— Vas y c'est pas possible.
— Quoi c'est pas possible ?
— Je sais pas, t'as triché c'est ça.
— D'où j'ai triché ? Sois pas dégoûté, j'ai gagné c'est tout.
Antonio fronçait les sourcils à moitié recroquevillé devant son boîtier rouge.
— C'est une technique des championnats d'Europe je te dis, reprit Samir tranquillement. Je peux te l’apprendre si tu veux, en échange tu me files des images Panini. Coupe de France hein, genre une petite douzaine de paquets.
— Douze paquets ?! T'es pas bien toi!
— Bon allez je te la fais à dix.
Samir listait à voix haute les images de joueurs qui lui manquaient, au PSG et à Saint-Etienne, alors qu’Antonio commençait à ranger les pions rouge et blanc en se relevant de son lit.
— Attends, attends, fit-il en se penchant quelques instants sur le boîtier bleu. Ton porte-avions, qu'est-ce qu'il fait là? De B6 à B10 j'ai tout demandé !
— Et alors ? Il y était pas avant c'est tout.
— Hein ?... C'est ça ta technique ? Tu bouges les bateaux pendant qu'on joue ?
— Ben oui, c'est ça les règles ! Les bateaux ça bouge sur la mer, c'est normal.
— ... …. Et ton sous-marin, pourquoi tu l'as enlevé ?
— Ah mais là c'est qu'il était en plongée. Mais je le remettais au prochain tour.
Antonio le dévisagea en clignant des yeux.
— Mais bon moi je joue avec les règles de championnat aussi, reprit Samir. Mais si tu veux on en refera une, maintenant que t'as les bonnes règles.
— Eh mais Samir c'est abusé, s'exclama Erwan en s'approchant, pourquoi le petit de deux il est sur ton croiseur ? T'as pas le droit d'empiler des bateaux !
— Mais si, il était touché, l'autre il le transportait c'est tout. Putain les mecs vous savez pas jouer en fait. Faut que je vous la trouve la règle des champion...
Un toc toc ultra rapide suivi d'une porte ouverte à la volée nous fit tous sursauter.
— Les enfants, c'était extinction des feux il y a quarante minutes déjà, gronda M. Lardeau, la main sur la poignée. Qu'est-ce que vous faites encore debout ?
— On n'arrive pas à dormir monsieur, rétorqua tout de suite Erwan. C'est Graillet avec ses histoires, il nous a choqués.
— Mais qu'est-ce qu'il a raconté encore, je fais le tour des chambres on me dit partout la même chose.
— Il dort où au fait lui monsieur, on vous a même pas demandé depuis l'autre fois.
— Ah pour dormir, lui il dort, c'est peut-être même le seul de vous tous à être couché ! On l'a installé au bout du couloir près de l'escalier, il y a que là qu'il s'est calmé le premier soir.
— Je croyais qu'on avait pas le droit d'être tout seul se plaignit Samir. On pourrait pas tourner monsieur non ?
— On va essayer de faire simple Samir. Déjà qu'ils nous a assez compliqué la vie à lui aménager une pièce, de toutes façons il reste quoi, trois nuits ? Profitez d'être entre copains plutôt. Allez, il tapa dans ses mains, maintenant tout le monde au lit!
— Demain on fait quoi monsieur ? Lança Erwan tout en se glissant sous sa couverture.
— Ski de fond ! Si je l'ai pas assez répété ! Vous allez voir, c'est super le ski de fond, ça va vous changer, ça va peut-être même vous plaire autant que le ski alpin.
Il avait pris un ton enthousiaste, comme un employé d’agence de voyage, on se regarda les uns les autres depuis nos oreillers, sans trop rien dire.
Peu après, quand la lumière fut éteinte, Samir nous interpella à voix basse.
— Eh vous le trouvez pas bizarre en fait M. Lardeau?
—Quoi, pourquoi? Demanda Erwan.
— Je sais pas, t'as vu il était pas là au conte, au ski on l'a à peine croisé, en fait on sait même pas où il traîne toute la journée.
— Ouais c'est vrai... … ..Bon et alors, baillai-je, qu'est-ce ça fait?
— Moi je dis si ça se trouve il est envoûté.
— Hein? Se redressa Antonio. Mais qu'est-ce tu racontes. En plus il nous l’a dit Graillet, le fantôme il s’en fout d’envoûter les gens il veut juste retrouver sa thune et retourner dans sa grotte.
— Ouais mais si ça se trouve Lardeau il cherche les lingots toute la journée pendant qu’on skie, puis t’as vu ça se peut qu’il ait besoin d’argent il a toujours le même pull, en plus il vient à l’école en vélo.
— Et le vieux alors, continua Erwan. Franchement vous avez pas cru qu'il allait se transformer tout à l'heure, moi je dis lui il est ensorcelé. En plus il vit à la montagne, c'est des oufs.
— Ouais ben justement lui il est taré depuis toujours ça compte pas, je repris en commençant mentalement à tracer des croix comme au Cluedo.
— … Et Kristina alors ? Demanda Antonio après un long silence.
— Quoi Kristina ? Je lançai un regard perçant à travers l’obscurité.
— Bah je sais pas je la trouve bizarre moi. Y’a une fois je l’ai vu par la fenêtre des toilettes elle cueillait des trucs sur un buisson derrière le chalet. Et un autre soir je l’ai entendue en haut de l’escalier vers la classe, elle causait avec quelqu’un je suis sûr.
— Ouais et bah alors.
— Bah alors quand je suis monté elle a arrêté, elle m’a regardé c’est tout… Mais style toute flippée.
— Et ben quoi, c’est quoi le souci.
— Ben en fait elle était toute seule.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2453 histoires publiées 1082 membres inscrits Notre membre le plus récent est Amecaïl |