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Le cri d'un enfant plonge la pièce dans le silence.

- Erwan ! ERWAN !

Lisa ne se pose pas de questions, elle dévale les marches aussi vite qu'elle le peut. L'enfant n'hurle pas de douleur mais de peur, il reste de l'espoir. Sans suivre les protocoles d'usage, elle ouvre les portes, prête à courir comme si sa vie en dépendait. Elle se jette dans la foule, poussant de toutes ses forces ceux qui lui bloquent le passage. Ils ne font rien pour l'aider, allant même parfois jusqu'à la faire trébucher.

Les hurlements changent et avant même de l'avoir atteint, elle sait qu'il est déjà trop tard. Elle le rejoint enfin. Les mèches brunes claires de petit garçon sont teintées de sang et son regard, déjà vitreux. Pourquoi est-il sorti ? Qu'est-ce qu'il lui est passé par la tête ?

Un ordre implacable se fait entendre derrière-elle, couvrant les râles des assassins. "Tue-le."

Elle avale sa salive. C'est sa malédiction et elle le sait. Elle jette un rapide coup d'œil autour d'elle. Sans hésiter, elle empoigne une guitare électrique abîmée par les intempéries dans la vitrine éventrée d'un magasin de musique. Elle revient vers l'enfant et le frappe jusqu'à ce que ses bras lui fassent mal. C'est le meilleur moyen d'être sûr qu'il ne se relèvera pas.

Quand elle s'arrête enfin, son corps est criblé de gouttes de sang et il lui faut quelques minutes pour reprendre le dessus. Avec appréhension, elle se tourne vers l'immeuble où elle était réfugiée quelques minutes plus tôt. La porte principale s'ouvre et elle entend un cri craintif.

- Diane !

La jeune femme regarde la mère de l'enfant se précipiter dehors à la recherche de son fils qui n'est plus. Elle n'a pas fait trois pas qu'ils se jettent sur elle, attirés par la vie qui coule dans ses veines.

De frustration, elle tape du pied par terre : combien de fois ces mêmes scènes d'horreur vont se répéter ?

Elle resserre sa prise sur la guitare pour rejoindre la mère. Cette dernière a encore un soupçon de conscience et tend une main suppliante vers elle. Lisa ferme les yeux et recommence sa macabre labeur en serrant les poings.

Quand elle trouve enfin la force de faire face au groupe, elle constate qu'ils ont tous les yeux baissés et fuient son regard, bien à l’abri derrière la vitre. Le seul à la regarder est le plus vieux du groupe qui la fixe avec autorité. Elle connaît la sentence : par précaution, elle est placée en quarantaine pour deux ou trois jours. Quand elle reviendra vers eux, ils seront soit décimés, soit partis sans laisser d'adresse. Comme les autres.

Quelle que soit la maladie qui frappera l'humanité, il y aura toujours 10% de la population immunisée. Lisa regarde la marque à son poignet qui fait d'elle une exception : la cicatrice d'une morsure très nette causée par un être humain. Cela aurait dû signifier sa mort, c'est à l'origine d'une vie de solitude.


Texte publié par Sizel, 22 mars 2014 à 05h02
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