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– Enlevez-moi ça ! J'ai peur ! Aidez-moi !

Cassandra courait comme un chien fou et finit... dans la rivière.

Personne ne se moqua d'elle. Perle et son petit ventre la regardaient avec beaucoup de pitié. Cassandra, elle, pleurait, assise dans l'eau.

La grenouille sauta sur un nénuphar tout proche. Elle lui dit :

– Ce que tu vois, c'est ta jalousie. C'est pour ça que tu ne peux pas la chasser d'un simple revers de la main.

– Aide-moi... la supplia la petite fille trempée.

– Désolée, je ne peux rien faire pour toi, jeune fille !

Les pleurs de Cassandra redoublèrent. Aussi, Perle reprit très doucement :

– Par contre, toi, tu peux t'aider.

Une lueur d'espoir passa dans le bleu des yeux de la fillette. Pour lui faire écho, son ventre gargouilla très légèrement. Un peu comme pour l'encourager.

– Voilà, expliqua mademoiselle de Rosée, ferme tes yeux et concentre tes pensées sur ton ventre. Mets tes mains dessus et sens ton ventre grossir et dégonfler chaque fois que tu respires.

Perle laissa Cassandra faire pendant au moins cinq minutes.

– Tu peux ouvrir les yeux ! Tu te sens mieux ?

Cassandra hocha la tête. Elle avait encore un peu peur de se regarder dans l'eau, mais elle sentait le calme qui était entré dans son ventre.

– Les grenouilles, continua Perle, savent rester de longues heures sans bouger. Et tu sais ce qu'on fait pendant ce temps-là ? Non ? On essaie de ressentir chaque endroit de notre corps. On lui dit bonjour. On lui dit qu'on l'aime et on passe au suivant. C'est ce qu'on appelle de la médiation. Et là, je pense que tes pieds, ton ventre, tes bras, ton cou et ta tête ont envie de discuter avec toi.

Pendant un très long moment, la petite fille et la grenouille restèrent sans bouger. Chacune, dans son coin, faisait des câlins à son corps par la pensée.

Quand elles eurent fait le tour des bonjours, elles se regardèrent et se sourirent. Un sourire de bien-être. Perle n'avait pas besoin de demander comment Cassandra se sentait. Elle le savait très bien.

– À ton avis, chuchota la grenouille, comme si elle avait peur de briser la tranquillité du lieu et du moment, qu'est-ce qu''il te reste à faire ?

Cassandra se leva. Bon, c'est vrai que, ainsi assise dans l'eau depuis un bon bout de temps, elle commençait à avoir froid. Mais surtout, elle ne voulait pas répondre avec des mots. Elle prit entre ses mains un nouveau roseau et fit ce qu'elle avait à faire. Perle la regardait. Et Perle la félicita quand elle lui apporta un très joli pipeau.

– C'est pour mon petit frère, dit Cassandra.

Quand elle eut donné son cadeau, elle se mira dans l'eau et... ne vit plus rien sur son épaule ! Seulement son ventre qui lui souriait.

– Tu as appris une chose importante, jeune fille, lui dit Perle la grenouille. Tu as appris à te calmer en respirant et en câlinant ton corps. Tu as donc retrouvé ton sourire intérieur, le sourire de ton ventre. Mais je t'encourage à cherche le rire, maintenant.

Elle tendit à Cassandra un sac.

– Voici un os magique. Continue sur le sentier, et un peu plus loin tu trouveras Harry, le chien. Il peut aussi t'aider.

Cassandra se pencha vers la grenouille et déposa sur le sommet de son crâne un gros poutou. Ensuite, elle se mit en route, sans se retourner, et sans voir que son baiser avait transformé Perle en...

bah ! Peu importe...