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tome 1, Chapitre 34 « Une peau de scientifique » tome 1, Chapitre 34

Non. Le plan ne convenait plus. Sven se foutait de lui. S’il le comprenait, jamais il n’oserait lui demander une chose pareille.

— Allez, gamin, encouragea Sven, on n’a pas de temps à perdre. C’est juste une blouse.

Une blouse de scientifique. Comme son bourreau en avait porté depuis son enfermement au laboratoire. Il frissonna. Toute sa vie, Cole avait répété que, jamais, il ne serait comme son père. Jamais. On lui tendait aujourd’hui l’arme du crime. Celle-là même derrière laquelle Jedefray se cachait pour donner toute légitimité à ses… expériences. Une grimace grotesque déforma le visage du cobaye. Des moments en prison lui revinrent en mémoire par flashs. Le scientifique si proche. Trop proche. Les aiguilles qui piquaient le bras. Le sang. Toujours le sang. Partout, tout le temps.

— Non ! Non ! Je refuse. Non !

Cole secoua la tête avec frénésie pour affermir son propos. L’odeur si typique des hôpitaux, déjà bien présente à l’accueil, l’agressa davantage. Le sous-sol puait de la même manière. Ça le rendait fou. Ça l'étouffait. Ça lui tapait sur les nerfs. Il perdait parfois le contrôle. Grattait les murs. Grattait la porte. Il frappait la vitre teintée derrière laquelle son père se cachait. Il l’avait imaginé, si souvent, le sourire aux lèvres…

— Mais, putain, s’énerva Sven, soit pas con ! On peut pas sortir si tu joues pas le jeu, Cole.

Jouer le jeu ? Sven pensait qu’ils jouaient à un jeu ? Cole ferma ses poings tremblant. Il voulait frapper. Il l’aurait fait, si l’envie de se contenir n’avait pas été plus forte. Non loin, Nours et Dawnie avaient revêtu une blouse aussi. C’était pour eux, c’était pour Lambda qu’il se retenait. S’il attaquait, on le prendrait pour un monstre. Pour un malade. Mais il n’était pas malade. Il en était sûr. Il n’avait rien en commun avec ces énergumènes derrière la double porte.

— Cole, grogna Nours, l’habit fait pas l’moine.

L’intéressé fronça les sourcils. Les paroles de son ami ne faisaient aucun sens. On ne parlait pas de prétendre être un moine, ici, mais un tortionnaire. Cole aurait préféré passer pour un homme d’église. Ou de n’importe quelle autre religion, pourvu qu’on ne l’incite jamais à porter cette veste blanche si représentative de ses malheurs. Dawnie l’approcha. Elle le jaugea de ses grands yeux bleu profond, seuls éléments visibles de son visage masqué. C’était assez, cependant, pour intimider Cole. Ils renvoyaient une détermination mue d’une colère sourde, ils disaient : “si j’en suis capable, alors toi aussi”, et, en même temps, ils brillaient de cette bienveillance… non… mieux encore : cette empathie dont les bourreaux de Cole avaient tant manqué pendant son enfance.

— Je ne sais pas exactement ce qu’il vous est arrivé, déclara-t-elle d’un ton éraillé, mais le bâtiment tout entier est confiné. Notre seule manière de sortir, c’est de revêtir ces vêtements.

Cole serra les dents. Il ignora le vouvoiement, nouvelle forme sociale qui lui paraissait si futile… Révéler la nature de ses tourments, en revanche, lui brûlait les lèvres. Ils se connaissaient si peu… elle n’y croirait jamais. Elle le prendrait pour un fou. Sven aussi. Il l’était sûrement, d’ailleurs. Elle fuirait, comme ils fuyaient les malades. Les enragés. Cole n’était pas un enragé.

Un pic de glace lui chatouilla le ventre. Et si… et s’il avait tort. Et s’il était comme Marianne. Comme Marylou. Comme Daniel. Comme tous les autres. Fièvre. Hypersalivation. Envie de cogner. Râles de désespoir. Des symptômes qu’il avait toujours connus. Sa gorge se serra. L’idée lui était insupportable. Non. Il avait une raison valable pour chacun d’entre eux. La maltraitance. La peur panique. La colère. L’enfermement. Cole. N’était pas. Comme les enragés. Ces gens-là entendaient des voix. N’existaient plus dans la même réalité. Leurs gestes erratiques, leur agilité soudaine… Tout indiquait une pathologie certaine. Rare, peut-être. Mais bien présente.

Fuir le regard appuyé de Dawn l’insupportait. Se battre l’aurait rangé dans la catégorie des malades fous-furieux. Alors, Cole bouillonna intérieurement. Il resta planté sur ses pieds, incapable de prendre une décision qu’il abhorrait de toute façon. Dawnie ramassa la blouse qui avait brûlé les doigts de Cole lorsque Sven la lui avait tendue. Elle la dépoussiera à la hâte. Ses mains vinrent trouver celle de Cole. Elle obligea ses doigts à se refermer sur le tissu rugueux. Il murmura, la voix hachée d’émotion :

— Si je mets ce truc… je vaudrai pas mieux que… que… que l’autre.

Il se mordit la langue en lâchant le dernier mot. Son oeil lui piquait. Encore un peu et il chialerait comme une merde. Il renifla à grand bruit. Intolérable, cette situation. Dawn raffermit son étreinte contre les doigts de Cole :

— C’est notre seule façon de sortir. Voyez cette blouse-là comme… une échappatoire. Rien à voir avec le cinglé de tout à l’heure.

Pff ! pesta Cole intérieurement. Son géniteur n’était autre qu’un fou furieux. Une menace pour lui. Pour cette société toute entière. Une idée lui vint, soudain. Horrible. Effroyable au possible. Non… il n’oserait jamais… Et si… Et si Jedefray avait répandu lui-même cette maladie en ville ? Quelque chose d’assez semblable aux symptomes de Cole pour semer le doute. Quelque chose de pernicieux et de violent. Rapide. Est-ce que Jedefray stockait ce genre d’agents infectieux au labo ? Entre la chambre de Cole et la prison des singes ? Ca expliquerait pourquoi Nounours et Lambda n’étaient pas malades. Il ne laisserait pas Jedefray gagner. Ce serait si injuste… Il l’exposerait. Le tuerait de ses mains s’il le menaçait. Il mettrait la main sur le vaccin. Avec Dawnie, Nours et Lambda. Ils empêcheraient l’épidémie de se répandre.

Mais avant cela… avant cela…

Cole rassembla tout son courage. Un frisson glacial piqua chacun de ses membres à mesure qu’il amena la blouse devant lui. Elle avait un air si inoffensif… Comme Jedefray. Mais Cole savait de quoi il était capable. A quoi cette blouse donnait droit. Il déglutit avec difficulté. Sa gorge, serrée, l’étouffait presque. Il toussa. Sentit ses glandes salivaires s’activer. L’humidité emplit sa bouche. Il bouillonnait. En rage. Mais il maintint les efforts. Assez pour passer son poing dans la manche longue et blanche. Le coton, pourtant léger, le griffa le long du bras. Ce poids…. le poids du péché. De la mort. De l’égocentrisme du scientifique. Cole ravala un haut le cœur. L’étiquette le gratta au niveau des cervicales dès qu’elle entra en contact avec sa peau. Le coton glissa le long de son dos dans un rythme sensuel. Pervers. Perturbant. Il trouva la seconde manche avec difficultés, pris au piège dans ce nouveau carcan. La texture de la blouse ripa le long de son pull. La honte. La honte de porter cette tenue, aussi lourde que le plomb sur ses épaules soudain bien frêles.

Envie de pleurer. De hurler. D’aplatir la tête de Sven contre un mur. D’arracher la carotide de Jedefray à mains nues. La bile lui brûlait l’estomac. Les papillons dansaient, fous, dans ses entrailles.

— C’est bien, gamin, encouragea Sven, dans cinq minutes on l’enlève. Promis.

Comme il lui avait promis mille fois de le sortir de sa merde ? Comme il lui avait promis que jamais Jedefray ne lui ferait le moindre mal ? Ou que jamais il n’essayerait de le tuer ? Encore des mots en l’air. Toujours. Il lui ferait bouffer sa blouse en coton.

Dawn le tira par le bras. Il lui en fut reconnaissant. Ses pieds auraient refusé de bouger sans son initiative. La tenue pesait une tonne sur ses épaules. L’étiquette le grattait. Les fibres du vêtement bouchaient chaque pore de sa peau, elles les empêchaient de respirer. Lambda accompagnait ses pas tremblants et Nounours fermait la marche, la main blessée cachée dans la manche de blouse deux tailles trop grandes.

— Prêts ? Surtout vous dites rien et vous m’laissez faire, ordonna Sven en poussant la porte de sortie.

Une vague d’appréhension déferla sur Cole. Elle se muta en pure terreur quand le vent glacial de l’hiver lui fouetta le sang. Des barrières métalliques. Des militaires armés. Ils contenaient les proches des malades restés à l’intérieur. Des soignants confinés. Ça criait. Ca revendiquait le droit d’entrer.

— Ma fille et ma femme sont à l’intérieur ! expliqua un homme prêt à grimper les barrières mobiles.

— Reculez-vous ! Reculez-vous ! répéta un soldat casqué, indigné qu’on lui fasse ainsi front.

Le jour avait décliné. Les réverbères agressaient la rétine de Cole avec leur lumière trop forte. Les halos… Comme ceux franchis au sous-sol du laboratoire. Pris au piège, à nouveau. Par le vêtement. Le vêtement qui le brûlait, désormais. La bile lui provoqua des remontées acides.

— Halte-là, personne n’entre, personne ne sort, déclara un militaire semblable à tous les autres, la main plaquée devant le visage de Sven.

— C’est bon, on travaille pour Jedefray Coldman. On retourne au labo, il a besoin de nous là-bas.

Les amygdales de Cole gonflèrent d’un coup. Il hésita entre hyperventiler et vomir. Dawnie murmura :

— Calmez-vous… tenez bon.

Quelques mots… si simples, si efficaces. Ils changeaient des humiliations du scientifique. Ils rassérénaient, ceux-là. Cole serra les dents : le militaire les jaugea du regard.

— Et le chien, remarqua-t-il, c’est…

— … à la demande du grand chef de le ramener au labo, claqua Sven sans réfléchir.

L’homme armé fronça les sourcils. Il tiquait. Ça ne tenait pas debout. Il les confinerait avec les autres dans l’hôpital. Livrés à leur propre sort. Cole réfléchit à toute vitesse. Quelle raison aurait le scientifique de réclamer la présence du chien au sous-sol ? Aucune. Jedefray détestait l’animal. Il détestait tous les animaux, d’ailleurs. Son fils compris.

— Vous m’croyez pas ? gronda Sven en sortant son téléphone portable de sa poche.

Il pianota dessus. Assez longtemps pour que Cole lise le nom de son père et un numéro en dessous.

— Allez-y, provoqua Sven, appelez-le, pour voir si son frère raconte des conneries. Il sera ravi d’être dérangé pour si peu dans une situation urgente comme celle-ci. Allez-y ! Vous attendez quoi ?

Il plaqua son téléphone contre le torse du militaire qui le rattrapa de justesse avant qu’il ne tombe. Le soldat observa le portable et Sven tour à tour. Cole fut impressionné. Sven ne scillait pas. Sûr de lui comme jamais auparavant. Il dardait ses iris droit sur son rival, déterminé. Prêt à tout pour passer. Cole ne montra rien, mais il réalisa soudain l’influence de son père dans cette ville. Ses médicaments aidaient les gens d’ici. Ils les soignaient de leurs douleurs. Ponctuelles. Chroniques. Le scientifique calmait les maux, ramenait les sourires. On le respectait. On l’admirait. Même dans les plus hautes sphères.

Et d’un autre côté, ce fils de pute me broie depuis des années.

Cole se fichait bien d’insulter sa lignée. Une bombe de tristesse explosa contre son cœur. Il aurait tant voulu pleurer. Se recroqueviller comme un petit garçon dans un coin. S’enfoncer dans la terre. Encore. Plus loin. Disparaître. Disparaître à tout jamais.

Il avait imaginé cette scène mille fois au laboratoire. A chaque fois, dans son esprit, son père lui tendait la main. Il le sortait de sa détresse. Il revenait auprès de son fils. Ils tissaient des liens. Devenaient copains. Un père, un fils, ensemble, enfin. Cette fois, Cole savait que jamais Jedefray ne le sauverait. Il le laisserait pourrir sous terre. Un souci de moins à s’occuper. Bon débarras.

Cole retenait son souffle. Il aurait fondu en larmes si sa résilience après des années de sévices n’avait pas été si forte. Le soldat porta un dernier coup d'œil au téléphone. Il abdiqua et le rendit à Sven.

— C’est bon. Je vous crois.

Il avait l’air si jeune, l’homme sous son casque. Un débutant. Impressionnable. Influençable. Le genre préféré du scientifique. Malléable façon pâte à modeler. Il décala une barrière, assez pour laisser les quatre techniciens de laboratoire passer. Avec leur chien. Cole n’en revenait pas que le stratagème de Sven avait fonctionné. Ils foncèrent à travers la foule, plus vindicative qu’auparavant. On avait laissé des gens sortir. On pouvait en faire entrer d’autres. Ou lever le confinement.

— Trainez pas ! s’exclama Sven par-dessus la cacophonie de voix.

Ils se frayèrent un chemin dans cette marée humaine. Dès qu’il le put, Sven bifurqua dans une ruelle isolée. Il traça sa route, se perdit dans le dédale de rues. A gauche. A droite. Assez loin pour qu’on ne les retrouve pas. Pour que personne ne les importune. Du moins, pas tout de suite. Il s’arrêta tout à coup, hors d’haleine.

Ni une ni deux, Cole arracha cette seconde peau qui le collait avec tant d’aplomb. La blouse, couverte de sueur, tomba avec lourdeur sur le macadam. Lambda en profita pour lever la patte. Cole s’en amusa. Autrefois angoissé à l’idée d’être écrasé par les immenses bâtisses alentour, il savourait désormais leur facilité à les cacher de l’avenue non loin. Un sentiment grisant de liberté l’amena à sourire. Enfin… Débarrassé du déguisement de monstre dont on l’avait affublé. Dawn retira sa blouse avec moins de véhémence, elle préféra la garder sous le coude, au cas où.

— Pourquoi on s’arrête ? s’alarma Nounours, non sans ôter la sienne avant de l’enfoncer dans une poubelle publique.

Sven colla son dos contre le mur d’un HLM, hors d’haleine. Pâle comme un linge. Cole s’approcha à pas de loups. Lambda, les oreilles dressées, suivit les gestes de son maître, curieux.

— Donne-moi… donne-moi deux s’condes, gamin… S’te plaît.

Cole plissa l'œil. Le poitrail de son oncle se soulevait et s’abaissait à une vitesse bien plus rapide que la normale. L’homme cherchait à remplir ses poumons. La crise de panique. Cole en avait tant connu… il ne se trompait pas.

— T’as une sale gueule, déclara-t-il sur un ton monocorde.

Sven pouffa de rire, au point où Cole se demanda s’il venait de raconter la blague de sa vie.

— On dirait pas… mais… j’ai pas dormi depuis que t’es parti, dis-toi.

— Si tu cherches à me culpabiliser…

— Nan, nan… c’est pas ça.

Sven déglutit. Son malaise se calma quand il lança :

— J’suis désolé, Cole.

L’intéressé tressaillit. Cole. Pas “gamin”. Juste Cole. Depuis quand Sven l’appelait juste Cole ? Dans les yeux humides de son oncle, il lut sa sincérité. Celle qu’il ne connaissait pas, ou qu’il refusait de voir avant aujourd’hui. Avant qu’il n’agisse. La teneur des excuses de Sven, profonde, poussa Cole à le questionner sur les sous-entendus qu’il y mettait :

— Tu… T’es désolé de quoi, exactement ?

Sven se racla la gorge. Il évita le regard de son neveu tant le sien était voilé de honte.

— J’suis désolé de tout ça… vraiment. De… de tout c’qu’on a jamais su te dire… De c’que Jed’ a…

Impossible pour lui de finir. Il plaqua sa main contre sa bouche, horrifié. Ses larmes roulèrent toutes seules sur ses joues.

— J’te jure… que tout c’que j’ai fait… ou pas fait… c’était pour… pour… pour…

Cole se rembrunit :

— Pour mon bien ?

Sven acquiesça. Il s’essuya les yeux, avide de se montrer fort. Capable de se maîtriser. Il reprit, d’une voix plus assurée :

— Je comprends pas bien ce qu’il vient de se passer avec Jed’. J’arrive pas à croire que ça ait vraiment eu lieu. Qu’il avait prévu… putain !

Il entoura sa tête de ses mains et les ramena vers sa nuque, accablé du poids de l’horreur. De quoi réveiller la colère sourde de Cole. C’était lui qu’on avait enfermé pendant des années. C’était lui qui sentait encore les doigts de Jedefray contre sa peau. Ses étreintes emprisonnantes. La morsure des entraves de cuir. C’était son sang, à lui, qui avait coulé pendant que Sven observait.

— Arrête, gronda Cole. Si t’as des trucs à m’annoncer, c’est maintenant. Vas-y, lâche-toi.

Sven secoua la tête. Frustré. Désabusé.

— Tu comprends pas… J’aurai beau utiliser tous les mots du dico, tu me croirais pas. Il faut… il faut que tu voies. Que tu vives ce que j’ai à te dire.

Il soupira :

— Il faut que je te montre… y a un endroit en ville… et un autre en dehors.

Cole fit un pas en arrière. Sven riposta :

— C’est pas le labo ! C’est pas le labo, gamin…

Il garda les mains levé, comme un cambrioleur pris sur le fait :

— Je sais qu’il s’agit du dernier endroit où tu veux retourner… et franchement, vu ce qu’il vient de se passer…

Il chercha ses mots, son regard fuyait.

— … si on veut aller choper le vaccin, il faut que tu saches tout d’abord.

Cole plissa l'œil, peu sûr de comprendre. Devant son air interrogateur, Sven ajouta :

— Il faut que tu me croies, Cole. Si j’ai jamais voulu que tu sortes de là-bas… c’est parce que t’avais… t’as… besoin de soins. Du moins, j’en ai toujours été convaincu.

Cole ferma les poings, prêt à se rebeller quand il termina, dans un murmure :

— Jamais j’aurai pensé qu’il chercche à… à te…

— Vas-y. Dis-le. Je veux l’entendre de ta bouche.

Sven rive ses iris aigue-marine dans celui, identique, de son neveu. Le couperet tomba :

— … à t’euthanasier.

— Mon dieu, s’exclama Dawn dans le dos de Cole.

Les jambes de Sven flageolèrent, il manqua de tomber. Cole le rattrapa, il l’obligea à se redresser. Cole avait raison. Il avait raison depuis le début. Une bouffée de chaleur se répandit dans son corps. L’orgueil d’être enfin reconnu. Compris. Considéré. Sven. Changeait. De. Camp. Il le croyait. C’était au scientifique, désormais, qu’on tournait le dos.

— J’vais lui faire la peau à ce fils de pute.

Sven renâcla, mal-à-l’aise :

— Parle pas comme ça de ta grand-mère, même si, je te le concède, c’est une sacrée connasse aussi !

Cole fronça les sourcils. Sven le réprimanda:

— Pis surveille ton langage.

Genre, il me donne des ordres, remarqua Cole en levant l'œil au ciel. Comme si Sven avait le moindre impact sur lui.

— C’est loin, l’endroit que t’as à lui montrer ? se renfrogna Nours visiblement fatigué.

— Nan, rassura Sven, c’est derrière le parc. Ma bagnole est garée devant, en plus. Faut forcément y aller.

— Ensuite, on va au labo ? poussa Dawn qui n’avait pas encore perdu le vaccin de vue.

— Y aura un autre arrêt à faire, avant. En dehors de la ville aussi. On passera devant, mais on n’ira pas tout de suite.

Dawn grogna doucement. Cole fut rassuré de savoir qu’ils éviteraient le laboratoire pendant un petit moment. Et que Dawn comptait quand même les suivre pour l’instant. Il se demanda pourquoi elle ne s’y rendait pas elle-même, d’ailleurs, sans eux, mais se retint de lui souffler l’idée. Sa présence, douce et apaisante, lui était devenue essentielle. Une bouée de sauvetage. La preuve vivante que l’antithèse même du scientifique existait et cela lui redonnait foi en l’humanité.


Texte publié par Albane F. Richet, 19 mars 2024 à 08h40
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