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tome 1, Chapitre 3 tome 1, Chapitre 3

Je marche tranquillement dans les rues encore vides, ma veste en cuir sur le dos, mon corbeau sur l’épaule. C’est la première fois qu’il fait preuve d’une once d’affection envers moi. Probablement veut-il juste apercevoir la femelle de son espèce. Je coule un regard vers sa tête. Il a fière allure, comme d’habitude.

Je tourne dans la rue du petit riche et je le vois, l’écharpe et les cheveux aux vents, le regard un peu perdu.

A peine a-t- il remarqué le garçon que mon corbeau vole en sa direction. Peut être qu’il préfère les humains aux autres individus de son espèce qui sait. Je hausse les épaules, indifférente, et me rapproche de la silhouette en traînant des pieds.

A peine arrivée à son niveau, le brun commence la conversation.

« Au fait, c’est quoi ton prénom ?

-Lucile.

-Oh ! C’est joli ! »

Et sans que je lui ai demandé quoi que ce soit, il se présente à moi.

J’ai face à moi un garçon de une année mon cadet, nommé Shan, passionné de tableaux, de livres et de cinématographie. Il détient un énorme sac de marque sur ses épaules. Il a peut-être pris de quoi s’occuper ? Ça m’arrange, si c’est le cas.

Pour moi, c’est le parfait archétype du petit enfant à papa et maman. Mais ça, ce n’est pas une surprise, compte tenu de sa réputation.

Je marche le long des quais jusqu’à arriver à mon petit port avec mon bateau à essence de fortune. Je tiens nos oiseaux à l’écart et les appâte dans une vieille cage à l’aide de miettes de pain. Je dépose celle-ci dans un coin du quai, celui où Mario à l’habitude de venir. Le jeune garçon me regarde, surpris. Je hausse les épaules.

« Je connais des gens qui vont les nourrir, ne t’inquiète pas. »

Je lui fais signe de monter, et il dépose sa cargaison. Quant à moi, je prépare l’embarcation et, une fois cela fini, je mets les voiles.

« Bon, imagine, tu peux aller n’importe où, où te diriges tu ? »

Il semble réfléchir un moment avant de répondre :

« Près du pays de Girga.

-Girga ? »

Interloquée, je jette un regard à l’aventurier en herbe. Sûr de lui, il sort une énorme carte de son grand sac à dos.

« Oui, regarde ! Les rumeurs courent que ce sont à cet endroit que se trouvent les mets les plus savoureux, délicats et uniques ! En plus, ils sont faciles d’accès et sont peu coûteux. »

Je hausse un sourcil. Je me retiens de lui demander comment il sait tout ça. Peut-être grâce à sa famille ?

A la place je lui pose une autre question, puisque je ne désire pas quitter les commandes.

« Bon, ok. C’est dans quelle direction ? »

Il semble hésiter un instant avant de me dire.

« A l’est. »

Je tourne le gouvernail vers la direction indiquée et regarde droit devant moi.

Étrangement, il n’y a aucune terre en vue. Je tente de me rassurer en me disant que la terre est un peu plus loin. Je soupire et regrette d’avoir eu pitié. La route va être très longue.

...

Le soleil est maintenant haut dans le ciel, il doit être approximativement midi. Pour autant, je ne vois aucune terre en vue.

Un peu exaspérée, je me tourne vers le petit brun pour lui demander si c’est encore loin. Aucune réponse ne me parvient.

« Hé ! T’écoutes quand on te parle ? »

Tout ce qui me parvient c’est un bâillement et des petits gémissements quelque peu réprobateurs.

« Laisse-moi dormir... »

Je dois me retenir pour ne pas le plonger dans l’eau froide de la mer du lieu. Quel boulet !

Je me décide à quitter le gouvernail pendant quelque temps. Il est censé être là pour apprendre à être indépendant ! Ça me concerne ses bêtises !

Je l’attrape par le col et plonge sa tête pendant quelques secondes dans l’eau. Finalement, je suis revenue sur ma position.

Je l'ôte de l’eau, et le jette presque sur le bateau. Les yeux écarquillés, son expression confuse a fait place à la colère.

« Mais tu es malade ma pauvre ! »

Mon sang ne fait qu’un tour et je lui inflige un coup de poing.

« Et toi ? Tu remarques pas que t’étais censé te démerder seul ?! »

A ces mots, des spasmes agitent son corps. Mais ce n’est ni de la douleur ni des pleurs, mais des rires.

« Je t’ai menti. »

Je fais un mouvement de recul.

« Je voulais juste quelqu’un pour me conduire à quelqu’un dans un autre pays. Rien de plus.»

Il se relève, un peu chancelant, alors que je mets ma garde. Je ne comprends pas tout à fait ce qu’il se passe, mais je suis sûre d’une chose, quelque chose de mal va survenir.

Shan fait couler son regard derrière moi. En un instant, il perd toute son arrogance. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, une expression de terreur apparaît sur son visage. Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il se passe, j’entends un grand bruit, puis je sens le bateau trembler.

Je me retourne et me maudit presque instantanément. Je ne peux que constater les dégâts. Mon bateau avait heurté une muraille de roche qui s'étendait de plusieurs mètres. Même si j’ai entendu dans le passé ce qui nous servait de frontière entre les pays, j’ai du mal à croire ce que je vois. Shan à côté de moi, est pétrifié. Je tente de faire le clair dans ma tête, mais je ne vois pas de solution. Nous sommes pris au piège.


Texte publié par Les Plumes exogènes, 3 juin 2021 à 16h43
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