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volume 1, Chapitre 16 « Comment les Couleurs s’en sont venues sur la Terre » volume 1, Chapitre 16

En bas, il y avait le ciel.

En haut, il y avait la terre.

Entre les deux, il y avait le tonnerre.

Ainsi en avaient décidé les ancêtres. Un jour qu’ils marchaient au milieu des ténèbres, ils contemplèrent le ciel et s’interrogèrent. En haut, tout était de noir, sans forme ni conscience. En bas, tout était blanc, informe et inconscient. Entre les deux, tout n’était que nuance de noir et de blanc, pâle et sans essence. Cependant un jour qu’ils se promenaient, ils arrivèrent au bord d’une rivière dont le bruit était semblable au tonnerre. Bien sûr, comme tout, elle était de noir et d’ébène. Déçu les deux premiers frères se retirèrent et cheminèrent de concert dans la forêt jusqu’à une clairière et s’allongèrent, où ils ne tardèrent pas à être emportés par le sommeil, mais pas le benjamin qui était demeuré en arrière.

Assis sur la berge, il observait la lumière blanche qui frappait la surface miroitante. Par un instant, il croyait voir des éclats qui n’étaient ni noir ni blanc, encore moins de nuances de noir et de blanc. Curieux, il comprit bien vite qu’il les verrait au mieux s’il se tenait au plus de la rivière et ce fut ainsi que le retrouvèrent bientôt ses frères, les quatre fers en l’air, la tête à l’envers. Aussitôt ils s’esclaffèrent et se moquèrent, pourtant il n’en prit guère ombrage et les invita, au contraire, à faire de même. Surpris, ils regardèrent, se considérèrent, parlementèrent.

De quoi auraient-ils l’air les quatre fers en l’air ?

Mais, ils étaient seuls, seuls avec leur frère qui observaient la rivière, la tête à l’envers. Alors ils acquiescèrent de concert et obéir. Cela leur fut difficile, car ils n’étaient ni souples ni sveltes, surtout le second avec son ventre plus gros qu’un tonneau. Finalement, après moult contorsions, craquaisons et élongations, ils furent tous deux les quatre fers en l’air et s’émerveillèrent de la vision. Ni blanc ni noir, pas plus les nuances des deux, devant leurs yeux ébaubis se donnait un spectacle merveilleux. Hélas, qu’ils se relevassent et les images s’évanouissaient aussitôt. Dépités, ils interrogèrent leur frère qui souriait de toutes ses dents. Redressé, il leur ordonna de la suivre jusqu’à un lac qui se trouvait à quelques lieux en aval. Là, il enjoignit son frère en second de prendre la plus grande inspiration qu’il lui fut possible, puis de souffler le plus fort possible sur l’immensité liquide, jusqu’à ce qu’elle gèle à fendre pierre. Creusant son ventre, aussi fort qu’il put, il aspira l’air à grandes goulées au point de manquer d’arracher le ciel à la terre, puis déchaîna le borée, qui métamorphosa l’étendue miroitante en une étoile de glace. Ainsi fait, l’aînée, de ses bras immenses et puissants souleva le cristal et le donna à ses deux frères qui le lancèrent le plus haut qu’ils purent dans les airs. À l’instant, où le prisme traversa les rayons du soleil, de nouveau les merveilleuses visions éclatèrent et l’aîné le frappa alors de toutes ses forces, brisant à jamais la cendre lumière. Pendant ce temps, des gouttes d’une lumière comme il n’en avait jamais été sur terre et dans le ciel se dispersaient, colorant les cieux et les mers, les terres et les chairs.


Texte publié par Diogene, 20 avril 2021 à 18h49
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