Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 11 « Anniversaire partie 3 » tome 1, Chapitre 11

Clifford 1995 (34 ans)

Ma mâchoire se serre à la dernière phrase dite. Je fais semblant de ne rien avoir entendu. Après tout, c’est vrai que je pourrais être son père. Précoce, mais tout de même son père… C’est souvent comme ça. Elle a l’air d’une gamine, et moi, je fais plus vieux que mon âge. Normal que les gens pensent ça de nous. Au moins, maintenant on peut être proche sans que cela soit interdit. Je crois que c’est un des points qui met le plus en joie, Mo.

De retour devant la vendeuse, je lui fais part de mon choix. Elle acquiesce puis me donne le prix. Je récupère mon portefeuille pour en tirer un billet qu’elle encaisse aussitôt. Autant chasser les mauvaises pensées, la seule chose qui compte c’est mon ange. Je veux lui faire plaisir pour ce jour particulier. La vendeuse me tend deux pailles. J’ai décidé de prendre deux grands verres d’eau pétillante pour faire passer ce goûter copieux. Après un remerciement, je regagne l’intérieur.

– Tu t’emmerdes pas avec un vieux comme ça ? Ça ne doit pas être l’extase tous les jours ou toutes les nuits, ricane le blond à l’attention de ma compagne.

Il commence à me chauffer les oreilles, le petit con.

– N’importe quoi ! Mon amour est un amant tendre et endurant. Je suis très bien avec lui, mieux qu’avec n’importe qui.

Je cherche où m’échapper. Pourquoi faut-il qu’elle en rajoute une couche ? En en faisant profiter toute la terrasse en plus. Je sens plusieurs paires d’yeux sur moi, mais je les ignore. Ces gens, je ne les connais pas donc leur avis m’importe peu.

À grands pas, je m’avance vers la table. Avant de m’asseoir, je tarde mon regard noir sur les ados présents.

– Un problème ?

Brusquement, le type baisse la tête avant de décider qu’il est temps de partir. Avec son ami, ils débarrassent le plancher, alors que je m’installe face à Mo. Sa main prend tendrement la mienne. Elle me sourit. Quand elle me regarde, je me sens toujours meilleur que je ne le suis réellement.

Mon attention se pose sur ce qui nous entoure. Je ne me serais pas installé instinctivement dans ce sens. Je tourne le dos à la place, ça peut être dangereux. À gauche et droite, le monde nous protège, il sera difficile de nous attendre… Si j’étais face à la rue…

– Cliff ?

Je tourne la tête vers mon ange.

– Tout va bien. On est en sécurité.

Elle a deviné mon trouble.

– Désolé. Déformation professionnelle.

Je ne peux pas m’en empêcher. Mon attention est toujours prise par ce qui m’entoure. Je cherche un moyen de replis et une position qui limite les dégâts. Cependant me concentrer sur Mo n’a rien de déplaisant. Elle est si gentille, si douce avec moi. Elle exprime sans peur son amour. Il n’y a aucun doute, jamais chez elle.

Le serveur arrive pour déposer deux assiettes pleines devant nous. Un sourire éclaire le visage de mon ange. Avec délicatesse, elle tourne l’assiette qui contient la crêpe comme si elle cherchait l’angle le plus esthétique pour la contempler. Ça me fait rire. C’est tout elle. Son milk-shake termine à sa droite alors que l’eau pétillante prend place sur sa gauche.

De la musique se met à résonner, lui faisant porter son regard vers l’estrade qui a été monté au début de l’été d’après le magazine gratuit que j’ai récupéré. Je savais qu’il y aurait un concert à cette heure. Par contre, je ne suis pas sûr qu’on puisse y assister en entier. Enfin, nous verrons bien. De là, où je suis positionné, je discerne bien le groupe qui teste ses instruments avant de commencer à jouer. J’espère que ce sera intéressant. Pour moi, ce sont d’illustres inconnus, mais cela ajoutera un petit plus pour l’anniversaire de Mo.

Brusquement, un objet vole jusqu’à toucher mon épaule. Il finit son voyage au sol. En y regardant mieux, je m’aperçois qu’il s’agit d’un morceau de papier. En relevant les yeux, je vois mon ange avec une paille dans la bouche. Elle a l’air de bien s’amuser. Je comprends qu’elle vient de souffler dans le tube pour faire partir l’emballage. Je soupire.

– Mo ! Tu as quel âge, franchement ?

Cela la fait rire de plus belle. En vérité, elle m’a surpris. C’est agréable. Elle est ainsi : enthousiaste, pleine de vie et étonnante.

Je me penche pour récupérer le déchet. Autant ne pas trop salir le coin, il est plutôt plaisant.

Alors qu’elle continue à pouffer, son attention se tourne vers le concert qui commence. Un sourire se dessine rapidement sur le visage.

– Il y a vraiment un concert à cette heure-ci ?

– Pourquoi tu crois que je t’ai amené-là ?

– Merci. Même si tu es un vieux râleur, je…

Elle ne termine pas sa phrase par manque de temps. Un morceau de papier s’écrase sur son front lui faisant froncer les sourcils. Ma paille à la main, je me sens fier de moi.

– Hé ! Ce n’est pas juste ! Tu vises mieux que moi !

C’est à mon tour de me marrer de sa mine déconfite. Je la trouve tout bonnement adorable. Elle se saisit en vitesse de ses couverts pour les planter dans mon repas d’un air résolu.

– Puisque c’est ça, je te prends un morceau de ta crêpe !

Cette remarque me fait sourire.

– Si tu la veux en entier, je te la donne, mon ange.

Mo lève les yeux au ciel.

– Tu n’es pas drôle. En plus, tu en profites parce que tu vises bien !

– Je t’apprendrais si tu veux.

Ses grands yeux bleus se posent sur moi.

– Vraiment ?

– Oui.

Elle se lève en catastrophe pour venir m’enlacer. Ses mains entourent mes épaules. Je m’en sens toujours gêné. On se fait remarquer quand elle fait ça. Seulement lorsque je vois son sourire, je suis incapable de lui dire quoi que ce soit. Elle a trop souffert. Moéna a besoin de faire ses gestes pour être rassurée. Je sais qu’il lui faut du contact pour se sentir bien. C’est pour cette raison que je la laisse m’étreindre, ou pendre ma main quand elle en ressent le désir. Après tout, à présent cela ne pose plus de problème.

– Merci beau gosse, tu es le meilleur.

C’est vite dit.

– Ta chantilly fond à cause de ta crêpe !

En vitesse, Mo retourne s’installer à sa place. Elle coupe un petit morceau. Du chocolat brûlant en sort. Le dessert finit planté sur sa fourchette qu’elle me tend.

– Goûte !

Je me prends au jeu. Après tout, ça ne me dérange pas. Du moment qu’il n’y a pas de crème chantilly, ça me va. Je saisis la bouchée qu’elle m’offre. Une forte saveur de cacao se dépose sur ma langue. Ce n’est pas de la vulgaire pâte à tartiner industrielle, c’est du chocolat fondu. Je comprends la réputation de l’endroit.

– Alors qu’est-ce que tu en penses ?

– C’est très bon. Je suis sûr que ça va te plaire.

Mo se hâte pour déguster sa crêpe. J’en profite pour couper un morceau de la mienne. Avec avidité, elle avale la gourmandise.

– Caramel beurre salé, s’écrit-elle brusquement.

Je n’imaginais pas que des choses aussi banales la rendraient heureuse à ce point. Nous terminons tranquillement notre repas, pendant que les doigts de ma compagne viennent se glisser sur les miens. Le concert n’est pas fantastique, mais cela ajoute un plus. De toute façon, je n’avais pas vraiment le temps d’organiser plus de choses. J’aurais voulu que la journée soit grandiose, seulement je manquais de moyen. Au moins, ça lui a fait un peu plaisir. Maintenant, je l’emmène faire son tatouage. Ça fait plusieurs semaines qu’elle me rabâche les oreilles avec la rose qu’elle souhaiterait sur le bras. J’espère vraiment que cela lui plaira.

Mo récupère son milk-shake pour me le tendre.

– Tu en veux ?

Je secoue la tête. Les machins qui sentent la banane ça ne me fait pas rêver. Elle hausse les épaules, avant de le boire. Une fois cela fait, elle le repose sur la table.

– On y va ?

Elle hoche la tête. Je me mets en route, Mo sur les talons.

Après quelques pas, nous arrivons à proximité d’une fontaine. Des gens y sont assis sur le rebord. Il y trempe avec joie leurs bras ou leurs pieds. Je les comprends la température est encore chaude, même si elle n’a plus rien à voir avec celle excessive qu’on a connu dans les derniers jours. D’ailleurs, je cherche de l’ombre. Ça sera mieux pour Mo et sa peau sensible.

– Cliff, attends !

Je me retourne surpris.

– Un problème ?

Elle se rapproche afin de venir se blottir dans mes bras. J’hésite, mais finis par l’enlacer tendrement. Je sais qu’elle en a besoin. J’ai sans doute été trop brusque. Son corps se détend contre moi. C’est étrange de voir à quel point ma présence la rassure. Une pensée me traverse et je me sens idiot. Dans un sens, je m’en veux. J’ai oublié de prendre sa main dans la mienne.

– Allons à l’ombre.

– Attends…

– Tu vas prendre un coup de soleil !

Ses yeux bleu pâle me fixent.

– Embrasse-moi, Cliff !

L’espace d’un instant, je ne bouge pas. L’idée de faire ça en public me met toujours mal à l’aise pourtant je sais qu’il m’est permis de le faire à présent. Seulement, savoir que tout le monde nous regarde m’est désagréable. Je chasse l’appréhension puis me penche vers elle. Ses lèvres m’accueillent avec douceur. La chaleur de sa bouche sur la mienne est un véritable plaisir. Je passe les doigts dans ses cheveux pour caresser sa nuque. Elle frissonne. Ses bras se nouent autour de mon cou. Je ne sais pas combien dure cette danse sensuelle. Au contact de mon ange, le temps n’est plus le même. Cependant, je me calme et revins sur terre, nous avons rendez-vous.

– On devrait y aller, si on ne veut pas être en retard.

– Où ça ?

Je lui fais un clin d’œil.

– C’est une surprise.

Elle acquiesce avant de saisie la main que je lui tends. Ce coup-ci, je n’ai pas oublié. Le sourire qui illumine son visage est ma récompense. Nous nous remettons en chemin. Mon regard croise celui d’une mère de famille qui me foudroie. L’envie de l’envoyer balader me prend, mais je ne dis rien. À quoi bon… Je perdrais juste du temps pour rien.

À l’arrêt de bus, nous essuyons les mêmes attentions. Mo ne semble pas en avoir conscience. Je me demande si elle le fait exprès ou si elle n’en a réellement rien à faire. Je suis mitigé sur la réponse. Le véhicule tant attendu s’avance. En levant la tête, j’aperçois un quatre doré à côté de la direction. Coup de chance, c’est le nôtre. D’un geste de la main, je fais signe à mon ange de me suivre, alors que nous nous engouffrons à l’intérieur. Je poinçonne deux tickets puis nous allons nous installer vers le fond.


Texte publié par Nascana, 8 mars 2021 à 01h57
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 11 « Anniversaire partie 3 » tome 1, Chapitre 11
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2613 histoires publiées
1165 membres inscrits
Notre membre le plus récent est ShiroiRyu
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés