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Défi donné par de Lisa D.

Mots/expressions proposés : une théière en argent - bon an, mal an - un train d'enfer - une chemise de nuit - un esprit inventif - un pare-choc chromé - des cerises à l'eau de vie - un porte-feuille en cuir - jouer à pile ou face - courageusement.

C’est toujours pareil, je dois assister encore une fois à ce repas de famille, bon an, mal an. J’éteins ce fichu réveil et m’assois au bord de mon lit pour m’étirer. Je me lève et me traîne jusqu’à la salle de bain où j’ôte mon pyjama qui vient rejoindre une chemise de nuit déjà posée dans un coin. Il serait peut-être tant que je fasse une machine, car j’ai plein de vêtements qui traînent ici et là.

Si ma mère voyait ça, elle serait folle. Elle qui est d’une propreté maladive. Tout doit briller. Elle ne doit voir aucune poussière voler, autant dire qu’ici elle ferait une crise cardiaque. C’est bien pour ça que je ne l’invite jamais, préférant la voir à l’extérieur, ainsi j’évite une énième remarque sur le fait que j’ai quitté la maison trop tôt, que je suis incapable de me gérer toute seule et j’en passe des vertes et des pas mures. Qu’est-ce qu’elle peut me fatiguer ! L’idée de la retrouver en compagnie de notre très chère famille ne me dit absolument rien qui vaille. Je suis tentée de jouer à pile ou face pour savoir si j’irais ou non, mais après réflexion je dois y aller et puis j’ai une petite idée derrière la tête, ce serait bête de ne pas la mettre à profit.

Je finis de me doucher, puis me tiens devant mon dressing. La coutume de la famille veut que chaque année nous nous retrouvions à la demeure de mes parents qui n’est d’autre qu’un somptueux château aux multiples étages, pièces et couloirs. Je ne sais plus le nombre de fois où j’ai pu me perdre dans ce labyrinthe étant petite. Quoiqu’il en soit, ma famille aime s’adonner à un gigantesque repas avec tout le monde réuni, des cousins aux plus éloignés jusqu’à l’oncle de la sœur de la cousine de l’épouse du frère du père du grand-père de mon père. Autant dire une ribambelle de personnes que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève. Ma joie est sans précédent… Sachant que ce n’est pas seulement un simple repas de « famille », nous devons en plus nous habiller à la mode du dix-huitième siècle, j’ai clairement envie de me foutre en l’air !

Naturellement, ma mère m’a fait parvenir une très élégante robe d’un rose pastel, si elle croit que je vais enfiler cette guenille, elle se fourre le doigt dans l’œil ! J’ai prévu une tout autre tenue qui va les faire enrager pendant que moi je me délecterais de la situation. Oh, mais j’allais oublier une information capitale sur ce repas, des photographes seront présents ainsi qu’une chaîne de télévision qui va nous filmer pour leurs émissions « 24h avec la famille Lowenbak » je suis déjà considérée comme étant le mouton noir de la famille, alors autant en jouer !

La robe va bien sagement rester dans l’armoire tandis que j’enfile un costume d’homme, bien évidemment ajusté à ma corpulence et ma taille. Un costume fait sur-mesure, autant dire qu’il m’a coûté bonbon, mais il m’a suffi de dire « Lowenbak » et pouf ! J’ai tout eu gratuitement, j’ai tout de même tenu à payer une partie de cet ensemble.

Je récupère un portefeuille en cuir parmi la collection que j’ai et le place dans une poche intérieure de ma veste. Je me vêts d’un manteau qui cache parfaitement mes vêtements, je ne tiens pas à ce que ma surprise soit gâchée. Je quitte mon appartement et descends jusqu’au hall de l’immeuble. Le quartier dans lequel je vis n’est pas le plus pauvre, mais pas le plus riche non plus, disons que je suis très bien loti vu que je ne travaille pas, du moins pas encore.

Sur le trottoir ma voiture est garée et en faisant le tour pour prendre la place du conducteur je remarque qu’un pare-chocs chromé est tombé, je vérifie que ce n’est pas le mien, mais celui-ci est intact. Je remarque également des éclats de verre, je ne devrais pas laisser mon cabriolet dehors. Une voiture de sport britannique ça ne court pas les rues, j’ai eu de la chance que ce ne soit pas ma voiture.

Je prends place derrière le volant et prends la route direction le château des Lowenbak ! Sur le trajet je roule à un train d’enfer, mais me calme bien vite et ralentit pour prendre une allure de croisière, manquerait plus que j’arrive à l’heure !

Je finis néanmoins par garer ma voiture parmi les autres véhicules de luxes sur les gravillons faisant face à l’immensité du château. Je coupe le moteur et quitte l’habitacle réconfortant de mon cabriolet. Je retire mon manteau et courageusement je m’avance vers le troupeau qui se dessine sur l’étendue de pelouse soigneusement tondue.

À peine j’ai posé un pied sur l’immense carré vert qu’une domestique me propose du thé en m’agitant une théière en argent sous le nez. Je la chasse avec nonchalance, j’ai une tête à boire du thé à une réception pareil ? Non, certainement pas, je suis plutôt boissons fortes, le genre de boissons qui me fait oublier pourquoi je suis là. Comme des cerises à l’eau-de-vie par exemple que je vois là-bas près de ma mère. Je me ravise, mais en même temps il faudra bien que je l’affronte et puis je ne dois pas oublier que nous sommes filmées, ainsi j’aurais sa réaction en image jusqu’à ma mort et ça, ça n’a pas de prix !

Tel un esprit inventif, je récupère discrètement une coupe et à l’aide d’une cuillère posée là je viens faire tinter le verre. Tout le monde se tourne vers moi et je vois à l’expression de ma mère que je lui fais honte, elle ne sait plus où se mettre devant mon accoutrement, tant mieux c’était bien le but et elle n’a encore rien vu !