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volume 1, Chapitre 12 « Fauchés au champ d'honneur » volume 1, Chapitre 12

Capteurs à l'affût, le géant d’acier a perçu plusieurs pas pressés s’approcher, cheminer avec prudence, se faufiler dans son dos.

Il se redresse, pivote le buste, jette un œil par-dessus son épaule, prend connaissance de la nature et du nombre des nouveaux arrivants.

Aussitôt, ses yeux rouges croisent les boucliers lumineux. Alerté sur le danger qu’ils représentent, il redéfinit ses priorités.

Il fait volte-face, tarde à relâcher la poubelle, l'entraîne dans son mouvement.

Elle bascule sur Jessica.

Dans un réflexe désespéré, la brune glisse sur les carrelages, tente d’éviter la chute du container.

Son esquive s'avère trop lente. La lourde boîte s’effondre sur ses tibias.

Prise au piège, elle pousse un cri de douleur. Trop faible, il ne parvient pas à surpasser le vacarme de ferraille.

Le cyborg l’abandonne à son sort, dépasse le distributeur de cigarettes, progresse vers les pavois.

Derrière le rempart opaque, les voix d’humains le somment de se rendre.

Jessica en profite pour se hisser sur son séant.

Elle se débat contre son adversaire inerte et pesant. Essaye, désespérée, de se dégager de lui au plus vite.

Elle bande le peu de muscles qu’elle possède, s’acharne à soulever la poubelle ; d’une main, puis des deux.

Elle espère la faire rouler par dessus la pointe de ses pieds, cherche le moyen de se libérer de l’étau de douleur qu’elle exerce sur ses mollets, de glisser ses deux jambes hors du piège d’acier.

Proche de la tétanie, elle puise ses dernières ressources jusque dans son âme.

Dépitée, elle constate que l’objet ne bouge pas d’un millimètre.

Sous l'intensité de l'effort, elle rougit, transpire à grosses gouttes, s’épuise.

Impuissante, elle finit par frapper la poubelle d’un poing rageur, peste toute sa frustration.

Paniquée, elle se lamente, au bord des larmes du désespoir.

« Joey Gurgan ! Urban Cops ! Dernier avertissement : baissez votre arme et restez où vous êtes ou nous tirons ! »

Tout à coup, une intonation masculine lui redonne espoir, la tire hors du combat qu’elle menait contre son corps, ses peurs, son stress.

Cette voix, rassurante, apaisante, elle ne l’attendait plus, ne l’espérait plus.

Pourtant, un sauveur capable de lui venir en aide se révèle, et cela suffit à ce qu’elle se sente mieux. Le poids du container en devient même plus supportable.

Sa gorge se dénoue. Son rythme cardiaque ralentit. L’étau sur ses tempes se relâche.

Est-ce que ses prières silencieuses auraient été entendues ?

Tout proche, un homme, un inconnu, interpelle la machine. Lui ordonne de se rendre. De lever les bras. De se coucher au sol.

Les ordres sont clairs, concis, incisifs ; militaires.

Aucun doute possible : ces invectives salvatrices appartiennent à l’un des membres d’une Unité d’Intervention de l'Urban Cops.

Et mieux encore, ils semblent mesurer la dangerosité de la situation, puisque lui, ses collègues, appellent l’individu par son nom.

Ils le connaissent. Ils sont renseignés. Ils savent de quoi il est capable. Et donc comment l’appréhender !

Aussitôt l’ultimatum du soldat terminé, Jessica hurle à son attention, pleine d’espoir.

Sa voix enfin retrouvée, elle s’égosille, se libère des tensions et des frayeurs accumulées jusque là :

« Au secours ! Je suis coincée ! Venez m’aider ! A l’aide ! A l’ai.. »

Elle n’a guère le temps d’en crier davantage. Le bras droit du Cyborg pointe les soldats, menaçant. Ses armes lourdes ne font aucun doute sur ses intentions funestes.

Animés par la surprise et l’adrénaline, Taimry et Vennio font feu à plusieurs reprises. Le brouhaha assourdissant de leurs armes couvre les appels désespérés de Jessica.

Une première balle siffle, s’éloigne, percute, s’écrase, ricoche sur le visage du borg. Ne lui cause, malgré la force de l’impact, aucun dégât apparent.

Une seconde rebondit sur son abdomen, tombe au sol, futile.

D’autres encore, moins précises, éparpillent leurs impactes tout autour de lui.

« Sponk ! »

Éjectée depuis le gros tube soudé au sommet de la main de la machine, une petite sphère grise s’élance.

Elle rase le sol, fonce à toute vitesse vers le fragile rempart de boucliers.

Derrière ce mur, une voix masculine, panique :

« Attention ! Grenade ! Grenade ! »

Parvenu à quelques mètres des pavois, l’explosif marque un arrêt d’une demi-seconde.

Il s’élève au-dessus du sol. Se stabilise. Bourdonne en surplomb des soldats accroupis.

Alvarez trouve tout juste le temps de plonger sur sa droite. De sauter vers l’embrasure de la porte entrouverte.

Baaaaaaooooommmm !

La petite sphère détonne. Explose dans le boucan d’une luminosité intense. Fait voler corps et carrelages en éclats.

Lorsque la poussière de la déflagration se dissipe enfin, dans le grand hall, c’est un nouveau spectacle de mort et de désolation qui se substitue au précédent, déjà terrible. Le fait basculer dans l’horreur.

Les injonctions se sont tues. Les boucliers lumineux se sont évanouis. Les rêves de gloire et d’aventure se sont brisés, en même temps que les destinées de jeunes soldats, arrachés, éventrés, pulvérisés, réduits jusque dans leurs chairs à l’état de cendres grises, méconnaissables.

Un nouveau cratère remplace désormais les pavois impeccablement alignés des vaillants soldats, volatilisés. Et autour de cet épicentre fatal, sont éparpillés sur des dizaines de mètres à la ronde : combinaisons blindées percées et fumantes, vêtements brûlés, casques à la visière fracassée, bras ou jambes privés de corps.

Petits fragments, comme vestiges de membres entiers, amas sanguinolents de chairs et d’os, ils continuent de se consumer dans une odeur de plastique et de viande trop cuite.

D’autres morceaux, réduits à l’état d’une pâte visqueuse rose et dégoulinante, sont venus se coller aux restes calcinés du rideau du magasin et aux murs noircis par l’explosion.

Dans la boutique de vêtement, le mannequin rescapé auparavant bien calé dans sa vitrine s’est fait souffler. Son corps à moitié carbonisé désormais renversé, seule sa tête fondue demeure accrochée à la barre de fer qui était venue, dès la première explosion, le frapper depuis le plafond.

Il ressemble désormais à l’étendard meurtri d’un lieu mitraillé de béton et de fer.

Derrière la porte qu’il tira sur les restes de sa jambe déchiquetée, Alvarez s’égosille :

« Deux soldats à terre ! Oh putain, c’est une vraie boucherie ici ! Taimry..., Vennio..., il reste plus rien ! Civil en difficulté espace fumeur ! Ma jambe droite, j’ai perdu ma jambe droite ! Je peux plus bouger ! Renforts, vite ! Rahhh ma jambe ! J’ai mal ! *Clic !* »

Surpris par l’intensité de la déflagration, inquiet pour son équipe, le sergent avait redoublé d’allure. Sans relâcher son effort, il beugle dans son intercom.

« Bordel ! Vous avez entendu le gamin ! C’est une sacré chienlit ici ! D’où ils sortent vos renseignements de mes deux ! Votre gus, il nous tire dessus à l’arme lourde, alors je veux pas entendre que vous avez personne sous la main ! Envoyez des renforts et vite ! C’est du sérieux ici, on a déjà deux hommes en bouillie ! Terminé ! * Clic ! *

Alvarez reste à couvert ! Serres les dents, fais-toi un garrot et injecte-toi les anti-douleurs ! On va te tirer de là, gamin ! * Clic ! *

Johnson ! Tu embarques le civil pendant que je tente d’extraire Alvarez ! Point de rendez-vous : la grande cafétéria nord ! * Clic ! * »


Texte publié par Erval, 16 décembre 2022 à 00h29
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