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tome 1, Chapitre 2 « À travers ses yeux » tome 1, Chapitre 2

Entre la faim, les sifflements mélodieux et les dissonants tac-o-tacs, difficile de savoir ce qui l'avait réveillée... peut-être les 3 à la fois. Sur quoi elle était allongée n'était pas un lit. C'était trop étroit pour s'étendre complètement et, contre son dos, les coussins semblaient monter presque à la verticale. Cela restait très confortable, et elle n'avait clairement pas envie de bouger.

Les dissonants tac-o-tacs cessèrent et un ding sonore retentit. Il ne fallut pas longtemps avant qu'un léger fumet n'arrive aux narines de la sylphide. La faim l'emporta et elle se leva.

Emmitouflée dans la couverture, elle balaya la pièce du regard. La sylphide connaissait la plupart des choses qu'elle voyait, pour d'autres, elle devinait en fonction de ce dont elle avait entendu parler, comme les écrans pour voir des choses se passant très loin.

En se dirigeant vers les sifflements, elle passa la seule sortie de la pièce pour arriver dans une autre plus petite. Une table de taille raisonnable s'y trouvait et un escalier montant était situé juste sur sa gauche. Une porte sous celui-ci devait surement ouvrir sur une cave ou un placard. Elle ne le remarqua qu'après coup, mais la porte d'entrée et toutes les fenêtres se trouvaient sur sa droite. La lumière du soleil passait aux travers pour donner un aspect jaunâtre à la maison. En face d'elle, se trouvait l'origine des bruits, vers un autre passage sans porte. La sylphide savait qui s'y trouvait. Sa perception ne pouvait pas la tromper à ce point.

La cuisine n'était pas particulièrement grande, mais il y avait largement la place pour se mouvoir, et William n'avait, en effet, aucune difficulté. Il posa son plat sur le plan de travail et s'arrêta de siffler.

— Alors, bien dormi ? demanda-t-il sans se retourner.

Trop concentrée à deviner ce que pouvait contenir le plat, la sylphide sursauta au son de sa voix. Elle se ressaisit et se teint droite, le regardant directement. Un peu tendue et refermant d'avantage la couverture autour d'elle, elle répondit d'un simple oui.

William se retourna, la jaugea du regard puis se mit à préparer les assiettes.

— Y'a pas besoin d'être tendue ainsi, je ne suis pas un monstre. En tout cas, tu as l'air d'aller mieux, dit-il avant de tendre des couverts à la sylphide. Tiens, et va t'asseoir à table. J'arrive juste après.

Elle libéra sa main droite pour les prendre, et il demanda :

— Tu voudras boire quelque chose ? J'ai du thé.

Elle acquiesça et William s'empara de la bouilloire.

— N'oublie pas de remettre aussi cette couverture où elle était. Tu seras plus à l'aise pour manger.

Cela ne prit pas longtemps avant que le repas ne soit servi. Ils s'installèrent l'un en face de l'autre et la sylphide regarda son assiette. Elle reconnaissait les pommes de terre et les choux-fleurs, mais pas la chose visqueuse qui les recouvrait.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Du gratin. La crème utilisée provient de lait de vache. S'il y a un problème avec ça, j'ai une salade de légumes prête dans le frigo. Sinon, tu peux toujours goûter.

Bien qu'elle hésitât, l'odeur alléchante eue raison de la sylphide. La première bouchée suffit à mettre de côté ses appréhensions.

Le repas ensuite terminé et la table débarrassée, William, semblant préparer un interrogatoire, servit le thé et s'assit bien en face de la sylphide.

— Je ne pense pas que l'on se soit présenté correctement. Et tu as surement des questions, n'est-ce pas ?

Elle fut un peu désarçonnée. Pensant devoir répondre aux questions, la sylphide ne s'était pas imaginée pouvoir en poser. Bien qu'elle acquiesçât en signe de confirmation, elle ne put se résoudre à engager la conversation. William prit donc la parole :

— Je me nomme William. William Aril. Semi-démon du côté de ma mère, membre de l'ADL depuis très récemment et affilié à l'équipe 32 dont mon grand collègue vient également.

— Oh oui, je me souviens de lui, s'exclama la sylphide avant de se ressaisir. Je m'appelle Irina, fille d'Ariane. D'où je viens, nous n'employons pas les noms de famille.

Elle avait la même impression que lors de leur première rencontre. Lorsque leurs regards s'étaient croisés, ses yeux verts, ambrés autour de l'iris, l'avaient marquée. L'air autour de lui semblait chanter une placide mélancolie. Quelque chose la poussait à lui faire confiance.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle.

— Chez moi. Plus précisément, à Aledenne, rue du fauchon, maison n°7. Nous sommes aux abords de la ville. C'est, certes, une petite ville, mais il y a tout ce qu'il faut... ou presque. Si tu ne te rappelles pas comment tu es arrivée ici, c'est normal. Tu t'es endormie durant le trajet. Une fois le stress passé, ton corps a du bien se relâcher. Tu devais être exténuée : tu as dormi pas moins de 13 heures. J'avais peur que tu ne te réveilles pas pour le repas de midi.

C'est vrai qu'en y repensant, elle ne se rappelait pas avoir beaucoup dormi durant sa captivité. Elle baissa la tête en signe de remerciement.

— Merci de m'avoir sauvé.

— Ne te méprend pas. L'agence avait déjà prévu de démanteler tout le réseau avant que l'on apprenne ton existence. Hector était déjà infiltré depuis un moment et je n'avais même pas encore rejoins le groupe. Et quand ce fut fait, ce fut ma première mission. Tu parles d'une épreuve.

— Mais vous m'avez tout de même aidé.

— C'est vrai.

— C'est quoi l'agence ? demanda Irina, après quelques secondes de réflexion.

William se repositionna et se concentra, sûrement pour savoir quoi dire. Puis il commença :

— Comme je suis nouveau, je ne connais pas encore tous les détails. Mais pour faire simple, il s'agit de l'Agence Démonique Luciférien (ADL). Comme son nom l'indique, elle regroupe les démons et les anges déchus sous une même bannière (si on peut le dire ainsi). Ces derniers préfèrent qu'on les appelle par leur autre nom d'ailleurs : luciférien. Son rôle consiste à garder un œil sur les autres démons. Que ça soit ceux qui vivent une vie normale d'humain et les hors-la-loi qui n'en font qu'à leur tête. Ce que j'entends par « hors-la-loi », ce sont notamment ceux qui ne sont pas recensés à l'ADL et, plus largement, ceux qui ne veulent pas « être tenu en laisse ». Recueil d'informations, surveillance d'une zone en particulier, démantèlement d'un groupe criminel, c'est un peu la police des démons. Le but premier étant de veiller à ce que les démons fassent le moins de vague possible pour éviter que les anges ne s'en mêlent. Et, de ce que j'ai compris, personne ne veut ça. Il y aurait eu trois grandes guerres, et la dernière aurait été en défaveur des démons. Ce qui explique, dans un sens, pourquoi ils se cachent. Peu d'humains sont au courant de leur existence. Ça va, tu as su suivre ?

— Oui. Je crois me rappeler avoir déjà entendu parler de quelque chose de ce genre.

— D'où tu viens, en fait ? Après tout, cela fait des siècles que l'on n'a pas vus de sylphe.

— C'est compliqué.

Irina, la tête baissée, réfléchissait à ce qu'elle pouvait bien dire. Elle ne pouvait clairement pas tout dévoiler. Regardant sa tasse, encore à moitié remplie, elle repensait à ce que William avait dit sur lui. Il semblait en savoir peu sur ses origines démoniaques et quand il parle d'eux, c'est avec détachement. Il n'a surement pas passé beaucoup de temps parmi eux.

— Je peux vous demander quelque chose ? demanda-t-elle.

— Je t'écoute.

— Pourquoi avez-vous rejoins l'agence ?

William sembla surpris, puis il fronça les sourcils, sans doute quelque peu contrarié. Il prit son temps avant de répondre :

— Pour plusieurs raisons. Certaines d'entre elles sont trop personnelles pour en parler. Mais pour faire simple, on va dire que j'avais besoin de me réconcilier avec moi-même. Et j'avais besoin d'un boulot. Pouvoir vivre dans une maison et y rester demande de l'argent, et pour avoir de l'argent, il faut un boulot. Tu connais le concept de l'argent ?

— Je ne suis pas stupide ! s'offusqua la sylphide.

— Ok. Admettons que je n'ai rien dit, répondit William, les mains levées.

Il se repositionna et repris :

— J'ai passé toute mon enfance à vivre comme un humain, toute ma scolarité. Donc, autant dire que je ne me suis pas encore entièrement adapté à ma part de démon.

William s'arrêta pour boire une gorgée mais ne reprit pas la conversation. Il semblait en avoir assez dit et était à présent dans ses pensées. Irina fit de même, réfléchissant à ce qu'elle pouvait bien ajouter. Pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Après tout, elle s'était déjà trompée par le passé. Quoi que... Cette remise en question avait vraiment lieu d'être après ce qu'ils avaient fait pour elle ? Cette agence était suffisamment connue pour que ça le soit même chez elle. Il ne devrait y avoir aucun doute quant à leurs intentions. Elle se rappela de la dame qui les avait rejoints, hier. Grandes, très belles avec ses long cheveux noirs et bien plantureuse également. La façon dont elle était traitée en disait long sur son rang parmi eux. Une question lui vint alors :

— La dame d'hier... C'était qui ?

William sorti de ses pensées pour la regarder directement. Il eut un léger rictus.

— Elle se nomme Helia. C'est la cheffe de l'équipe 32. L'équipe dans laquelle je suis.

— C'était voulu que vous soyez dans la même équipe ?

— Pourquoi cette question ? demanda-t-il, surpris.

— J'avais remarqué que vos signatures énergétiques étaient très similaires. Vous êtes de la même famille, non ?

William fronça les sourcils.

— C'est ma tante.

Irina n'était pas surprise par la révélation. Cependant, elle commençait à se demander si William n'était pas prédestiné à un certain rang lui aussi. La sylphide s'arrêta dans sa réflexion quand elle vit l'air interrogateur de son interlocuteur.

— Nos signatures énergétiques ?

Il ne semblait pas du tout savoir ce que cela était. Irina était un peu gênée. Il était pourtant évident que tout le monde ne savait pas ce que c'était, mais pour elle, cela paraissait anodin.

— Désolé. C'est vrai que les démons et les élémentaires n'ont pas la même perception. Comme vous devez surement le savoir, chaque être vivant a de l'énergie en lui. Et de la même façon que chaque corps à ses propres caractéristiques physiques, il aura également ses propres caractéristiques énergétiques. C'est comme regarder un visage : il n'y en n'a pas deux identiques, et, si tu le connais, tu seras capable de le reconnaitre dans une foule. Par exemple, à mon réveil, j'ai su que c'était vous dans la cuisine avant même de vous voir. Grâce à notre rencontre d'hier, j'ai pu reconnaitre votre signature énergétique. Évidemment, entre les membres d'une même famille, il y aura toujours beaucoup de ressemblance, les enfants héritant d'une grande part de leurs parents.

— Donc, ta perception t'est inutile dans un milieu totalement inconnu, répondit William.

Irina acquiesça tristement.

— Mais dans ce cas-là, tu n'aurais pas dû prendre plus de précaution ? Nous avions lu les informations du fournisseur au sujet de ta capture. Tu avais littéralement toqué à sa porte, t'étais présenté en tant que sylphide, délibérément. Tu ne savais clairement pas dans quoi tu t'embarquais, mais tu t'attendais clairement à autre chose. Je me trompe ?

William avait à présent un regard sévère. La sylphide, quant à elle, était complètement désemparée. Ils savaient donc ce qui s'était passé. Elle balbutia un peu avant de donner une réponse.

— Je... J'étais perdue, effrayée... Je ne savais pas quoi faire... Lorsque j'ai aperçu l'habitation, j'ai cru que...

Elle s'arrêta net. Sa respiration se calma un peu, mais ses yeux s'embuèrent.

— J'espérais... Je croyais que c'était un sylphe. Sa signature avait des points communs avec certains que je connaissais. Je pensais qu'il s'agissait d'un lointain cousin. Je n'étais jamais partie de chez moi avant.

— Pourquoi es-tu partie ? demanda William.

Irina releva la tête. La façon dont il la regardait la gênait presque. Elle détourna vite les yeux. Derrière son regard sévère, on pouvait y lire beaucoup d'empathie. Était-ce normal pour un étranger de se faire autant de souci pour elle ?

— J'étais obligée. Je m'étais préparée à partir. Vous avez bien vu mon sac. Je me suis juste trop éloignée.

— Si on te montre une carte, tu saurais localiser ton chez toi ? On pourrait t'y ramener.

La sylphide se ressaisit.

— Non ! Je ne peux pas y retourner ! Du moins, pas maintenant. C'est trop tôt.

— Pourquoi ?

William était clairement étonné par la réponse donnée. À ce stade, la compréhension était nécessaire pour expliquer sa réponse. Irina se sentait bien obligée de le faire à la vue de sa réaction. Elle ferma ses yeux pour mieux réfléchir, pour trouver ses mots.

— Là d'où je viens, les sylphes sont nombreux. C'est un endroit caché que personne d'autres ne connait. Je ne peux pas indiquer l'endroit, même approximativement. Il y a plus de mille an, ce lieu était connu. Les gens de l'extérieur peuvent encore en parler, mais de façon complètement déformée, par les histoires par exemple. Même son nom. Sa prononciation exacte, par chez nous, est Alfaïm.

— Alfaïm... Comme Álfheim dans les légendes vikings ?

— C'est un exemple, mais ce ne sont que des dérivés. Même si les légendes ont toujours un fond de vérité, cela ne reste que des histoires et ils ont généralement très peu de point commun avec les véritables fait. Il n'y a rien de viking chez nous.

— Mais comment faites-vous pour rester caché ? Avec la technologie actuelle, cela est devenu presque impossible.

— En tant que démon, vous devriez connaitre les dimensions de poche, non ?

— Ah ! En effet. Vu comme ça, cela explique beaucoup de chose. Mais pourquoi en sortir maintenant sans même savoir où tu mettais les pieds, vu que tu t'étais perdue ?

Irina poussa un léger soupir. Elle ne pensait pas devoir en dire autant. Il était difficile de savoir si William était perspicace ou juste très curieux, mais ses questions avait tendance à faire mouche. Pour finir, c'était surtout lui qui posait les questions. Elle se doutait bien que ses réponses seraient ensuite transmises à l'ADL, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que toutes ses questions n'étaient que de son fait.

— Quand nous atteignons nos 19 ans, on nous prépare à sortir dans le monde extérieur pour notre passage à l'âge adulte. On nous lâche de l'autre côté avec le minimum nécessaire et les connaissances pour survivre plusieurs jours et nous devons rejoindre l'une des nombreuses habitations frontalières se trouvant à proximité d'Alfaïm. Les sylphes qui y vivent sont un peu des gardes-frontières.

— Attend ! Avant de continuer... Tu as 19 ans ?!

— ... Oui ?

William était aussi perplexe qu'Irina pouvait l'être.

— Enfin ! Juste pour être sûr... Vous utilisez le calendrier grégorien ? Celui que nous utilisons, celui aux 12 mois ?

— Ben, euh... oui... Mais je ne comprends pas ta réaction. Je pensais vous étiez au courant pour notre apparence.

— Ben, moi, en tout cas, je ne l'étais pas. Je te donnais 14 ans, et nous étions nombreux à le penser. En plus, ton comportement n'aidait pas beaucoup.

La sylphide cligna des yeux à de nombreuses reprises, visiblement stupéfiée. En face d'elle, William avait à présent un certain inconfort.

— Mon comportement ? J'étais complètement confuse, apeurée, ... Je n'avais jamais mis les pieds ici. Comment voulez-vous que je réagisse autrement ? Et oui, j'ai beau être timide, ça ne veut pas dire que j'ai un comportement de gamine. J'ai 19 ans et je suis là pour devenir une adulte. Je pensais que tu en savais beaucoup sur nous. Tu avais menti au monsieur d'hier ?

Quand elle finit de parler, Irina fit un air bougon qui contrasta avec sa sévérité. William ne put s'empêcher de sourire. Il baissa sa tête vers la gauche et se pinça le glabelle.

— Je jouais un rôle. Bon, au moins je serai au courant à l'avenir, dit-il en refaisant face à la sylphide. Si je comprends bien, il s'agit d'une sorte de passage à l'âge adulte. C'est ça ?

Irina hocha la tête, encore un peu contrariée.

— Mais malgré les préparatifs, tu t'es perdue.

La sylphide tressaillit suite à cette phrase. Les sourcils encore froncés, elle ne put s'empêcher de baisser les yeux.

— Au début, non. Disons que j'ai joué de malchance. Le premier sylphe que j'avais rencontré avait déjà un apprenti. De l'année passée, je suppose. Le second n'a pas voulu. Alors j'ai continué à avancer en espérant en rencontrer un autre. Avant que je ne m'en rende compte, je m'étais perdue. J'ai marché pendant 3 semaines, à peu près, avant de tomber sur la 3ème habitation, et donc, sur le démon qui y vivait. La suite, vous la connaissez. Le but premier est que le sylphe qui nous héberge nous apprenne à maitriser nos pouvoirs sur le terrain. Le second consiste à amasser des connaissances sur le monde extérieur pour qu'à Alfaïm nous restions au courant des derniers changements. Cela peut être les dernières découvertes humaines, les inventions, histoires géopolitiques, etc. On nous apprend différentes langues, en fonction des lieux où nous nous rendons pour les informations : le français, le néerlandais, l'allemand mais également l'anglais au vue de son utilisation massive de par le monde. Enfin, de ce que l'on a appris.

— Mmmh, ça donne une vague idée de l'emplacement d'Alfaïm.

— J'en ai trop dit, répondit Irina choquée avant de remarquer l'air goguenard sur le visage de William. Ce n'est pas drôle.

William garda son sourire et fit un geste de la main lui indiquant qu'elle pouvait continuer de parler.

— Après un an ou deux, rarement trois, notre hébergeur peut décider que nous sommes prêts à retourner à Alfaïm. Nous considérant donc, à présent, comme des adultes et ayant assez d'informations à rapporter.

— D'accord, je comprends l'utilité de la démarche. Il devrait y avoir toujours moyen de t'aider à retourner sur les lieux, même indirectement. Mais, en attendant, tu vas passer quelques jours ici. Et ça tombe bien, tu ne pouvais pas être plus proche de la civilisation. J'ai tout ce qu'il faut, toute la technologie nécessaire pour trouver un maximum d'information. Ce sera une tâche en moins à faire pour la suite. T'en pense quoi ?

Les yeux d'Irina se mirent à briller et son visage sembla s'éclairer.

— Vraiment ?! Vous me laisseriez utiliser vos machines ?!

— Houlà, dit comme ça... Tu t'es déjà servi d'un ordinateur ?

— Vous m'apprendriez ? répondit la sylphide, le visage rayonnant.

C'était comme un rêve qui se réalisait. Pouvoir tenir entre ses mains toute cette technologie dont elle a tant entendu parler... Irina était presque comme un enfant impatient de recevoir son cadeau. William débarrassa le reste de la table, et ils passèrent ensuite le reste de l'après-midi devant l'ordinateur dans le salon.

La manipulation au clavier et à la souris fut vite assimilée et Irina se tourna rapidement vers le net. William fut assez étonné par ce qu'elle écrivait dans la barre de recherche : chimie biologique, physique quantique et autres. Elle semblait être complètement attirée par les domaines de la science.

Ils en discutèrent et la sylphide fut assez émerveillée d'apprendre qu'il en savait autant, William expliquant ensuite que ce qu'il disait ne s'agissait que du b.a.-ba dans certaines filières scolaires. Les recherches d'Irina était déjà bien trop poussée, elle ne risquait pas de comprendre grand-chose si elle ne comprenait pas déjà les bases. Au moins, il y avait clairement la volonté d'apprendre. Le semi-démon décida donc de l'amener à l'étage pour lui montrer ses anciennes affaires d'écoles. Cependant, autre chose semblait attendre la sylphide.

— Nous y sommes. Voici ma chambre. Tu peux t'asseoir sur le lit en attendant que je revienne du grenier.

Il partit et Irina s'installa à côté d'un sac blanc, dont elle ne put s'empêcher de regarder. Avec la journée qu'elle avait passée, sa curiosité était montée en flèche et elle décida d'y jeter un coup d'œil. C'était du tissu. Écoutant les déplacements au-dessus de sa tête, elle se dit qu'elle avait le temps d'y regarder de plus près.

Le choc lui fit presque monter les larmes aux yeux. Plusieurs vêtements s'y trouvaient et, vu leurs tailles et apparences, n'étaient clairement pas pour William. Enfin, sous ceux-ci, était caché son sac de voyage avec toutes ses affaires dedans.

— Il faudra pas oublier de remercier Helia. C'est elle qui a choisi et acheté les vêtements.

William était redescendu avec 2 boites en carton. Il s'était clairement attendu à ce qu'elle fouille le sac.

— Je ne sais comment vous remercier, mais...Vous n'auriez pas du vous donner cette peine.

— Et puis quoi encore ? Tu t'es déjà regardée ? Tes vêtements actuels doivent être lavés. On n'allait pas te laisser porter ça continuellement. Il y a un pyjama, et des vêtements pour demain. On ira faire du shoping. Tu voudras sûrement choisir tes propres vêtements.

— Demain ?

— Ordre de Dame Helia, dit William avec un certain dédain.

— C'est un peu rapide, non ? Je veux dire...Vous aviez dit que je ne resterais pas longtemps.

— Ce n'est pas comme si on allait acheter une garde-robe, non plus. Il te faudra bien des vêtements de rechange. Ça m'étonne que tu n'en avais pas, d'ailleurs.

— J'en avais ! C'est juste que... J'ai des impressions que vous en faites trop.

William soupira.

— Tu devrais en profiter, plutôt que de t'en plaindre. Si tu veux, on en reparle demain. La soirée avance et je n'ai pas encore préparé le repas. Je te laisse t'installer ici, c'est ta chambre. La salle de bain est juste en face, au cas où tu le demanderais.

— Ce n'est pas ta chambre ? demanda Irina.

— Je dors dans le fauteuil.

— Non, ça non ! Je ne peux pas. C'est ton lit, ta chambre.

William la regarda fixement, l'index levé.

— J'ai décidé que tu aurais le lit, tu auras donc le lit. Ici, c'est chez moi. C'est donc moi qui décide. Tu es une invitée et, en tant que telle, la politesse veut que le minimum soit de t'offrir suffisamment de confort. Je dors dans le fauteuil, point barre. Maintenant, je te laisse te laver et te changer pendant que je vais préparer le souper.

Il la salua d'un geste de la tête puis quitta la chambre. Irina resta quelques instants les bras ballants. Elle regarda les 2 boites qu'il avait apporté puis le lit où se trouvait les vêtements. Elle prit le pyjama et le leva devant elle. La sensation dans son estomac lui donnait un certain malaise et une étrange mélancolie l'étreignait. William lui avait rappelé son père sur cette dernière discussion. Elle se rappela alors un phénomène du genre dont on lui avait déjà parlé : la nostalgie, le mal du pays. Cependant, ce n'était pas du tout comparable au sentiment qu'elle avait lors de sa captivité.

Elle se dirigea vers la seule porte de l'étage qui n'avait pas encore été ouverte. À sa droite, fenêtre et toilette. À sa gauche, baignoire, armoire, évier et miroir. Elle se positionna devant ce dernier.

Elle y vit une jeune fille aux yeux bleus, aux longs cheveux blonds descendant jusqu'à la taille et à la fine carrure, ses habits apportant un contraste non-négligeable. Plaçant le pyjama devant ses vêtements, elle continua de regarder son reflet.

Irina donna un nom à ce sentiment étrange : une joyeuse mélancolie.


Texte publié par EbonyBullet, 10 décembre 2021 à 22h26
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