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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Pendant de nombreuses semaines, tout coula de source entre eux quatre. À ceci près qu’Oana se tenait ouvertement loin de Pierre.

Au lycée, ils avaient pris leurs marques. Matthias s'était fait sa place dans le journal, il avait réussi à dompter le caractère de la fille de terminale, et trois articles portant sa signature étaient parus dans le deuxième numéro. Sa plume était d'assez bonne qualité, son regard, original. Ça avait l’air de plaire au lectorat.

Simon, lui, s’était rasé la tête et commençait à changer de silhouette. Il ne déparait plus dans sa nouvelle bande. Oana ne cherchait plus à lui parler directement, il n’avait plus de conversation. De ce qu’elle en savait, c’était pareil avec tout-le-monde, pas seulement elle. Ça ne gênait pas ses amis, qui n’étaient pas portés sur le verbiage. Mais c’était vraiment étrange. Il avait dû avoir un choc énorme pour changer à ce point ! Un genre de mutisme traumatique ? Si elle n’avait pas été si timide, elle aurait contacté ses parents. Elle n’avait rien trouvé de notable dans les journaux de l’été, mais c’était peut-être un événement intime qui l’avait bouleversé.

Elle finit par se dire qu’elle devrait entrer en contact avec sa bande, même s’ils ne parlaient pas beaucoup, elle obtiendrait peut-être des indices. Ce genre de personnes ne l’intéressait pas mais elle s’en sentait le devoir. Elle apprit que celui qui menait tout le monde se prénommait Kévin.

— Quelle originalité ! S’effara-t-elle.

Matthias l’accompagna dans ses tentatives d’approche. Il avait un certain entregens et, surtout, il était sincèrement intrigué par les personnes différentes de lui.

Pendant ce temps, Zoé tentait d'introduire Oana aux arts occultes. Cette dernière n'écoutait pas vraiment, elle guettait surtout les questions de zombies et de voyageurs astraux s'étant fait voler leur corps.

— Tu ne crois pas que ça pourrait être ça qui est arrivé à Simon ? Il a tenté une décorporation et il n'a pas pu rentrer dans sa peau, une âme errante avait pris sa place… Si ça se trouve, il voulait communiquer avec moi !

— Il ne t’a même pas envoyé un texto dans l’été… Quand on veut communiquer avec quelqu’un, on commence par le plus simple. Et puis, même s’il était assez tordu pour préférer des moyens aléatoires à un bon coup de téléphone, il faut être super fort pour réaliser une sortie de corps. Méditer depuis des années… Tu l’as déjà vu faire ça ?

— Je sais pas moi ! On ne passait pas cent pourcents de notre temps ensemble ! Seulement quatre-vingt...

— Impossible, je te dis.

— Tout ça parce que c'est un pote à moi... tu ne crois pas qu'il vaille quelque chose. Mais je choisis bien mes amis ! La preuve, vous êtes extraordinaires, Matthias, Pierre et toi !

Zoé sourit mais la discussion fut close. Il y avait des moments où il ne fallait pas essayer de discuter avec Oana, surtout s'il s'agissait de Simon.

Celui-ci continuait à l'ignorer ostensiblement, même si Kévin commençait à se laisser approcher. Rien de plus que des « bonjour » et des « ça va » pour l’instant, mais c’était un bon début.

Pierre n'était pas là tout le temps, il n'avait pas les mêmes horaires. Parfois lorsqu'il les rejoignait, Matthias, Zoé et Oana étaient en pleine discussion, et ils se taisaient lorsqu’il arrivait assez près pour les entendre. En réalité, ils parlaient juste de leurs cours, mais il s’imaginait autre chose. Ça l'agaçait. Dans ces cas-là, il proposait une balade, s'ils avaient du temps devant eux. Alors ils sortaient discrètement du lycée et gagnaient la rivière. Ils ne s’étaient encore jamais fait prendre.

De plus en plus souvent, Zoé et Matthias partaient en avant, et Oana se retrouvait seule avec Pierre. Un silence gênant s’installait alors. Pafois la jeune fille faisait semblant d’écouter très attentivement les remous de l’eau ou le vent dans les branches. Parfois elle posait des questions à son compagnon, à propos des cours ou de cinéma, juste pour rompre la glace. Sur les films il restait intarissable, bien qu’un peu méfiant. Il n’y avait pas de raison pourtant, elle aimait bien l’écouter. Sa voix lui plaisait. Néanmoins elle prenait toujours soin de marcher sur l’autre bord du chemin.

Un soir, elle était restée un peu plus tard avec Matthias pour renouveler leurs essais auprès de Kévin.

— Salut les intellos ! leur lança-t-il en sortant du gymnase.

— Salut Kévin, tu vas bien ? demanda Oana.

Il eut un sourire torve.

— Ouais, mais je sais que t’en as rien à foutre ! J’ai pigé ton manège, tu sais, je suis pas débile malgré ce que tu crois.

— Euh… non… je ne crois rien…

— J’admets, coupa Matthias, que si tu n’avais pas pris Simon sous ton aile j’aurais été un peu moins empressé à faire ta connaissance. Est-ce que ça te convient ?

Le garçon baraqué haussa les épaules.

— Allez-y, crachez votre morceau ! J’en ai marre de vous avoir, collés à mes basques.

— Qu’est-ce que tu penses de lui ? demanda l’apprenti journaliste.

— C’est quoi cette question ? J’en pense rien ! Il est cool. Un peu mou mais toujours partant pour faire des trucs.

Il baissa la voix.

— Vous savez, des trucs… pas très légal ! Il fait à ma place, c’est nickel. Pour le reste… il dit jamais grand-chose. Quand j’y pense, je crois qu’il parle jamais le premier. Il pose pas de questions. Ça me va.

Kévin s’éloigna. Oana restait interdite.

C’est alors que Matthias aborda un autre sujet.

— Bon ! Le bonhomme est irrécupérable, apparemment ! Donc on va pouvoir causer. On n’osait pas trop vous le dire, mais Zoé et moi on est ensemble. Enfin j’imagine que vous aviez remarqué, de toute façon. Du coup, ce qui serait cool, c’est que tu t’intéresses un peu à Pierre. Je sais que tu lui plais, et je ne crois pas qu’il te déplaise. Alors si tu pouvais arrêter un peu de penser à ton ex…

— Eh ! Je ne suis jamais sortie avec Simon ! On était amis, c’est tout. Meilleurs amis. T’as déjà perdu ton meilleur ami ? Essaie, tu verras si c’est facile d’arrêter d’y penser !

— OK, si tu le dis… Raison de plus pour envisager Pierre, alors. Carpe diem, comme on dit ! La vie ne passe qu’une fois ! Je ne sais pas combien de temps il t’attendra. Je crois qu’il y a une ou deux filles qui lorgnent sur lui dans sa classe, je dis ça, je dis rien…


Texte publié par Lilitor, 5 octobre 2020 à 18h10
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