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tome 1, Chapitre 2 « Hiloy - Il faut que je reste sur mes gardes » tome 1, Chapitre 2

Au premier étage, Hiloy suivit le panneau indiquant le dortoir des filles. Tout en marchant, elle jeta un regard à sa clé où il était simplement marqué "Deuxième étage". L'adolescente monta donc encore, confiante qu'une nouvelle indication la mènerait à sa chambre. Elle ne se trompait pas. Du palier du deuxième étage, la Cinquième pouvait apercevoir la porte au fond du couloir où le blason de sa famille avait été accroché. Ah bah, comme ça, si j'avais un doute. La jeune fille alla directement à la porte, passa la clé dans la serrure électronique et entra. La chambre était spacieuse avec un lit double couvert de larges coussins et de couvertures brodées. Des penderies à même le mur étaient fermées par des portes de bois légères. Hiloy alla aussitôt voir si ses valises s'y trouvaient et découvrit que ses affaires avaient été vidé et rangé avec soin. Pour ce qui était de ses affaires de classe, elle les trouva rangé dans le large bureau de chêne.

Quand la Cinquième eut fini de faire le tour de sa chambre, elle s'affala dans le fauteuil rembourré de son bureau. Ce jour-là était dédié à l'arrivée des héritiers et les cours ne commenceraient que le lendemain. Hiloy jeta un regard à sa montre. Il n'était pas midi. Ça va être long. Elle soupira avant de se décider à aérer la pièce. Les trois grandes fenêtres de sa chambre donnaient sur la vaste cour. Au loin, elle aperçut un autre groupe de bâtiment et, saisissant sa carte, elle en déduisit qu'il s'agissait des endroits où se trouvait les classes.

-Je te dis que c'est par là.

-Mais non. Qu'est-ce que tu veux qu'on aille faire par là ?

Hiloy se pencha pour voir qui parlé. Deux garçons se tenaient sous sa fenêtre, penchés sur leur carte. Celui aux cheveux châtains relança :

-Tu vois bien, c'est par là.

Il pointa une direction sur leur droite. Son compagnon aux cheveux oranges, hocha la tête :

-Ouais, t'as raison, avant de partir sur la gauche.

Le premier croisa les bras :

-Gzadien ! Reviens ici tout de suite !

Son ami revint sur ses pas, embrassa ses lèvres en riant avant de repartir dans la direction opposée. L'autre fini par suivre :

-Et ça te fait rire ! Quel nul.

Hiloy les regarda s'éloigner en se rendant soudain compte de sa solitude. Elle n'avait pu apercevoir les blasons de l'endroit où elle était, mais les broderies en or sur le veston de l'un et d'argent sur celui de l'autre, lui permit de désigner le premier comme un héritier d'une grande famille et le second comme héritier d'une famille commune. Contrairement à elle, ayant grandi dans des écoles générales, ils s'étaient visiblement déjà alliés. Ils connaissaient probablement les trois-quart des héritiers qui peupleraient l'école sous peu, savaient déjà qui croire, qui défier, autant de chose qu'elle ne ferait que découvrir. Il faut que je reste sur mes gardes. Serrant la carte dans sa main, glissant la clé de la chambre dans sa poche, Hiloy se décida à partir en exploration.

En sortant de la chambre, la jeune fille découvrit que la salle des douches se trouvait juste à côté. L'adolescente était soulagée d'avoir une salle de bain privé dans sa chambre. Elle ne se serait sûrement pas sentit à l'aise à l'idée de croiser du monde tôt le matin. La jeune fille jeta tout de même un coup d’œil à l'intérieur pour découvrir de vastes cabines fermées par des portes de bois, contenant douche et lavabo, ainsi qu'un espace pour poser les affaires. Elle ressortit pour aller faire un tour vers les salles de cours, repéra sa classe et le réfectoire, puis continua de marcher tranquillement sans but précis.

Les alentours commençaient à se peupler et elle croisa de plus en plus de monde. La Cinquième aperçut un groupe de filles portant, à leur bras, un brassard jaune. Des secondes années. Elle ne pouvait s'empêcher d'être fière de voir ses connaissances lui servir si vite et lui venir si aisément. Toute à cette pensée, l'adolescente manqua de renverser une héritière qui venait d'en face. Elles s'arrêtèrent toutes deux et les yeux se baissèrent automatiquement sur les blasons. Hiloy ne reconnut pas celui de la fille, mais il était en or. Si je ne me souviens pas, c'est que ce ne doit pas être un clan très important. Quand elle aperçut les diamants sur la fourmi ailée, l'héritière d'or saisit le bras du garçon qui l'accompagnait pour l'écarter du chemin. Hiloy avait l'habitude de ce genre d'attention de la part des serviteurs de sa famille, mais, venant d'étrangers et de jeunes de son âge, cela la gêna soudain. Elle passa en les remerciant du bout des lèvres, les yeux au sol.

Quand ils reprirent leur route, Hiloy releva la tête pour détailler l'uniforme du garçon. La seule différence avec celui des filles était qu'ils portaient un pantalon corsaire sans jupe. Le garçon avait aussi un blason et des broderies d'argent. Héritier d'une famille commune. Elle revoyait encore son précepteur lui expliquer que seuls les héritiers des grandes familles, les futurs chefs, entraient à l'école des héritiers. Cependant, à l'extérieur de l'enceinte protégée de son château, les enfants allaient à l'école générale. Des écoles pour les premiers nés et les autres. Or, si les premiers nés entraient automatiquement à l'école des héritiers, certains des autres pouvaient aussi s'y retrouver.

Il arrivait parfois qu'un chef, considérant qu'une certaine famille lui avait été d'une aide particulière ou pour la récompenser d'une loyauté indéfectible, autorise leur premier né à intégrer l'école des héritiers. Celui-ci porterait alors, l'argent des familles communes, montrant son infériorité aux héritiers d'or. Cependant, c'était sa chance de se marier avec un héritier plus élevé ou de nouer des alliances qui lui permettraient, pourquoi pas, une fois l'école terminée, de créer son propre clan. C'était le plus haut privilège et la plus grande marque de confiance qu'un chef pouvait accorder à une famille de son clan. Je ne crois pas que père permettra que cela arrive chez nous.

La Cinquième poursuivit son exploration et finit par s’asseoir sur un banc pour admirer les montagnes couvertes de forêt qui entouraient l'école. Une cloche se mit à sonner la faisant sursauter. Un coup d’œil à sa montre lui laissa supposer qu'il devait s'agir du repas. Elle bondit sur ses pieds et tenta de retrouver le réfectoire sans carte.

Hiloy arriva parmi les premières et put s'installer tranquillement en prenant ce qu'elle voulait. La nourriture qui se trouvait être au goût de la jeune fille la mit de bonne humeur. Elle profita du repas pour observer les arrivants. Une nouvelle vague d'angoisse la saisit en réalisant que les personnes mangeant seules étaient en minorité. Faut vraiment que je trouve des alliés au plus vite. A la voir à l'écart, on pouvait s'imaginer qu'elle serait une proie facile. Pas sûr qu'ils se tromperaient. La salle finit par s'emplir tellement que la file devant le buffet commença à ralentir. Hiloy tendit l'oreille vers la table voisine quand elle entendit le nom de Jyu.

-Mais si, tu vois bien son brassard.

-D'accord, mais comment tu sais que c'est celui du clan Jyu ?

Hiloy leva aussitôt les yeux pour chercher la personne qui était concernée. Un jeune homme aux cheveux multicolores observait la salle. Sur son bras droit, un brassard jaune et blanc. L'esprit de l'adolescente se mit aussitôt à énumérer. Deuxième année, héritier des cinq. Elle était trop loin pour distinguer le blason sur la poche de poitrine, seulement, si ses voisins de table disaient vrai, il s'agissait de l'héritier de la charge de second conseiller. Quatrième dans la hiérarchie. L'adolescent attendit un peu en regardant la file avant de grimacer et sortir.

La jeune fille resta figée, les pensées se bousculant dans sa tête. Si elle le provoquait en duel maintenant, Hiloy pouvait se débarrasser d'un fardeau avant même le début des cours. Si elle l'emportait, son clan passerait quatrième, et l'adolescent deviendrait héritier de la charge de Hiloy. Au pire, je pourrais toujours écrire à mon père que j'ai essayé, il verra qu'au moins je ne perds pas de temps. Était-elle seulement prête pour provoquer un duel maintenant ? Il faut bien se lancer. Le premier sera le plus dur. La Cinquième se leva brusquement, poings serrés. J'y vais. Elle fit trois pas, s'arrêta, revint en arrière, ramassa son plateau pour aller le ranger et sortit. Une fois dehors, Hiloy tourna un moment en rond avant de retrouver l'adolescent. Son cœur se mit à battre la chamade et elle se tritura les mains, hésitant à l'aborder. Le garçon tourna dans un couloir où elle s'empressa de le suivre, gardant une certaine distance de sécurité. Il suffit de se lancer. Après tout, tu es entraînée pour ça aussi.

Il sortit du bâtiment, Hiloy sur ses talons, les poings toujours serrés. J'y vais. Dehors, ils seraient seuls, c'était le moment où jamais. Elle dévala les marches pour gagner la cour et se figea. Hiloy avait tout envisagé. Quatre garçons, quatre filles etc... mais il y avait un scénario qui, de toute évidence, lui avait échappé. L'adolescente devint hésitante en découvrant la personne qui attendait l'héritier Jyu sur un banc à proximité. Des jumeaux. L'héritier du clan Jyu est deux. Comment je gère des jumeaux, moi ? Je fais quoi s'ils attaquent ensemble ? Elle entendit celui qui venait du réfectoire lancer à son frère :

-Laisse tomber, il y a du monde. On va attendre.

Hiloy fut tentée de tourner les talons, mais se ressaisit. Il faudra bien y aller un jour. Serrant à nouveau les poings pour retenir le tremblement de ses mains, elle s'avança vers le banc, se répétant des paroles d'encouragement. Elle ralentit quand les jumeaux levèrent la tête et froncèrent les sourcils en l'apercevant. Allez, plus vite ce sera fait... une fois proche d'eux, la jeune fille remarqua de légères différences et finit par comprendre que le frère était en fait une sœur portant un uniforme masculin. Avant même qu'ils puissent ouvrir la bouche, elle lança :

-Je vous défie en duel.

Elle passa son regard de l'un à l'autre et ajouta :

-Un seul pour l'instant, si vous voulez bien.

Le garçon la dévisagea avant de lâcher en faisant mine de geindre :

-Qu'est-ce qu'elle a à nous agresser celle-là ? On attendait juste tranquille, là, de pouvoir aller manger et elle, elle nous dit de ces choses.

Hiloy ne s'attendait certainement pas à cette réaction. La fille tapota l'épaule de son frère qui reprit une mine sérieuse :

-C'est à quel sujet ?

La Cinquième se ressaisit :

-Je suis Hiloy Plilaz, du clan...

Il la coupa :

-Je vois bien.

Sa sœur lui tapa l'épaule et, d'un geste, encouragea Hiloy à continuer. Cela ne fit que la déstabiliser davantage.

-Je voudrais avoir un duel avec l'un d'entre vous pour élever mon clan.

Le garçon pointa sa sœur :

-Il faudra la vaincre aussi. On est tous les deux héritiers d'or, donc, si j'échoue, la charge lui revient. Si elle échoue, je reviens. Donc, c'est les deux ou rien.

Je suppose que c'est logique. Hiloy se redressa :

-D'accord.

Ils restèrent sans bouger et elle se sentit obligé d'ajouter :

-On peut faire un duel maintenant.

Le garçon secoua la tête :

-C'est pas possible.

A nouveau, la Cinquième se trouva prise de court.

-Comment ça, pas possible ?

L'adolescent se décala, créant un espace entre lui et sa sœur :

-Assieds-toi donc.

Hiloy lui jeta un regard méfiant :

-Non, ça va.

Le Quatrième haussa les épaules :

-Comme tu veux. Donc, ce n'est pas possible, parce que l'année dernière, nous avons formé une union avec les trois autres. Durant nos années d'école, interdiction de se défier, de tenter de s'assassiner mutuellement. Bref, on veut s'en sortir vivant.

Hiloy resta sans voix. Venait-il de révéler qu'elle ne pourrait pas satisfaire son père ?

-Vous dites qu'aucun de vous ne va tenter de prendre la place des autres ?

Le garçon hocha la tête.

-Mais... pourquoi ? Comment vous allez faire pour élever votre clan ?

Il se pencha en avant :

-Dis-moi, t'en es à combien ?

-Combien de quoi ?

-D'enlèvement, de tentative de meurtre.

Hiloy répondit d'une petite voix :

-Zéro.

Le garçon ouvrit des yeux ronds :

-Sérieux ? C'est mignon. Moi, une fois, une balle m'a frôlé quand je jouais dans notre jardin. Un sniper qui s'est suicidé avant qu'on puisse l'interroger sur son mandataire. Oru, elle, elle s'est fait enlevée quand elle avait sept ans. Le gars lui a coupé la langue.

Sa sœur hocha vigoureusement la tête pour confirmer ses dires. Hiloy marmonna des excuses, étonnée qu'il lui raconte ce genre de choses sur un ton si léger. Le Quatrième continua :

-Après, on a eu des histoires moins graves. Une servante qui a tenté de nous embarquer, le poison dans le goûter.

Il rit en se tournant vers sa sœur :

-Une chance que t'ais voulu nourrir le chien.

La fille sourit de toutes ses dents. Pourquoi ils rient comme si c'était le souvenir le plus drôle de leur vie ? L’adolescent se leva :

-Fais pas cette tête. A partir du moment où on est encore là, on s'en sort drôlement bien. On était moyennement rassuré. Seulement voilà, on s'est retrouvé au milieu d'héritiers ambitieux, sans garde du corps. Puis, Phirand nous a contacté. Comme nous, il était désireux de vivre quelques années sans crise de nerf. Du coup, on s'est allié, jurant de ne pas nous défier. On peut s'entraider aussi... si on veut. Cela dissuade les petits clans de nous chercher des noises.

Hiloy le laissa finir avant de demander :

-Phirand ? C'est qui ?


Texte publié par Astiacle, 31 décembre 2020 à 22h50
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