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tome 1, Chapitre 8 « Une pause bien mérité » tome 1, Chapitre 8

Liam

Fabio me tape sur le bras pour attirer mon attention. Je manque de réactivité. Même si je ne l’avoue pas, je commence à fatiguer à force de conduire.

– Y a le motel pas loin !

Depuis tout à l’heure, je retourne les choses dans mon esprit. Je n’ai pas envie de m’arrêter, mais mon ami sait être convaincant.

– Prends la prochaine à droite.

– Pourquoi ? On pourrait pousser jusqu’à en trouver un autre…

– C’est l’heure de faire une pause. En plus, on ne sait même pas s’il y en a d’autres sur cette foutue route donc on s’arrête quand on le peut.

C’est bien une idée de Fabio, ça. Avec lui, il faudrait faire des pauses toutes les cinq minutes. Avec cet état d’esprit, on ne trouvera jamais ce que l’on cherche. Je suis certain que s’il était seul, il aurait renoncé à la première difficulté. Dès que le GPS n’aurait plus capté, mon ami se serait décidé à rentrer. Ce n’est pas mon cas. Cette fête, je veux la voir. Après tout c’est normal qu’elle soit cachée sinon n’importe qui viendrait.

– Pas besoin de…

Mais je n’ai même pas le temps de finir que mon pote se met à hausser le ton. Quel rabat-joie franchement…

– Si, on a besoin de faire une pause. Ce motel, c’est l’endroit idéal. On en a déjà discuté.

– Mais les motels en général, c’est pourri.

– Oui, mais dans les motels, il y a des gens et les gens on peut leur demander notre chemin.

Je reconnais que le raisonnement se tient.

– Bon, d’accord.

Fabio paraît soulagé.

– Mais on s’arrête juste pour poser des questions et…

– Non, on s’arrête pour se reposer et manger parce qu’on en a besoin.

J’étouffe un soupir.

– On aura la vie pour manger !

– Et si on meurt de soif comme des cons dans le désert, on n’aura plus rien.

Fabio ou l’art de dramatiser les choses. Le connaissant il ne me lâchera pas. À contrecœur, j’accepte de mettre mon clignotant et bifurquer vers le motel. Plus vite on s’arrête, plus vite on repart.

La route nous secoue dans tous les sens jusqu’à ce qu’on arrive à cet établissement. Ce n’est pas de première jeunesse, mais nous ne sommes pas les seuls visiteurs. J’aperçois une petite citadine sur le parking. Au moins, l’endroit est fréquenté.

Je me gare et aussitôt que la voiture s’arrête, Fabio en jaillit comme s’il n’en pouvait plus. À croire qu’il en rajoute exprès pour me faire culpabiliser. Je le suis de manière plus lente. De toute façon, maintenant, c’est sûr qu’on sera en retard pour la fête.

– Ça coûte combien une chambre ?

Je fouille mes poches.

– Je n’ai pas trop de sous…

– Je me débrouillerai m’assure Fabio.

Du coup, je ne dis rien, même si je me sens un peu coupable. J’ai la chance d’avoir un ami toujours présent pour moi. Sans m’attendre, il se dirige vers l’entrée. Je vais lui emboîter le pas, quand je décide de retourner en arrière pour récupérer la carte. Ça sera plus simple pour se repérer. Mes notes sont dessus, ça devrait nous aider à trouver la bonne route.

À l’intérieur, il fait sombre et mes yeux mettent un peu de temps à s’habituer au manque de luminosité. Je discerne pourtant un comptoir avec un vieux type derrière. Le genre un peu crade qui n’inspire pas confiance. Je renoncerai bien à lui parler, mais comme d’habitude, Fabio a pris les devants.

– Nous voudrions une chambre avec deux lits.

Les yeux de l’homme se plissent et glissent sur nous.

– Vous êtes majeur ?

Cette question m’énerve. J’ai l’impression d’être pris pour un gamin.

– Bien sûr que oui.

– Carte d’identité !

L’envie de râler me prend, sauf que Fabio a déjà fourni le justificatif demandé. J’en fais donc de même. Le gérant y jette un rapide coup d’œil avant de hocher la tête.

– Quarante dollars.

À nouveau, mon ami réagit plus vite que moi et pose les billets sur la table.

– Chambre quatre, déclare-t-il en nous tendant une clé.

– Est-ce que vous sauriez où…

J’ai à peine le temps d’ouvrir ma carte que l’homme me fait les gros yeux.

– J’en sais rien. Regarde sur internet, gamin ! Le code pour le wifi est sur le tableau d’affichage dans la chambre.

À comprendre qu’il ne nous dira rien de plus. Fabio me fait signe de le suivre. Malgré mon énervement, je lui emboîte le pas. Dès qu’on se retrouve à l’extérieur, je shoote dans le sable. Un nuage de poussière s’élève pour recouvrir mon pantalon. Intelligence quand tu nous tiens…

– Ça fait chier ! On ne sait toujours pas où est ! Personne ne peut nous renseigner ! En plus, je ne suis même pas sûr de pouvoir relire mes notes tellement elles sont mal écrites !

Fabio éclate de rire devant ma mine dépitée.

– Je t’avais bien dit que des pattes de mouches te joueraient des tours !

– C’est ça fous-toi de ma gueule, ça va vachement avancer les choses !

– Aide-moi à trouver la chambre numéro quatre.

Une grande envie me prend de l’envoyer bouler même si c’est mon meilleur ami. Cependant ce n’est pas en passant ma mauvaise humeur sur lui que je découvrirais où est la fête. Nous continuons à cheminer en silence.

Du coin de l’œil, j’aperçois une silhouette qui pousse un chariot de ménage. Lorsqu’elle s’approche, je me rends compte qu’il s’agit d’une fille à peine plus vieille que nous. Sa peau ambrée ressort sous le soleil, et je ne peux m’empêcher de la regarder. Chose qui ne passe pas inaperçue puisqu’elle relève les yeux vers moi. Je sais que c’est le moment de dire un truc intelligent, il ne faut pas que je perde ma chance, sauf que ma gorge se bloque.

– Bonjour, on cherche la chambre numéro quatre.

Évidemment, il faut que Fabio me devance pour raconter des banalités.

– Vous arrivez au bon moment. C’est celle-ci, déclare-t-elle en nous montrant la porte qu’elle vient de passer. J’ai terminé le nettoyage à l’instant.

– Merci beaucoup.

Je suis de loin la conversation. C’en est rageant. Il faut que je reprenne mes esprits.

– Est-ce que vous pouvez nous aider ? On cherche une fête et on aurait besoin d’aide.

Et je suis là, à déplier ma carte comme le dernier des abrutis, tout en répétant les mêmes mots, en deux phrase. Les paroles de Fabio me paraissent plus intelligentes, soudain.

– Je dois finir le ménage. Mais après, ça ne me gêne pas.

Sans autres mots, elle repart avec son chariot.

– Mais…

– Laisse-là, elle travaille, me rappelle mon ami.

J’ai beau savoir qu’il a raison, je n’ai pas envie de la voir s’en aller cette fille, même si sa tenue est des plus étranges. Sur une robe mauve, elle porte une sorte de haut de survêtement blanc et bleu qui fait penser à un vêtement masculin. En plus, il ne fait pas froid, elle n’en aurait sûrement pas besoin.

Fabio me tire dans la chambre, m’arrachant à la contemplation de la femme de ménage.

– Arrête de la regarder comme ça, c’est limite flippant. T’es amoureux ou quoi ?

Sur ces paroles, je me mets à grogner pour cacher la vérité : cette fille m’a fait plus d’effet que je ne veux l’avouer. J’en ai presque oublié la fête. Quoique… Je pourrais peut-être l’y inviter.


Texte publié par Nascana, 3 mars 2021 à 20h59
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