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volume 1, Chapitre 7 « Premier Contrat, Premier Tracas » volume 1, Chapitre 7

Librement inspiré de Paulinette de Serenya

Elle, c’est Pauline. Ou Paulinette, pour les adultes. Mais elle n’aime pas ce surnom, ça fait trop bébé, et elle n’en est plus un, de bébé. Non, aujourd’hui Pauline est une grande. Elle a reçu son nouveau jouet et elle a hâte de l’essayer. Elle trottine en chantonnant parmi les passants, mais personne ne la remarque. Autour d’elle, les froufrous et dentelles de sa robe noire dansent. Elle n’aime pas cette couleur. Elle préfère le rose, le bleu ou encore le jaune. Mais les règles sont les règles alors elle porte du noir. Heureusement, les volants et rubans sont autorisés !

Pauline est très excitée, mais elle ressent tout de même une pointe d’anxiété, car aujourd’hui est un grand jour. C’est son premier jour de travail ! Sa maman lui a bien expliqué ce qu’elle devait faire, où elle devait aller. Elle était tellement fière quand elle a reçu son premier parchemin de l’Ordre ! Ce soir, il y aura une grande fête à la maison, avec tous les plats préférés de Pauline et toute sa famille sera présente. Et le plus important : on lui offrira des cadeaux ! Les gâteaux c’est bon, mais les cadeaux c’est encore mieux ! Et il n’y a rien que Pauline préfère aux cadeaux.

Voilà, elle a bien remonté la rue, comme papa le lui a dit. Et ensuite… À gauche ! Papa a dit de bien tourner à gauche. Et de faire attention à ne rentrer dans personne en traversant la route ! Mais alors pourquoi n’y a-t-il rien à gauche ? Se serait-elle trompée ? Pauline relit bien le contrat, surtout les petits caractères en bas de pages. À croire que les adultes ont une meilleure vue les enfants. Pauline est étonnée, car beaucoup de grandes personnes ont carreaux devant les yeux. Sa maman lui a expliqué que c’était pour mieux voir. Non vraiment, les adultes sont bizarres. Mais cela ne lui explique pas pourquoi elle fait face à un mur métallique. Si ça continue comme ça, elle va arriver en retard pour son contrat et alors l’âme, elle, va s’envoler. Toute la soirée sera fichue. Pauline gonfle les joues. Papa lui a dit à gauche, mais c’est une palissade en métal vert et derrière un terrain vague. Elle ne peut pas retourner à la maison comme çà.

C’est alors qu’elle aperçoit une drôle de boîte transparente ; une cabine téléphonique. Sa maman lui avait bien recommandé de ne jamais s’en servir, car on ne savait jamais qui on pouvait avoir au bout du fil. M’enfin, c’était un cas de force majeure et Pauline ne voulait pas rater son premier contrat. Pauline regarde bien à droite et à gauche avant de traverser, puis s’engage sur le passage piéton. Elle prend bien garde de ne heurter personne. Papa lui a expliqué que ce n’était pas des choses qui se faisaient.

Ah mais ! personne ne lui avait dit que le cornet noir serait aussi haut. Pauline râle. Heureusement, elle aperçoit une vieille caisse en bois près d’une poubelle. Personne en vue, elle s’en saisit et la pose juste en dessous du corps en métal gris. Pauline souffle fort, car elle est lourde.

– Maman ! Maman ! crie une voix au loin. Tu as vu ? La caisse a bougé toute seule !

Manquait plus que çà. Pauline se fige. Il ne faudrait pas qu’elle se fasse remarquer.

– Mais oui, mon chéri. Allez ! Dépêche-toi, nous allons être en retard !

Pauline soupire, ils passent devant la cabine sans la voir. Elle ne se fera pas gronder parce qu’elle aura été indiscrète. Juchée sur sa caisse, Pauline attrape le combiné et le colle contre son oreille. C’est rigolo, car elle entend une jolie musique à l’intérieur, mais pas la voix de maman ni celle de papa. À la place, c’est un cri perçant qui jaillit derrière elle. Pauline a tout juste le temps de se retourner que la personne qui a crié s’enfuit et traverse le passage piéton.

Crac ! Boum ! Hue !

La voiture heurte de plein fouet la dame qui venait de se précipiter. Pauline n’est pas contente, car son corps vole dans les airs et elle voit son âme se détacher. Ah ! si seulement elle avait les fouets de papa, elle pourrait la rattraper au vol. C’est que papa a trop la classe quand il en joue. Au bureau, on lui a bien expliqué : une âme qui s’enfuit, peut-être très dangereuse. Elle ne sait pas en quoi. Mais Pauline est obéissante et, plutôt que de se faire punir, elle lance en l’air sa faux du plus fort qu’elle peut. La faux tournoie à n’en plus finir. Pauline est ravie, car elle scintille. Mais son sourire s’évanouit, car si elle a bien fauché l’âme de la dame, un gros monsieur se précipite devant elle.

Ah non ! Elle va l’empêcher de récupérer sa faux et après elle sera toute cassée. En plus, c’est sa première ! Alors Pauline pousse le gros monsieur, qui glisse dans une crotte. Ça tombe bien, c’est pied gauche. Il en a de la chance. Pauline est ravie, car elle a réceptionné son outil. Elle le devient moins, quand elle aperçoit, la tête fracassée du monsieur sur le trottoir. En plus, c’est pas propre, parce qu’il y a de la cervelle partout. Bon, c’est pas tout, mais ça fait encore une âme pas prévue à faucher. Hop, ni une, ni deux, la voilà piquée. Pauline est très appliquée.

Bon, maintenant que les âmes sont fauchées, Pauline relit encore une fois son contrat et se remémore les paroles de papa. Non, rien à faire, à gauche il n’y a qu’un mur et l’heure qui tourne. Tant pis, ce sera à droite et, tant pis si, ce n’est pas la bonne direction. Papa s’est sûrement trompé. Ah ! la, la, c’est pas Pauline qui sera grondée en rentrant, mais papa. En attendant, elle remonte la rue d’un pas tranquille, quand elle découvre un attroupement. Ah, c’est sûrement son client, comme elle lève le nez et aperçoit une maigre silhouette, tout en haut de l’immeuble. Seulement, Pauline est très embêtée, car elle est arrivée en retard et du coup il y a foule autour du point d’impact. Elle gonfle les joues, surtout que son contrat ne l’a pas attendu et sauté déjà dans le vide. Heureusement, une brèche s’ouvre et elle s’y engouffre. Ouf, l’âme est sauve, fauchée juste à temps.

Hélas, ce n’est pas l’avis de ceux qui lui font face en la pointant du doigt…


Texte publié par Diogene, 20 août 2020 à 23h06
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