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tome 1, Chapitre 18 tome 1, Chapitre 18

— Tire-toi de là, Simon. C’est pas le moment ! Hurlait Gabriel.

Simon, quant à lui, forçait le passage. Son visage était rubicond. Elle ne l’avait jamais vu dans un tel état de fureur.

— Je n’ai rien à te dire, à toi… C’est Isabella que je viens voir.

— Alors, c’était donc toi ? Cracha Gabriel en jetant son verre contre le mur.

— Je n’ai rien à te dire, continua Simon qui avançait dans le salon.

— Tu as baisé avec ma femme et tu viens chercher ton trophée ?

— Ne sois pas vulgaire, Gabriel ! Lança Isabella.

Elle ne l’avait jamais vu de la sorte. Elle ne lui en avait jamais donné l’occasion.

Simon se retourna sur Isabella. Il l’attrapa par le bras et sortit de sa poche le papier froissé.

— C’est quoi ça ?

Elle bredouilla sans pouvoir donner la moindre réponse.

— Les bonbons… Je sais que c’est toi ! Pourquoi tu m’as fait ça ? Tu savais que je ne voulais plus rien avoir avec lui.

Gabriel comprit qu’il se fourvoyait sur l’objet qui avait amené son frère ici.

— De quoi tu parles ? Questionna-t-il, quelque peu rassuré que l’homme fautif ne fût pas Simon.

— Ça te regarde pas… Isabella ?

— Je ne peux pas t’en dire plus, Simon, fit-elle dans un filet de voix.

— Parce que je suis là, c’est ça ? S’inquiéta Gabriel, de plus en plus largué par la tournure des événements. Bordel ! Quelqu’un peut-il me dire ce qui se passe dans ma maison ?

Il avait appuyé sur l’adjectif possessif. La possession, c’était sa manière de se rassurer.

Simon embarqua sa belle-sœur avec lui. Ce qu’il avait à lui dire ne regardait qu’eux deux. Bien entendu, Gabriel tenta de les rattraper. Cependant, Simon avait une telle colère en lui qu’il ne fit pas dans le détail. Il lui asséna un coup de poing qui le mit au tapis le temps qu’ils s’éclipsent.

L’ayant tirée sur un long chemin, Simon avisa un parc non loin de là où ils étaient. Il l’y emmena de manière plutôt sauvage et lui remit le papier sous le nez.

— Pourquoi, Isabella ?

— Ton père m’a demandé de te le donner en main propre. Il savait combien on était complices. Comme il n’avait plus de nouvelles de toi, il est passé par moi. Moi non plus, je n’en avais plus. Je me suis dit que tu irais peut-être sur la tombe de maman. Et c’est vrai, les bonbons, c'était pour que tu comprennes.

— Oh, rassure-toi ! J’ai bien compris. J’ai compris que tu ne m’as pas respecté. Tu sais peut-être des choses que tu ne dis pas. Pourquoi tu n’en as pas parlé, quand tu es venue chez moi ?

— Simon, s’il te plaît, fit-elle suppliante. Je n’y pensais plus. Ça fait tellement longtemps que cette boîte s’y trouve, sur la tombe. C’était pas ça, le plus important pour moi. À mes yeux, c’est toi. Rien que toi. Le reste, je m’en fous ! Tu crois vraiment que j’ai pensé à papa pendant que nous faisions l’amour ? Je ne sais même pas ce qui y était écrit. Il ne m’a rien dit. Il m’a juste demandé de te passer ce message. Je n’ai rien fait de mal.

— Tu n’as pas respecté ma volonté. Tu ne me respectes pas.

— Comment peux-tu dire ça ! S’emporta-t-elle. J’étais en train de faire mes valises. Tu entends ? J'étais en train de quitter Gabriel quand tu es arrivé. Je veux vivre avec toi, Simon. C’est ce que j’ai toujours espéré.

— Tu joues sur tous les tableaux, Isa… Papa, Gabriel… Maintenant moi ? Et tu espères vraiment que j’accepte ça ? Comment pourrais-je te faire confiance après ce que je viens de trouver ?

— Simon tu… tu vas pas me laisser ?

— Je ne veux plus te voir, Isabella. C’était une grossière erreur que de coucher ensemble ! Tu me dégoûtes !

Isabella eut des hauts le cœur. Une subite envie de vomir lui vrilla les entrailles. Ses jambes flageolaient et ne la soutenaient plus qu’avec peine. Tout était fini, avant même d'avoir commencé. Elle tomba à genoux, le visage en sanglots. Elle n’arrivait plus à articuler le moindre son, le moindre mot, la moindre phrase qui aurait pu retenir Simon. Il partit sans se retourner. Aux pieds d’Isabella, un papier froissé la narguait. Dans ce papier, désormais, gisaient son amour pour Simon et toutes ses espérances, comme dans un cercueil de cellulose.

Elle le défroissa, le repassa entre ses doigts pour en ôter tous les plis et le plia sagement. Elle retrouvait peu à peu ses gestes machinaux de femme mariée, de bonne maîtresse de maison. C’est alors que Gabriel arriva. Il la vit à même le sol, sur l’herbe trempée du givre et de la nuit tombée. Il vit ses larmes qui avaient tracé au mascara des lignes verticales. Il la prit par les épaules et l’aida à se relever.

— Viens, chuchota-t-il. On rentre…

Pour la première fois depuis des mois et des années, Simon se sentit serein. Il avançait le cœur léger. Il avait agi en son âme et conscience. Il avait gardé le cap de ses valeurs. Elles étaient on ne peut plus simples : en finir une bonne fois pour toutes avec son père. C’est ce qu’il avait fait. Et ça l’avait reboosté. Il n’y a rien de pire que de végéter. Pour une fois dans sa vie, il avait pris une décision qui l’avait fait avancer. Il n’était pas resté au bord du chemin, à regarder les autres passer. Non. Il avait choisi, il avait pris une direction et maintenant, il relevait la tête.

Cela ne s’était pas fait sans heurts. Il quittait Isabella. Pas comme un amant quitte une femme. Il la quittait définitivement. Il faisait une croix sur elle. Il la bannissait de sa vie. De l’amour qu’il lui portait ne restait plus qu’un trou béant où il tentait d’enterrer sa haine. Il ne voulait pas la haïr. Il ne voulait plus rien. C’est tout.


Texte publié par Migou, 6 mai 2014 à 18h18
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