Ce que Cassandra découvrit était incroyable. Elle n'en croyait pas ses yeux. Du moins quand la petite voix lui permit de les ouvrir.
C'était beau. C'était magnifique. Elle se trouvait dans une clairière baignée de lumière. La lumière du soleil, alors que quelques instants auparavant, c'était encore la nuit, là, dans sa chambre et dans son lit.
L'herbe y était d'un vert vif, parsemée de petites fleurs blanches – des perce-neige – et parfois jaunes ou violettes – des crocus.
Un peu plus haut se trouvait une forêt. Pas le genre de bois qui fait peur comme dans les contes, comme le petit chaperon rouge ou Blanche-Neige. Non, ici, c'était le vert et le rose qui dominaient. Une forêt d'arbres couleur bonbon, qui donnait envie de s'y enfoncer. Jamais on n’y aurait rencontré un loup ou un quelconque monstre. C'était le royaume des rouges-gorges, ces petits oiseaux à la fois étonnants et vaniteux, attachants et farouches. Avec leur gilet rouge reluisant, ils semblaient vous accueillir dans une chaumière bien tenue pour vous proposer une bonne tasse de thé fumant. À moins que ce ne fût du chocolat chaud...
En contrebas coulait une rivière. Assez large pour accueillir des nénuphars. Ça et là, sur les berges, poussaient des roseaux. Une menue brise, qui les faisait tanguer, avait le son cristallin de la flûte.
Comment la petite fille était-elle arrivée là ? Était-elle dans un rêve ? Avait-elle voyagé dans les airs ? Avait-elle emprunté un passage secret ? Elle n'en savait vraiment rien. Mais le contraste était si saisissant ! Elle huma l'air tiède et écarta ses bras. Elle commença à tournoyer sur elle-même, de joie. Elle se perdait dans ce jardin délicieux aux odeurs si parfumées des fleurs qui l'environnaient. Elle tournoya tant et si bien qu'elle en tomba à la renverse. Ce qui, bien entendu, provoqua un grand éclat de rire.
– Qui vient me déranger pendant ma méditation ? Coassa une voix qui n'avait rien de mélodieux.
C'était un reproche plus qu'une véritable question. Alors Cassandra se tint tranquille, assise sur ses fesses, et scruta les alentours pour voir qui lui avait parlé. Qui ou quoi. Elle s'attendait à tout maintenant !
– Ce n'est pas possible, un raffut pareil. Je suis toujours contrariée quand on me coupe de ma conscience !
– Pardon, s'excusa Cassandra, je ne voulais pas vous déranger.
– C'est pourtant bien ce qui vient d'arriver ! Et m'en voilà toute énervée. Attendez un peu !
Cassandra osa se relever pour voir avec qui elle conversait. Et c'est sans surprise qu'elle s'approcha d'une grosse... Grenouille !
Celle-ci avait les yeux fermés, comme si elle s'était mise à dormir. Mais loin de ronfler, Cassandra l'entendit respirer profondément. Quand elle eut inspiré et expiré trois ou quatre fois, la grenouille ouvrit ses yeux ronds comme des billes et sembla lui adresser un sourire.
– Me voilà calmée... Que veux-tu donc, jeune fille ?
– Vous... Vous saviez que... que je venais pour vous voir ? Balbutia Cassandra.
– Bien sûr ! Tout le monde vient me voir.
– Pourquoi ?
– Pour avoir des conseils, pardi !
– Mais... même maman, parfois, elle ne sait pas tout.
– Oui, mais moi, coassa la grenouille de fierté, je ne suis pas ta maman ! Je suis particulièrement sage. Les mamans, continua-t-elle sur le ton de la confidence, ne savent pas tout. Et c'est normal. Et puis, souvent, elles sont si fatiguées que la sagesse les quitte.
– Oh !
– Que t'arrive-t-il ?
– Eh bien, mon petit ventre m'a dit, commença Cassandra, qu'une boule de jalousie avait volé mon sourire intérieur.
– Ah ! Le coup classique...
– Et mon petit ventre m'a dit aussi que vous pourriez m'aider.
– Hum, hum... Bien sûr que je le peux. Mais avant cela, il faudra que tu fasses un petit quelque chose pour moi.
– Mais... je ne peux pas rester trop longtemps, madame la Grenouille, maman va avoir peur et me disputer si elle voit que je suis partie.
– D'abord, appelle-moi Perle... Perle de Rosée. Perle, c'est mon prénom. Mon nom de famille, c'est de Rosée. Avec un petit « de ». Car je suis de famille royale, ma chère enfant ! Ensuite, tu vas me dire si ta maman te dispute souvent.
– Oh oui ! Répondit Cassandra précipitamment.
– Ah ? Et quand cela arrive-t-il ?
– Et ben, par exemple, quand on mange le soir et que je fais le clown pour faire rire mon petit frère et que du coup, il ne mange plus.
– Mais encore ?
– Quand papa ou maman joue avec Grégoire et qu'ils ne veulent pas que je participe. Et donc, je fais une colère.
– Et quoi encore ?
– La nuit, quand je crie pour que maman vienne me faire un câlin parce que j'ai peur, alors qu'elle est dans la chambre de Grégoire. Et qu'avec lui, elle reste longtemps. Plus longtemps qu'avec moi. Et elle lui dit des choses gentilles. Mais jamais à moi...
Cassandra s'emportait dans ses reproches envers sa maman. Mais à bien y réfléchir, « tout ça, en vrai, c'est de la faute de mon petit frère », finit-elle par lâcher tout haut.
– C'est bon, c'est bon ! Je vois... Je vois... Écoute-moi bien, ma mignonne. Ta maman, cette fois, ne dira rien du tout, car elle ne s'apercevra de rien. Mais il faut que tu comprennes que parfois, tu vois les choses comme tu as envie de les voir. Ta maman passe certainement plus de temps avec toi, à lire des histoires de grandes filles, qu'avec ton petit frère. Sois honnête... Et je suis certaine qu'elle te dit aussi très souvent de jolies choses, et surtout, le plus important, des mots d'amour...
Cassandra hocha la tête.
– De toute façon, reprit Perle de Rosée, tu n'as pas le choix. Si tu veux que je t'aide, il va falloir que tu fasses ce que je te demande avant !
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