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Jour 13 - Satan Ex Machina

Cette fois, c’était la fin. Toute chance de victoire lui parut inaccessible. Martin allait mourir ici et maintenant, et personne n’en saurait jamais rien. Quelle idée idiote il avait eu de partir à l’aventure ! Il était bien trop jeune, bien trop inexpérimenté pour s’engager dans un tel périple ! Les orques allaient le massacrer, le manger en brochette et il ne reverrait jamais la lumière du jour. Il déglutit.

— Bon, tu lances les dés ?

Martin prit une grande inspiration. Il attrapa les deux dés et les jeta sur la table en bois, entre les notes des quatre joueurs autour de la table. Tout le monde retint son souffle alors que les morceaux de plastique rebondissaient plusieurs fois entre les verres de jus de fruit à moitié consommés.

Et puis ils s’arrêtèrent. Les quatres garçons se redressèrent pour mieux voir le résultat, avides d’avancer dans le scénario. Martin poussa un cri. Un ! Il avait fait un sur cent ! C’était un succès critique. Euphorique, il se retourna vers le maître du jeu, dépité, et agita ses sourcils de manière narquoise.

— Très bien, grogna leur tortionnaire.

Il poussa les figurines des orques et en posa une autre entre son personnage et les ennemis.

— Alors que tu t’apprêtais à te faire embrocher pour le diner sans que tes compagnons ne s’en aperçoivent, une étrange entité se matérialise soudainement devant toi, en maillot de bain. C’est Satan, que tu as invoqué par erreur au beau milieu de ses vacances. Mécontent d’avoir été dérangé et persuadé qu’il s’agit de la faute des orques, ils les brûlent tous sur place avant de disparaître. Ce soir, vous allez festoyer et manger des brochettes d’orques. Fin du scénario.

Les joueurs laissèrent exploser leur joie d’une danse improvisée. Ils avaient vaincu le scénario du maître du jeu et ruiné son combat final avec des jets trop bons. Ce jeu de rôle avait été court, mais intense, et il fut de suite décidé de reproduire l’expérience la semaine suivante.