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Isabella était en proie à l’agitation de ceux qui ne savent plus où donner de la tête ni dans quel sens aller. Elle avait besoin de poser sa tête sur l’épaule de quelqu’un. En même temps, sa décision était prise. Elle s’était fourvoyée en se mariant avec Gabriel. Ce n’était pas le bon frère. Elle, elle ne voyait que par Simon. Elle n’avait jamais eu d’yeux que pour lui. En l’aimant, la vérité lui avait éclaté au visage. Même si elle le sentait déjà, plus jeune, se l’avouer était une autre paire de manches. Gabriel, pour elle, n’était qu’un pis aller.

Elle se remit à déplacer ses vêtements préférés du dressing à la valise.

— Je vais te quitter, Gabriel.

Ça, il ne s’en serait pas douté ! Sa tendresse le quitta définitivement.

— Et je peux savoir la raison, lâcha-t-il froidement.

— Je ne t’aime plus, répondit-elle le plus simplement du monde. Je crois même que je ne t’ai pas réellement aimé. Je m’en excuse…

Des excuses, après avoir sorti de telles paroles, étaient sans valeur. Une expression qui huile la gorge pour mieux avaler la pilule. Gabriel n’en revenait pas. Qu’elle le quitte, il s’y était tout même préparé. Mais de là à entendre cette litanie, il se serait cru dans un mauvais sitcom.

— Tu… Tu peux répéter, s’il te plaît ? Demanda-t-il sidéré.

Isabella prit enfin place en face de lui. Et les yeux dans ceux de son mari, elle répéta lentement, avec vigilance toutefois :

— Je te quitte, parce que je ne t’aime plus… Ou pas.

— Tu as quelqu’un d’autre ?

Gabriel tenta la diversion de l’homme qui accepte la sentence.

— J’ai quelqu’un, en effet.

— Et je peux savoir de qui il s’agit ?

Isabella réfléchit un instant. C’était trop tentant de lui envoyer à la figure la vérité crue. Mais elle se ravisa.

— Tu ne le connais pas, finit-elle par dire.

— Ta décision est prise, on dirait. Réfléchis bien, Isa, réfléchis bien. Dès que tu passeras le seuil de la porte, ce ne sera plus la peine de revenir. Je te laisse cogiter.

Qu’avait-il de mieux à faire que de la placer devant ses propres choix ? Ou ses incertitudes. Un ultimatum, l’arme ultime des lâches qui ne savent plus invoquer la moindre étincelle d’intérêt. Il referma la porte, laissant sa femme se débattre avec ses doutes. Lui, il n’avait plus qu’à attendre la suite des événements. Un verre de vodka l’aiderait certainement à patienter.

Isabella s’était assise sur le lit. Elle pesait clairement le pour et le contre. D’un côté la stabilité. De l’autre l’aventure et l’homme qu’elle aimait passionnément. La balance n’était pas aussi marquée qu’elle l’aurait espéré. Le hic était la vie que lui proposerait Simon. Vivre comme il le faisait, très peu pour elle. Elle dut bien s’avouer qu’elle s’était encroûtée ces années durant, avec Gabriel. Pas si facile de vivre ensuite d’amour et d’eau fraîche. Quoique, vivre de cette manière encore, pourquoi pas. Le problème c’est que l’eau semblait plutôt croupie et le nid d’amour, même propre, sentait la crasse et le manque en tous genres.

Pourtant, en rentrant, Isabella n’avait eu aucun doute. Elle voulait Simon. Quitte à se trouver son propre logement. C’était simple. Elle s’allongea un instant sur le lit conjugal. Il sentait la lavande. Elle en badigeonnait tous les soirs les oreillers pour permettre une nuit douce et régénérante. Elle respira cette odeur calmante lorsqu’un éclat de voix la fit se relever. En bas, ça s’engueulait.

Elle ouvrit la porte et vit Simon en prise avec Gabriel. Son sang ne fit qu’un tour. Elle les rejoignit en vitesse.