L’espace. Un immense vide stellaire au silence omniprésent. La sérénité, le calme… Mais pas dans ce petit vaisseau en orbite autour d’une belle planète bleue. Un vacarme assourdissant résonnait à travers les haut-parleurs. Guitare électrique, hurlement guttural, batterie, une violente musique s’emparait de cette navette. Que faisaient les occupants ? Eh bien, le seul qui s’y trouvait, un robot du nom de Rody, secouait sa tête ronde dans tous les sens. Il sautait sans arrêt, imitant les gestes d’un guitariste déchainé en plein concert.
Vous pensiez qu’un robot serait forcément calme, serein, à attendre les ordres de ses maîtres ? À suivre seulement ce que son programme le forçait à faire ? Eh bien non ! Pas celui-ci ! Rody, avec ses circuits à moitié grillés, écoutait du métal à longueur de journée.
Il ne savait même plus ce qu’il devait faire avec la caisse à outils qu’il portait dans les mains. Il s’arrêta et leva les yeux vers le plafond. Il fouilla dans son disque dur pour se rappeler les directives de sa cheffe.
Il leva le doigt en l’air. Il avait trouvé ! Il retourna dans le cockpit du vaisseau, non sans secouer la tête dans tous les sens alors que le chanteur hurlait ses tripes dans le micro. À force de faire l’imbécile, il fracassa un mur. Sonné, le robot recula d’un pas et vit une plaque métallique tomber de la paroi. Il scruta autour de lui comme un enfant ayant fait une bêtise, mais personne ne pouvait le voir. Il était seul. Il haussa les épaules, puis la remit en place. Ni vu ni connu !
En arrivant dans la pièce en question, il découvrit le bouton des communications en train de clignoter. Il pencha la tête sur le côté. Il n’avait rien entendu. En même temps, comment pouvait-il en être autrement avec un tel tumulte ? Il posa la caisse et appuya dessus pour ouvrir le canal.
– Oui ? demanda-t-il de sa voix robotique. Je suis désolé, je n’avais rien entendu.
– COUPE-MOI TA MUSIQUE ET VIENS M’AIDER !
– D’accord, dame Rune.
Sur la planète en question, une grande ville fut érigée dans une immense plaine verdoyante. Ici, la république de Karos ne fourrait plus son nez depuis bien longtemps. Les maires qui se succédaient étaient aussi corrompus les uns que les autres. Manipulés par les deux gangs locaux, ils ne restaient en place que pour se remplir les poches avant de quitter cette planète.
Rune Octald dévalait une autoroute sur sa moto électrique. Alors que la nuit gouvernait les cieux, des détonations retentirent derrière elle. Les balles sifflaient près de ses oreilles, mais aucune n’arrivaient à la toucher. Elle jeta un œil derrière elle. Ses poursuivants se rapprochaient toujours plus près dans des véhicules tout terrains munis d’immenses roues.
Armés de fusil automatique, les malfrats tiraient par les fenêtres pour tenter d’arrêter la fuyarde. Rune ne se laissait pas faire. Elle dégaina son pistolet pour répondre. Les billes de son arme électromagnétique fracassèrent le pare-brise, jusqu’à atteindre le chauffeur. Il s’écroula sur le volant et le véhicule partit dans le décor. Elle fracassa la barrière de sécurité avant de tomber d’une dizaine de mètres, dans le quartier qui se trouvait en dessous d’eux.
Rune accéléra encore, poussant le moteur à son paroxysme. Elle ne devait pas se faire rattraper. Son employeur n’apprécierait pas qu’elle ne réussisse pas sa mission, après tout, elle travaillait momentanément pour l’un des deux plus gros gangs de la planète.
Alors qu’elle croisa une entrée d’autoroute, elle vit trois motards arriver à sa hauteur. Costume rouge et coiffure punk colorée, il s’agissait du clan adverse qui la pourchassait. Elle pesta, alors qu’elle venait tout juste de se débarrasser d’un véhicule.
– Tu vas payer pour ce que tu as fait ! hurla l’un d’eux en se rapprochant dangereusement d’elle.
Elle lui fit un doigt d’honneur, puis dégagea sa moto d’un coup de pied. Il tourna le guidon brusquement, alors que sa moto vacillait, mais il réussit à reprendre sa poursuite sans tomber ; tandis que les deux autres l’encerclèrent en passant par son flanc gauche. Rune slaloma entre les voitures présentes, obligeant ses poursuivants à faire de même. Elle observa les alentours, cherchant un moyen de les semer, mais elle ne trouva rien qui pouvait l’aider à se sortir de cette situation.
Ils se rapprochaient toujours plus près. Les balles recommencèrent à pleuvoir autour d’elle, manquant de la toucher. Alors qu’elle passait sur un pont gigantesque, un moteur vrombit au-dessus d’elle. Elle leva la tête pour découvrir sa navette survoler la route.
Contente de voir Rody venir la secourir, elle sourit dans son casque. Le vaisseau se plaça soigneusement sur son côté droit, juste à sa hauteur. Lorsque le sas s’ouvrit, elle entendit la musique de dingue envahir ses oreilles. Il avait encore poussé les décibels à fond…
Rune accéléra, mais le gang semblait prêt à tout pour l’arrêter. Rody n’en avait pourtant pas fini. Les canons du vaisseau crachèrent des obus qui vinrent exploser les trois motards, provoquant ainsi plusieurs accidents sur l’autoroute. Le bruit des klaxons s’ajouta à celui des explosions, tandis que le feu balayait les hommes du clan.
Rody explosa un morceau de la barrière de protection du pont d’un coup de canon, puis Rune sauta en moto dans le hangar. La musique beaucoup trop forte lui explosa les tympans. Elle retira son casque, libérant sa chevelure d’un vert impérial. Rasée sur le côté, une mèche plongeait sur le côté gauche de son visage. Elle se boucha les oreilles, alors que le sas se refermait derrière elle.
– Bordel Rody ! Éteins la musique !
Le son s’arrêta brusquement. Rune soupira, heureuse qu’il l’avait écouté cette fois. D’habitude, il préférait continuer de danser comme un cinglé et Rune devait se rendre jusqu’au cockpit en courant pour tout éteindre.
Rody arriva dans le hangar. Sa tête et son corps bien rond, il se gratta la tête en voyant sa maitresse.
– Allez-vous bien ? demanda-t-il de sa voix robotique.
Rune le scruta de ses prunelles saphir.
– Heureusement que t’es arrivé ! Tu aurais pu venir plus tôt !
– Je n’ai rien entendu.
Rune roula des yeux.
– Je t’ai déjà dit de ne pas mettre la musique aussi forte !
Le robot hocha la tête.
– Bien sûr, dame Rune.
Elle balaya sa réponse de la main avant de récupérer le sac accroché à sa moto. Elle se dirigea jusqu’à la salle des commandes et mit les gaz pour retourner voir son employeur. Comme il s’agissait du chef du cartel adverse, sa base principale se trouvait à l’opposer de la ville.
Rune fit exprès de disparaître loin au-delà des nuages, ne voulant pas que ses poursuivants ne la rattrapent ou ne découvre son employeur. Elle attendit le petit matin pour que tout se tasse, puis fila au spatioport le plus proche. Elle profita de ce temps pour retirer sa combinaison en cuir et elle enfila un pantalon noir, un débardeur blanc et une veste sombre.
Une fois à l’extérieur, elle traversa la ville pleine d’immeubles toujours plus haut les uns que les autres. Rune se mêla à la population fort nombreuse dans les rues, rien de tel pour se fondre dans la masse et passer inaperçue.
Une ribambelle de magasins s’étalait le long des trottoirs, tandis que les chauffeurs essayaient tant bien que mal de passer les piétons. Les klaxons formaient une musique qu’elle préférait largement au métal hurlant de Rody. Elle scruta les alentours, attentive aux moindres fait et geste des passants.
Néanmoins, le gang adversaire était facile à repérer. Toujours en costume rouge et une coiffure de punk coloré, ils sillonnaient les ruelles pour demander des loyers exorbitants à ceux qui vivaient dans les tours.
Son adversaire, un autre taré qui se faisait appeler Le King, cherchait à les bouter hors de la ville pour y rendre justice, mais ils étaient tout aussi sales que les autres. Plutôt que de racketter les habitants, ils trempaient dans la vente d’arme ou la corruption des partis politiques. Quoi de mieux pour étendre son influence ?
Rune arriva à leur repère. Un bâtiment gigantesque dont la totalité leur appartenait. Rune traversa la grande place, où les hommes de main trainaient absolument partout. Vêtues comme les autres, ils se mêlaient aux gens tout en scrutant les moindres faits et gestes de chaque passant. Impossible de ne pas se faire repérer en arrivant devant l’entrée, et cela sans compter les tourelles lourdement armées fixés de chaque côté de la porte.
Elles scannaient toutes personnes qui pénétraient dans les lieux. Rune n’y fit pas exception. Elle passa les portes sans encombre, maintenant qu’elle se trouvait dans le fichier du King.
Le hall vitré laissait passer toute la lumière. Tout était neuf, propre, impeccable ! Les jeunes femmes de l’accueil scrutèrent Rune étrangement, mais elle n’y fit pas attention et continua jusqu’à l’ascenseur qui menait au bureau du King. En la voyant arrivée, ses gardes la laissèrent passer, non sans grogner. Il fallait les comprendre, ils étaient trop nuls pour réaliser la mission qu’il lui avait confiée, suscitant ainsi la jalousie en ses membres. L’un des deux l’accompagna, peur qu’elle fasse du mal au King.
Une fois au dernier étage, Rune se retrouva dans une pièce avec un grand bureau de marbre. Dans un grand fauteuil, le King attendait. Il avait toute la panoplie du roi. C’était un homme âgé, vêtu d’un grand manteau rouge en cuir, avec un sceptre dans une main. Il portait une couronne d’or qui brillait sous les rayons de la naine jaune.
L’homme de main qui accompagnait Rune mit genou à terre.
– Voici la mercenaire, ô, mon roi.
Il lui fit signe de sortir. Son sous-fifre réalisa une révérence et retourna en bas.
Le King l’applaudit.
– Rune ! Ma petite Rune ! As-tu ce que je t’ai demandé ?
La jeune femme d’une vingtaine d’années ouvrit son sac. Elle en sortit une peluche en forme de lapin rose et lui jeta. Le King l’attrapa et l’examina avec perversité.
– Je n’en reviens toujours pas d’avoir volé la peluche préférée de votre adversaire… soupira-t-elle.
Une mission qui l’avait surprise, mais qui payait bien : voler l’objet le plus important du gang qui mettait des bâtons dans les roues du King : son nounours en peluche. Le King caressa les pattes.
– Je vais pouvoir les découper les unes après les autres ! S’il veut le revoir, il faudra qu’il vienne baiser mon sceau !
Il parlait de l’importante chevalière brillante à son doigt. Toute personne qui lui jurait allégeance devait passer par là.
– Bon, et mon argent ? demanda Rune.
Le roi posa le lapin sur son bureau. Son regard montrait l’envie qu’il avait de commencer à décortiquer le corps de cette pauvre peluche. Mais pour l’instant, il s’enfonça dans son fauteuil et joignit les mains.
– Et si tu passais la nuit avec moi ? Nous pourrions faire des folies de nos corps ? Cela serait grassement payé !
Rune ne s’attendait pas à ça, mais elle savait parfaitement comment répondre à ce genre de propos. Elle contourna le bureau en glissant son doigt sur le meuble. Elle se déhancha, faisant exprès de lui montrer ses fesses. Elle se pencha pour lui dévoiler sa poitrine voluptueuse, puis se mordit les lèvres. Le King, en extase, se pencha pour l’embrasser, mais Rune se redressa et plaça sa botte sur son entrejambe.
– Donne-moi ma thune où je te broie tellement les noix que tu pourras chanter dans un groupe de ténor !
Le King ricana. Elle s’attendait à le voir s’énerver pour mettre ses menaces à exécution, mais il préféra allumer son ordinateur. Il trouva le fichier de Rune sur le réseau galactique et transféra une importante somme avec son autorisation. Rune sourit.
– Merci, monsieur le Roi.
Le King lui fit un geste de la main pour la saluer, alors qu’elle s’éloignait de lui.
– Ce fut un plaisir, Rune. J’espère que nous pourrons nous revoir.
Elle fit une brève révérence moqueuse, puis retourna jusqu’à son vaisseau pour quitter cette planète.
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