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volume 1, Chapitre 19 « Une Exécution » volume 1, Chapitre 19

Je remercie Yuri Yukino qui m'a permis de donner ma propre vision de Mère Linnea Agnese de Vaastiriäs, reconnue comme apostat par la Sainte Eglise de Lathium et condamnée à mort.

« Il est des nuits qui semblent habitées par les songes les plus sombres de l’humanité »

— Très-Haut, que sont devenues vos rêveries ? songeait-elle.

Dehors, la lumière semblait enveloppée d’une brume blafarde. Malgré cela, elle était éblouie, presque aveuglée.

Ses geôliers l’avaient traînée avec rudesse sur le sol pierreux, puis lui avaient passé, sans douceur, leurs bras sous ses aisselles afin de la soulever. Ses pieds heurtaient chacun des degrés de l’escalier. Tout en haut, elle avait aperçu la tache sombre des portes de l’in pace. Un sourire amer étira fugitivement ses lèvres ; personne ne l’avait remarqué. Éclairé par les torches suiffeuses, le visage de ses gardiens apparaissait pour ce qu’ils étaient. : des hommes dans la force de l’âge au regard taiseux, pour qui la voix terrestre de l’Église était la seule sur cette terre. Ils étaient partis d’un grand éclat de rire lorsqu’ils étaient enfin arrivés devant les lourds battants de chêne qui les séparaient de la cour. Ni larme ni cri ne s’étaient échappés de sa gorge. À la place, elle leur avait opposé le silence. Sans doute, y avaient-ils vu une marque de mépris de sa part, car l’un d’entre eux, le plus âge lui avait-il paru, l’avait frappée. Sa main avait heurté sa joue déjà tuméfiée, lui cassant une dent au passage. Détachée, elle avait vu sa main se lever, décrire la courbe qui la conduisait jusqu’à son visage.

— Je tendrai l’autre joue, avait répondu le prophète à Simon.

Tandis que ses geôliers la précipitaient par l’embrasure, elle avait savouré toute l’ironie de sa parole. Que penserait le Très-Haut en contemplant l’œuvre de ceux qui se réclamaient ses enfants ?

Déchaînerait-il sa colère, ou bien les regarderait-il avec tristesse, constatant le chemin d’égarement sur lequel ils s’étaient engagés.

Aveuglée, alors même l’orbe solaire émergeait à peine de sa torpeur, encore baignée de cette aube mâtinée de brume, elle n’avait même pas tenté de placer une main sur son front pour en atténuer la vision. Floues, les silhouettes silencieuses de ses bourreaux l’observaient. Plus haut, ceux-là qui se proclamaient juges et justes. Quand bien même n’aurait-elle pu les reconnaître, qu’elle aurait pu les nommer.

Des noms, des ombres, des aubes.

Du regard, elle avait balayé l’assemblée, cependant qu’on la traînait vers ce mur d’infamie tandis que le secrétaire perpétuel lisait l’acte. Encore, les pierres portaient en leur sein les sinistres échos de ses presque frères et sœurs, dont on avait fait exemple par le passé. Une mort lente et infamante, comme un sinistre avertissement à ceux ou celle qui tenteraient d’emprunter une autre voie sur le chemin de la foi. Puis cela avait été le silence, brisé par un cri perçant, une syllabe perdue dans l’abîme qu’était cette cour cernée par des fantômes.

Maintenant, c’était l’instant.

Une pierre avait volé. Le lancer manquait de précision et du sang avait envahi sa bouche lorsqu’elle avait heurté sa lèvre, fracassant sa chair sur ses dents. En face d’elle, le spectre d’une femme se dressait devant elle. Au travers du voile qu’elle portait sur la figure, elle apercevait sa lourde chevelure brune, dont ne dépassaient que quelques mèches.

— Vous rappelez-vous, désormais mère Linnea, murmurait-elle.

De dessous son étole écrue, une main était sortie. Sa carnation était pâle, presque crayeuse tant elle n’avait presque jamais vu l’œuvre du soleil. Derrière elle, une arcade couverte de glycine en fleurs laissait passer les rayons d’une étoile lointaine.

Autour d’elle, les pierres volaient en une grotesque parodie. Son corps meurtri périssait un peu plus chaque minute, mais aucun cri, aucune parole, aucune supplique ne franchissait ses lèvres à la fureur de ceux qui la condamnaient.

Je remercie Yuri Yukino qui m'a permis de donner ma propre vision de Mère Linnea Agnese de Vaastiriäs, reconnue comme apostat par la Sainte Eglise de Lathium et condamnée à mort.


Texte publié par Diogene, 5 septembre 2021 à 14h26
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