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Jour 22 - Dans le ventre de la baleine

Ça aurait pu être pire, se dit Maurice.

Après tout, il aurait pu être avalé par un plus petit poisson et suffoquer pendant des heures. Ici, au moins, il avait de la place et de la nourriture. C’était plein de plancton paniqué qui se cognait contre les parois de l’estomac du monstre marin qui venait de les engloutir. Maurice était une erreur. Il n’aurait jamais dû se retrouver ici, après tout, les baleines ne mangeaient pas de poissons porc-épic d’ordinaire.

Il se sentait coupable.

Pas d’avoir été aspirer. Non, ça il avait l’habitude. Mais plutôt de la manière dont il allait s’en sortir, comme à chaque fois. Il soupira. Les prédateurs n’apprenaient jamais vraiment complètement leurs leçons. Cette baleine devait être encore jeune, mais ça irait. Elle aurait mal quelques jours à l’estomac et on n’en parlerait plus, comme à chaque fois. L’histoire de sa vie.

Maurice prit une grande inspiration et rempli son petit corps tout mou d’air. Alors qu’il commençait à gonfler, ses épines sortirent de leur crevasse et recouvrirent son corps d’une carapace piquante et très indigeste. Et puis, à toute berzingue, il traça sa route dans le banc de plancton et vint heurter la paroi fragile de l’estomac.

Le mammifère meugla de douleur et se cabra, agitant le microcosme marin qui se trouvait dans son ventre. Maurice n’abandonna pas et s’attaqua à l’autre partie du ventre. L’effet ne se fit pas attendre. Le ventre se souleva brusquement, et tout, bouillasse digérée comme créatures vivantes, remontèrent dans sa bouche et furent recrachés prestement dans l’océan.

Maurice ne perdit pas de temps et agita ses minuscules nageoires pour s’enfuir loin d’ici. Alors qu’il savourait sa liberté retrouvée et qu’il dégonflait, un bruissement à sa droite l’inquiéta. Il eut juste le temps de hurler que les mâchoire d’un grand requin blanc se refermèrent sur lui.

Maurice soupira. Et c’était reparti pour un tour.