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tome 1, Chapitre 3 « Hiloy - C'est papa qui va être content » tome 1, Chapitre 3

-L'héritier du clan Doulos, le numéro un. Et maintenant, c'est ton tour.

La jeune fille eut un mouvement de recule quand il s'approcha :

-Mon tour de quoi ?

Il passa un bras autour de ses épaules :

-Ça ne te dis pas de mener une année tranquille ? Sans passer ton temps à craindre ton ombre, à regarder par-dessus ton épaule ?

Sa sœur s'approcha également tout sourire. Hiloy n'était vraiment pas rassurée :

-Je dois entrer dans l'union ?

Ils hochèrent la tête en chœur.

-Mais... mon père.

Le jeune homme effaça l'objection d'un geste de la main :

-Oh, les parents ! Ils n'ont rien à dire sur ce qu'il se passe ici, n'oublie pas. Et puis, tu pourras toujours écrire que tu tentes des duels, bien que tu n'arrêtes pas de perdre. Il appréciera l'effort.

Hiloy eut un rire sans joie et l'adolescent revint vers elle :

-Dis-toi bien que si tu ne te joins pas à nous, tu seras une cible facile pour les autres. Une union des Cinq, on sera imbattables. Personne n'osera s'en prendre à nous.

C'était tentant, elle devait l'avouer. Toi qui voulais des alliés, t'en as quatre tout donné. Enfin, cinq.

-Où est ta chambre ?

Oru lui prit sa carte des mains alors qu'elle se tournait pour répliquer au frère :

-Rendez-moi ça.

La Quatrième nota la croix sur leur carte et lui rendit en souriant. Son frère sourit :

-On t'apportera le contrat, dès qu'on en aura parlé aux autres.

Hiloy les dévisagea l'un l'autre :

-Parce qu'ils pourraient refuser ?

Le jeune homme fronça le nez :

-Normalement non, mais ils sont méfiants. Si ce qui nous est arrivé t'inquiète, dis-toi qu'eux, ils ont eu droit au niveau au-dessus.

Il mit les mains dans les poches en ajoutant :

-Tu me diras, quitte à risquer ta vie pour prendre la charge d'un des cinq du roi, autant viser directement les niveaux les plus élevés.

Hiloy dû admettre que c'était vrai. Tu fais partie des chanceuses au final. Le garçon lâcha soudain :

-Tefpiro.

-Pardon ?

L'adolescent se pointa de la main :

-Mon nom, Tefpiro.

-OK.

Oru tira son frère par le bras en pointant la direction du réfectoire.

-Oui, on va manger. On se reverra, Puînée.

Ils s'éloignèrent tous les deux considérant la discussion terminée. Hiloy n'était pas sûr d'avoir bien suivi tout ce qui venait de se dérouler. C'est papa qui va pas être content. Le chêne en or aux feuilles de diamant qu'était le blason épinglé à leur veston, lui avait confirmé qu'il s'agissait bien des héritiers du clan Jyu. Seulement, à quoi ça m'avance de savoir ça maintenant ? Elle s'assit sur le banc déserté et se perdit dans la contemplation de la cour. Au bout d'un moment de rêverie inutile, la jeune fille se remit debout. Si eux ne veulent pas se battre, il doit bien y en avoir un qui le voudra. Elle partit à la recherche des autres héritiers des cinq. Seulement, Hiloy eut beau parcourir les différents bâtiments, scrutait chaque uniforme, blason ou brassard qui passait à sa portée, elle ne réussit pas à trouver les trois autres.

L'adolescente fut étonnée d'entendre la cloche sonnait pour le dîner. Au moins, ça m'aura occupé. Désireuse de se débrouiller sans carte, elle tourna en rond un petit moment avant de pouvoir regagner le réfectoire. Hiloy n'abandonna pas sa quête pendant le repas et guetta chaque personne qui rentrait. Lorsqu'elle retourna dans sa chambre après ses recherches infructueuses, l'adolescente se laissa tomber sur son lit en soupirant.

Quand Hiloy se souvint soudain que les cours commençaient le lendemain, elle roula en geignant :

-Veux pas y aller.

Elle s'immobilisa un instant avant de se redresser en entendant le haut-parleur :

-Vous êtes priez de regagner vos chambres. Fermeture des portes dans vingt minutes.

Un remue-ménage se fit entendre dans les couloirs. Des pas précipités dans la cour. Le haut-parleur annonça dix minutes, puis les dix dernières secondes. On entendit toutes les portes claquer en même temps. Vint ensuite, le son des serrures qui se verrouillent, enfin le silence tomba sur l'école.

Hiloy se réveilla avant que son réveil ne sonne, persuadée de ne pas l'avoir entendu et d'être en retard. En voyant qu'elle avait un quart d'heure d'avance, l'adolescente préféra se lever pour se préparer. Elle prit ses affaires et passa dans la salle de bain privée en plaignant sincèrement ceux qui devaient utiliser les douches communes. Lorsqu'elle fut prête, la Cinquième jeta un coup d’œil timide dans le couloir pour apercevoir les portes qui affichaient toutes une lumière rouge. Elle referma la sienne en se demandant à quoi pourrait lui servir de pouvoir entrer et sortir quand elle le voulait.

La jeune fille alla s'asseoir sur son lit, le ventre noué d'angoisse à la perspective de ce premier jour d'école avec d'autres personnes de son âge. Elle était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit et se contenta de fixer son réveil pour voir défiler les minutes. N'y tenant plus, Hiloy se leva, vérifia son sac pour la centième fois. C'est là qu'elle entendit les portes s'ouvrirent. Cela ne faisait que la rapprocher du moment où elle devrait se rendre en classe. Elle avait l'impression d'étouffer.

A ce moment, l'adolescente entendit une des filles chanter sous la douche. Cela la fit sourire et elle resta à écouter un moment en essayant de resituer où elle avait pu entendre cette chanson. Le garçon qui nettoie la chambre de maman. De là, les paroles lui revinrent progressivement. Hiloy se mit à fredonner avec la fille quand celle-ci se mit à cafouiller avant de se taire, pour reprendre en sautant un couplet. Hiloy l'entendit rire quand elle mélangea les strophes. Je l'aide ou pas ? La Cinquième s'amusait à écouter l'héritière qui tentait différente version de la chanson pour essayer de retrouver la bonne. Finalement, prenant son courage à deux mains en l'entendant à nouveau finir le refrain et buter sur la suite, Hiloy continua en chantant d'une voix suffisamment forte pour qu'elle entende, mais suffisamment bas pour éviter de provoquer un attroupement à sa porte. De l'autre côté du mur, il y eut un silence. Hiloy se tut, accroupi sur sa chaise de bureau, elle entoura ses jambes de ses bras en se demandant si la fille ne se sentait pas honteuse d'avoir été entendu. Cependant, la jeune fille finit par entendre l'héritière lancer :

-Et après ? C'est quoi la suite ?

Hiloy se mit à rire et continua de chanter.

-Ah oui, c'est vrai ! Merci !

La fille reprit sa chanson tandis que la Cinquième se décidait à aller manger.

Il y avait déjà un peu de monde au réfectoire, mais elle ne repéra pas les héritiers qui l'intéressaient parmi les secondes années présents. L'adolescente mangea tranquillement, un coup d’œil à sa montre l'ayant informé qu'elle était en avance. Bien en avance. Elle se rendit directement devant sa salle de cours après avoir quitté le réfectoire. Assise sur le bord de la fenêtre, face à la porte, elle attendit patiemment, fermant les yeux de temps en temps pour récupérer un peu de sommeil.

Hiloy se réveilla de nouveau en sursaut, en entendant des éclats de voix dans le couloir. Deux garçons arrivèrent qui s'arrêtèrent à proximité de la porte. Celui qui avait des cheveux couleur de lichen portait un blason d'or. Serpent à deux têtes, le clan Razaug. Le second portait un blason d'argent. Bientôt, un groupe de filles arriva, discutant joyeusement. La seule qui attira le regard d'Hiloy fut une fille au crâne rasé avec le E des esclaves gravé sur le front.

Il était très rare de voir des esclaves à présent. Son précepteur lui avait expliqué que si les clans utilisaient des chemins détournés pour anéantir ou prendre la place de leur ennemi, c'était afin d'éviter une guerre ouverte. Car, dans ce cas-là, seul l'anéantissement d'un des clans pouvaient y mettre fin et tous les autres clans pouvaient suivre l'évolution de la situation, voir proposer son assistance à un des camps. Lorsque le clan vaincu était détruit, les survivants pouvaient soit devenir esclave, soit vivre dans la misère dans la zone de départ. Beaucoup choisissait la deuxième option. Cependant, concernant les membres de la grande famille, le chef était en général exécuté et le reste n'avait pas d'autre choix que l'esclavage.

On lui avait expliqué comment se comporter en présence d'esclave. Ils n'existent que pour leur maître. Hiloy n'était donc pas censée ni la regarder, ni lui parler. Elle ne put s'empêcher, cependant, d'observer à la dérobée l'adolescente au regard fixe qui portait le sac de sa maîtresse.

Un groupe turbulent de quatre garçons déboula en criant. L'un d'eux continua dans le couloir jusqu'à ce qu'un de ses amis lui hurle :

-Matior ? Où tu vas ?

L'interpellé regarda autour de lui avec surprise avant de revenir vers eux sous une pluie de rire. Dan le groupe, Hiloy reconnut l'héritier d'or aux cheveux châtains qu'elle avait aperçu la veille sous sa fenêtre. Les trois autres avaient des blasons d'argent. Etait-il possible que les quatre garçons soient du même clan ? Un chef qui privilégierait autant d'enfant du commun prenait le risque de voir trois familles partirent pour joindre ou former un autre clan à la fin de l'école. Il serait sacrément affaibli.

Un nouvel arrivant déboucha dans le couloir. La jeune fille détailla un moment l'adolescent portant un uniforme féminin et du vernis violet. Son regard croisa celui du garçon et elle se détourna aussitôt. Les yeux uniformément noir du nouveau venu avaient quelque chose d'effrayant.

D'autres arrivèrent pour grossir le groupe avant que quatre adultes ne se montrent. Hiloy quitta la fenêtre quand ils ouvrirent la porte. Elle se glissa dans le groupe d'élève qui entrait et découvrit une large pièce où s'alignaient deux rangées de table de deux personnes. Elle vit les autres se jeter dessus comme s'ils savaient où leur place se trouvait. Ce doit être pareil dans les écoles générales. Ils choisissent probablement les places dont ils ont l'habitude. Hiloy se ressaisit et décida d'aller au dernier rang en espérant ne pas se faire remarquer. Elle se cala contre le mur et attendit la suite.

L'un des adultes resta devant le tableau tandis que les trois autres se dispersaient dans la salle. Ils étaient là pour garder l'ordre et prévenir tout tentative d'agression entre élèves.

L'entrée de deux garçons créa un remue-ménage chez le groupe de quatre qui s'était déjà installé. Le garçon aux cheveux châtains ouvrit les bras en criant :

-Meb ! Citseko !

Les deux adolescents eurent un mouvement surpris avant que celui qui portait l'or ne se mette à rire et rejoigne le groupe, tandis que celui qui portait l'argent se contentait d'un demi-sourire et de rester en peu en retrait. Il y eut des accolades chaleureuses alors qu'ils parlaient tous en même temps. Les filles n'étaient pas en reste. Mis à part l'esclave, assise silencieusement, les trois autres filles discutaient activement. A la table voisine de celle d'Hiloy, deux autres riaient. La Cinquième aperçut le couple qu'elle avait croisé la veille et qui l'avait laissé passer dans le couloir. Ils s'installèrent à la deuxième table devant elle.

Le professeur finit par fermer la porte et donna un coup sec et sonore sur le bureau avec sa règle. Les groupes se divisèrent, chacun rejoignit sa place. Une grande fille aux longs cheveux couleur prune vint s’asseoir à côté de Hiloy. Son uniforme était brodé d'argent et la Cinquième dut se pencher discrètement pour tenter de voir son blason, un bâton entouré d'étoile. Connais pas. Quand elle se redressa, Hiloy vit que sa voisine l'observait en souriant. Gênée, l'adolescente lui rendit son sourire en bafouillant des excuses. L'héritière d'argent se contenta de se présenter :

-Falibi du clan Féetérique.

-Hiloy Plilaz.

Avant qu'elles aient pu ajouter quoique ce soit, l'enseignant commença l'appel. Lorsque Hiloy se leva pour répondre à son nom, tout les regards convergèrent vers elle. Voilà, voilà, voilà. Cela ne dura que quelques secondes, mais elle fut soulagée de pouvoir s’asseoir. L'adolescente se concentra, espérant retenir le plus de nom possible. Mais au final, elle ne se rappela que le garçon aux cheveux châtains appelé Elférad, le garçon en uniforme de fille, Indilk, la maîtresse de l'esclave, Vish et sa voisine. Sur un total de combien ? Vingt ? C'est pas si mal. Le cours commença par un rappel des règles qu'on leur avait déjà exposé à leur arrivée.

La journée s’écoula tranquillement pour Hiloy. Elle mangea dans un coin du réfectoire. Personne ne sembla pressé de lui adresser la parole et elle ne s'en plaignait pas. Quand la sonnerie annonçant la fin des cours résonna, elle rangea ses affaires avec un certain contentement. La plupart des élèves s'étaient déjà levés quand l'une des femmes qui se tenait au fond de la salle, lança :

-Concernant la journée de demain !

Ils se figèrent attendant la suite. La surveillante continua après s'être assurée que ses trois collègues ne souhaitaient pas continuer :

-La première activité commencera dès demain.

La salle s'emplit de plaintes et de geignements dont Hiloy ne comprit pas la raison. La femme continua d'une voix plus forte pour se faire entendre dans l'agitation qui venait de saisir les héritiers :

-Les règles vous seront expliquées en cours. Nous vous prévenons pour que vous ne soyez pas pris au dépourvu. Bonne soirée.

Il y eut des ricanements et quelques railleries tandis qu'ils sortaient. Hiloy savait qu'il y avait des activités. Seulement, son précepteur n'étant pas allé à l'école des héritiers, il n'avait pu lui fournir aucun renseignement. Sa mère étant une des cinq, elle avait simplement eu le droit de refuser de participer et pour ce qui était de son père, eh bien, il ne s'était jamais donné la peine de vraiment lui parler.


Texte publié par Astiacle, 1er janvier 2021 à 18h19
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