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tome 1, Chapitre 13 « Une sombre ruelle » tome 1, Chapitre 13

Chère Louise,

Je suis au regret de vous informer que, hélas, je ne puis vous prendre un bouquet de fleurs. Cela me comble d’une tristesse sans nom. J’aurais fort apprécié de vous les offrir, malheureusement, à mon plus grand désarroi, je n’ai point assez de bras. De plus, le si beau bouquet ne pourrait survivre sous un soleil si éblouissant et chaud qu’en ce jour, ne croyez-vous pas ? Je me dois donc de les laisser ici, ainsi je me vois dans l’obligation de vous acheter un autre présent, belle Louise.

Je ne cesse de repenser à ce jour, cela date de nombreuses lunes, à cette époque nous étions que des enfants. Ce jour-là, nous étions allés nous promener en cachette dans les champs du voisinage, comme vous vous en souvenez probablement, nous avions interdiction d’y jouer. Votre grand-mère aimait nous raconter que des monstres y trouvaient refuge, ainsi nous risquerions de nous faire manger.

Bien évidemment, nous avions désobéi. Je savais, de mon jeune âge, que ce n’était point une bonne idée, mais comment aurais-je pu passer à côté d’une merveilleuse journée avec vous, ma douce Louise ? Il m’était inconcevable de ne pas passer chaque seconde de mon temps auprès de vous.

Les champs étaient d’une hauteur bien plus grande que la nôtre, votre main était enlacée à la mienne afin que nous ne nous perdions point. Je me souviens encore de vos doigts entre les miens, de votre peau si belle et douce, de votre sourire rayonnant qui me faisait tout oublier.

Adonc que nous jouions depuis fort longtemps, nous nous sommes perdus dans notre jeu. Hélas, nous avions beau crier de toutes nos misérables forces, personnes n’auraient pu nous entendre. Votre détermination et votre force m’avaient impressionnée, vous n’aviez jamais baissé les bras, vous gardiez un fier sourire et continuiez de chantonner de votre élégante voix.

C’était alors que vous êtes tombés sur une magnifique fleur, vous étiez tombés en vous accrochant à un caillou, vous aviez failli l’écraser. Je me souviendrais jusqu’à ma mort, jusqu’à l’instant où je vous rejoindrais, votre regard. Vous aviez eu comme une illumination, votre amour pour cette fleur que nous apprîmes plus tard son nom de Cyclamen, était devenu votre fleur que vous aimiez plus que tout. Un souvenir fort agréable, ne croyez-vous point ?

J’aurais aimé vous narrer d’autres souvenirs que j’ai de vous, mais un bruit étrange se surprend dans la sombritude d’une ruelle. Il me faut aller inspecter, je ne me pardonnerais point d’avoir filé mon chemin si je ouï-dire qu’un crime aurait été commis.

Votre vieil ami

Philibert Lantelme


Texte publié par Aihle S. Baye, 13 juin 2021 à 11h04
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