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12 ans plus tôt...

«Allez Lucile, il est l’heure de dormir maintenant. »

Je laisse ma maman m’accompagner jusque dans ma petite chambre, afin que je ne sois pas seule dans l’obscurité, celle qui me tétanise. J’effleure le mur décrépi du bout de mes petites mains. La poussière sur mes phalanges montre la trace qu’il reste. Je ne peux que ressentir une énorme peur dans cette maison à moitié détruite, dans cette ville de quelques centaines d’habitants, dans ce pays limité par ces frontières, dans ce monde, si grand pour les autres, mais si petit pour nous, habitants de la petite île d’Ety.

Je n’aime pas cet endroit. Je n’aime pas ces enfants trop crédules, ces adultes enfermés, ces vieillards qui ne savent que débattre de leurs petites histoires d’antan à mourir d’ennui. J’ai tellement envie d’apercevoir ce qu’il se passe en dehors de ces murs naturels d’un bleu azur, mais maman me répète que ce n’est pas possible, alors je baisse la tête et j’accepte un futur « pleins de promesses » comme elle me le jure, et m’accroche à cet espoir.

Je ne doute pas de ma maman, je lui fais confiance, à elle. C’est bien la seule qui ne m’a jamais menti et je sais qu'elle ne me mentira jamais !

Et aujourd’hui, c’est la journée de mes huit ans. Huit années durant lesquelles mes seules volontés sont de fuir ce monde, par tous les moyens possibles, afin de m’évader loin d’ici. Parfois, j’aspire à être un oiseau, pour voler haut, très haut. Huit années de grande et profonde solitude, sans la moindre personne qui veuille s’évader à mes côtés, sans le moindre ami.

Je pénètre dans l’enceinte de ma chambre, avec Maman. Ma chambre est toute cassée et il y a plein de trous partout. Me savoir seule à côté de ma pile de briques et du bruit du vent me fait peur. Ma crainte ne voulant pas se dissiper, je supplie ma maman de rester avec moi, à mes côtés, pétrifiée.

Après un petit soupir, ma maman me propose de me raconter une légende, celle du premier péché d'Ilys. J’opine du chef. C’est ma légende préférée ! Je prends place dans le lit. Même lorsqu'il fait chaud toute la journée, mon lit reste tout dur et tout froid. J’essaye de ne pas y prêter attention et laisse mon excitation me porter. En ramenant la maigre couverture sur mon corps, maman entreprend son récit.

« Il était une fois, commence-t-elle, une petite fille blonde vivant dans un château de pierre, avec ses deux parents qui l’aimaient plus que tout. Cependant, cela n’empêche pas cette petite fille d’être fort capricieuse et envieuse des royaumes voisins et ce, dès son plus jeune âge. Elle ne pensait qu’à être la plus jolie, la plus intelligente, la plus distinguée du pays. S'accordant à son comportement superficiel, la blondinette ne supportait qu’on lui dise le contraire et elle maudissait quiconque exprimait une parole ou bien un acte lui semblant déloyal. Ses géniteurs lui offraient tout ce qu’elle désirait, jusqu’à ce qu’elle fît ses quatorze ans. Lors d’un des bals organisé en son honneur, la princesse, mangeant toutes denrées lui passant sous le nez, percuta un jeune homme, bel et bon. Cependant, celui-ci la trouvait bien mal intentionnée vis-à-vis de ces serviteurs et perdit tout intérêt envers la blonde. Malheureusement pour lui, elle, qui le désirait plus que tout,entra dans une colère noire. »

Maman commence à toussoter. Elle s’interrompt un moment dans son récit, jusqu’à ce que la quinte de toux s’arrête. Ça me rend triste. Maman est malade depuis quelques mois déjà. J'aimerais pouvoir l’aider.

Elle se redresse, ses cheveux châtains tombant sur le bas de ses hanches. Elle reprend le conte, bien qu’elle ait l’air un peu fatiguée.

« Ses parents, cédèrent encore une fois à ces caprices, et demandèrent aux serviteurs de rédiger et d’envoyer chaque lettre pendant que madame se reposait dans sa chambre, exténuée par ses ordres.

Le prince, quant à lui, ne répondit à aucune des lettres et disparut dans les archives du bal, derniers mémoires de l’existence de l’homme.

La princesse, fatiguée de tout ce qu’elle a entrepris pour le séduire, finit par exiger une homme avec davantage de richesse qu’elle, bien qu’elle ne l'aime pas, avec qui elle aura sept enfants. »

En prononçant le dernier mot, maman s’extirpe du lit de fortune. Avec une petite voix, je m’adresse à elle, comme pour la garder près de moi :

« Est-ce qu’elle avait l’apparence de chaque péché ? »

Pensive, ma génitrice se retourne et me dit, presque dans un souffle.

« Nul ne sait. »

Et ajoute, pour me rassurer :

« Elle ne te fera pas de mal, en tout cas, les princesses orgueilleuses comme elle ne parlent pas aux plus démunis, comme nous, habitants de l’île des exilés. »

Sur cette dernière phrase, ma maman quitte ma chambre, sous la lumière nocturne qu’offre la lune. Parfois, quand je regarde mon plafond étoilé, je me demande ce qu’il se passerait si, dans le passé, j’étais née avec un des sept vices encré en moi, dans ma tête, dans ma chair, dans mes veines.


Texte publié par Les Plumes exogènes, 25 avril 2021 à 12h15
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