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tome 3, Chapitre 2 tome 3, Chapitre 2

Roland Daggett possédait une ferme juste à la limite de Blackgate. En cette matinée naissante il s’adonnait à son seul véritable plaisir dans l’existence. De son perron il regardait ses champs, sa propriété, son bien, son fief.

Soudain une silhouette approcha. Roland eut un geste résumant parfaitement sa personnalité, il brandit son fusil.

« Qu’est-ce que vous voulez ? » Dit-il d’un ton tout sauf agréable.

Suite à la réduction de la distance le fermier réalisa que l’intrus était blanc. Cette découverte le poussa à baisser son arme. Il ne fallait pas y voir du racisme. A sa façon Daggett était plutôt tolérant. Noir ou blanc, juif ou chrétien, homme ou femme, il s’en moquait. Il méprisait de l’ensemble de ses semblables. Seulement s’en prendre à un homme blanc pouvait parfois être lourd de conséquence.

« Vous allez me répondre ! » Ajouta-t-il agacé de devoir se réfréner.

Puis il finit par remarquer des détails : l’absence de cheveux, le sang dégoulinant sur le crâne. Cet homme était scalpé !

Daggett dévala le petit escalier de son perron tout en hélant sa famille. Elle se composait d’une épouse et de trois enfants (ou plutôt deux garçons et une erreur comme Daggett se plaisait à le dire).

« Que s’est-il passé ? » Demanda-t-il au pauvre homme tout en le soutenant.

« Les indiens de Blackgate... ils m’ont attaqué.... »

« Ça a eu lieu loin d’ici ? »

Daggett ne l’aidait évidemment pas par compassion. Il voulait savoir où en était la menace. Hélas le blessé était trop choqué pour fournir une réponse précise sur ce point. Enfin vu qu’il était là autant s’en occuper. Et puis peut-être que la mémoire lui reviendrait.

« Holly. Tu l’installes dans la chambre du fond, et le soignes. » Ordonna-t-il à sa femme comme s’il s’agissait de son esclave, ce qui n’était pas très loin de la réalité. « Randy et James allez chacun prendre un fusil. Toi va aider ta mère. »

Toi était la fille de Roland Daggett, dont le prénom semblait visiblement superflus.

Grâce à la discipline insinuée par la brutalité du chef de famille, tout le monde s’exécuta rapidement.

Roland retourna à son perron épaulé de ses deux fils.

« Hé merde ! » S’exclama-t-il après un long regard circulaire.

Même dissimulées les silhouettes ne lui avaient pas échappés. Ces maudits peaux rouges étaient déjà là. Son plan consistant à envoyer Randy à cheval chercher du renfort pendant qu’il défendrait sa ferme, tombait à l’eau. L’endroit était certainement encerclé à présent.

« A l’intérieur. » Ordonna-t-il plein de rage.

Il gueula au passage sur James, qu’il trouvait trop lent à réagir. Ses dix ans n’étaient pas une excuse à ses yeux.

« Randy tu me surveilles la porte-arrière. Et...»

Brusquement retentit une voix bien plus joyeuse.

« Surprise !!!! »

L’homme qu’il avait secouru et accueillit chez lui, se tenait à présent en travers de la porte du salon. De sa main gauche il ôtait son faux scalp, et de l’autre menaçait Toi tétanisée à l’aide d’un rasoir.

Son attitude n’était pas agressive. Il faisait penser à un gamin venant d’accomplir une farce.

« Vous devinez la suite ? Vous déposez vos armes, et je vous rends la petite sans passer par l’étape du découpage. »

Tous dans la pièce étaient sous le choc. Comment un tel cauchemar pouvait-il arriver si vite ? Puis Roland redevint lui-même, et pointa son fusil sur le Joker.

Toi était une grande fille de dix-sept ans. Le Joker plutôt mince n’eut aucune difficulté à se cacher derrière elle.

« Bon je vais commencer le compte à rebours jusqu’à vingt. Mais avant j’aimerais préciser que ma lame a déjà servit, et qu’une brave mère de famille se vide de son sang en ce moment même. Alors il vaudrait mieux accélérer le mouvement. »

Effectivement le rasoir était sanguinolent.

« Papa ! » S’exclama Randy.

« La ferme. »

« Un. »

« Lâche ma fille ! »

« Deux. »

« Je vais tirer. »

« Trois. »

« Papa tu vas la toucher aussi. »

« Quatre. »

« Pense à maman. »

Roland releva les deux chiens de fusil double canon. Un coup de feu partit. Sauf qu’il en était la victime, pas l’auteur.

« Papa ! » S’écria en pleur Randy écœuré, parce ce qu’il venait de faire.

« C’est compliqué la famille. » Soupira le Joker aux anges. « Au fait mon petit j’ai menti. Ta maman est déjà morte. »

Randy eut juste le temps d’encaisser la nouvelle avant qu’une balle lui perfore l’estomac. Étant ambidextre le Joker était parvenu à user de son revolver de la main gauche.

S’il disposait d’une arme à feu pourquoi n’avait-il pas simplement abattu les hommes du clan Daggett, pendant qu’ils regardaient ailleurs ? C’aurait été trop facile, pas assez recherché.

« C’est bon ! » Cria-t-il à ses complices. « Vous pouvez venir vous servir. »

Les indiens apparurent alors comme par magie. Alors que s’amorçait une guerre ils s’amenaient rassasiés d’avance de pouvoir dépouiller l’un des hommes leur ayant volé leurs terres.

Une exception demeurait : le borgne. La guerre le lassait désormais, car il en avait connu tous les aspects, la victoire comme la défaite. Ancien mercenaire il s’était battu dans chacun des camps existants, et avait finit par être rejeté par tous.

Tandis que sa carcasse le lâchait suite à ses différentes blessures, une femme l’avait sauvé et accordé une seconde chance : Ivy.

La trahissait-il à présent ?

Quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas rester sans rien faire. Par conséquent il combattait auprès des siens même s’il n’approuvait pas leur choix.

C’est ainsi qu’il avait de nouveau recouvert de noir la partie droite de son visage celle où son œil fut crevé lors d’une bataille, et redevenir le légendaire guerrier surnommé Deathstroke.

Il ressortit même le sabre de cavalerie arraché sur le cadavre d’un officier de l’armée américaine. C’était le seul vestige de son passé, qu’il avait conservé. Cette arme était légère, tranchante, et bénéficiait d’une longue portée. Le tomahawk faisait pâle figure en comparaison. Deathstroke s’était familiarisé très vite à cette arme. Il avait toujours eu cette aptitude à savoir tuer avec n’importe quel objet.

Quant au Joker son numéro n’était pas encore finit.

« Ah les jeunes incapables de faire quoique se soit correctement, si on ne les tient pas par la main. » Déclama-t-il en voyant Roland ramper.

Il eut droit à une seconde balle en pleine tête cette fois. Toi laissa s’échapper un petit cri. James lui ne disait plus rien. Face toutes ces horreurs il n’affichait plus qu’un regard vide, et avait laissé tomber son arme depuis longtemps.

« Dis-moi trésor, tu veux bien me rendre un petit service ? » Poursuivit le joker en glissant son rasoir dans la main de la jeune fille tout en plaquant son revolver sur sa tempe.

On aurait dit qu’il lui faisait un câlin tant il se montrait tendre.


Texte publié par Jules Famas, 4 mai 2021 à 19h06
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