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volume 1, Chapitre 11 « Protéger et Servir » volume 1, Chapitre 11

« Bon ! Ecoutez-moi bien, la bleusaille ! On vous a dégoté une mission rien que pour vous, et ça, juste avant la cantoche !

La cible, c’est Joey Gurgan ! Mémorisez bien sa tronche de demeuré ! Ce gars là, il a pété un plomb ! Ouais, comme j’vous l’dit !

Il est suspecté d'avoir tué cinq personnes à mains nues.

C’est du p’tit gibier ! Juste un borg ouvrier qui suffira à votre première mission sur le terrain !

Mais attention ! Ne le sous-estimez pas ! C’est pas parce que c'est juste un ouvrier qu’il n’en est pas moins dangereux ! Il est équipé d’une arme blanche intégrée, comme un tournevis, une perceuse, une riveteuse ou ce genre de conneries que les ouvriers ont. Et il est fort comme 20 hommes !

Alors, on fait comme à l'entraînement ! On se rapproche pas au cac ! Jamais ! Parce qu’il est plus résistant que nous et qu’il risque de nous refaire la tronche, hein les bleus ? On reste à distance, on lui balance un filet, on lui tase la cervelle direct et on l’embarque sur une civière anti-grav.

Et vous me le démolissez pas, compris ? Il a pas fini de payer le matos à sa corpo, alors ils veulent le récupérer en bon état !

Bien ! Vous me bouclez tout ça en trente minutes chrono ! J’ai promis à mon fils de l'emmener à un match de l’Ultra-Ball cet aprem ! Alors pas de blague les bleus !

Une dernière chose : y a des témoins qui ont appelé pour signaler des explosions et des coups de feu, donc le suspect a peut-être une arme de poing.

Mais bon... les civils, ils sont comme ça ! Même quand c’est juste une rixe au couteau entre deux poivreaux, y en a toujours un pour nous jurer les grands dieux que les gars, ils se foutent sur la tronche à l’arme automatique !

Vous me déployez vos boucliers quand même, et vite ! »

Hall Sud du High Eden, une foule paniquée se bouscule, presse le pas.

Parvenu au terme de sa course effrénée, le flot ininterrompu de fuyards se heurte aux cloisons transparentes de l’entrée, glisse le long de ses parrois, s’engouffre dans son sas.

Déversé au milieu d’un parking, il s’y dilue, se mélange à celui de la rue, retourne à sécurité anonyme.

Depuis l’un des coins désertés de cette sortie, un sergent instructeur beugle son briefing à une escouade de quatre soldats.

Alignés au réglementaire garde à vous, les militaires campent devant le rideau à moitié tiré d’une boutique de sport fermée à la hâte.

Stationnés à l’écart du lieu de passage, leurs combinaisons aussi sombres que moulantes restent bien à la vue de tous.

Faits d’un alliage à mi-chemin entre kevlar et latex, renforcées aux points vitaux par des plaques plus denses, complétés par gants et bottes protecteurs, ces armures du parfait soldat urbain leurs servent d’uniformes.

À l’intérieur de la visière rabattue de leur casque, textes et images défilent au tempo du briefing.

Un U et un C immaculés frappent plusieurs pièces de leurs protections.

Gravés sur le sommet de leurs casques, leurs épaules ainsi que sur leurs plaques abdominales ou dorsales, ils servent de signe distinctif.

Et si, à la lecture de ces deux lettres, quelqu’un venait jusqu’à douter de leurs intentions ou de leur légitimité, les mots “Protect and Serve” sont inscrits au centre de leur épaule gauche. Ils y forment un petit écusson circulaire jaune, certificat d’authenticité destiné à rappeller aux sceptiques, la vocation de leurs porteurs, fiers soldats de l’Urban Cops, corps et âmes dévoués à la population.

Bien que protégé de la sorte, un agent de l’ordre ne serait rien s'il ne pouvait dissuader, riposter ou faire respecter la loi martiale par les armes.

Aussi, autour de leurs tailles, une ceinture, prolongée par un holster attaché à mi-cuisse, retient un revolver à crosse noire et long canon gris acier.

Sur le haut de l’autre jambe, une lanière maintient un étui en cuir.

Enfin, disposés à intervalles réguliers sur les ceintures, plusieurs fourreaux contiennent leurs lots de chargeurs rectangulaires.

En réponse immédiate à l’injonction de leur supérieur, tels les automates dociles d’un tableau à la synchronisation parfaite, tous les soldats tendent leurs mains gauches, présentent une poignée grise vers le sol, activent un interrupteur.

Aussitôt, des formes lumineuses en jaillissent. Elles s'étendent autour des objets, se stabilisent en des boucliers d’un mètre de haut, pour un demi de large.

Face aux membres de son escouade, bastion humain mobile, rempart inflexible de la justice, leur sergent-instructeur est une montagne de muscles de près de deux mètres de hauteur.

Enfermé dans le carcan protecteur d’une armure de plaques grises, des jointures en latex accompagnent les postures de sa carrure hors norme.

Seule entorse notable à un équipement réglementaire : sur sa tête, ni même entre ses mains, pas de casque.

À la place, une simple paire de lunettes de soleil opaque aux reflets bleutés recouvre une large cicatrice brune. Celle-ci remonte depuis son œil gauche pour disparaître à l’arrière d’une plaque de métal gris anthracite. Elle y recouvre le côté de son crâne, jusqu’à son sommet.

La couleur foncée de cette prothèse, contraste avec la peau blanche et les cheveux blonds coupés en brosse du gradé.

Son visage laissé apparent, chacun des bleus, épouvanté, peut s’étonner de sa souplesse, alors qu’il se déforme, se contracte, se tend.

Animé des mimiques les plus improbables, soumis au périlleux exercice de beugler des syllabes articulées, il vire au cramoisi. Ses lèvres écument de salive.

Des postillons, missiles incontrôlables, bouillonnent à leurs commissures. Libérés, ils s’en échappent en gerbes abondantes. Propulsées en toutes directions, ils empruntent des trajectoires de plus en plus menaçantes.

Autre conséquence de cet effort intense : les veines et les muscles de son cou se gonflent et se dégonflent. à tel point qu'ils donnent des raisons de croire qu'ils pourraient se rompre à tout moment.

Une fois les boucliers de ses soldats déployés, le sergent hoche la tête en signe de satisfaction.

Sans perdre sa diction forcée, il continue de toner :

« On va se séparer en deux groupes !

Johnson et moi, on va prendre par la droite !

Alvarez, Taimry et Vennio, vous allez tout droit !

Taimry ! T’as gagné une promo : tu deviens leader de ta propre escouade ! Bah ouais ! C’est comme ça d’être un crac aux exams ! On veut savoir si t’es aussi fortiche sur le terrain ! Hein, gamine ?

On se rejoint escalier nord direction UPJ.

Comme les ascenseurs sont verrouillés, le plus probable, c’est qu’il s'échappe par l’un de ces deux chemins !

On se prévient quand on a un visuel et surtout on protège les civils ! Compris ? Alors go ! Go! Go ! »

Les ordres lancés, les soldats se séparent, disparaissent au pas de course dans les artères.

***

Quelques minutes plus tard, la voix essoufflée de Taimry retentit dans les oreilles des deux équipes :

« Sergent ! Cible en vue ! Vingt mètres ! Civils à terre ! Cinq ! Peut-être plus ! Suspect en zone fumeur ! Attention ! Impacts d’arme lourde ! Je répète : arme lourde ! *Clic !* »

- Bordel ! Reçu Taimry ! Protégez les civils, mais ne jouez pas aux héros ! N’engagez pas la cible ! On arrive bientôt sur position ! Terminé ! *Clic !* »

- Johnson ! Reste dans mes pas ! Dès que je l'ai en visuel, on se replie et on appelle des renforts ! »

Le groupe de Taimry s’est immobilisé non loin du magasin de vêtements à la vitrine défoncée. Il fait face au distributeur de tabac.

De cette première halte, il a tout d’abord constaté la présence de nombreux cadavres.

Ceux d’une mère et de son enfant, leurs dos criblés de balles.

Ceux d’un couple enlacé.

Celui d’un homme, fauché à l'ombre d'un coin de ruelle.

Et, tout autour de cette ligne droite, chemin horrifique d’une progression implacable, des corps par dizaines, écrasés sous des décombres de béton, de verre et d’acier.

En contrebas d'une ouverture arrachée à l’intégrité du plafond, la troupe a recensé de nombreux impacts de balles.

Profonds et irréguliers, ils scarifient l'un des murs, tels les pointillés d'une frontière mal dégrossie.

Enfin, au bout de ce couloir jalonné de victimes,, leurs regards se sont figés sur la silhouette du suspect.

Celui-ci, inconscient de leurs présences, campe dans la salle fumeur, le dos tourné à un distributeur.

Au pied de cet automate, le cadavre d’un vieil homme gît, un bras arraché.

Leur leader a alors zoomé vers l'individu, aperçu son visage, confirmé son identité.

Puis, son attention s'est vite portée sur un bras surmonté d'une mitrailleuse lourde.

Tendu, le membre s'acharne sur un container à ordure.

« Oh ben, il est à la ramasse totale ce gars ! Il se bat contre une poubelle ! Ça va être un jeu d’enfant de le cueillir ! »


Texte publié par Erval, 28 novembre 2022 à 10h52
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