minutes, pas une seconde de plus.

Toute la 1-A se dispersa à travers la pièce, personne n’ayant fini de manger avant que l’alarme ne se déclenche. Izuku, Uraraka et Shinsô retrouvèrent sans mal leurs places où ils se réinstallèrent rapidement et en silence. Connaissant Aizawa-sensei, il ne valait mieux pas discuter pendant qu’ils mangeaient pour éviter de perdre du temps.

Izuku se demandait pourquoi le héros avait changé de comportement par rapport à sa première chronologie. Qu’est-ce qui avait changé ? En général, Aizawa-sensei les laissait se débrouiller, en quasi totale autonomie. Était-ce Nezu ? Il était au courant de la forte possibilité de l’attaque contre le portail, donc était-ce une de ses directives ? Leur classe n’étant pas la seule à se trouver à la cafétéria pour finir leur repas, c’était sans doute le cas. Mais la dernière fois, s’ils avaient eu plus de temps pour manger avant de retourner en cours, les professeurs n’avaient pas été présents pour les diriger et les surveiller.

Une fois tout le monde rassasié, ils étaient de retour dans leur salle de classe. Aizawa-sensei sortit une télécommande et appuya dessus, ouvrant l’armoire de rangement de leur tenues de héros.

– Maintenant que les vautours nous ont fait perdre à tous un temps précieux, vous avez cinq minutes pour vous changer et me rejoindre au gymnase numéro cinq. Ceux qui seront en retard me feront deux cent pompes, ajouta-t-il avec son sourire effrayant.

La classe se vida en un temps record, chacun d’entre eux ne voulant pas subir les foudres du héros. Izuku ne se souvenait pas vraiment de ce qu’il s’était passé après la panique de l’alarme intrusion, mais ce n’était pas un cours de pratique, il en était sûr. Il était donc assez enthousiaste, tout comme ses camarades.

Aizawa-sensei les fit attendre cinq minutes supplémentaires, durant lesquelles ils chuchotèrent entre eux de ce qu’il s’était passé ce midi, quand la porte du gymnase s’ouvrit.

– Vous en avez mis du temps, râla leur professeur à l’intention des nouveaux venus.

Nouveaux venus qui n’étaient autres que les membres de la 1-B et leur professeur principal, Vlad King.

– On n’est plus à quelques minutes près, Aizawa. Je voulais être sûr que mes élèves avaient tous mangé suffisamment.

Aizawa-sensei grogna en réponse, mais Vlad King l’ignora en se tournant vers eux pour se présenter :

– Je suis Vlad King, le héros sanguin et le professeur principal de la 1-B.

– Aujourd’hui nous allons faire un entraînement commun avec eux. Midoriya, viens par ici.

Tout le monde regarda Izuku, curieux, pendant qu’il s’avançait vers les deux enseignants. C’était donc le moment. Il espérait que les gens prendraient ça bien.

– Lors de la battle, vous avez affronté vos camarades de classe tout en découvrant leurs alters. Aujourd’hui vous ferez la même chose, mais sous forme de duels d’environ dix minutes maximum et entre les deux classes, précisa Vlad-sensei. De plus, à la fin de chaque duel, vous récupérerez un compte-rendu d’analyse alter.

– Cette analyse sera faite par Midoriya, continua Aizawa-sensei en le pointant du doigt. Il suit actuellement à distance une licence d’analyse alter et entame sa quatrième et dernière année. Il fera office d’assistant durant les cours communs de pratique, mais vous pouvez venir lui poser des questions sur votre alter quand vous voulez.

Des cris surpris résonnèrent dans le gymnase parmi les élèves, mais aucun ne fut plus fort et plus outragé que celui provenant de Katsuki.

– DE QUOI ?! C’est impossible !! Deku ment, il ne peut pas faire de cursus universitaire en même temps que le lycée !!

– Calme-toi Bakugô, le réprimanda Vlad-sensei. Et je t’assure que tout ceci est vrai. Nezu le sponsorise.

Izuku se mit à rougir d’embarras devant l’attention qu’il suscitait chez ses camarades. Il ne revenait toujours pas de la chance qu’il avait eu de pouvoir faire sa licence avec autant d’années d’avance. Ou même d’avoir la chance d’en faire tout court, étant donné l’état du pays quand il avait fait son voyage dans le temps.

Il eut des bruits admiratifs et enthousiastes qui le firent rougir encore plus, jusqu’à ce qu’il entende un bruit très caractéristique qu’il avait entendu toute sa vie, suivi d’une déclaration meurtrière familière.

– JE VAIS TE TUER DEKU !!

Cette situation déclencha des réflexes qui s’étaient ancrés chez Izuku au fil des années. D’abord la peur qui le figeait sur place tandis que son instinct voulait à tout prix fuir en sécurité. Puis la tension venait habiter son corps, le faisant bouger dans une position qui lui ferait subir le moins de douleur possible. Et enfin, le mouvement lui permettant d’échapper aux coups en esquivant. Ce dernier réflexe n’était dû qu’à la formation qu’il avait reçue lors de son année à Yûei durant sa première vie, mais c’était celui qui lui permit de mettre Katsuki à terre.

Profitant de l’élan de Katsuki, Izuku avait attrapé son bras, arqué dans un crochet du droit, pour le balancer par-dessus son épaule, lui faisant expulser l’air de ses poumons de manière soudaine. Il n’eut même pas besoin d’utiliser son alter. Évidemment, Katsuki se releva immédiatement, la main tendue vers le visage d’Izuku, prêt à déclencher son alter.

Sauf qu’aucune explosion ne se produisit.

À la place, l’écharpe d’EraserHead emprisonna le blond, l’empêchant de faire le moindre mouvement. Le héros quant à lui avait son alter activé et n’était pas content, ce qui augmentait drastiquement son côté terrifiant.

– C’est quoi ces putains de bandes merdiques ? Je ne peux pas bouger, pesta Katsuki qui essayait malgré tout.

– C’est mon arme de capture. Et tiens-toi tranquille, mon alter me donne les yeux secs !

Ce qui était un point faible immense selon l’opinion d’Izuku.

– Désolé Aizawa, je ne pensais pas qu’il attaquerait quelqu’un, fit Vald-sensei en s’approchant de Katsuki. Je t’avais prévenu de faire attention à ton comportement, Bakugô. Non seulement tu obtiens une retenu pour tentative d’agression sur un camarade, mais en plus tu ne participera pas à l’exercice aujourd’hui. Et ce sera inscrit sur ton dossier.

Le silence qui était tombé sur le groupe quand Katsuki avait touché le sol, se fit lourd. Vlad King était en colère et fixait le blond explosif en affichant un visage qui faisait peur. Aizawa-sensei rendit sa liberté à Katsuki, qui ne bougea pas, une expression de choc étalée sur son visage. Il se laissa même guider sans rien dire par son professeur sur le côté.

– Midoriya, appela Aizawa-sensei d’une voix dure.

– Pardon sensei ! sursauta Izuku. J’ai réagi sans réfléchir, ça ne se reproduira plus !

Il s’inclina dans un angle presque droit, dont Iida devait être fier. Il était prêt à se faire punir aussi, car même si c’était de la légitime défense, il s’était battu sans autorisation. Le héros mit un instant avant de répondre, faisant stresser Izuku.

– J’espère bien.

Et c’était tout. Pas de remarque ou d’avertissement. Rien. Izuku était vraiment étonné. Il s’attendait à une menace d’expulsion s’il recommençait, mais non. En fait, maintenant qu’il y pensait, dans sa première chronologie aussi quand Katsuki avait essayé de l’attaquer lors du test d’alter, Aizawa-sensei ne lui avait fait aucune remarque. Mais pourquoi ? Si la première fois il n’avait effectivement rien fait pour recevoir la moindre remarque, cette fois-ci il s’était défendu, donc le héros aurait dû lui dire quelque chose.

Izuku soupira intérieurement en se disant que jamais il n’arriverait à comprendre EraserHead, peu importe le nombre de vies qu’il pouvait vivre.

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*1 Ok alors ceci (le dialogue de Hitoshi et le paragraphe précédant) est le résultat d'un des défis lors du camp d'écriture n° où je devais décrire une image imposée par ma binôme Insom(nium). Voici l'image en question : attachments/1026183755502731296/1031243211185852527/4057f66a263e9cb


Texte publié par Yuedra, 16 décembre 2022 à 19h48
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