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tome 1, Chapitre 17 « Dans l'obscurité » tome 1, Chapitre 17

Danovan

Assis sur le lit, je fixe ma jambe qui tressaute par à-coup. Malgré la musique dans mes oreilles, mes pensées tourbillonnent dans ma tête pour me ramener à ce qu’il s’est passé entre Oscar et moi. Est-ce que j’ai bien réagi ? Je ne me voyais pas profiter de sa présence. Cela n’aurait pas été honnête. En plus, si je l’emploie, j’aurais l’ascendant sur lui…

Mais peut-être que je me suis montré trop brutal avec lui ? Si j’avais dit quelque chose au lieu de rester muet… En même temps, je ne savais pas quoi dire… Je ne suis pas comme lui… Je ne tiens pas à ce que tout le monde sache la vérité. Ça peut m’apporter des problèmes. Surtout quand on connaît l’ouverture d’esprit de mon frère. Je ne veux pas me fâcher avec, il faut bien quelqu’un pour veiller sur lui. Qui aurait le plaisir de venir le chercher chez les flics après qu’il se soit battu dans un bar et est assommé un type avec une bouteille ?

Mon attention se tourne vers la fenêtre. Il en met du temps à revenir le gamin. Je me lève pour aller jeter un coup d’œil dehors. Rien ne bouge.

Un regard à mon portable m’apprend l’heure, mais rien de plus. Normal, je ne sais pas à quel moment, il est parti. Dès qu’il est sorti, j’ai décidé d’écouter de la musique pour me calmer. Depuis, j’ai toujours mes oreillettes. Ça ne m’aide pas, mais je me dis qu’avec je suis mieux que sans.

Serait-il possible qu’il ait quitté le motel ? Peut-être que je l’ai vexé, et qu’il a décidé de reprendre la route. Il ne se voit sûrement pas partager le lit avec moi, après ce qu’il s’est passé. Je peux le comprendre. S’il le faut, je dormirais par terre… Je doute qu’il le souhaiterait.

Mes yeux parcourent la pièce pour s’arrêter sur une forme au sol : le sac d’Oscar dans un coin. C’est sûrement toutes ses affaires qu’il a dedans. Je ne l’imagine pas partir sans. J’aperçois autre chose qui m’indique qu’il reviendra. Son portable toujours en charge. Il n’abandonnerait pas tout, juste pour ne pas me revoir.

Alors que je me retourne pour fixer l’extérieur, la seule ampoule existante s’éteint. Est-ce que ce motel est pourri à ce point ? Dehors, il fait à présent nuit noire. Sans savoir pourquoi je me déplace pour ouvrir la porte. Comme si cela allait ramener la lumière…

Je n’ai pas le temps d’effleurer la poignée que l’électricité se coupe dans la chambre. L’obscurité m’entoure.

– Putain !

Je peste sans que cela ait une incidence. Comment va faire Oscar pour revenir ici dans le noir ? Il n’a pas de lumière ou de téléphone. Je devrais peut-être appeler l’accueil pour demander ce que c’est que ce bordel. Enfin, ça, c’est si j’avais le numéro. Le Wi-Fi doit avoir sauté en même temps que le courant.

Du coup, je récupère mon blouson de moto, j’y glisse mon portable dans une poche et je me décide à sortir pour tenter de trouver mon futur employé. Il ne doit pas être bien loin. Ce motel n’est pas si grand.

Après avoir verrouillé la porte, je me mets en route. La température s’est rafraîchie. Je me demande combien il fait… En vérité, je m’en fiche. Je désire juste m’occuper l’esprit parce que je n’aime pas ce qu’il se passe dans le coin.

À pas lent, je m’avance sans bruit. Si j’avais mieux regardé ce qui m’entourait au lieu de me concentrer sur le gamin, je saurais retourner à l’accueil en vitesse.

Alors que je progresse en ligne droite, des sons résonnent sur le côté. Aussitôt, je me plaque contre le mur. Une silhouette s’approche. De taille moyenne, elle tient quelque chose au bout de son bras tendu. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une arme. En m’y prenant bien, je pourrais la faire tomber. La personne n’a pas l’air à l’aise. Son corps tremble.

Il fait un tour sur lui-même et sursaute en me découvrant.

– Arrière ! Je suis armé !

Je fronce les sourcils. Il me paraît terrorisé.

– Ce n’est pas un zombie comme toi qui va m’avoir !

Rectification, il est juste con. À moins que des gamins jouent à un jeu ?

– C’est toi qui as coupé le courant ?

L’adolescent s’arrête, paralysé.

– Vous n’êtes pas un zombie.

Je réprime mon envie de l’insulter.

– Ça n’existe pas les zombies ! Et si ça existait, tu auras fait quoi avec…

Je m’avance pour mieux distinguer ce qu’il tient entre les mains grâce à la clarté de la lune.

– Un couteau à beurre ?

Penaud, le garçon baisse son arme avant de remettre en place ses lunettes.

– J’ai trouvé que ça dans la chambre…

Me voilà face à un autre client.

– Tu sais ce qu’il se passe ici ?

Il hausse les épaules.

– J’étais avec mon meilleur ami et il a disparu…

– Comment ça, disparut ?

Cette histoire, je la sens moyen.

– Il a voulu aller chercher de l’eau alors que je lui avais dit qu’il ne fallait pas sortir. Il prenait des risques. Les zombies…

Je soupire.

– N’existent pas !

– Ce n’est pas parce que vous n’en avez jamais rencontré que c’est faux. Tiens, c’est comme Fabio, il disait que la fête, elle n’existait peut-être pas. C’est lui qui a voulu qu’on s’arrête ici. Si on avait continué, on serait sûrement à la fête à l’heure qu’il est.

Mais qu’est-ce qu’il me chante ? Je ne comprends rien à ce qu’il raconte.

– Je résume : ton pote est sorti et n’est pas rentré ?

Il hoche la tête.

Exactement pareil qu’Oscar. Je n’aime pas ça. Vraiment pas.

– Qu’est-ce qu’on fait, monsieur ?

Une phrase qui me prouve que je suis face à un gosse. Si seulement, je savais ce qu’on pouvait faire…

– Tu sais s’il y a d’autres clients, ici ?

– Non… Enfin, il y a une femme de ménage. On l’a croisée en entrant dans la chambre…

Une information dont j’ignore quoi faire.

– Je vais à l’accueil. C’est de là-bas qu’on pourra remettre le courant.

Je prends un air assuré alors qu’en vérité je ne sais pas si ce que je dis est vrai. Tout ce que j’espère, c’est retrouvé Oscar sur le chemin. L’adolescent s’approche de moi.

– Je peux venir avec vous. Dans les films de zombies, ils font souvent des groupes pour survivre.

Je sens qu’il va être collant. Enfin tant qu’il se tait et ne me prend pas la tête avec ses mort-vivants, ça devrait aller.

– Tu sais qu’on peut sacrifier le plus faible pour permettre la survie du groupe ?

Il ne répond pas, mais une grimace s’affiche sur son visage. Le message est passé.

– Tu connais le chemin de l’accueil ?

– Euh…

C’est bien ma chance de trouver quelqu’un qui a aussi peu de mémoire que moi. Nous allons progresser rapidement à ce rythme-là.

– Bon, allons tout droit, on finira par tomber sur quelque chose ou quelqu’un.

Il acquiesce et nous nous remettons en route.


Texte publié par Nascana, 12 décembre 2021 à 21h07
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