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saison 2, Chapitre 11 « Chapitre 8 » saison 2, Chapitre 11

On retrouve notre trio sur la plage, les pieds en éventails...

Ah, non pardon, vous les aviez laissés alors qu'un dragon les survolait et que Sekka était de moins en moins bien !

Bonne lecture !

******

L’ombre du dragon n’avait pas disparu que Sekka était de nouveau retombée dans sa demi-léthargie. Son souffle était laborieux, la fièvre coulait sur ses tempes. Eikichi se revoyait quelques jours en arrière quand il luttait contre l’influence du baku. Quelle maladie pouvait la mettre dans un tel état ? Tokias avait cherché une blessure ou une piqûre, mais il n’avait rien observé qui puisse expliquer sa faiblesse.

— Tu sais où s’est posé le ryûka ? demanda Tokias.

— Non. Il a disparu au-delà de la forêt.

Eikichi jetait un coup d’œil fébrile à chaque fois qu’une ombre passait sur eux. Les nuages qui s’installaient jouaient avec ses nerfs lorsqu’ils assombrissaient soudain le paysage.

— Qu’est-ce qu’on fait à présent ? s’inquiéta Eikichi. On ne pourra pas se cacher ici éternellement.

— Pourquoi Sekka a parlé de la kitsune ? s’interrogea Tokias. Elle a été sous l’influence du gaz ?

Eikichi réfléchit un moment avant de répondre :

— Elle était près de toi. Si tu n’as pas senti d’effets, je ne pense pas que ça ait pu l’atteindre.

— Alors, ça ne peut pas être une vision...

Tokias fit quelques pas jusqu’à la lisière de la forêt : ils ne pourraient profiter du couvert des arbres plus longtemps. Le long des pics rocheux, la végétation devenait plus rare et peu accueillante : des bosquets desséchés d’épineux se disputaient la dominance à des pins maigrelets. Dans la vallée, les feuillus étaient remplacés par un champ d’herbes de pampa qui s’agitaient sous le vent de plus en plus fort. En contre-bas, Eikichi distinguait un étang, puis, plus loin, un village.

— Nous devrions trouver une source d’eau, proposa Eikichi.

— L’étang n’est pas assez grand ? s’impatienta Tokias.

— Les plantes qui le couvrent me font penser que c’est de l’eau stagnante : il vaut mieux chercher les ruisseaux qui l’alimentent.

— Le ryûka n’aura aucun mal à nous repérer si on s’aventure au-delà de la forêt.

— On ne pourra pas rester ici éternellement de toute façon. Et Sekka a besoin d’être rafraîchie. Tokias marqua une hésitation. Il observa sa sœur un petit moment, l’expression préoccupée. Assise contre un tronc, sa tête dodelinait tandis qu’elle luttait pour demeurer consciente.

— Il faut que l’on comprenne pourquoi Sekka a parlé de la kitsune, insista Tokias. La connaissant, ce n’était pas des paroles en l’air et il est temps qu’elle joue cartes sur table. Tu essayes de la réveiller pendant que je contrôle les sources d’eau avec l’onibi ?

Tandis que Tokias revenait sur ses pas, là où les feuilles épaisses cacheraient la flamme depuis le ciel, Eikichi s’approcha de Sekka. Il lui secoua l’épaule et l’appela doucement, sans résultat. Il fouilla dans le sac volé et en ressortit le baume de camphre.

L’odeur fit retrousser le nez de Sekka, puis ses paupières papillonnèrent.

— Tu m’entends ? insista-t-il.

— Soif, coassa-t-elle.

— On est en train de chercher de l’eau. Pourquoi as-tu parlé de la kistune ? Tu l’as repérée ?

Le rire épuisé que Sekka lui adressa ne rassura en rien Eikichi.

— Elle me traque…

— Comment ça elle te traque ? demanda Tokias qui était de retour.

— Nous sommes liés. L’intégration ne tardera pas. J’espère juste que ce ne sera pas elle qui gagnera.

Ses yeux changèrent. Ses pupilles s’affinèrent, ses iris éclaircirent pour prendre la teinte dorée de ceux de la kitsune. Sekka secoua la tête et ils redevinrent normaux. Elle se tenait le visage avec une grimace douloureuse, puis jura avec humeur.

— Cette migraine... j’ai hâte d’en finir.

— Tu pensais nous en parler quand ? s’insurgea Tokias. Tu ne crois pas que c’était une information importante qu’on devait savoir ?

Eikichi approuva sa colère d’un mouvement de tête.

— Ça aurait changé quoique je te le dise ? Tu aurais envisagé d’aller au combat sans armes ? J’avais l’espoir que le dragonnier s’en occupe. Je suppose qu’il a trouvé quelque chose de plus intéressant...

Sa voix s’affaiblissait tandis que la soif écorchait de plus en plus ses mots.

— Tu as repéré une source d’eau ? demanda Eikichi.

— Il y a un ruisseau en contrebas, affirma Tokias. Ça n’a aucun sens ! Quand est-ce qu’elle s’est liée ? Mon père devait le savoir et il m’aurait prévenu !

— On n’a pas le temps de chercher des réponses et Sekka n’est pas en état de subir un interrogatoire. Nous devons y aller ! Nous ne sommes pas plus en sécurité sous les arbres désormais : la kitsune pourrait décider de passer à l’attaque.

— Et dans les herbes, nous serons des cibles faciles pour le ryûka.

— La pampa est haute : elles devraient nous dissimuler au moins en partie. Dès que nous aurons atteint la source, nous essayerons de les utiliser pour nous cacher.

— La kitsune est loin ? demanda Tokias à sa sœur.

Sekka ne répondit pas et, de nouveau, Eikichi employa le camphre pour l’aider à sortir de sa semi-inconscience.

— La kitsune est loin ? répéta-t-il.

Sekka ouvrit ses yeux qui avaient leur forme yôkai. Tokias glapit, mais elle prit la parole avant qu’il fasse de commentaires.

— Elle est proche, mais elle évolue avec prudence à cause du ryûka.

Eikichi hocha la tête, puis insista :

— C’est vrai que c’est risqué. Malgré tout, on doit agir tant qu’on n’a ni l’un ni l’autre directement sur le dos. On trouve la source, remplit la gourde, soigne ce qui peut l’être, puis on cherchera comment poursuivre notre route aussi en sécurité que possible.

Tokias leva les mains en signe de sédition.

— Comme tu veux. Tu surveilles le ryûka et je m’occupe de Sekka. Je doute qu’elle soit en état d’avancer.

Effectivement, sa sœur était de nouveau ailleurs. Malgré ses yeux mi-clos, Eikichi distinguait la lueur jaune de la kitsune. Elle ne tiendrait pas longtemps sans intégrer son yôkai.

Tokias hissa Sekka sur son dos. Depuis la lisière de la forêt, Eikichi vérifia le ciel. Il eut beau fouiller les nuages, il n’identifia aucune silhouette suspicieuse. Avec prudence, il s’avança dans le champ.

Ses pieds avaient du mal à trouver où se poser tant les hautes herbes étaient nombreuses. Désormais, les arbres ne le protégeaient plus du vent et sa puissance surprit Eikichi. Il fut obligé de se courber afin de marcher. La pampa le fouettait sans provoquer de vive douleur, néanmoins cela l’empêchait d’être complètement attentif aux alentours.

La démarche plus assurée, Tokias ne tarda pas à le devancer. Sa silhouette, imposante, surmontée par celle de sa sœur dépassait trop pour espérer échapper à l’œil acéré du ryûka. Sans avoir besoin d’échanger un mot, ils accélèrent tous deux l’allure dans l’espoir de trouver un refuge au plus vite.

Heureusement, la source n’était pas loin. Tokias s’assit sous les joncs et entreprit de les emmêler pour qu’ils les dissimulent malgré le vent. L’eau était en grande partie boueuse et ils durent se contenter des flaques de pluie accumulée dans des roches creuses autour.

Eikichi et Tokias burent avant de remplir la gourde. L’eau qu’ils donnèrent à Sekka la réveilla assez pour qu’elle garde les yeux ouverts. Ils étaient de nouveaux humains et son regard avait retrouvé un peu d’éclat. Couchée sur le dos, elle fixait le ciel et suivait le mouvement des nuages sans un mot.

Cette minute de calme permit à Eikichi de reprendre ses esprits. Il en profita pour retirer le bandage de sa main blessée. Elle demeurait rouge et gonflée, mais compte tenu de leur situation, ce n’était déjà pas si mal que son état ne se détériore pas plus. Il serra le poing. Seuls deux doigts se refermaient et pas complètement. Il fouilla dans la besace à la recherche d’un antiseptique. Rien n’était noté sur les préparations médicinales et il devrait se fier à l’odeur pour se soigner.

Préoccupé par sa blessure, Eikichi n’entendit pas le juron de Sekka.

Celui de Tokias, bien plus fort et alarmiste, le força néanmoins à quitter les baumes des yeux. Le vent était plus intense, le ciel plus sombre et Eikichi réalisa que le mauvais temps n’y était pour rien.

À quelques mètres au-dessus d’eux, le dragon crachait des rafales de vents qui par endroit arrachait les herbes de pampas. Dans un même réflexe, tous se plièrent afin de ne pas être emportés par la bourrasque. Sekka, toujours allongée sur le dos, se roula en boule. À quatre pattes, Eikichi avança pour essayer de la protéger. Ce geste, pourtant amorcé avec mille précautions, suffit à raffermir la prise du vent sur lui. La rafale s’engouffra sous le ventre d’Eikichi et le fit décoller. Il fut projeté plusieurs mètres plus loin. La pampa amortit sa chute et stoppa ses mouvements en s’emmêlant autour de ses bras et de ses jambes.

Eikichi n’eut pas le temps de se relever.

Une pince se referma autour de sa taille et son corps quitta de nouveau le sol. Eikichi cria quand il comprit qu’il était prisonnier de la griffe du dragon. En quelques secondes à peine, ils étaient déjà à plusieurs mètres de hauteur. Par instinct, il agrippait à la serre glissante de peur de tomber. Tokias et Sekka furent très vite de petits points aux contours indistincts.

Eikichi continuait à hurler à pleins poumons et son cri vira au strident quand une bourrasque malmena le ryû. Il fut agité en tout sens durant quelques secondes. Ses ongles ne parvenaient pas à transpercer les écailles de la patte pour trouver une meilleure accroche.

******

Bye, bye Eikichi ! Un vol en dragon, un rêve de gosse (très vite regretté, vous l'aurez remarqué !)

La semaine prochaine, ce sera au tour de Tokias d'être narrateur ! Il aura le plaisir d'être en tête à tête avec sa soeur... enfin presque en tête à tête mais c'est un détail.

Bonne journée et à vendredi prochain !

Glossaire :

(n'hésitez pas à me signaler les termes qui vous ont posé problème !)

Akuma : un akuma (dans mon univers !) est un kageka qui se laisse dévorer par son yôkai. Il perd son humanité et se transforme parfois physiquement. Guidé par l'instinct animal , il ne fait alors plus la différence entre le bien et le mal.

Atsuko : concubine de Chiaki

bun : Le man bun vient de l'anglais et se traduit littéralement en « chignon homme ». Il est utilisé afin de décrire un homme aux cheveux longs avec un chignon sur l'arrière de la tête qui remonte vers le haut.

Chiaki : Daimyo de Tamura

Daimyo : Chef territorial, il a un pouvoir de justice, de politique et de représentation.

Haneki-dono : Grand Maître du Sanctuaire Nord d'Heikô

Hanko : (terme non inventé) ce sont des tampeau, des sceaux qui permettent d'identifier la personne qui a écrit un document. Cela remplace notre signature. Ils sont encore utilisés de façon courante aujourd'hui et nombreuses sont les familles qui en possèdent deux : un pour les documents très officiels (achats de maison, mariage) et un deuxième pour le quotidien ( signer un reçu pour le facteur...)

Hiragana : (terme non inventé) c'est un syllabaire japonais

Jubokko : (terme non inventé, mais légende réinterprétée) yôkai, arbre vampire, il a l'apparence végétale, mais se nourrit du sang de ses proies.

Kage : c'est le don que possède Eikichi et Tokias. Il leur permet d'insuffler un esprit yôkai dans leur ombre pour en faire usage comme d'une marionnette. Le terme est tiré du mot ombre en japonais.

Kageka : c'est un utilisateur du kage

Kasha : Yôkai qui a l'apparence d'un chat géant et dont plusieurs parties de son corps sont enflammées

kitsune : (terme non inventé, mais légende réinterprétée) yôkai, renard à la forme et la taille mouvante

kôjô : c'est le nom du ryû possédé par Yumi

Konazawa : ville où se trouve le Sanctuaire où ont été formé Eikichi et Tokias

Kotone : concubine de Chiaki

nekomata : yôkai qui ressemble à un gros chats. Il possède deux queue enflammée.

Nikô : ville portuaire à l'ouest de l'île où sont envoyés Riani et Ôdan

Ôdan : camarade de promotion de Tokias et Eikichi

Onibi : (terme non inventé, mais légende réinterprétée) yôkai ressemblant à un feu follet géant et kage de Tokias

Onigiri : boule de riz fourrée !

ryû : dragon (asiatique bien sûr !). Les individus sont très différents les uns des autres et ils possèdent des capacités différentes. Ils sont considérés comme éteints en Saneyama

ryûka : individus capables d'insuffler l'essence d'un dragon dans son ombre. Ce sont des kageka très rares et ils appartiennent tous au Clan Ryûka dont ils sont les membres les plus puissants.

Saneyama : île sur laquelle se déroule l'histoire.

Sekka : petite soeur de Tokias

Tamura : ville où se déroule la mission d'Eikichi et Tokias

Tomoe : (prénom japonais) nouvel aspirant kageka

Yukata : (terme non inventé) kimono en coton très léger qui, à l'origine, ne se portait que dans les bains publiques


Texte publié par Sizel, 31 mars 2023 à 09h58
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