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Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves.

Ces mots, je les emprunte à Shakspeare lorsque mes yeux se posent sur nous.

Ni humains ni divinités, nous sommes entre deux. Nous sommes des songes taillés dans la voûte céleste, car nous avons été rêvés, non nos personnes, mais nos âmes. Fukasan, Ndjamulji, Ninaiyume, Gamayun, Shahar, Akonandi ; moi : Kwatee ; Shakti, tous nous sommes des enfants de l’Ombre. Quant à Lucifer et Txalers, humains ils étaient, songes ils sont devenus nous rejoignant dans le Temps du Rêve.

Maintenant que je regarde le monde, ce lieu où nous évoluons, ce rêve où le temps coule s’il peut, je m’interroge.

En amenant la lumière pour éclairer les ténèbres, l’humain est devenu homme. Hélas, ce faisant, il rejeta l’humain qui était au fond de lui-même. Alors l’homme illumina le rêve et chassa l’humain des ténèbres. Ainsi, vivant en pleine lumière, il oubliait qui il était.

Que ferons-nous ? Je ne sais pas. Où irons-nous ? Chacun le décidera.

Moi ? Je m’en retourne.

Quelque part, au fond de moi, j’ai envie de voir la cité en flamme. Les doigts refermés sur mon manuscrit, je franchis le seuil qui me sépare de la nuit.

Quels en seront les prochains mots ? Je ne sais pas, car ils ne m’appartiennent pas.

Derrière moi, je les aperçois, comme un rêve dans un miroir : mes compagnons d’outre-sombre.

De l’autre côté, l’Incendie fait rage.