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tome 1, Chapitre 7 « Le sable sous nos pieds » tome 1, Chapitre 7

Chère Louise,

Me voilà les pieds dénués de toutes protections, quelle qu’elle soit. Mes pas s’enfoncent dans le sable humide du bord de l’eau. La rivière est calme et à marée basse. Une fine brise vient décoiffer le peu de chevelure qu’il me reste. Comme je regrette la bonne époque où j’avais encore mes cheveux.

Je me souviens des vôtres, Louise. Ils étaient si doux, si soyeux. Ils sentaient si bon, ils sentaient les fleurs, celle des champs au printemps. Ils étaient d’une couleur égale à votre beauté, que dis-je ! Ils vous rendaient encore plus merveilleuse, plus gracieuse, plus joyeuse. Vos cheveux faisaient votre beauté, ô ma chère Louise. Leurs reflets blonds, parfois roux. Comme j’aimais les touchers, mes doigts filants entre les mèches, sentant la gracieuseté entre mes mains.

Mes pieds s’enfoncent dans le sable, allant entre mes orteils, comme vos cheveux entre mes doigts. Vous souvenez-vous de ce temps, il y a de cela fort longtemps. Lorsque nous allions au bord de l’océan avec vos grands-parents ?

Nous nous amusions à nous enterrer dans le sable fin, faisant dépasser que notre tête enfantine, insouciant de la dure réalité qu’offrait la vie. Vous souvenez de la fois, où vous m’aviez enterré vous et votre frère ? Votre grand-père vous avait aidé. Adonc, je m’étais vu me faire assaillir de tour et fortification de château fort. Entendez-vous encore votre mère-grand crier aux armes alors que les vagues s’approchaient de nous et que l’eau infiltrait les barrages du château ? Pour ma part, je l’entends encore. Je me souviens comme nous avons ri, comme nous nous étions amusés.

Je me souviens également vous avoir regardé, construisant une demeure de princesse, votre visage si angélique, si délicat, que j’avais envie de caresser, d’embrasser alors que nous étions encore si jeunes. Je crois, non ! Je sais, je sais qu’à la seconde où mes yeux se sont posés sur vous, ma douce Louise. Je vous ai aimé de tout mon être, de toute mon âme, et rien ni personne n’allait pouvoir un jour me débarrasser de ses émotions que j’éprouvais, que j’éprouve encore à votre égard. Hélas, comme vous le savez, et comme je le répète encore, j’ai réduit à néant les chances d’une vie heureuse à vos côtés, d’une famille avec vous…

Je me penche dans un craquement d’os pour récupérer des pierres au bord de l’eau. Je lance le caillou qui vient ricocher sur l’eau pour finir sa course dans la faible profondeur de la rivière. J’espère que ce jeu d’antan allait vous faire quitter mes pensées dans l’espoir de retrouver mes esprits. Cependant que les souvenirs de vous s’agglutinent en moi, à croire que je n’ai jamais vécu sans vous. Il met au regret, de vous affirmer que cela est vrai. Tout au long de ma vie, je n’ai pensé qu’à vous, dans tout ce que je faisais vous étiez là, réchauffant mon cœur, m’éclairant dans mes pensées parfois ombragées. À présent que vous n’êtes plus là, la vie me rattrape, mon esprit me trahit me ramenant à des souvenirs que je pensais avoir perdu.

Cela me fait du bien de repenser à nos jours heureux, mais cela me donne du chagrin, me ramène à mes remords, mes regrets, mes doutes, mes craintes. Comment puis-je survivre à tout ceci, Louise ? Je ne le sais, mais peu importe ce que la vie a prévu de faire de moi, là où je vais, vous allez aussi.

Votre vieil ami

Philibert Lantelme


Texte publié par Aihle S. Baye, 7 juin 2021 à 10h52
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