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Tokyo… Pourquoi suis-je venue ici déjà ? Le déménagement bien sûr ! Suis-je bête, comment ai-je pu l’oublier ? Ce n’est pas comme si on venait de m’arracher tout ce que j’avais. Minute, si justement, c’est le cas. Ironie du sort ? Hm… Je crois plutôt que le karma s’acharne sur moi.

Il a fallu qu’elle disparaisse sans laisser aucune trace ; ça me rappelle quelqu’un d’autre. Je suis à présent seule dans une ville dont je ne connais rien. Je ne pense pas que ce soit le pire ; quand le karma s’y met, il ne fait jamais semblant. Le camion de déménagement s’est perdu en route, traduction : je n’ai qu’un sac de sport en guise d’affaire. La seule bonne nouvelle c’est que mon appartement est grand et tout simplement magnifique avec une superbe vue.

N’ayant rien à déballer, je décide d’aller arpenter les rues de ma nouvelle vie. Le soleil me salue comme il se doit, amenant avec lui une forte chaleur. Le coin dans lequel je réside est sympathique, quelque peu excentré du cœur de la ville, une ambiance calme y règne.

– Qui te dit qu’il va rentrer cette fois-ci ?

– Je ne rate jamais.

Curieuse, je me dirige vers les voix. Deux garçons sont en train de jouer au basket. L’un a de longs cheveux noirs, il se tient sur ses appuis, prêt à défendre. Mon attention se porte sur le grand aux cheveux verts lui arrivant jusqu’aux yeux. Des lunettes ornent son visage, qu’il remonte d’un doigt. Le ballon, qu’il fait rebondir sur le sol impose le rythme. Le joueur, habillé en débardeur et short de sport, s’avance lentement vers son adversaire. Ils se regardent droit dans les yeux ; le jeu se met à s’accélérer, dribble, feinte, tir… Je me surprends à retenir mon souffle. Le ballon tape l’anneau rouge du panier de basket.

– Tu n’es pas si doué que ça, Shin-chan ! s’exclame celui aux cheveux noirs.

Je n’entends pas la réponse de l’autre, tant qu’il ait répondu. Le ballon roule jusqu’à se heurter à mes chaussures. Je baisse les yeux, me penche, récupère le ballon et relève la tête.

Le garçon, sur qui toute mon attention s’est portée, se tient devant moi. Ses yeux verts s'ancrent au mien. Je ne peux détourner le regard, je suis comme paralysée, totalement hypnotisée.

– Le ballon, dit-il d’une voix blanche.

Son regard est froid. Confuse, je le lui rends et quitte le terrain de basket. Le quartier a beau être sympa, en revanche c’est tout autre concernant les habitants.

Je continue mon exploration, jusqu’à voir un magnifique chiot courir vers moi en aboyant. Je m’accroupis et l’accueille dans mes bras. Il me lèche le visage et je le caresse avec enthousiasme. Le haut de sa fourrure est noir, tandis que son ventre et ses pattes sont blancs comme la neige, on dirait un husky.

Je joue avec, le chiot a l’air de beaucoup s’amuser, jusqu’à ce que je voie deux garçons courir dans ma direction. Ils s’arrêtent à ma hauteur et le chiot aboie en direction de celui aux cheveux bleu clair. Il saute dans ses bras et le garçon le place sur sa tête. La scène est trop mignonne ; un détail me frappe. Les yeux du garçon sont aussi bleus que ses cheveux ; le chiot aborde la même couleur et forme de l’œil. Cependant son regard semble vide.

– Merci, me dit-il.

– Avec plaisir, il est vraiment magnifique, m’exclamé-je.

Je souris, mais ça devient quelque peu gênant, de ce fait j’entreprends de faire demi-tour.

– Tu… Tu es nouvelle ? me demande l’autre garçon, grand, aux cheveux et aux yeux rouges. L’aura qu’il dégage est écrasante.

– Je suis arrivée il y a peu, avoué-je.

– Kagami Taiga, se présente-t-il. L’enfant, ici présent, c’est Kuroko Tetsuya.

– Je suis pas un enfant, fait-il remarquer d’une voix neutre.

– Et le chiot ? demandé-je.

– Tetsuya #2, me dit Kuroko en regardant son chien.

– Et toi ? me demande Kagami en me détaillant de ma hauteur.

– Yuki Yoshida !

La sonnerie de mon téléphone retentit et je m’éloigne en faisant un signe de la main aux garçons. Je regarde le numéro, il s’agit de mon assistante sociale.

– Yuki Yoshida, réponds-je sans grande conviction.

– Yuki, tu es bien installée ? me demande la femme.

– Oui, c’est parfait, mentis-je.

Le problème, si je lui dis que le camion de déménagement à fait de la merde, c’est qu’elle va débarquer ici, m’acheter plein de choses et ne plus jamais me laisser tranquille. Je sais qu’elle veut seulement m’aider ; je la connais depuis que j’ai cinq ans, soit depuis onze ans maintenant. Je ne pensais pas que ça faisait si longtemps… Toutefois, j’ai besoin de mon indépendance, de savoir que je peux vivre seule. De toute façon, je ne peux compter que sur moi-même.

J’écourte la conversation. Lasse, je rentre chez moi. Je repasse par le terrain de basket, mais les joueurs sont partis. Je passe la porte de mon immeuble et le vide me comprime la poitrine. La panique monte, je n’arrive plus à respirer, j’ai l’impression de suffoquer. Ne tenant plus, je referme la porte et me retrouve à nouveau dehors.

Je m’imprègne de cet air qui se rafraîchit cependant que le soleil décline dans le ciel. Mes poumons s’ouvrent à cet oxygène bienvenu. Le grondement de mon estomac me rappelle qu’il faut se nourrir. J’arpente les rues à la lueur du premier restaurant venu. Je m’installe à une table et commande la première chose sur le menu. La nourriture et moi c’est une relation banale, nous nous tolérons, sa compagnie n’en n’est pourtant pas des plus agréable. Je mange dépourvu de plaisir, simplement parce qu’il le faut.

Sur mon téléphone, l’emploi du temps est affiché. Le regarder me donne déjà envie d’y être. Je paye et regagne mon sinistre appartement, malgré la belle vue. Je me couche à même le sol, avec seulement un plaid et ma veste mise en boule en guise d’oreiller.

Le chant d’oiseaux me réveille en douceur. Je passe sous la douche et enfile mon uniforme d’école. Je mange un reste de biscuit et quitte mon appartement, mon sac à l’épaule.

Mes jambes m’emmènent jusqu’à mon nouvel établissement. Le lycée de Shūtoku. Élastique en main, je rassemble mes cheveux verts, à partir de mes oreilles, dans un haut chignon. Me voilà prête pour cette première journée. Rajustant mon sac sur mon épaule, je pénètre dans le bâtiment. Je trouve ma salle et je m’installe dans les premiers rangs. Je ne prends pas la peine de regarder ce qui compose ma classe pour l’année, je suis occupée à dessiner sur mon carnet de croquis.

Les cours de la matinée s’enchaînent, mon temps se consacre au dessin. Le fait est que la facilité des cours me permet d'écouter que d’une seule oreille et de pourtant tout comprendre, du moins lorsqu'il s’agit de chose pertinente.

La sonnerie retentit et les morts de faim se jettent en dehors de la salle. Calmement je range mes affaires et pars. Je prends une barre chocolatée à un distributeur, au détour d’un couloir. Je croque dedans, mais ça me donne tout sauf faim. Je vais pour la remettre dans son emballage, mais on me bascule et la barre chocolatée finit sa course sous la chaussure du coupable.

Dans un souffle, je lève les yeux avec la ferme intention d’obtenir de plates excuses. Toute ma colère s’envole face à ses yeux verts. Je reste là, sans pouvoir piper mot. Il me regarde, ses yeux ancrés aux gris des miens.

La sonnerie de reprise se fait entendre. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas me défaire à son regard. Les sourires qui inondent les visages des garçons à ces côtes me ramènent à la réalité. Les joues rouge écarlate, je balbutie un enchaînement de mots incompréhensible et disparais.

Le souffle court, je m’adosse aux casiers. Je ne sais pas qui il est ; malgré la ressemblance avec… Impossible ! Et pourtant, ce regard…

Durant les deux derniers cours de la journée, je me surprends à dessiner son visage. Les mains de chaque côté de la feuille, prête à la déchirer ; quelque chose m’en empêche. Je la glisse finalement dans mon carnet que je range dans mon sac avant de quitter la salle.

Mon téléphone sonne alors que la porte menant à l’extérieur se referme derrière moi. Je décroche pleine d’espoir devant le numéro du chauffeur en possession de toutes mes affaires et meubles.

– Yuki Yoshida, m’annoncé-je. Vous serez bientôt là ? lui demandé-je d’emblée.

– Justement, j’ai quelques soucis, m’informe-t-il.

Je vois rouge.

– Quand aurais-je mes biens ? réclamé-je en restant la plus aimable possible.

– Pas avant le début de la semaine prochaine, me confit-il.

– Est-ce que vous pouvez m’affirmer avec certitude que dès lundi j’aurais mes affaires ?

– Non, m’avoue-t-il penaud.

Je conclus la conversation et raccroche brusquement.

– MERDE ! hurlé-je en balançant mon sac que quelqu’un récupère en plein vol.

– Tout va bien ? me demande une voix chaude qui me donne des frissons tout le long de la colonne.

Je ne réponds pas, je ne regarde même pas qui vient de me parler. Je suis trop en colère ; comment ai-je pu penser que j’y arriverais toute seule ?

– Ton sac, me dit-il en me le tendant.

– Merci, dis-je en relevant finalement la tête.

Je manque de m’étouffer. C’est encore lui ; je récupère mon sac. Il remonte ses lunettes et j’aperçois des bandages à chacun de ses doigts, de sa main gauche uniquement ; étrange.

– Midorima Shintarō, se présente-t-il sans que je l’écoute réellement.

– Yuki Yoshida.

Il s’apprête à ouvrir la bouche, mais le garçon aux cheveux noirs du terrain de basket arrive pour lui mettre une tape sur l’épaule.

– Shin-chan ! L’entraînement va commencer !

– J’arrive, dit-il sans détacher son regard du mien.

– Mais…

– Takao ! coupe-t-il.

Le concerné s’éloigne, un sourire aux lèvres. Je me sens alors de nouveau gênée. Je baisse les yeux et n’ose plus le regarder.

Je passe mon sac sur mon épaule, mais celui-ci ne veut pas tenir, me mettant encore plus en colère.

– Ça va ? me demande-t-il.

– Oui, réponds-je sèchement.

Mon sac enfin en place, je m’éloigne de lui dans un dernier regard.

– Alimente-toi de ce ressenti, il est puissant, me dit-il.

Je ne me retourne pas. Le trajet se fait en réflexion, ces paroles résonnent en moi ; devrais-je écouter ce que me dicte mon cœur ? La réponse est évidemment oui. En revanche, ce n’est pas aussi simple.

Un magasin à l’enseigne coloré attire mon attention. Je ne réfléchis pas et entre. Un magasin de sport ; le destin m’indique la direction à prendre. J’en ressors, un ballon de basket sous le bras. Je sais ce qu’il me reste à faire.

Le terrain de basket, aux abords de mon domicile, s’offre à ma vue. Mon sac posé à l’entrée, ballon en main, je me place sur le terrain. Les yeux fermés, je m’imprègne de l’aura qu’il dégage. J’attends. J’attends jusqu’au moment où ma main agit par elle-même et se met à dribbler.

Dans ma tête, c’est un « un contre un » qui se joue. Les yeux toujours fermés, j’imagine chacun de ses mouvements, à la différence que cette fois-ci l’issue est différente. Je prends mon temps. Pose le jeu. Respire. J’essaye de forcer le passage, mais sa rapidité est telle qu’elle me bloque. Je m’y attendais, je tente une rotation rapide, en vain.

Je respire. Pose à nouveau le jeu. Je peux le faire, je dois le faire. Je tente à nouveau de passer, mais je ne tente pas réellement une percée. Je feinte, saute et marque un panier à trois points. Je rouvre les yeux une fois le ballon rebondissant sur le sol.

Je remarque cependant que le soleil décline à l’horizon. Je crois bien avoir perdu la notion du temps, alors que dans mon esprit se mouvait à des souvenirs longtemps retenus.

– Un barrier jumper, impressionnant !

Surprise, je découvre Midorima, mon ballon en main.

– Ce n’est pas une technique facile, continue-t-il.

– Je ne suis pas débutante.

– C’est ce que nous allons voir, dit-il simplement.

Il pose son sac, enlève sa veste et retire les bandages à ses doigts. Je remarque alors qu’il tient une statue de grenouille dans les mains, qu’il pose à côté de ses affaires ; décidément de plus en plus étrange.

Midorima me lance le ballon et se place en défense. L’aura qu’il émet est puissante et contrôlée. Pas de précipitation ; je suis rouillée. Le ballon rebondit sur le sol à mesure que je l’accompagne. Mon corps en avant, mon bras droit tendu dans sa direction pour garder une certaine distance.

Il est plutôt grand, traduction : on oublie les trois points. Je vais devoir forcer le passage et marquer de l’intérieur. Son expression est sereine, comme s’il était déjà sûr de gagner, c’est possiblement le cas, mais je ne perdrais pas sans me battre !

Lentement, j’avance vers lui. J’accélère le rythme et tente une percée à gauche. M’attendant à un blocage ; changement de main, ballon en main droite, je tente une nouvelle percée. Il n’aura pas le temps de se retourner et de me bloq…

Midorima, de toute sa hauteur, se tient devant moi ; il est vif. Je recule. Repasse le ballon à ma main gauche ; la plus habile. Je ne peux pas forcer le passage de l’intérieur, je dois tenter de l’extérieur ; oui, j’ai dit le contraire y a peu. Je dribble, passe le ballon entre mes jambes ; je frime, cependant le faire venir à moi sera mon ouverture.

Il se tient tout près, c’est ma chance ! Je feinte une percée à gauche ; barrier jumper, je tire… Interception.

C’est qui ce mec ? !

Frustrée, je me place en défense ; sans perdre ma concentration. Ballon en main, Midorima dribble en s’approchant de moi. Sa percée est rapide, mais je n’ai pas dit mon dernier mot, j’ai encore plusieurs cordes à mon arc ; suis-je encore capable de toutes ? Ma concentration est à son paroxysme. L’espace de quelques millièmes de secondes, je me retrouve devant lui et le bloque.

De la surprise se lit dans ses yeux verts. Il reprend rapidement sa contenance. S’enchaîne une attaque ardue et une défense des plus insistantes. Je remarque une ouverture ; rendu possible dû à ma concentration extrême. Je tape dans le ballon qui roule à l’autre bout du terrain. Midorima, de sa rapidité, le récupère sous l’autre panier. Quelque chose cloche, ne me dites pas qu’il va… Impossible que ça rentre, pas d’aussi loin !

Pourtant la trajectoire à l’air parfaite. Je le vois marcher pour récupérer ses affaires. Il ne prend pas la peine d’aller au rebond, tant persuadé que ça rentre. Le ballon finit bel et bien son vol dans le panier.

C’est à ce moment, alors que le ballon rebondit sur le sol, que je prends conscience.

– Midorima Shintarō…

L'intéressé relève la tête vers moi.

– De la Génération des Miracles ! m’exclamé-je.

Serait-ce un sourire que je vois sur son visage ? Il me fait un clin d’œil et part sans un mot. Je récupère mon ballon, mes affaires et regagne mon appart.

Comment ai-je pu ne pas le reconnaître ? Des questions plein la tête, je sors de la douche. Allongée sur le sol, un match de la Génération des Miracles se joue sur mon téléphone. La vidéo montre un garçon aux cheveux et aux yeux bleu clair, faisant des passes extraordinaires d’une rapidité sans nom.

– Kuroko Tetsu ! C’est lui, le sixième joueur, connu sous le nom de « joueur fantôme » ! m’écrié-je en me relevant.

Tout prend sens, les souvenirs affluent. J’en ai entendu vaguement parler quand j’étais alité, des prodiges du basket avec des capacités exceptionnelles. L’équipe, se composant majoritairement de cinq membres ; Midorima Shintarō ; Kise Ryōta ; Aomine Daiki ; Murasakibara Atsushi ; Akashi Seijūrō. Chacun avec des facultés remarquables. Après trois victoires consécutives aux tournois nationaux inter-collège, chaque membre est parti dans un lycée différent, rejoignant ainsi une nouvelle équipe.

Je finis par m’endormir, des souvenirs plein la tête.

Un an et demi plus tôt - Lycée Asahigaoka contre Lycée Hakuyou

Chrono : trois minutes

Score : Asahigaoka 78 - Hakuyou 82

Quatre points en trois minutes, largement faisable ! Nous devons gagner, c’est notre qualification pour les nationaux qui se joue ; la chance de ma vie.

Chacune de nous se replace. Je suis arrière, shooting guard. Un poste qui demande de la puissante en attaque de longue portée et on est, sans nous vanter, généralement les meilleurs en défense. Ma spécialité : les tirs à trois points, dès que l’occasion est là, je n’hésite pas !

Si nous ne marquons pas maintenant, l’issue du match sera scellée. L’équipe en face met la pression, je me retrouve avec un double marquage. Je sue à grosse goutte, nous sommes toutes épuisées, mais nous devons encore tenir le coup ! Rien n’est perdu.

J’essaye tant bien que mal de me libérer, en vain. Notre meneuse réussit une percée sur la droite, à mon opposé. Une passe rapide avec notre joueuse qui est dans la raquette ; elle ne peut pas marquer. Le ballon repasse à la meneuse, et tente un tir sur la ligne de lancer franc. Et ça rentre !

– Allez ! crié-je.

Score : Asahigaoka 80 - Hakuyou 82

Un trois point et on reprend la tête !

– En défense ! crie notre capitaine.

Aucun problème, je suis en feu, ce panier m’a redonné un coup de boost et visiblement c’est le cas pour le reste de l’équipe. Double marquage sur leur meneuse, mais elle fait une passe à une arrière. Ça a moi de jouer.

« Un contre un », elle ne passera pas. Elle tente une feinte, mais étant plus rapide, je lui pique le ballon et nous courrons jusqu’à leur panier, mais je me fais stopper par la même joueuse qui est revenue beaucoup trop rapidement à mon goût. Je ne me laisse pas démonter pour autant.

Je la sens particulièrement agressive d’un coup ; quelque chose ne va pas. Mon instinct me crie de ne pas poursuivre ce nouveau « un contre un » sauf que je ne peux pas me dérober.

Je pose le jeu, comme j’en ai l’habitude ; je n’ai pas conscience de ce qui va m’arriver. Je dribble, tente une percée à gauche, mais feinte, change de main et tente une percée à droite. J’y arrivais, ma percée allait fonctionner, mais une autre adversaire vient me bloquer. Barrier Jumper, je prépare mon saut, fléchie mes genoux. Je le sens alors, cette ombre au-dessus de ma tête. L’arrière de l’équipe adversaire, enragée, me donne volontairement un coup dans mon genou déjà fragilisé et bandé. C’est le coup de grâce, je perds l’équilibre, sauf que le pire est encore à venir. Mon genou craque en retombant sur le sol. Je hurle de douleur, le jeu s’arrête ; aucune pénalité, l’arbitre n’a rien vu, nous étions dans son angle mort.

Le match, les qualifications en national, la chance de ma vie, tout s’effondre. Je quitte le terrain, mais je sais déjà l’issue, c’est fini, nous avons perdu, peu importe à quel point elles se battent, c’est fini, tout est fini.

Je me réveille en sursaut, je me relève et manque de chanceler. Je pose ma main sur mon genou, tout va bien. J’ai rejoint l’hôpital le plus proche à peine évacuée du terrain. J’ai passé plusieurs examens, mais je connaissais le diagnostic : fracture de l’os, rupture des ligaments croisés, arrachement osseux. Soit opération et des mois et des mois de rééducation.

Je n’ai pas retouché à un ballon depuis, du moins jusqu’à hier… Le basket m’avait manqué. Je n’en referais jamais en compétition, je ne peux pas, je le sais parfaitement. Ce ne sera plus qu’une passion, un loisir.

Je chasse mes pensées et me prépare. Je suis en avance, mais ça me laissera le temps de prendre un petit quelque chose à grignoter avec le premier cours.

J’achète une barre chocolatée que j’engloutis et entre dans la salle, ouverte.

Je sors mon carnet, crayons et vais pour commencer un nouveau dessin, mais la feuille avec le visage de Midorima dépasse. Je la prends, la regarde et elle finit en boule dans la poubelle se situant derrière moi au fond de la classe. J’ouvre mon carnet sur une page vierge et le dessine à nouveau, mais avec plus de détail et de finesse.

Je dessine rarement des visages de personne que je connais, je les invente tous, mais là… Il me hante, j’ai ce besoin irrépressible de le dessiner, de voir encore son regard vert fixer le mien, ses cheveux de la même couleur que moi, sa façon de remonter ses lunettes.

C’est ainsi que je le dessine, lui remontant ses lunettes vertes, des bandages à ses doigts. Son air sérieux, ses cheveux lui tombant devant les yeux. Je ne fais pas attention aux élèves entrant dans la salle, au professeur commençant son cours. Toute ma concentration est portée sur lui, sur Midorima.

La sonnerie annonce la fin de matinée, et la fin des cours pour moi, me sort de mon dessin. Je le regarde quelques instants et mon cœur se réchauffe. En rangeant mes affaires, je quitte le lycée et rejoins mon appartement en passant devant un petit restaurant pour prendre à emporter.

Je mange sur le sol de mon salon vide. Je troque mon uniforme pour un legging et une brassière. Je prends le temps de bander mon genou, je ne veux prendre aucun risque. J’enfile mes baskets et une veste, puis munis de mon ballon et d’une gourde je rejoins le terrain de basket.

Je m’entraîne toute l’après-midi, me réappropriant mon jeu petit à petit, ma rapidité a tout de même grandement diminué. Je ne pensais pas avoir perdu autant en seulement un an et demi…

Une voix se fait entendre, je ne m’en accommode pas et continue de m’entraîner, mais c’est de courte durée. Un jeune homme de grande taille, les cheveux tressés et plaqués vers l’arrière, vient récupérer mon ballon sous le panier.

– Alors comme ça, on essaye de jouer au basket ? me dit-il avec arrogance.

Je ne réponds pas, je le regarde, essayant de paraître invisible, mais c’est peine perdue. Il s’approche de moi, ça façon de se lécher la lèvre en me regardant me donne envie de vomir. Il tend la main vers mon visage, mais je la frappe avant, ce qui, au vu de son regard, n’était pas une bonne idée, mais il n’est pas question que je me laisse faire.

– Tu crois pouvoir faire la maline face à moi ? dit-il en m’assenant une gifle qui manque de me faire trébucher.

– Tu te prends pour qui ? m’énervé-je.

Sa réponse : m’enserrer la gorge de sa main puissante. La panique s’empare de moi, j’essaye de me débattre, mais ça a que pour effet de resserrer sa prise. Il me jette au loin, comme si j’étais une chose immonde. Je tente de me relever, mais il me donne un coup de pied de l’estomac. Il continue de me frapper ainsi pendant ce qui me paraît être une éternité.

Il me soulève par le bras et me balance à nouveau, mon genou cogne le sol amenant avec une vive douleur.

– Laisse-la tranquille, Shōgo ! crie une voix masculine, mais je n’ai pas le temps de voir de qui il s’agit, mes yeux se ferme tandis que je suis étendu sur le sol.

Vingt-quatre heures plus tard

Je me réveille en sursaut. Je suis allongée dans un grand lit. Je retire les draps, un soulagement s’empare de moi en voyant que je suis toujours habillé.

– Reste allongée, m’ordonne une voix alors que je m’apprêtais à me mettre sur mes jambes.

– Midorima, dis-je surprise en levant les yeux vers lui.

Se tenant au chambranle de la porte, vêtue de son uniforme du lycée, il me regarde.

– Comment tu te sens ? me demande-t-il.

– Secouée, mais je vais bien.

– Je suis rassuré, avoue-t-il mais il reprend très vite son air sérieux et faisant semblant que rien ne le touche.

– J’ai dormi longtemps ?

– Toute la journée. Tu étais inconsciente, donc je t’ai ramené chez moi. Je viens juste de rentrer.

– Merde, les cours…

– Ne t’en fais pas, j’ai prévu le secrétariat pour toi.

– Merci, Midorima.

Nous nous regardons, j’ai une envie irrépressible de me lever et d’aller me fondre dans ses bras. Bien évidemment je ne fais rien, je reste assise dans le lit, dans son lit. Le rouge me monte aux joues quand j’en prends conscience. J’ai dormi dans son lit, dans ses draps… Le téléphone de Midorima retentit et j’en profite pour détourner le regard.

Il va dans l’autre pièce pour répondre et je décide de me lever.

Son appartement est spacieux, mais sobre, tout à son image. Des objets en tout genre sont disposés en guise de décoration, je remarque la grenouille qu’il avait avec lui lors de notre « un contre un ». Je découvre un séjour avec une grande télé. Midorima est dans sa cuisine, adossé à un plan de travail.

Sur une commode près de l’entrée, je remarque un cadre. Je le prends et détail la photo : la Génération des Miracles !

– Je vais essayer de venir, entends-je dire Midorima.

Il raccroche et je me tourne vers lui.

– Je vais rentrer chez moi t’inquiète pas, lui dis-je.

– Il n’en n’est pas question ! Tu restes ici jusqu’à ce que je sois sûr que tu es totalement remise.

– Mais…

– S’il te plaît, me coupe-t-il d’une douce voix.

Totalement désarmée, je hoche la tête.

– Si tu veux te doucher, tu peux.

– Merci.

Je marche en direction de sa salle de bain, adjacente à sa chambre, mais je m’arrête.

– Tout va bien ?

– Je n’ai aucune affaire, dis-je penaude. Il faut que je passe chez moi.

– Tu peux à peine marcher, tu ne bouges pas d’ici, m’avertit-il d’un air grave. J’irais te chercher des affaires après mon entraînement.

– Midorima, merci pour tout.

Il balaye mes paroles d’un geste de la main. Je reprends mon ascension jusqu’à la douche, mais je m’appuie sur mon mauvais genou et je tombe. Du moins je serais tombée si Midorima ne m’avait pas rattrapée. Me tenant fermement par la taille, il me remet debout. Je suis si près de lui, je sens sa chaleur corporelle. Ses bras toujours autour de moi, j’ai envie de me coller davantage à lui.

– Tu vas bien ?

– Oui, merci.

– Je vais te soutenir jusqu’à la salle de bain, m’annonce-t-il.

Je passe un bras autour de sa taille et me tiens fermement. Arriver dans la salle de bain, il ne me lâche pas tout de suite, il prend le temps de me regarder.

– Tu vas réussir toute seule ? Tu ne vas pas tomber ? s’enquit-il.

– Je vais me débrouiller, le rassuré-je.

– Je dois aller à l’entraînement, je passerais chez toi te récupérer des affaires.

Je lui donne mon adresse, puis j’attends que la porte se ferme avant de me déshabiller et de filer sous la douche.

Je sors vingt bonnes minutes plus tard. Je m’enroule dans une serviette que Midorima à sortie. J’examine mon genou, il est gonflé, ça devrait aller, il faut simplement que je le ménage.

N’ayant pas de vêtement et ne comptant pas rester avec une simple serviette autour de mon corps. J’ouvre le dressing de mon hôte. Je lui prends un caleçon et son uniforme de son équipe de basket : Shutoku, qu’il a en double.

Midorima ne va pas arriver avant un bon moment et comme je n’ai rien à faire, j’ouvre un peu tous ses placards de cuisine afin de voir ce que je pourrais préparer. Bien que ma relation avec la nourriture soit compliquée, je cuisine plutôt bien, sans me lancer des fleurs.

Le repas prêt, je finis de mettre la table au moment où Midorima passe la porte, les cheveux mouillés.

Il me regarde et ses yeux s’écarquillent. Serait-ce le rouge que je vois lui monter aux joues ?

– Yuki… souffle-t-il en rajustant ses lunettes pour se redonner contenance.

– J’ai préparé le repas ! m’enthousiasmé-je.

– J’ai tes affaires, m’annonce-t-il en me montrant mon sac de sport.

– Merci, lui souris-je.

– J’ai pris tes affaires de toilette et ton sac. Tu comptais vraiment retourner à ton appartement dans ton état, alors qu’il est totalement vide ? me demande-t-il passablement énervé.

Je baisse la tête, c’est vrai que ce n’est pas la meilleure idée que j’ai eue.

– Je t’ai aussi pris ton sac de cours.

Je hoche la tête et m’avance vers lui pour récupérer mes deux sacs, mais il ne me les donne pas. J’essaye de les lui prendre, mais il m’en empêche. Un sourire se profile au coin de sa bouche. Je sautille, mais mon genou n’apprécie pas et je tombe en avant, contre lui.

Mes mains sur son torse, je lève la tête, ses yeux verts m’observent déjà. Son souffle se fait court, je sens son cœur battre plus vite contre ma main. Je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais. Une goutte d’eau, provenant des cheveux de Midorima, me tombe sur la joue. Il vient l’essuyer avec son pouce, sa main caresse ma joue et s’en que je m’y attende, enlaçant ses bras autour de moi, il me colle contre son corps musclé.

Je soupire d’aise, sa chaleur, le contacte de sa peau sur mes bras nus. Je me niche contre son torse et mes yeux se ferment délicatement. Je le sens bouger, et il me soulève dans ses bras, un petit cri m’échappe.

– Qu’est-ce que tu fais ? m’exclamé-je.

– Tu es fatiguée, tu dois te reposer.

– Mais et le repas ?

– On mangera plus tard.

Je soupire, mais me laisse faire. Il m’emmène jusqu’à son lit, se penche et au moment de me poser dessus, il glisse sur le tapis au bord de son lit. Midorima se rattrape pour ne pas m’écraser. Lorsqu’il se relève, il est si près de moi que je sens son souffle sur mon visage.

Le rouge me monte aux joues. Nous nous regardons, ma respiration se saccade, j’aimerais qu’il m’embrasse. Non, j’ai envie qu’il m’embrasse. Instinctivement je me mordille la lèvre inférieure. Les yeux verts de Midorima se fixent aussitôt dessus.

– Yuki…

Il se penche encore un peu, son corps se rapprochant du mien me donnant des frissons. Je le vois cependant hésiter, le doute m’assaillit et doit se lire sur mon visage, parce qu’il sourit. J’ouvre la bouche et commence à former des mots, mais Midorima en profite pour déposer ses lèvres sur les miennes.

Je ferme les yeux et me laisse flotter par ce doux baiser. Son corps se détend à mesure que notre baiser dure. Il me caresse la joue et finit par se dégager.

– Repose-toi, un peu, me chuchote-t-il ne me rabattant la couverture sur moi.

– Midorima…

Il me sourit, m’embrasse sur le front et quitte la pièce en éteignant la lumière.

Je me réveille presque deux heures plus tard. Je rejoins la pièce principale, Midorima est devant sa télé en train de regarder un match de basket.

Je rejoins la cuisine et fais chauffer le plat que j’ai cuisiné. Les bruits provenant du match me semblent familiers, beaucoup trop familiers. Je lève les yeux et c’est mon dernier match qui se joue sur la télé.

Je me dépêche de rejoindre le coin salon, je prends la télécommande des mains de Midorima et éteint. Je ne peux pas revoir ça, j’y pense suffisamment comme ça. Je repose un peu violemment la télécommande et retourne m’occuper du repas.

J’entends Midorima se lever, mais je l’ignore, j’apporte le plat en boitant jusqu’à la table. Je sers et m’installe en silence.

– Yuki…

– Pourquoi tu bandes des doigts de ta main gauche ? lui demandé-je le coupant dans sa phrase.

Il fronce les sourcils, mais je m’en moque. Je ne veux pas parler de cet épisode, c’est suffisamment dur comme ça. Résigné, il finit par me répondre :

– Pour que rien n’impacte mes tirs. Je me lime les ongles avant chaque match, ajoute-t-il.

Je relève les yeux et remarque une statue d’ours à côté de Midorima.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Le porte-bonheur du jour.

Je rigole, mais devant son air extrêmement sérieux je me calme.

Nous ne parlons quasiment pas du reste du repas, mais ça me va, le silence est apaisant et la simple présence de Midorima me fait du bien. Il se lève pour débarrasser nos assiettes qu’il dépose dans l’évier. Je me lève pour aider à ranger quelque petite chose. Il me surprend à le regarder, ses yeux s’adoucissent immédiatement et il se rapproche doucement de moi.

– On ne se connaît pas et pourtant…

Il laisse sa phrase en suspens, il n’a pas besoin d’en dire plus, je ressens la même chose. Sa main caresse ma joue, j’enlace sa taille et il se détend.

Nous restons un moment comme ça, mais je finis par me détacher, mon genou me fait mal. Je m’en vais dans sa chambre récupérer ma pommade et mes bandages. Je m’assois sur le bord du lit et Midorima vient m’aider.

– Je peux le faire.

– Laisse-moi t’aider.

Il applique la crème en me massant délicatement le genou, ça me soulage beaucoup. Je sens mes muscles se détendre. Il bande mon genou et va se laver les mains tandis que je vais ranger mes affaires.

– Te voir dans mon maillot…

Je me tourne vers lui. Le trouble se lit sur son visage, à croire que jamais il n’avait ressenti ça. Je n’ose pas bouger. Midorima s’avance vers moi, je recule instinctivement, pas par peur, simplement son attraction est tellement forte qu’il faut que je trouve quelque chose sur quoi m’appuyer. Le mur vient à mon secours. Midorima se tient à présent en face de moi, encore un pas et nos corps se toucheront.

– Yuki…

– Midorima…

Il fond sur ma bouche, ses mains s’appuyant sur le mur de chaque côté de ma tête. Je le force à se coller à moi et passe mes mains sous son haut, je caresse son…

– Yuki ! Réveille-toi ! Ce n’est plus le moment de rêvasser !

– C’est bon Maman, j’arrive !

Je m’extirpe de mon lit en m’étirant. Ce rêve était… Incroyable ! J'enfile mes chaussons et avance jusqu'à ma porte où je m'arrête la main sur la poignée. Un poster de Kuroko no Basket s'y trouve, je souris en voyant le visage de Midorima, puis je quitte ma chambre pour commencer cette belle journée ensoleillée !


Texte publié par Aihle S. Baye, 23 février 2021 à 14h38
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