Oana se réveilla dans un lit d'hôpital. Une perfusion ornait sa main. La douleur n'était pas gênante. En fait, c'était plutôt rassurant de ressentir quelque chose, elle avait bien conscience d'être partie très loin.
Son regard papillotant parcourut la chambre : les murs étaient blancs, tant mieux ! elle détestait les tons pastels. Une grande fenêtre horizontale donnait sur le soleil couchant.
Devant elle, assis sur une chaise, quelqu'un patientait. Le contre-jour empêchait la jeune fille de discerner ses traits, mais elle le reconnut quand il se mit à parler :
— Tu es revenue à toi ! Enfin ! Tu vas pouvoir m'expliquer pourquoi tu as incendié ma maison ! Je ne sais pas ce que tu étais allée faire là-bas... mais j'avoue que je me sens beaucoup mieux depuis ce jour-là et... même si c'est complètement irrationnel, j'ai la sensation que c'est lié.
— Depuis ce jour-là ? Simon, il s'est passé combien de temps ?
— Juste trois jours, ne t'inquiète pas. C'est juste que pour moi il y a un avant et un après. J'ai l'impression de m'être réveillé, comme si je n'avais pas vraiment vécu la rentrée de seconde, c'est bizarre.
— Non, ça n'est pas du tout bizarre, je t'expliquerai tout en détail mais d'abord dis-moi : tu as parlé d'incendie ?
— Tu ne t'en souviens pas ?
— Moi aussi j'ai été dans un état second, à la fin de notre exploration. Les autres vont bien ?
— Je ne les connais pas trop...
— Mais tu as bien des nouvelles, non ?
— Tu ne veux pas me raconter d'abord ce que tu as découvert là-bas ?
— Simon, pourquoi est-ce que tu tournes autour du pot ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-moi !
— Ok. Je commence par le pire ou le moins grave ?
Le visage d'Oana se décomposa. Le jeune homme reprit sans attendre :
— Ton amie Zoé est placée en coma artificiel, au service des grands brûlés. D'après ce que j'ai cru entendre, ses jours ne sont plus en danger. Elle va devoir subir plusieurs greffes de peau mais les techniques actuelles sont vraiment bluffantes, tu sais.
La grimace d'Oana lui fendit le visage en diagonale. Il s'empressa de continuer :
— Matthias n'est apparemment pas resté longtemps dans les flammes, il n'a quasiment rien de ce côté-là. Par contre il a une sale fracture de la jambe qui va l'immobiliser un paquet de temps. Il est à cet étage, je te l'emmènerai si tu veux quand tu seras bien reposée.
— Et Pierre ? Tu as commencé par le plus grave n'est-ce pas ? Il va bien donc ?
— Il est sorti du service des grands brûlés en début d'après-midi. Il va se remettre doucement.
— Dis donc, tu es vachement bien renseigné pour quelqu'un qui ne les connaît pas trop !
— C'est que je soupçonne que je vous dois une fière chandelle à tous les quatre, même si je ne sais pas pourquoi...
— De quoi tu te souviens, toi ? Qu'est-ce qui t'es arrivé cet été, pendant ton déménagement ?
— C'est vachement nébulleux... Tu n'étais pas là, je faisais mes cartons, je retrouvais des souvenirs de nos bêtises du collège. Je ne sais pas quand ça a dérapé. J'ai perdu contact avec la réalité. Mes parents étaient stressés par les préparatifs, ils n'ont absolument rien calculé jusqu'à ce qu'on soit bien installés dans la nouvelle maison. C'était trop tard, évidemment. Ils m'ont parlé d'un psy mais je n'étais pas dans l'état d'esprit d'y aller ! Tu crois que ça aurait aidé ?
— Je ne sais pas quel pouvoir on les psys mais d'après ce qu'on a vu, je ne crois pas que ça aurait suffit...
Simon se rejeta en arrière sur sa chaise :
— Tu me racontes maintenant ?
Oana pencha la tête, les yeux dans le vague...
— Je vais te dire ce que j'ai suivi, parce que moi aussi à un moment j'ai décroché... et les quelques bribes qui me reviennent sont en noir et blanc... ou plutôt, en niveaux de gris. Une pluie de particules comme des flocons de neige sale... pas un bruit autour de moi à part, parfois, les voix étouffées de mes amis... Ce monde était si triste ! C'est ce qui était dans ton cœur ?
— Tu crois ? Je ne me rappelle pas mes émotions de la rentrée, je sais juste que j'ai rencontré cette bande de kékés et qu'ils ont choisi de me prendre sous leur aile. J'ai passé beaucoup de temps chez Kévin, on jouait à la console, on s'occupait de sa mobylette ou on faisait de la muscu. Tu te rends compte ? J'étais complètement lobotomisé !
— Tu n'aimes pas les jeux vidéos, Simon ?
— Mais si, je parlais du reste.
— Allez, ça ne devait pas être si terrible que ça, en tout cas quand je te voyais tu n'avais pas l'air d'avoir envie de reprendre ta vie d'avant. Tu t'es acheté une mob ?
— En fait, j'ai déniché un vieux Solex... marmonna-t-il.
— Haha ! J'en étais sûre ! Je pourrais faire un tour avec toi ?
— On recommence comme avant alors ?
— Tu crois vraiment que c'est possible ?
— Je ne sais pas... Mine de rien, j'aime bien mes nouveaux copains.
— Et moi je ne referai pour rien au monde les erreurs qui t'ont conduit à devenir un genre de mort-vivant !
— Oh, dis, t'exagères Oana, là !
— Bon, d'accord. Un possédé.
Devant l'air agacé de son ami, elle se dit qu'il était temps de lui raconter tous les détails qui lui revenaient de l'escapade dans la vieille maison.
— Purée, conclut-il quand elle eut terminé son récit, je ne pensais pas que c'était grave à ce point ! En somme, je te dois la vie ?
— Aucune idée. Ta vie consciente, sans doute. Il n'avait pas l'intention de te faire mourir en tout cas, pour une fois qu'il arrivait à rester en quelqu'un... pauvre petit fantôme.
Simon allait répliquer mais une infirmière toqua à la porte.
— Ah ! Mademoiselle est réveillée !
Il s'éclipsa.
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