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saison 1, Chapitre 3 « Bergstädeä bergën - Les montagnes de Bergstädeä » saison 1, Chapitre 3

La rugosité du tronc sur lequel Ana s'était adossée pendant la nuit s'était faite à nouveau douloureuse contre sa joue tandis qu'elle reprenait peu à peu conscience, éblouie par la clarté matinale qui baignait la forêt. Son esprit embrumé par le sommeil s'interrogeait : s'était-elle vraiment endormie de la sorte ? Contre un arbre ?

Se redressant péniblement, gémissant en sentant ses muscles engourdis se crisper sous l'effort, Ana se dégagea de sa cape dans laquelle elle s'était enroulée pour se tenir chaud. Puis observant avec attention la sylve alentour, elle s'affaira à éclaircir ses pensées. Des bribes de souvenirs lui revenaient tandis qu'elle vérifiait le contenu de son sac, en faisait un scrupuleux inventaire afin de s'assurer que rien ne lui avait été dérobé.

Elle se souvenait avoir foulé en toute hâte les sentiers menant vers le sud de la contrée, là où se dressaient fièrement les montagnes de Bergstädeä qui séparaient Uppsalea de Hallangöt. Puis arrivée aux abords de Västagöt, le bourg duquel sa mère était originaire, elle avait ressenti sur son corps les premières conséquences de sa course. Sa poitrine s'était douloureusement compressée. Elle s'était sentie oppressée par son corsage. Une soudaine quinte de toux l'avait saisie. Dans l'euphorie de son départ, elle avait négligé son asthme, s'était stupidement mise en difficulté. Elle s'était maudite d'avoir agi avec pareille imprudence : elle voulait bien souffrir des difficultés que promettait son voyage mais refusait d'aggraver sa santé déjà fragile.

Ana avait alors repris sa marche avec plus de retenue, dépassant au plus fort de la nuit Västagöt. L'idée lui était venue de demander le gîte pour les quelques heures d'obscurité restantes. Son oncle maternel avait pris là ses quartiers, et elle le savait enclin à accéder à toutes les demandes de sa nièce préférée. Mais elle s'était ravisée : la nouvelle de sa venue aurait été relayée jusqu'à Sollnästeå, et l'on -Naemi en particulier- aurait eu tôt fait de la rattraper pour l'empêcher de partir.

Elle avait progressé une heure encore, la Lune pour seule lanterne, lorsque ses sens s'étaient opposés à elle, lui faisaient voir des chimères dans le noir. Elle avait manqué de chuter du talus délimitant la route. Croyait derrière elle percevoir des bruits de pas, des murmures. N'avait eu de cesse d'assurer puis d'amoindrir sa poigne sur le pommeau de sa dague afin de se rassurer. Des peurs d'enfant revenaient en elle, de vieilles histoires de démons et d'ogres résonnaient dans son esprit. La fatigue jouait sur ses nerfs, l'empêchait de rationaliser. Chaque ombre était une menace, et Ana n'avait de cesse de presser le pas pour se dérober aux griffes de la nuit.

Västagöt, qui se situait deux lieues au sud de Sollnästeå, n'était plus visible. La Lune commençait sa lente descente vers l'est lorsqu'elle s'était éloignée du sentier pour s'enfoncer à l'abri des bois, se lovant contre le premier arbre qui lui avait semblé confortable. Elle s'y était endormie immédiatement, sans concevoir un seul instant qu'ainsi exposée, elle devenait une proie plus qu'enviable pour quiconque de mal intentionné.

Son sac était négligemment posé au sol, vomissant son contenu ; son arc défait de sa corde calé sans plus de précaution, bien en évidence contre le tronc. Les nombreux voyages commerciaux auxquels elle avait pris part aux côtés de son père lui avaient pourtant enseigné à garder son trousseau sous sa tête et son arme contre elle, ce afin d'éviter de la voir disparaître pendant la nuit et pour se défendre rapidement en cas d'attaques de voleurs ou d'irrévérencieux. Elle avait été négligente, et cette négligence naïve lui inspirait envers elle-même un profond dépit.

Imbécile ! n'avait-elle de cesse de s'injurier tandis qu'elle rassemblait ses effets et ajustait la corde à son arc. Avait-elle si peu de jugeote pour se mettre ainsi en danger ? Elle n'avait même pas quitté cette région qui lui était familière, dont elle connaissait les sentiers...Comment espérait-elle mener son pèlerinage à son but dans des contrées qu'elle ne connaissait qu'au travers d'ouvrages géographiques ? Et la fatigue, que sa fierté n'avait de cesse de lui présenter comme une excuse, ne pouvait défendre ses étourderies.

Ana se promit d'agir avec plus d'intelligence tandis qu'elle rejoignait le chemin de terre qu'elle avait auparavant délaissé, espérant suffisamment d'intégrité de sa part pour ne pas omettre ce serment à l'avenir.

Au loin, les hauts sommets de Bergstädeä se découpaient dans le ciel d'azur.

Les montagnes de Bergstädeä, visibles depuis la mer du nord qui longeait les côtes des régions de Mäladalene, Uppsalea et Galvegörgen, semblaient ridiculement minuscules depuis Sollnästeå. Portée par ses rêves d'aventure, la petite fille qu'Ana avait été s'était souvent amusée à faire grimper ses doigts le long de ces entassements lointains, s'enivrant de fierté en observant ses petites mains escalader ces montagnes dont l'on contait la majesté.

Autour d'elle, les artisans ayant étendu leur clientèle jusqu'à Hjalmar ou Lathium -pour les plus prospères- se plaignaient de cette chaîne rocheuse qui s'imposait en frontière entre le nord et le centre du pays. Elle rendait les livraisons en chariot plus laborieuses qu'elles ne l'étaient déjà, forçait les convois à effectuer un détour soit à l'est par Galvegörgen, soit à l'ouest par Mäladalene. Cet itinéraire néanmoins était déconseillé, car il obligeait à passer par la contrée marécageuse de Jöntten. Nombreux souhaitaient que les mineurs de Bergstädeä éventrent leurs montagnes pour faciliter les déplacements et le commerce. Mais ils s'y étaient toujours opposés : les habitations étaient creusées à même le flanc rocheux, et un tunnel menacerait à la longue les foyers.

« Ce ne sont que des égoïstes ! disaient les uns.

— Ils savent ce qui est bon pour leurs montagnes, raisonnaient les autres.

— J'espère qu'ils seront engloutis par leurs maudites montagnes !

— Des « maudites montagnes » qui nous ont bien protégés pendant l’invasion des Berbërs. Si nous en avions été dépourvus, nos régions auraient bien plus souffert.

— Les mineurs, à l'époque, nous ont défendus face aux menaces.

— Et à présent, ils nous arrachent des pengüet de la bourse par pur égocentrisme. Ils pourront toujours rebâtir !»

Personne pourtant, malgré les houleux débats qui secouaient régulièrement la guilde des artisans, n'avait tenté d'aller contre leur refus. Vivant exclusivement du commerce de roche et de minerais, les mineurs de Bergstädeä avaient tout pouvoir sur la montagne. Ils étaient assurés de leur position par le Conseil Judiciaire de Lathium, par le Conseil Commercial et par la demande que leur commerce faisait croître d'année en année. Le pays se développait sans cesse, et la pierre venait remplacer le bois, les pavés la terre battue. Lathium -la capitale- les protégeait, de même pour les quatre capitales régionales -Hjalmar pour le nord, Blekingås pour l'ouest, Västerbott pour l'est et Lunthveit pour le sud- qui étaient en constant besoin de matériaux.

Ainsi, malgré les demandes des marchands, les montagnes de Bergstädeä demeuraient inviolées.

Mais de cela, Ana n'en avait rien su. Elle s'était seulement demandé en quoi de si petites choses pouvaient obstruer le passage de chariots aussi solides que celui de son père, imaginant qu'il devait être aussi aisé pour eux que pour ses mains de les gravir.

À présent qu'elles se dressaient face à elle, Ana comprenait l'étendue du problème auquel son père, ses voisins et toutes les guildes d'artisans d’Uppsalea avaient dû faire face. S'étirant glorieusement vers le ciel, menaçant de trouer les cieux, Bergstädeä s'étendait sur des mètres de haut, formait un mur de pierre infranchissable. Les mineurs en avaient pris possession et dompté la Nature. Les demeures s'extirpaient de la paroi, taillées avec précision du pied jusqu'au plus haut de la montagne, reliées par des escaliers qui serpentaient, disparaissaient dans une cavité, ressortaient quelques mètres plus haut d'une autre. Ana resta un instant éberluée par pareille prouesse architecturale, que l'on disait vieille de plusieurs siècles.

—Toi là !

Elle sursauta, tirée de sa contemplation par l'apostrophe rude qui lui était adressée.

Au-devant d'elle, dans ce qui semblait être une cour défrichée où étaient regroupés les ateliers, les chariots et les bêtes, les mineurs avaient cessé de tailler la roche, braquaient sur elle des regards suspicieux. Les femmes qui ramenaient des champs diverses denrées la dévisageaient, examinaient l'étrangère avec méfiance.

Celui qui l'avait interpellée sans plus de cérémonie se tenait devant tous, la poigne ferme sur sa pioche, imposant par sa carrure et sa taille.

Instinctivement, Ana recula, posa sa main sur son arc.

—Tu viens nous voler ?! Saccager nos cultures n'a pas suffi, il faut qu'vous reveniez en plein jour nous narguer ?!

—Måstere, elle a une arme !

— Peu importe ! Ma pioche l'aura atteinte avant qu'elle tire ! Grave erreur, gamine ! J'suis pas d'humeur à me montrer galant avec la vermine !

— Måstere, amorça alors Ana afin de calmer les mouvements de la foule à son égard. Rassurez-vous, je ne suis pas là pour vous voler.

Elle avait ôté sa capuche, dévoilant son visage blafard.

— Je m'appelle Ana. Je viens de Sollnästeå, au nord d'Uppsalea.

—Le village qu'est à côté d'Hagaförgen ?

—Précisément.

—Tu voyages depuis longtemps, c'est pas à côté !

— Tu es partie quand ?

— Le second jour de Veevgärn

—Déjà cinq jours alors.

Elle acquiesça, se remémora le nombre de nuits passées dans la fraîcheur des bois. Le contremaître fit taire ses hommes d'un geste de la main, dispersa les femmes d'une œillade sévère. Puis s'approchant, il se posta à quelques pas d’Ana, la dominant de deux têtes, son outil calé contre son épaule pour mieux l'intimider.

—Et où vas-tu ?

— À Hjalmar.

— T'as pas peur d'aller jusque-là toute seule.

— Je n'ai pas le choix.

— Et j'imagine que tu souhaites t'éviter un détour en passant par nos montagnes ?

— De préférence, oui.

Elle fixait le contremaître, tentant de cacher de son mieux la méfiance qu'il lui inspirait. Rien sur son visage bourru, abîmé par l'âge et la rudesse du travail, ne laissait deviner s’il allait ou non lui ouvrir la voie jusqu'au sommet. Autour d'eux, les mineurs avaient repris leur tâche, les enveloppant dans un brouhaha étourdissant.

— Ce soir, ce s'ra pas possible, déclara-t-il enfin tandis qu'il dirigeait ses iris sombres vers les sommets. On voyage pas sans quelqu'un d'ici pour guider, et à cette heure personne ne veut aller là-haut.

— Pourquoi cela ?

— La température. C'est trop risqué. Elle tombe dangereusement. Les sentiers deviennent pas faciles, on y voit rien. Y a trop de voyageurs qui s'y sont risqués et qui sont jamais revenus vivants. Mais morts, ça, on en a redescendus !

Ana s'était rembrunie en entendant cela. Allait-elle devoir attendre le lendemain, dépenser pour s'offrir le gîte et le couvert ? Elle ne pouvait se permettre d'alléger ainsi sa bourse, mais ne pouvait guère s'aventurer là-haut compte tenu des conditions de voyage. En outre, l'idée de rendre son dernier souffle dans la nuit, gelée jusqu'à l'âme ne lui était guère agréable, suffisamment pour ne pas lui donner envie d'aller à l'encontre des interdictions du contremaître.

—Si tu souhaites attendre la fin de la nuit, tu peux toujours aller à la taverne. Le måstere loue des chambres.

—Je n'ai pas de quoi m'en offrir une... Mais qu'importe, j'irai dormir dans les bois alentours. Je me suis faite à l'inconfort de mes premières nuits.

—C'est risqué miss, intervint un mineur qui avait eu la curiosité d'écouter leur échange. Y a des pilleurs la nuit. Y sont là pour les pierres, mais une demoiselle ça peut les intéresser. Et même si t'es armée, tu f'ras pas le poids contre plusieurs gaillards. Eh, Måstere ! Pourquoi qu'elle irait pas chez la mère Hannele, la p'tiote ?

—Au bordel ? C'est pas convenable pour une fille comme elle.

—J'propose parce qu'elle a de quoi coucher. Celle-là, ajouta-t-il en désignant Ana du menton, elle est pas faite pour ça. Ça se voit tout de suite.

Le contremaître resta un instant silencieux, considérait la proposition de son employé : la maison close de Bergstädeä n'était pas l'auberge vers laquelle il aurait dirigé une demoiselle comme Ana. L'endroit n'était guère dépourvu d'hygiène, il était même l'un des établissements les plus accueillants de ce village-dortoir. Les femmes qui y vivaient s'en tiraient confortablement. La patronne exigeait d'elles un dévouement absolu et sans condition mais savait le leur rendre par la qualité de la vie dont beaucoup de maisons de passe étaient exemptes. La santé était une affaire de premier ordre. De fait, les prostituées ne souffraient pas de leur condition, comme celles des villes qui mourraient d'infections et dont le sexe pullulait de maladies. Mieux, elles en jouissaient pleinement.

Néanmoins, le contremaître ne pouvait calmer ses scrupules, convaincu que cet hébergement n'était pas séant.

— Ça vous irait ? s'enquit-il finalement, soudain désireux d'en finir avec tout cela. La fille de Hannele pourra vous guider d'main en prime.

—Cela me convient parfaitement, confirma Ana en souriant nerveusement pour mieux dissimuler l'inquiétude qui l'animait.

Le contremaître n'en demandait pas davantage, satisfait d'avoir réglé cette affaire aussi rapidement. S'était dirigé vers les montagnes. Au passage, il avait accroché son outil de travail aux patères fixées à l'auvent de l'atelier. Sans attendre aucune invitation de sa part, Ana lui emboîta le pas, se pressa afin de réduire la distance entre eux. Tant et si bien qu'elle ne remarqua que tardivement qu'elle commençait, marche après marche, son ascension vers les pics de Bergstädeä.

Un océan de verdure, entrecoupés çà et là par de minuscules îles de toits fatigués, se jetait dans la lointaine mer du nord rougie par le crépuscule. Ana resta un instant immobile sur les marches grossièrement taillées, imprégnant tout son être de ce paysage irréel qui l'émouvait par sa grande beauté : elle avait traversé ces landes, foulé ces chemins. Elle, la petite fille rêvant d'aventures, était allée plus loin qu'elle n'aurait jamais pu l'espérer. Et tournée en direction de Sollnästeå, elle tentait en vain d'apercevoir le clocher de la chapelle ou les bateaux accostant à Hägaförgen. Et sentait alors son cœur gonflé par l'orgueil se comprimer, piqué par une pointe de nostalgie.

Elle avait eu si peu de temps pour se consacrer à ses états d'âme, tant enivrée par la fougue qu'elle ne ressentait les premiers symptômes du mal du pays qu'à l'instant. Car enfin, elle réalisait qu'une fois les montagnes franchies, une fois sa contrée laissée derrière elle, il ne lui serait plus donné l'opportunité d'apercevoir la mer de son enfance. Et cette pensée, sans qu'elle ne sache pourquoi, accentuait sa peine. Aussi, afin de ne pas céder à la tristesse, elle gravit les dernières marches menant à la maison close.

—C'est elle que tu veux me refourguer pour la nuit ? T'as du culot quand même, après tout ce que tu me dois.

— J'te paierai bientôt.

— Bientôt quand ? J'te préviens, je veux pas te voir roder près de mes filles tant que c'est pas fait !

— À la fin du mois. Mais là, c'est pas pour moi que je te le demande, c'est juste pour l'arranger, elle. Elle veut aller à Hjalmar. Mais on est d'accord, il faut qu'elle attende demain.

—Ah ça...

La femme avait dévisagé Ana, la jaugeait d'un œil expert qui ne trompait pas quant à son statut de gérante d'une maison close. Ana soutint son regard. Elle avait par trop de fierté pour baisser les yeux et attendre, par trop d'orgueil pour admettre que cet examen l'indisposait.

—T'as l'air bien jeune, lâcha finalement Hannele en repoussant une boucle brune derrière son oreille. As-tu seulement l'âge de majorité ?

—Je l'ai eu le mois dernier.

—Tu es née en Aprilera ? Comme ta mère a été avisée. Il y a pas meilleure période pour enfanter, crois-moi ! Mais approche donc ! J'vais pas te manger !

Ana obtempéra, serra la main qu'Hannele lui tendait. La poigne de cette dernière s'affirma alors sur la sienne. Et tandis que les doigts abîmés de la gérante parcouraient la manche de sa chemise en lin, s'attardaient sur les broderies réalisées sur la manchette, Ana se plaisait à répondre sobrement aux questions que l'on lui posait, dévoilant sans réticence son histoire, décrivant son village. Hannele n'avait de cesse de vanter la qualité de son habillement, de la questionner à tout propos. Il devait y avoir fort longtemps qu'aucun étranger ne l'avait distraite de son quotidien harassant.

—Ma maison t'est ouverte. Mais t'sais, petite, tu risques pas de bien dormir. C'est la nuit que mes filles travaillent, il y a du mouvement tout le temps.

—Je m'en remets à vous...

—J'aime quand on me répond comme ça, droit dans les yeux ! As-tu des armes ?

—Un arc et une dague, rien de plus.

Joignant les paroles aux gestes, Ana extirpa de son fourreau sa dague, la présenta à son hôtesse. Celle-ci l'examina dans le détail, flatta la finesse de la lame et du décor qui ornait le pommeau. À chaque compliment, le contremaître acquiesçait d'un signe de la tête.

—Magnifique, vraiment splendide. Feu mon mari n'en a jamais eu d'aussi belle.

— Mon père a forgé celle que vous tenez.

— Tu peux être fière de lui, même ici ils en ont pas des comm'ça. Mais ça ne change rien. Tu les laisseras dans mes appartements, à l'entrée. Je ne tolère aucune arme dans ma maison. Même traitement pour tout l'monde, on sait jamais ! Je les poserai contre la porte en fermant demain matin, tu les retrouveras en partant.

—Je vous en remercie.

Hannele s'amusa de la politesse dont faisait preuve la jeune femme, peu habituée à une telle révérence. Elle s'appuya sur le double battant, l'ouvrit grand avant de faire signe à sa commensale d'aller au-devant d'elle, l'invitant à pénétrer dans le provisoire foyer qu'elle lui concédait.

—Et toi, lança Hannele au contremaître tandis qu'elle refermait sa porte, t'as intérêt à me payer avant la fin du mois !


Texte publié par Yukino Yuri, 22 août 2020 à 00h16
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