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Il était une fois, un petit garçon qui vivait dans un village perdu dans les montagnes. En hiver, celui-ci se couvrait d’un blanc manteau hivernal. Arvaïs, car c’était ainsi qu’il se nommait, était un garçon curieux. Il rêvait de trouver la source de la neige.

Par moquerie, des adolescents lui racontèrent qu’il fallait partir seul lors de la nuit de Yule et grimper toujours plus haut dans la montagne. La peur le dévorait peut-être, mais cela n’avait aucune importance. S’il voulait savoir, il devait enfermer cette terreur dans son cœur, faire taire ces sentiments et avancer sans se poser de questions. Dans les hauteurs, il trouverait un temple et devrait y patienter jusqu’à ce qu’on le juge digne d’obtenir une réponse.

Arvaïs naïf, cru de tout son être ce que les autres lui expliquèrent. C’est ainsi que le soir de Yule, il abandonne son habitation de bois et de chaume. Il superposa de multiples tuniques pour se tenir chaud et passe une cape sur ses épaules. Alors que tous se pressaient pour célébrer les rites anciens, lui oubliait les bonbons à la sève de pin et les infusions de cannelle.

Malgré le vent qui lui mordait le visage et les flocons qui tourbillonnaient devant ses yeux, il ne renonça pas. Chacun de ses pas ne faisait que le rapprocher de son objectif. Peu importe s’il avait peur, si son corps était gelé, s’il mourait de faim, si ses muscles souffraient, il continuait.

Le temps passait, mais sa volonté le supplanté. Il finit par atteindre le sommet. Une fois là-bas, il s’arrêta. Rien ne se produisit. Alors en désespoir de cause, il trouva une grotte pour s’y abriter et patienter. Il attendit tous les jours qui suivirent, en proie à plusieurs reprises à une terreur glacée. Il ne cesserait jamais d’attendre.

Petit à petit, la peur le quitta. De même, son corps devient froid et blanchâtre. La neige ne le faisait plus souffrir, il en venait même à l’apprécier. Ce contact doux était le seul apte à lui dessiner un sourire sur le visage.

Un jour, alors que son corps avait grandi, une voix lui parla. Il n’y avait personne autour de lui, mais il ne prit pas peur. Ces paroles n’étaient pas mauvaises. Elles sonnaient plutôt comme des félicitations. On louait son courage et sa ténacité, en lui assurant qu’il avait été reconnu. Puisqu’il aimait tant les vastes étendues de neiges et la fraîcheur hivernale, on lui proposait d’en faire son domaine. Arvaïs deviendrait le protecteur de cette saison. Une divinité crainte et respectée des humains. Quelle avancée pour un jeune garçon qui ne rêvait que d’une chose : savoir d’où venait la poudreuse qui recouvrait les terres en contrebas.

Sans réfléchir plus en avant, il posa la question qui lui brûlait les lèvres. Pour avoir la réponse, le jeune homme qu’il était devenu devait accepter cette position prestigieuse. Comme obtenir ce savoir restait la chose la plus importante au monde pour lui, il acquiesca sans aucune négociation. Cela importait peu. Il n’avait vécu pendant des années que pour entendre cette réponse.

« Cette neige n’existera et n’obéira à présent, qu’à une seule et unique personne : toi ! Comme tu attends de savoir la vérité, la neige n’a fait que t’attendre jusque-là. Maintenant, elle se mettra à ton service. Elle obéira à chacun de tes ordres et te servira fidèlement. Alors il est possible de dire que cette neige ne vient que d’une seule et unique personne : toi-même. Arvaïs, tu es et tu resteras un seigneur des glaces ».

Ces mots déclamés, la voix disparue. Surpris, le jeune homme se tint immobile sur le sommet de la montagne. Les flocons qui le recouvraient petit à petit, n’était aucunement une gêne pour lui. Longtemps, il attendit que quelque chose se passe avant de comprendre que c’était terminé et qu’il lui fallait l’accepter. Alors il se remit en route. Ses jambes descendirent lentement la montagne. Ce chemin, il l’avait gardé en mémoire. Même si chaque rocher, chaque buisson nu lui paraissait inconnu.

Lorsqu’il rentra chez lui, la surprise le saisit. Le village s’était étendu depuis qu’il l’avait quitté. D’ailleurs, ses pas prirent la direction de son foyer, mais il lui fut impossible de l’atteindre. Des hommes se mirent au travers de son chemin, sans l’écouter, ils virent en lui un ennemi.

Arvaïs n’avait pas pris conscience que ses cheveux avaient eux aussi blanchi. De plus, son corps avait la taille d’un adulte, même si son esprit n’avait pas changé. Malheureux, le jeune homme bâti en retraite.

Par dépit, il retourna au sommet de la montagne pour y créer un château de glace. Seul à l’intérieur du palais, Arvaïs attend. Il attend que quelqu’un ait le courage de monter à sa rencontre pour enfin avoir de la compagnie. Il ne cesserait jamais d’attendre.


Texte publié par Nascana, 21 décembre 2020 à 01h19
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