Je suis là au milieu de tout ce vide. Les gouttes de pluie perlent sur mes joues. Mon regard te cherche mais ne te trouve pas. Je pensais que tu m'accompagnerais jusqu'au bout du cycle. Hélas, ce n'est pas le cas. Je sais que je devrais être triste de ne plus te retrouver, mais je ne ressens plus rien. Ni haine, ni peine. Je ne peux sentir la chaleur de la joie ou la froideur du chagrin. J'ai comme l'impression de flotter dans les airs. Comme si le temps s'était arrêté. Comme si plus rien ne pouvait arriver. De bien ou de mauvais. Comme si plus aucune secousse n'avait le moindre effet. Comme s'il n'y avait plus d'avenir. Que l'éternité. Serait-ce ça la sensation d'être mort ? En tout cas de l'intérieur. Cette impression d'errer sans but, ni sentiments. De n’être plus rien, ni personne. Que plus rien ne compte.

Pourtant, j’ai mal. Cette douleur semble insurmontable. Elle est là, située au niveau de mon cœur. Cette espèce de brûlure que je ressens au plus profond de moi, me ramène brusquement à la réalité. Cette réalité que je tente sans cesse de fuir. La vérité, c’est que les perles d’eau, qui se transforment progressivement en ruissellement sur mon visage, sont mes larmes qui coulent de plus en plus. Ce vide que je ressens n’est autre que mon reflet dans ce miroir brisé.Cette douleur est celle de m’être perdu moi même. Je cherche sans succès mon véritable moi. Celui qui sourit, qui vit. Mais j’entend cette petite voix dans ma tête qui ne cesse de clamer que ça va aller. Qu’il faut sourire, croquer la vie à pleine dent. Que personne n’a besoin de le savoir, de le voir. Je me relève alors, me fixe dans les yeux. Ouvre le robinet. Humidifie mon visage. Mes larmes se mêlent à l’eau qui s’écoule lentement dans le syphon. Je saisis une serviette. Éponge mon visage et sèche mes larmes. Je me regarde de nouveau, souffle. Il est temps pour moi de remettre mon masque. Celui d’une personne qui va bien, qui n’a aucun souci. Je passe une dernière fois la serviette sur ma figure. La dépose sur son support. Je prends mon courage à demain, passe le pas de la porte et reprend le cours de ma vie.