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tome 1, Chapitre 5 « L'automobile » tome 1, Chapitre 5

Chère Louise,

La ville. Connaissez-vous ce lieu ? Il en va de soi que vous connaissiez, pardonnez ma maladresse. Cela est fort présumable que le soleil, aussi vivifiant soit-il, me pèse, hélas, sur mon crâne dégarni. Je dois bien vous admettre, belle Louise, que je n’ai plus le charme de mes vingt ans.

La vieillesse vous guette depuis la première lueur de vie que vous vous êtes vu attribuer. Une canne m’accompagne depuis de nombreuses lunes, une chute malencontreuse. Le médecin du village, en âme charitable, m’avait prescrit des soins des plus efficaces, las, il me doit de me maintenir de ma canne. N’est-ce pas là fâcheux ? Pardonnez ma divagation, nous ne sommes point là pour disputailler de mes malheurs. Ne croyez-vous pas ?

J’aime à penser que je vous raconterais tout cela lors de nos retrouvailles. Ma hantise de la mort ne figure plus en moi, depuis que je vous sais là-bas. Mon heure arrivera, mais la peur disparaîtra, car à mes côtés vous serez, ma Louise.

La chaleur se voit déserter les rues de ses habitants. Vous adorerez cette ville, elle est luxueuse, du moins si nous ne regardons pas l’autre côté de la rive. Chaque jour, mon errance me mène devant ce qui était mon salon. J’y avais travaillé avec cœur et passion, je dressais les perruques et taillais finement les barbes. Vous auriez été, je l’espère, fière de moi, dame Louise.

Depuis ma retraite, ce lieu si chaleureux s’est vu devenir un de cet hôtel de ploutocrate. Vous y croyez-vous ? Je me peine d’y voir ces femmes aux toilettes si resplendissantes, adonc que la pauvreté peuple en face. C’est donc cela qu’est devenu notre monde ? Je ne donne point cher à l’avenir, fort heureusement, je ne serais plus là pour le découvrir.

Vous avez pu apercevoir c’est drôle de machine qu’ils appellent « automobile » cela leur apporte un déplacement plus ailé et aisé. Je me demande comment tout ceci peut-il fonctionner. En connaissez-vous la raison ? Le bruit du moteur lorsqu’ils démarrent leur automobile est effroyable ! Les cheveux sont apeurés. Que va-t-il advenir de ces braves bêtes ? Voilà une question que je n’espère point y avoir la réponse. Voyez, ces cheveux sont toute notre vie, c’est notre seul moyen pour nous de voyager au gré de nos envies dans des terres nouvelles, habitées par toutes sortes d’animaux de la nature, de fleurs, tant de merveilles que nous voulons gâcher.

N’est-ce pas le bruit des sabots trottant le sol caillouteux qui rend nos promenades, nos voyages si fantastique et féerique ? Cela vous est bien évidemment égal de là où vous êtes. Cela ne fait pas une lune et mon cœur s’effiloche chaque minute. Arriverai-je à survivre sans vous ?

Votre vieil ami

Philibert Lantelme


Texte publié par Aihle S. Baye, 5 juin 2021 à 09h25
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