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volume 1, Chapitre 3 « Composition » volume 1, Chapitre 3

— Qui es-tu toi ? Toi qui te tiens face à moi, si semblable à moi.

— Je suis le miroir. Brise-moi et tu sauras, bruissa l’âme.

— Je saurai quoi ? rétorqua l’enfant, d’une voix subitement impatiente.

Mais l’autre ne répondit pas et demeura.

Alors l’enfant ramassa une pierre et la lança contre le miroir. Mais celui-ci la lui renvoya, le frappant au milieu du visage, juste entre les deux yeux. Bien sûr, il aurait pu l’esquiver. Il était assez rapide pour cela. Cependant, il ne voulait pas fuir, il désirait comprendre. Était-ce parce que la colère imprégnait sa pierre que celle-ci avait rebondi et l’avait puni ? Ou était-ce parce qu’il avait trouvé une pierre, ramassée par terre ? Ne sachant que faire, il la jeta par la fenêtre entrouverte, où elle chut dans un massif de jeunes chênes.

L’enfant releva alors la tête, sa chambre, la forêt, la pierre et le miroir, tous avaient disparu. À la place, des murs grisâtres, dont la peinture, jadis ivoire, se décollaient en lambeaux écarlates. Au plafond, des générations de cartouches vides, engluées de colles, et de boulettes de papier, imprégnées de salive, faisaient peser une bien étrange épée de Damoclès. Sous ses mains, ce n’était pas son bureau, bricolé de planches de chêne et de troncs, accompagnés de boisseaux, mais seulement une méchante planche de bois reconstitué et verni, reposant sur quatre pieds en fer, dont les frottements sur le sol carrelé étaient un supplice pour beaucoup de jeunes, et de moins jeunes, oreilles. Cependant, l’on entendait seulement le chuintement et le froufroutement des plumes métalliques ou des billes wolframiques sur les feuilles de papier glacé. Étonné, les yeux roulants au fond de ses orbites, il fixait son propre parchemin ; il était vierge de toute trace d’encre. Seul le sujet de la rédaction s’étalait, suranné et bêtifié : « Racontez votre soirée la plus mémorable passée avec vos parents. S’ensuivait une série d’instructions sur l’art et la manière d’apposer une note à la composition.

L’enfant eut un sourire, carnassier, qui ne manqua pas d’échapper à son professeur. Puis il ferma les yeux, cheminant dans le labyrinthe des souvenirs déstructurés, à la recherche de quelqu’un qui lui plairait.

Encore endormi, il sursauta presque, lorsque l’on sonna à la porte. Pâle et défait, il se hissa avec difficulté hors du canapé qui lui tenait lieu de villégiature. Il marchait longtemps cahin-caha, enjambant, écartant la folie hétéroclite instrumentale, qui jonchait le sol, enfin il aperçut la porte.


Texte publié par Diogene, 18 août 2020 à 22h58
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