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volume 1, Chapitre 6 « L'Ogre-Temps » volume 1, Chapitre 6

Les étoiles s’éteignaient une à une dans le ciel, une à une s’éteignaient les étoiles dans le ciel et c’étaient des yeux qui se fermaient. Lentement, une à une, les étoiles s’éclipsaient, semblables à autant de bougies que l’on soufflerait. Et bientôt, il s’endormirait et ne se réveillerait jamais. Il ne serait pas mort, seulement il ne s’éveillerait plus, ni pour rien ni pour personne. Il était seulement à bout et ne désirait qu’une chose : trouver la paix. Pendant ce temps, des mondes entiers mourraient, enveloppés dans des cocons glacés et enténébrés. Cependant, de cela, il s’en moquait, car il savait que de ses rêves jailliraient de nouveaux univers, de nouveaux mondes, où tout se rejouerait. Lui-même renaîtrait et, à la fin, rêverait, encore et encore, ainsi jusque hors du temps. Parfois, il entendait des voix qui le suppliaient de ne point fermer l’œil. Il ralentissait seulement le mouvement, prolongeant un peu plus l’agonie de ces mondes, déjà en péril. Hélas, cette fois, sa paupière retombée, il ne la rouvrirait point. Il n’entendait plus les voix et fermait, un à un, ses yeux qui, un à un, éteignaient les mondes éclairés. Malgré les suppliques de tous ces êtres, il sombrait dans l’éternel sommeil, au cours duquel il se figerait dans l’ambre-temps, avant de disparaître avec elle.

Dans le ciel, les étoiles s’éclipsaient et sombraient, avaler par le sommeil sans retour de l’ombre-temps, qui rêvaient alors de nouveaux temps, de nouveaux mondes, desquels jailliraient de nouveaux êtres et qui sait, peut-être, de nouvelles règles.

– Arrête de jouer avec ta couette, bon sang ! Je ne vois plus étoiles que maman a collé au plafond !

En guise de réponse, c’est un oreiller qui vole vers une figure, qui, furieuse, s’empare d’un polochon et bourre de coups l’auteur du lancé. Cri de couleur suivit d’un immense éclat de rire, puis c’est le bruit d’un essoufflement.

– On fait la paix ?

– D’ac ! Mais une condition !

– Laquelle ?

– Tu me racontes l’histoire de l’Ogre-Temps !

– Vraiment ?

– Oh ! Oui !

– Alors ferme les yeux et imagine.

Une à une les étoiles s’éteignaient dans le ciel

Pour elles, je n’éprouvais ni peine, ni tristesse

Une à une les étoiles égrainaient un décompte mortel

Mais pour moi, ce n’était que le commencement de mon sommeil

Un à un des mondes s’éteignaient dans le ciel

Pour eux, je n’éprouvais qu’une indifférence suprême

Un à un des mondes se mouraient dans le ciel

Mais pour moi, ce n’était là que des voix qui s’éteignaient

Et les étoiles, une à une, tombaient dans le ciel

Pour moi, ce n’était là que des perles que je ramassais

Et les mondes, un à un, chutaient dans le ciel

Pour moi, ce n’était là que des billes de terre avec lesquels je jouais

Là-haut dans le ciel, des voix s’élevaient et pleuraient

Mais, parce que j’étais sourd, je ne les entendais

Là-haut dans le ciel, des voix se taisaient

Mais parce que je suis aveugle, je ne les voyais

Là-haut dans le ciel, les voix, à jamais, se sont tues

Et depuis, je suis repu.


Texte publié par Diogene, 20 août 2020 à 15h31
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