– Antonia Porchia
Dans une pièce sombre, une femme est liée par les mains. Elle mesure environ mètre soixante-dix, tandis que ses cheveux châtain foncé, mi-longs et ondulés, pendent vers le bas. Encore aux portes des songes, elle prend un certain temps avant de reprendre ses esprits.
Soudain, elle ouvre ses paupières. Elles dévoilent ses yeux gris, alors qu'elle est encore étourdie. Ses seins nus passaient au travers des anneaux de son corsage de cuir. Son buste est pressé par le métal froid de ces rondeurs métalliques. Les fibres plus solides, faits d'une corde en chanvre, compriment sa chair à divers endroits précis : son clitoris, ses cuisses, ses côtes et ils finissent par son épine dorsale.
Le cordage qui la maintient attachée à une certaine hauteur au-dessus du sol, juste assez pour qu'elle ne touche pas le sol, est noué dans les anneaux de son corset, pendant que ses bras sont retenus au-dessus de sa colonne vertébrale au niveau de la taille. Elle est entravée dans une position qu'elle juge hautement embarrassante.
En pleine panique, mais par-dessus toute endolorie aux endroits où les ligaments se resserrent et enterrent tous ses cantiques, elle tente de se débattre. Cependant, le crochet planté dans une anse lui offre une descente lente et douloureuse, sans pour autant lui laisser le loisir de toucher le sol. Elle atteint le champ de vision d'une porte en fer. Aussitôt, elle ressent des flammes, semblable à celle du purgatoire, s'emparer lentement de son corps. C'est un parasite qui la consume et qui n'a de cesse de muter.
Par la serrure de cette muraille en métal, elle aperçoit un œil d'une couleur semblable à l'ambre suivre le moindre de ses mouvements. Il ne la lâche pas une seule seconde. Elle hurle à ce voyeur d'oser se montrer, mais l'être flottant en déséquilibre pivote à ce même instant. Ce mouvement brusque lui arrache un gémissement instinctif à cause des liens qui la maintienne prisonnière.
Un petit rire amusé retentit de la bouche de son observateur, car la captive se tourne en ridicule. Sa peau est constamment accablée par la douleur. Chaque mouvement signe sa perdition. Cette infection se propage comme une décharge électrique. Elle provoque d'abord chez la captive de légers picotements, suivit d'une longue souffrance qui parsème cette chair sur laquelle des marques se creusent déjà. Les cordes s'imprègnent d'elle. Ce n'est que le résultat d'une élévation qui a perduré depuis plusieurs heures. Sa gorge est desséchée et déchirée par ses multiples cris de colère qui restent jusqu'à maintenant sans réponse.
Elle n'est qu'un vulgaire animal embroché, prêt à rôtir dans les flammes de l'enfer. Ce lieu qu'elle a souvent insulté de tous les noms. Elle ne prie que les saints et son dieu, l'ayant probablement abandonné, aujourd'hui encore. Il avait sûrement d'autres pécheresses à ramener sur le droit chemin depuis son trône d'épines.
Elle reste ainsi positionnée durant des heures. Les muscles crispés, le dos arqué vers le bas, les jambes vers le haut, elle est à bout de forces. Ce réceptacle pourtant baptisé dans les voies du Seigneur se pactise de sécrétions et d'ardeurs vers les voies de l'épieur. Témoin des désirs inavoués de cette nonne, pourtant si pure et innocente.
Plus le temps s'écoule et plus les jours semblent se rallonger. Tandis que cette géhenne l'éreinte et engourdie sa dépouille. À tel point qu'elle ne cherche même plus à émettre ses psaumes purificateurs ou ses prières salvatrices. Cette proie prise dans les toiles de la luxure ne méprise même plus son bourreau. Elle se contente de fixer cet œil chaque jour, se raccrochant à cette unique vue pour se rappeler qu'elle est encore vivante.
Aujourd'hui, ce n'est qu'avec les yeux entrouverts qu'elle distingue que l'épieur n'est plus là. Profitant pleinement de ce moment de répit, elle ferme ses pupilles et s'envole vers le monde des songes.
Alors qu'elle plane dans l'espace et le temps, ses pensées convergent vers la béatitude offerte par le repos. Pendant ce temps, une jeune femme pénètre dans cette salle où il n'y a que des murs faits de roches.
Elle mesure environ un mètre cinquante-neuf. Elle est vêtue d'un harnais en cuir. Il recouvre son corps svelte de filaments incrustés de rivets en métal et de divers anneaux faits de la même matière glaciale. Sa poitrine, à découvert, est bien moins généreuse que celle de sa captive. La fente présente sur la partie en cuir recouvrant son entrejambe permet à l'air s'y faufiler. Deux petites cornes d'un noir profond, recourbées et pointues, surplombent sa chevelure blonde et lisse d'une longueur déconcertante. Une queue, peu épaisse, au bout pointu de la même couleur que ses défenses se remuent hasardeusement avec répétition. Ce qui semble être une extension de son corps mesure environ cinquante centimètres de long. Malgré cela, elle possède un visage digne d'une humaine.
Elle s'approche suffisamment pour sentir le souffle apaisé de son jouet encore inconscient. Elle pose sa main contre sa joue et celle-ci sursaute. La corde pénètre sa peau avec plus d'engouement. La respiration saccadée par cette frayeur, la femme lève la tête, mais elle croit nager en plein délire face à l'apparence de l'être qui se tient devant elle. Elle puise dans ses réserves d'énergie pour ouvrir correctement ses globes oculaires. Elle constate avec horreur l'entité qui la dévisage. Elle se rapproche en tout point de ses créatures démoniaques, dont elle a tant entendu parler au couvent : un démon.
L'être démoniaque utilise sa queue pour effleurer la nuque de sa captive et la faire tourner avec précaution. Elle scrute chacune de ces formes, si alléchantes. Elle contemple ses courbes, si envoûtante. Elle esquisse un sourire, manifestement satisfaite de sa beauté. Elle soutient son regard dans lequel elle découvre mécontentement et révulsion. Ses lèvres se remuent pour annoncer des propos d'un ton intimidant.
— Ton nom.
— Créature damnée ! Où m'as-tu enfermé ?!
— Mauvaise réponse.
Les fesses pulpeuses et saillantes – de cette divine épouse – ne demandant qu'à être souillée, voient leur vœu exaucé. Les griffes acérées de la démone s'y plantent avec fascination. Elle découvre divers gémissements, dont on ne peut distinguer le plaisir de la douleur.
La victime tente de garder le silence, bien qu'il soit trop tard. Cette blessure insoutenable offre un râle plaintif à sa détentrice. Elle pose son autre main contre la fesse adjacente de sa détenue et réitère son ordre.
— Ton nom.
— Lana, répond la nonne, étiolée.
— Enchantée, je suis ta maîtresse à partir de maintenant.
— Jamais !
Ces serres accablent cette femme si peu coopérative, mais cette fois, l'implantation a été rapide et plus profonde. Un cri remplit sa gorge pourtant aride. Une série de souffles effarés se joignent à la partie quand elle enlève ses griffes, sans aucune délicatesse. Elle lèche le sang qui s'écoule sur ses doigts puis celui présent sur son fessier. Elle n'en abandonne aucune goutte.
Elle se remet devant la nonne, sans émettre un son. Elle lui soulève le menton, pose ses lèvres contre les siennes, mais elle se fait mordre sauvagement comme acte de résistance.
Cependant, tout ce que l'humaine réussit à faire, c'est pousser la démone dans un état second. En extase face à cette beauté sauvage, elle attrape son cou d'une main, tout en léchant sa lippe vers laquelle elle laisse couler un liquide noirâtre dans sa bouche. Elle serre avec jubilation, mais sa captive nullement emballée l'ignore. Elle déguise son manque d'air par une fausse toux. Elle en profite par la même occasion pour recracher ce liquide infecte, écœurée.
Déçue de cette réaction, la plus petite libère sa nuque, mais une gifle recouvre la joue de la femme. Ce simple geste provoque chez son bourreau un trop-plein de hardiesse. Des sentiments néfastes émanent enfin de cette effigie supposée représenter l'abstinence et la paix.
La démone pose la pointe de sa queue contre la gorge de sa détenue. Elle l'oblige à la regarder pendant que son corps se remue sensuellement. Ses mains parcourent sa propre chair, ses mouvements envoûtants ensorcellent cette pécheresse qui ne cligne même plus d'un cil. Elle mange dans le creux de sa main, fascinée par ses déhanchés malsains. Elle n'a même plus besoin de la forcer à regarder. La danseuse s'arrête pour poser l'un de ses tétons à portée de la bouche de son jouet. À l'instant même où, perdue dans cette transe écrasante, la nonne s'apprête à le lécher, la démone recule tout en ricanant qu'elle ait raté sa cible.
— Nous jouerons demain.
Lorsque Lana reprend ses esprits, elle se rend compte de son erreur. Ce corps l'attire dans les abîmes et bien qu'elle en soit consciente, elle est incapable de s'en éloigner. Sa bouche désire invoquer la sainteté, alors que ses seins pointent en direction du péché. Ses ligaments empourprent ses joues, embrument ses valeurs et démembrent ses prières en de vulgaires éclats de mots, avides de sens.
Le lendemain, celle qui dort dans l'inconfort et la souffrance ouvre les yeux de force. Sa maîtresse est là. Elle la fouette avec hargne, flageolant ce qu'il reste de discernement à cette humaine brisée. À tort et à travers, ce qui était supposé être une punition devient lentement une récompense pour la nonne. Ces désirs si longtemps refoulés remontent à la surface. C'est dans un filet gluant suivit de légers spasmes que son être découvre le paradis perdu des pêcheurs.
La flagellation se maintient. Les coups marquent sa peau de lignes sinueuses. Ce chanvre voluptueux entrave l'objet galvanisé qui dégouline de foutre. Cela permet à la corde se trouvant dans son entrejambe de glisser d'une part et d'autre, autour du clitoris rougit par la pression.
Cette soumission inattendue ne déplaît pas à son bourreau. La tête abaissée vers le sol, Lana ne soutient plus le regard de sa propriétaire. Elle a perdu conscience de son statut. Tout ce qu'elle ressent, ce sont ses claquements qui s'intensifient. Fétiche de luxure et de plaisir, Lana n'a plus sa place aux cieux. Encore aurait-il fallu qu'elle en possède déjà une…
Ses yeux se ferment et cet instant s'arrête brusquement. Elle les rouvre à la recherche de cette débauche abruptement interrompue, mais elle croise l'air espiègle de la démone.
— Bonjour.
Lana n'a même pas la force de remuer la bouche, l'estomac vide, la cervelle pleine d'aberrations. Elle espère encore que la mort l'atteigne pour la libérer de cet enfer dans lequel elle est prisonnière, bien que son corps soit en désaccord avec ses pensées.
Les liens qui la retiennent se dénouent un par un, tous coupés par sa détentrice. Elle attrape fermement la nonne par la taille. Elle prend un instant pour observer avec émerveillement les cavités formées à cause du ligotage enfiévré dont elle a été le sujet. Libre de se mouvoir, elle ne bouge même pas. Elle se repose de tout son être sur cette dévoreuse.
— Tu ne fuis pas ? demande la démone.
Tout ce dont l'esclave a envie, c'est de mourir sous ses coups, mais elle n'a même plus la force nécessaire pour se plaindre.
Sa maîtresse lui enfile un collier fait de cuir autour du cou. Celui-ci est relié à une chaîne que celle-ci tient fermement d'une main. Elle place des sangles en cuir aux chevilles de son jouet qui lui permettent tout de même de bouger, presque librement.
Alors qu'elles sortent de cette pièce, Lana scrute aux alentours. À chaque clignement de cils, c'est le même décor digne d'un pénitencier qui recouvre toutes les portes qui s'offrent à elle. Elles sont toutes rouillées. Une odeur nauséabonde s'échappe de ses lieux.
Après dix minutes d'errance, la religieuse écarquille les yeux en arrivant à ce qui semble être une chambre. Ce qui l'interpelle le plus, ce sont ces photos sur le lit représentant Lana dans diverses positions embarrassantes, alors qu'elle est vêtue de sa toge de nonne.
À une table en bois sombre se trouve de la nourriture préparée spécialement pour elle.
La plus petite la tire vers le lit, prend une photo sur laquelle elle se masturbe dans son lieu de « recueillement spirituel » et de « pénitence ». La démone fait défiler plusieurs clichés, provocateurs, indécents, dérangeants, mais la pécheresse se tapit dans l'ignorance et hurle, indignée.
— C'est la faute de tes semblables qui m'ont possédé à ces moments de vulnérabilité !
Sa maîtresse éclate de rire tout en ramenant la chaîne vers elle pour l'envoyer valser contre le matelas. La démone se met à califourchon sur elle, colle sa joue contre la sienne, la lèche et lui sourit avec amusement.
— Tu n'as de cesse de le répéter quand tu jouis, donc je suis au courant.
— Monstre épieur !
— Tu crois vraiment qu'après avoir souillé ses lieux, tu serais libre de tout châtiment ?
— Je…
— C'est en te voyant chaque jour te donner autant de mal à croire que tu serais pardonné que je me suis dit que tu étais le jouet parfait.
— Qu'est-ce que…
La gloutonnerie de la démone fait surface et elle ancre sa bouche contre celle de la païenne déguisée en femme de foi, qui n'est pourtant qu'une ancienne femme de joie. Se trompant jusque dans sa profession, elle trempe maintenant les draps de cette chambre. Sa cyprine dégouline aux simples souvenirs de ses évasions charnelles.
La langue de la démone serpente entre ses commissures, permettant à cet organe humide de se joindre au sien pour qu'ils puissent s'apprivoiser avec engouement. Entraînée dans cet ouragan, Lana en oublie même le besoin de respirer. Elle s'adonne à cet acte qui la fait s'enhardir vers les cendres du passé. L'assaillante effleure les lignes d'ecchymoses présentent sur le corps de sa captive. Cet acte procure des frissons à Lana qui se jette dans ces braises ardentes, tête baissée.
La démone arrête sa main sur l'un de ses mamelons qu'elle titille en pinçant, avant de le presser plus durement. Elle ne fait que l'échauder. Pourtant, elle profite pleinement de chacun de ses gémissements que Lana essaye tant bien que mal d'étouffer. Lorsque sa tortionnaire enlève sa main pour arrêter ce supplice, le visage de sa captive montre de la déception. Dépitée, le visage rougit, la nonne tente d'aligner quelques mots.
— Pourquoi me gardes-tu enchaînée ? demande la femme d'une voix presque rauque.
— Il faut bien t'empêcher de vouloir me dominer.
— (C'est donc là tout ce qu'elle redoute ?).
La démone attrape sa chevelure pour surélever sa tête. Elle lui inflige une morsure à la nuque, posant de cette manière sa marque de propriété sur son objet. Par la suite, elle la traîne par le bras jusqu'à la table à manger. Elle lui fait comprendre qu'elle doit se nourrir.
— Comment t'appelles-tu ? demande la captive, tout en mâchant grossièrement.
— (Tu crois vraiment que je vais te donner mon véritable nom ?) Appelle-moi Naya. Discutes-tu souvent avec ceux que tu accuses ?
— Il me faut bien un nom à gémir, répond Lana en haussant les épaules. Dieu serait de trop.
— Tu es vraiment une dépravée, répond son bourreau en éclatant de rire.
Lorsqu'elle achève ce copieux repas composé d'aliments en provenance du monde des humains, Lana essaye de marcher dans la pièce, mais ses ligaments la retiennent prisonnière dans un rayon trop faible. Elle est obligée de retourner au lit où se trouve sa maîtresse. Celle-ci lui empoigne le bras, mais Lana recule pour l'esquiver. Irritée, Naya se lève pour lui planter sa queue devant l'œil, mais l'humaine l'attrape d'une main et la serre violemment. Lana est pétrifiée devant l'extase qui parcoure sa propriétaire. Ses yeux sont plissés, ses joues sont empourprées et sa bouche est entrouverte. Intriguée, la captive tire dessus et elle lui arracher un râle.
— A…arrête ça !
Elle devrait profiter de cette occasion pour fuir, mais elle aperçoit un fluide transparent dégouliner du sexe de sa victime, totalement à sa merci. La luxure prend le dessus et elle appuie de son pouce avec fermeté sur la queue de celle-ci. Un gémissement sensuel se disperse dans l'air. Elle garde sa main sur cette partie du corps qui lui est jusque-là inconnu. Lana contemple avec intérêt la tenue de la démone. Elle aperçoit la fente et elle affiche un sourire malsain. Elle y glisse directement trois doigts, comme pour se venger d'être à ce point balafré par sa faute. Elle déclenche un cambrement immédiat à cette figure dominante, dont les rôles viennent d'être inversés.
Les doigts se faufilent à l'intérieur de Naya, se disloquent et se fracassent contre les parois. Lana dépose sa bouche contre un de ses tétons qu'elle emprisonne de ses dents pour le mordiller puis le sucer âprement. En raison de leurs aspects peu volumineux, Lana croque à pleine dent son sein. Elle entame des va-et-vient nonchalants. La captive maintenant captivée par sa voix, prend un malin plaisir à sentir les murs s'éloigner, le désir monter et à voir le liquide s'évader par saturation.
Cela fait bien longtemps qu'elle a oublié cette merveilleuse sensation d'être aux commandes de la décomposition des fluides d'un corps totalement étranger.
La voix rauque de sa maîtresse résonne dans un cycle réitératif incessant. Elle lui ordonne d'aller plus vite, puis d'arrêter et de recommencer. Mais pour l'instant, c'est elle l'objet. Les paroles d'un objet n'ont aucune valeur.
Lana, entraînée par ses idées folles, force la porte d'entrée menant jusqu'à la jouissance de Naya et rajoute un quatrième doigt. Elle est prête à la démolir de mouvements frénétiques, à déchirer ses tissus, à lui dérober sa faculté de marcher.
Soudain, elle tord sa queue. Une série de cris s'entame. Reflet implacable de sa douleur et de son plaisir. Elle a beau se tordre de souffrance, l'excitation est plus puissante que jamais. Des larmes vont jusqu'à lui monter aux yeux. L'humaine les lui essuie de sa langue, récoltant cette pluie salée. Elle mêle ce liquide à sa salive avant de l'insérer à nouveau dans la bouche de sa victime, pour l'embrasser avec fougue. Dans cette transe inédite, Naya est secouée de violents spasmes lorsqu'elle jouit. Ses yeux sont grands ouverts et ses cuisses tremblent. L'esclave enlève ses outils de torture et les lèche, tout en se délectant de ce nectar qu'elle trouve particulièrement succulent. Elle touche de son index le corps inerte de la démone, probablement à la septième marche de l'enfer.
— Lana…, halète Naya, furieuse.
— Je connais ton point faible, vante fièrement l'humaine, tout en se penchant vers elle pour la dévisager.
— Tu vas être une vraie damnée si tu continues.
— Je l'étais déjà avant de te rencontrer.
Face à cet aveu, un sourire au coin revigore la face éreintée de la démone. Elle a beau tenter de se redresser, cela reste sans succès.
— Tu n'es pas du tout résistante, remarque Lana, presque déçue.
— Je suis celle qui domine, le rôle de la soumission ne m'incombe pas.
— Donc techniquement parlant, tu es encore vierge.
Elle écarquille les yeux, vexée par cette conclusion hâtive. La démone cherche à lui planter ses ongles dans le bras, mais le jouet attrape sa main et l'enlève. Elle lui ordonne d'être relâchée, mais la brune n'écoute pas. Ses yeux fixent l'entrejambe de Naya qui ruisselle toujours. La plus petite, de mauvaise humeur à force d'être ignorée par son bien, hurle son prénom.
— Pourrais-tu jouir moins fort ? Tu vas me briser les tympans, grommelle Lana, stoïque.
— Maudite humaine, écoute donc quand ta propriétaire te parle !
Cette phrase-là, la nonne – déchue – l'a très clairement entendue. Elle s'assoit sur son bassin, les jambes sur le côté, malgré ses chevilles encore attachées. Elle pose l'extrémité pointue de ce qu'elle tient en main contre la joue de Naya, qui est déconcertée après son nombre inquiétant de « défaites » face à cette profane.
— Tu n'es pas en position de donner des ordres, rappelle Lana en souriant.
— Qui crois-tu être ? J'ai plus d'une centaine de jouets à ma disposition…
— Et je suis la seule qui te domine de cette façon, coupe Lana en lui mordant le lobe de l'oreille.
La démone sait qu'elle a parfaitement raison. Quoi qu'elle en dise, elle a adoré cet instant. Elle se résigne à acquiescer ses dires puis elle noue ses bras autour de la nuque de l'humaine. Elle ne manque pas l'occasion parfaite pour se lier à elle. Leurs langues, mutuellement blessées, pactisent dans le sang et forment le contrat de leur union démoniaque. La plus petite met fin à ce baiser lorsque le sceau recouvre chacune d'elles dans un seul et même lieu : leur langue. Naya tire la sienne pour lui montrer le pentagramme qu'elle possède également.
— Qu'est-ce que c'est ? demande Lana, sceptique.
— Tu viens de pactiser avec l'être que l'on qualifie de succube, répond Naya, enchantée.
— Quoi ?!
Dorénavant, Lana est reconnue en tant que partenaire exclusive de cette créature qui l'a piégé pour qu'elles soient liées. Par la suite, elle obtient l'autorisation de retourner au monde des humains, car elle ne cesse de geindre. La démone ne la supporte plus.
La nonne, dont ce titre ne reflète maintenant plus rien, a abandonné les ordres pour s'adonner à son ancienne vie de débauche. Elle ne se souvient même plus des raisons qui l'ont poussé à rejoindre ces lieux supposés la sauver, elle et ses problèmes charnels. Était-ce pour sa famille aux coutumes strictes et conservatrice ? Elle n'en avait plus rien à foutre, après tout, ils l'avaient renié.
Après son départ de cette chambre qui la rendait folle, elle a décidé de trouver du travail. De retour à son ancien quotidien, elle emprunte le strip-tease comme voie de salvation. Cependant, un détail l'irrite particulièrement dans ce nouveau quotidien. Ce maudit pentagramme sur sa langue l'empêche d'établir un contact avec quiconque. À chaque fois que quelqu'un l'embrasse ou la touche à un endroit intime, le sceau s'active et cette personne fuit en courant. Elle ne sait pas ce que ces gens peuvent bien voir, mais à leur tête et à leur expression terrifiée, ils semblent avoir rencontré la mort en personne.
Son corps bouillonne depuis son retour dans le monde des humains, mais aucun d'entre eux ne peut la satisfaire à cause de cette démone. De plus, elle n'a donné aucune nouvelle depuis déjà des mois. Elle veut croire que c'est un cauchemar, que rien de tout cela n'est vrai, mais les marques sur sa peau lui prouvent le contraire. À chaque fois qu'elle repense à Naya, elle ne peut s'empêcher de croire qu'elle est en train de s'occuper de l'un de ses jouets. Elle n'a pas le temps de venir la voir, malgré l'enchaînement qui la relie à elle et qui l'entrave.
Elle décide de rester dans son appartement miteux, rongée par la rancune. Elle n'a de cesse de cogiter sur la manière de se défaire de ce contrat stupide. Elle observe le pentagramme dans le miroir, dégoûtée de s'être fait avoir. Totalement impuissante, elle est hors de contrôle. Elle inflige un coup avec sa lampe de chevet au miroir, le brisant partiellement. Elle ramasse un morceau de verre d'une taille conséquente et particulièrement pointu. Elle veut à tout prix rompre cette attache.
Soudain, un cercle d'invocation se dessine sous ses pieds et Naya en ressort comme si c'était normal. Elle saisit aussitôt l'objet tranchant en sa possession. Lana le lâche immédiatement et en profite pour la pousser contre le lit. Elle se place à califourchon sur celle-ci pour lui empêcher de s'en aller.
— Moi qui pensais qu'établir notre lien sur ta langue t'empêcherait de vouloir l'enlever… j'ai eu tort, soupire Naya.
Lana la fait taire aussitôt en l'embrassant. Baiser dans lequel la démone ne perd pas de temps pour s'y fondre, presque en manque de cette audace. La plus grande s'arrête subitement, la laissant bouche ouverte, langue pendue dans le vide. Elle fronce les sourcils, vraisemblablement mécontente. Elle ouvre le tiroir du meuble adjacent, trouvant dans celui-ci des objets dont Naya en connaît le parfait usage, mais pas la sensation de les expérimenter.
— Stupide créature, grommelle Lana. Où étais-tu ? Pourquoi est-ce que ce sceau repousse tout le monde ?!
— Tu es mienne, donc il ne fait que te préserver, répond Naya, très sereinement.
— Pendant que toi tu t'amuses avec tes autres jouets ?! hurle Lana en empoignant sa chevelure brutalement.
Sa propriétaire abasourdie, ne peut s'empêcher de contempler sa propriété. Bien que ce soit la démone qui doit la posséder, plus elle reste à ses côtés, plus elle a l'impression que c'est le contraire.
Pendant qu'elle la fixe intensément, Lana fait usage de fourberie pour parvenir à ses fins. Sans même laisser le temps à son invité de le remarquer, elle lui lie les mains. Elles sont maintenues en l'air grâce à la structure en métal du lit.
— As-tu à ce point faim ? demande Naya tout en souriant.
— Je n'ai pas attendu des mois, uniquement pour papoter avec toi à ton retour.
Elle se dirige vers sa boîte de pandore pour en sortir une paire de pinces, mais elle remarque que sa captive tente de se libérer avec sa queue. Elle l'attrape et la tord aussitôt d'un mouvement sec. Cette action procure un gémissement des plus divins aux oreilles de l'humaine. La brune attrape des bandes de vinyles – exactement les mêmes que celles qui retiennent les mains de la démone – puis elle attache cet appendice à une barre sous le lit. Contemplant le résultat de ses actes, elle entend le rire moqueur de sa prisonnière.
— Si tu te sentais aussi seule sans moi, tu aurais dû m'appeler par des supplications, ajoute Naya.
— Tu n'as pas encore compris, je crois, ajoute Lana en souriant.
— Comprendre quoi ?
— C'est moi qui te possède, pas l'inverse.
La plus petite ricane, mais très rapidement ce son se transforme en couinement, car Lana lui a placé les pinces sur les tétons. Elle prend soin de régler les vis qui limitent la fermeture des mâchoires, dosant ainsi la pression à exercer. Les ajustements terminés, elle se met à malaxer sans retenue la zone en dehors de son aréole. Pendant ce temps, son genou se fraye un aller simple contre son entrejambe. Elle n'hésite pas à le titiller de légers frôlements. Conditionnée pour sentir le feu brûler ses entrailles, Naya qui possède la force de se libérer ne le fait pas. Une partie d'elle désire à nouveau explorer cette facette du plaisir, dont seule cette dépravée en possède les clefs. Cette nuit-là, elle est descendue de son trône et a déposé sa couronne.
Le genou de l'humaine se frotte avec lenteur contre les plis du sexe de sa prisonnière, les rendant atrocement humides. Désinvolte, Lana fixe le visage de sa proie. À la fois satisfaite et excitée par de telles expressions, elle rapproche ses lèvres de son oreille pour lui susurrer une question.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Les halètements de Naya remplissent l'espace et comble la plus grande d'extase. Entre deux souffles saccadés, elle répond, accablée.
— De la douleur.
En effervescence, sa dominatrice fait glisser le haut de son harnais vers le bas, la laissant complètement nue. Elle tend le bras pour attraper une bougie blanche qu'elle allume de l'autre, laissant couler avec délicatesse de la cire sur ses hanches. Elle parcourt son corps de ce liquide ardent, aiguisant le moindre de ses sens. Elle l'éteint puis elle la dépose contre la table basse. Elle détache sa queue et la retourne sans plus attendre.
Elle scrute les formes – bien qu'infimes – de ses fesses raffermies. Elle tient dans sa main droite une cravache en cuir souple, tout droit sorti de son chevet. Elle longe les courbes de ses collines saillantes présentes sur sa poitrine à l'aide de la fine claquette de son outil. Elle marque d'une encre invisible la route à emprunter, avant d'infliger un léger coup sur l'une d'elles. Le claquement retentit vivement, procurant un autre gémissement aux oreilles de l'humaine. Lana la pousse à se retourner, contemplant quelques secondes son dos tandis que ses mains sont toujours surélevées de ses ligaments noirâtres.
Son autre fesse qui ne demande qu'à être flagellé, voit son vœu exaucé. Elle s'exécute à plusieurs reprises, examinant avec attention ce corps qui se cambre sous cette effusion de souffrance et de plaisir. Le tout se propage avec exaltation. La chaleur descend avec vivacité sous son ventre jusqu'à ses jambes, atteignant ce sanctuaire foutrement envahit par l'humidité.
Les salves de flagellation se superposent dans le sifflement de l'air. Elles aspirent toute sa vitalité. L'humaine distingue à chaque nouvelle goutte de sueurs les limites de sa propriété, alors que l'approche de l'apothéose est débusquée.
Dans un ultime cri, sa respiration saccadée se confond à son corps tremblant. Un voile de transpiration recouvre son front luisant. Naya penche sa tête en arrière, arborant un large sourire, pendant qu'elle écarte ses cuisses avec confiance.
Lana se place derrière celle-ci. Elle fait en sorte que son corps se repose quelques instants contre le matelas, alors qu'elle parsème sa nuque de baisers et de suçons. Quant à ses mains, elles enlèvent les pinces avec douceur.
Elle plante ses dents contre sa peau brûlante tandis qu'un couinement remonte à la surface. Elle glisse ses mains contre son ventre puis elle les remonte lentement vers ses tétons qu'elle taquine. Lana tourne Naya dans sa direction pour se ravir de ses grimaces et s'émouvoir de son souffle si excitant. Elle agrippe sa poitrine à pleine main, tout en pinçant avec euphorie ses mamelons de son pouce et de son index.
Ce corps se raidit, pendant que l'une des mains de son assaillante frôle les plis charnus de son entrejambe. Un son aigu jaillit des abîmes, alors que l'aréole de son autre sein encore engourdi ne demande qu'à se durcir à son tour. Lana s'attelle à le faire en le suçotant, le mordillant et en coinçant ses dents contre son mamelon.
Une phalange placée sur son clitoris – encore tiède – semble actionner en Naya un mécanisme d'ondulation, où chaque rencontre avec ce point provoque un déchaînement particulier.
C'est d'un mouvement circulaire et constant que la tortionnaire débute une nouvelle ascension vers la jouissance. La petite bosse durcie par ces jeux d'adoration et de supplications pousse Naya à émettre de faibles râles. Elle frémit durant ce cycle réglé comme les aiguilles d'une montre. Toujours le même sens, la même intensité, sans accélérer pour faire durer l'instant. Tout en gardant le contrôle total sur cette offrande, destinée à sa propre gloire.
Le dos arquée, Naya implore d'une voix faible la fin de cette torture, où elle ne peut qu'attendre d'être écouté. Cette fois, elle voue à son plaisir une place plus importante qu'à son honneur, car elle n'a jamais supplié auparavant. Encore moins à l'un de ses objets. Sa demande est entendue et sa déesse mortelle exauce sa prière.
Un doigt se faufile dans cette fente spumeuse, à cause des sécrétions amoncelées depuis trop longtemps. Le surplus s'écrase contre les draps blancs, alors qu'elle longe les parois internes avec appréhension, comme à la recherche d'un point faible. C'est en hauteur, contre le mur charnu qu'elle parvient à discerner dans un gémissement surpris de sa partenaire cette zone hautement érogène. Un second doigt rejoint l'avènement, encadré par un nouveau râle. Il suscite le désir d'y aller avec plus d'entrain et de déchirer son être entier.
La pression de ces deux membres fait en sorte que cette créature soit totalement à sa merci. Cependant, ce n'est pas assez pour Lana. Elle ajoute un troisième doigt. Il vient se resserrer parmi les autres, le contact imminent contre les murailles de sa vulve s'écartelant avec une facilité indicible. Elle les enfonce d'un seul coup brutal.
Elle dépose ses doigts à ce même point qu'elle a tant recherché et elle y enfonce ses ongles. Des larmes montent aux yeux de Naya et des cris de plaisir naissent dans la foulée. Son interstice se décontracte aux allers et viens qui la perfore, mais Lana sait qu'à ce rythme, elle ne tiendra plus longtemps. Elle l'embrasse et lui murmure d'un ton autoritaire de se retenir. Ses yeux souriants semblent d'accord, mais ce qui arrive mettra à l'épreuve cet acquiescement.
Elle enduit son quatrième doigt de sécrétion, descend sa tête à hauteur de son entrejambe et la regarde comme en attente de son consentement. Naya hoche la tête en guise de oui. Elle s'exécute et elle le fait entrer à son tour. Elle déchire sa vulve en long mais surtout en large, tandis que ses yeux se dilatent, que son esprit se perd totalement. Lorsque ses doigts s'étendent contre cette chair galvanisée, des saignements ruisselle vers le bas, mais ne durent pas bien longtemps. Dans l'aspiration de se mouvoir dans cet espace clos, sa tortionnaire s'exécute avec précision. Elle embrasse ce clitoris pimpant qui n'attend que ça. Il ne demande qu'à être choyé avec ferveur. Lana le suce longuement.
Le corps de la blonde se cambre dans un affolement indéniable, tout en percutant à plusieurs reprises le matelas. La victime agite les liens qui la retiennent prisonnière, alors que sa limite approche. Les coups de langue de la brune sont plus rapides. Les muscles de Naya commencent à se tendre, alors que sa respiration est saccadée et que son bassin ondule jusqu'à ne plus en pouvoir.
L'orgasme comme libération, son sexe repousse ce qui est enfoui en elle. Doigts, fluides et un nouveau filet de sang. Essoufflée et visiblement comblée, Naya reste inerte, ses yeux dévisageant sa dominatrice qui la détache.
— La prochaine fois que tu me laisses aussi longtemps sans nouvelle, ce sera pire que ça, grommelle Lana en faisant la moue.
— Cela me donne encore plus envie de disparaître, répond la démone en ricanant.
— Maudite…
— Lana, coupe la blonde, entre deux respirations successives. Tu es la seule à qui j'ai accordé ce contrat…
— Abrège.
— Le sceau s'active également lorsqu'on m'approche et que ce n'est pas toi.
L'humaine, abasourdie, écarquille ses yeux. La première chose qui lui vient à l'esprit, s'élance telle une salve de couteaux vers la démone.
— Qu'est-ce que tu foutais durant tout ce temps ?!
— J'étais là, avec toi. Tes rêves érotiques viennent de moi.
— (Tu m'étonnes qu'ils semblent si réels ses fameux rêves).
— C'était délicieux, avoue Naya en se mordant la lèvre inférieure.
— Ferme-la.
Naya enroule sa queue, qui s'est détachée lors de ses spasmes, autour des hanches de son humaine pour l'attirer vers elle. Elle dépose ses lèvres contre les siennes, se liant de nouveau par ce pentagramme à une appartenance éternelle et cela jusqu'à que les flammes de l'enfer ne les calcinent.
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