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tome 4, Chapitre 9 tome 4, Chapitre 9

Le chevalier allant libérer sa princesse, l’explorateur découvrant des contrées inconnues, quel gosse n’a jamais rêvé d’incarner l’un de ces personnages ? Bruce Wayne.

Lui il ne songeait qu’à être à la hauteur des espoirs de ses parents, et étudiait sagement le nécessaire pour y parvenir.

Et comble de l’injustice il accédait à ces statuts héroïques. En effet Bruce à présent adulte partait au secours de sa dulcinée en traversant des terres encore sauvages.

D’où provenait une telle situation ? Victor Fries.

Il avait renoncé à beaucoup de chose : la prospérité, la légalité, la compassion, la raison... au profit d’un uniquement sentiment, l’amour.

C’est ainsi qu’il fut touché par la détresse de son agresseur croyant avoir perdu sa compagne. Cela au moins Victor était encore en mesure de le comprendre. Alors il dévoila certaines choses.

Du fait de son statut de chimiste, Victor fournissait des personnes peu recommandables en poison, explosif, drogue... L’homme en vert était l’un d’entre eux. Ses commandes étaient suffisamment particulières pour que Victor s’en souvienne précisément.

Il réclamait à chaque fois de quoi endormir une personne sur une longue durée sans lui infliger de séquelles. A son dernier et récent passage l’homme en vert avait précisé que le produit était destiné cette fois-ci à une femme au cas où ce facteur était à prendre en compte.

Ainsi Sélina était peut-être encore vie. Est-ce que cette révélation dédouanait Victor de ses exactions passées ? Bruce n’était pas en droit de le décider seul. Il aurait dû le dénoncer à la justice. Mais comment expliquer l’usurpation d’identité, l’intrusion, les coups... De plus Bruce n’avait pas de temps à perdre. Il laissa donc un criminel derrière lui, qu’il aurait pu arrêter.

Il réglerait cette affaire à son retour. C’est du moins ce qu’il se promit à lui-même afin de ménager sa conscience.

Bruce repartit donc en chasse, à la différence, qu’il en savait plus sur son adversaire. Il se nommait Edward Nigma, et était détective privé. Sa caravane de saltimbanque n’était qu’une couverture.

Il fallait s’attendre à ce qu’Oswald ne se contente pas d’un simple pistolero. Par conséquent il s’était offert les services d’un véritable professionnel, et sûrement l’un des mieux côtés.

Un autre élément sur cet ennemi méritait que l’on s’y attarde : le sort qu’Edward réservait à sa prisonnière. Traitre des blanches ? Non si on se fiait à Victor il droguait également des hommes de la même manière.

De toute façon le plus urgent était de retrouver l’homme en vert à par extension Sélina avant.... quoique se soit.

Alors Bruce recourut une fois de plus aux traine-savates pour connaitre la direction prise par Edward en quittant la ville. En fait il était allé nulle part. Plus exactement il avait emprunté une route abandonnée donnant sur un territoire également abandonné.

Voilà ce qui l’avait conduit à cette quête en un type d’endroit lui étant totalement étranger. Malheureusement une quête comporte toujours des épreuves. Et celle-ci était bien supérieure aux précédentes. Face à Bob et son complice, Bruce avait sa boxe. Face à Victor et sa science du froid, il bénéficiait de ses propres connaissances et de sa tenue de Batman.

Mais de quoi disposait-il contre cette nature sauvage, dont il ignorait tout jusqu’à présent ? Il observa, s’orienta avec sa boussole, appliqua des marques sur les arbres pour éviter de tourner en rond...

Progressivement sa monture avança de plus en plus lentement, il croisa ses marques précédentes...

Il laboura de coups d’éperon son cheval, afin qu’il ne fléchisse pas. Il examina encore et encore les mêmes endroits. Il ne restait à Bruce plus que sa volonté. Alors il s’y raccrochait.

Il avait l’impression d’être comme ces boxeurs stupides, qui refusaient de jeter l’éponge malgré l’évidence de leur défaite. Ils attendaient là bêtement à déguster round après round. Quel intérêt ?

Maintenant Bruce détenait la réponse : aller jusqu’au bout peu importe le résultat.

Normalement devait suivre une longue errance à laquelle la faim et l’épuisement mettraient un terme. Seulement le destin en décida autrement. Car il finit par trouver deux lignes parallèles dans le sol avec des marques de sabot au milieu. Un attelage !

Bruce resta figé quelques minutes devant la beauté du spectacle. Un tel signe d’espoir, c’était si émouvant.

Puis vint l’analyse de l’indice. Les aiguilles de pins y étaient moins nombreuses qu’ailleurs. Ces traces devaient donc être relativement récentes.

Bruce remonta en selle, s’orienta donc vers la direction de ces traces, et fit claquer les rennes. Sa monture en guise de réponse tituba. La découverte d’une piste l’ayant calmé Bruce arrêta de s’acharner sur la pauvre bête, et fit le point.

Son cheval n’était plus en état de continuer. Et sa perte se révélerait être un véritable désastre dans cette région inhospitalière. Edward et Sélina ne se situaient apparemment pas très loin. Car si l’on en jugeait d’après la longue-vue, la partie praticable de cette zone ne s’étendait pas très loin non plus. Et comme son objectif circulait en carriole...

Bruce était capable de couvrir de longues distances à pied. Un boxeur passait autant de temps à courir qu’à frapper pendant ses entrainements.

Le tout était de bien se repérer pour le retour, et de ne pas trop s’encombrer. A ce propos de quoi avait-il vraiment besoin face au détective ?

*****************

Peut-on en vouloir à un objet ? Peut-on percevoir une provocation de sa part ? Edward Nigma lui y parvenait. Il ne supportait plus de voir les aiguilles de sa montre se mouvoir, et par conséquent claqua violemment le boitier.

Qu’est-ce que faisait Waylon ! Il aurait dû revenir depuis longtemps avec son trophée à savoir le cadavre de Sélina.

En digne obsédé du contrôle Edward détestait cet imprévu. Surtout qu’il avait lieu dans son univers personnel, dans de ce labyrinthe battit de ses mains. Non ce n’était pas possible ! Il avait évalué, calculé, et prit tous les différents facteurs en compte.

Waylon allait bien finir par se montrer. Edward se hissa sur le toit de sa roulotte, et regarda attentivement à l’aide de sa longue-vue vers la direction prise par les deux participants de son jeu.

Ainsi ce détective adepte de la rationalité s’acharnait à examiner encore et encore la moindre parcelle de la forêt, comme si en le désirant très fort son vœux finirait par s’exaucer. S’en était pathétique. Surtout que la silhouette de Waylon ne pouvait pas être dissimulée par la végétation.

Aussi stupide soit-elle cette action fournit tout de même une réponse, mais pas celle voulue. C’est Sélina seule, qui se montra ou plutôt se dissimula. En effet elle s’approchait discrètement en empruntant les coins touffus.

« Waylon ! » S’exclama Edward dans un mélange de chagrin et de colère.

Lui si précautionneux en laissa tomber sa longue-vue. Puis le naturel revint. Il descendit, extirpa de son logis mobile son fusil, et enfin remonta sur le toit.

Edward usait d’un springfield modèle 1873. Ce digne successeur d’une des armes vedettes de la guerrre de sécession disposait d’une portée importante à condition d’être bien utilisé. Le détective ne s’était pas contenté d’en apprendre le maniement. Il y avait apporté quelques retouches personnels dont un viseur. Il plaça soigneusement Sélina en son centre, et attendit qu’elle soit à portée.

Voilà ce qui lui plaisait : quand tout se mettait en place comme prévu sans la moindre anicroche. Edward était tellement concentré sur sa cible, qu’il ne perçut pas le sifflement du boomerang fonçant vers son crâne.


Texte publié par Jules Famas, 21 juillet 2021 à 18h42
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