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Par-Delà les Ténèbres - 1 - Ombeline
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tome 1, Chapitre 4 « Au fond des jardins » tome 1, Chapitre 4

Cher Journal,

Tout m’est revenu. Rosemary, l’accident, le sort… Maintenant, c’est certain, c’est maman la sorcière de la famille. C’est d’elle que je tiens. On m’a appris que l’on pouvait brider des pouvoirs et c’est ce que ma mère a fait pour ma sœur et moi, en espérant que nous pourrions vivre comme de simples humaines, mais apparemment, son sortilège n’était pas assez puissant !

J’ai fait la rencontre d’un garçon charmant nommé Alexis, il est en deuxième année. C’était juste après avoir failli mettre le feu à la classe du professeur Suc et que les souvenirs de l’accident de Rosemary soient revenus en masse chez Mlle Siobbhan. Cette première journée a été une catastrophe. Mes parents sont-ils au courant que j’avais laissé le portillon déverrouillé. Ont-ils pardonné à l’enfant que j’étais ou suis-je la seule à le savoir ? Maman a peut-être fait oublier papa ? Et elle ? Peut-on se lancer à soi-même ce genre de sortilège ? S’ils étaient au courant… s’ils se rappelaient… Ils m’auraient haïe, c’est certain. Je ne suis là que depuis une journée et déjà mille interrogations se soulèvent dans mon esprit. Seul le cours d’astronomie s’est passé normalement. Après le dîner, tous les édudiants sont invités à aller observer le ciel, Alexis m’a proposé de m’y accompagner ! Ce garçon est tellement craquant et… charismatique. Use-t-il d’un sortilège ? Est-ce que ce serait bien important ? A-t-on le droit de faire ça ? Non… tous les sorciers seraient sculpturaux sinon…

Le repas est moins éprouvant que celui de la veille. Suivant les recommandations de la directrice, les élèves n’ont pas tenté d’explorer ses pensées, mais Ombeline saisit quelques messes basses qu’elle préfèrerait ignorer. Eléa ne se rend pas à l’observation des étoiles. Elle n’y comprend rien, selon elle, et cela ne l’intéresse pas beaucoup. Et, avoue-t-elle à Lily, elle a beaucoup de retard sur les cours du mercredi. Lily lui propose de l’aider à rattraper, après tout, elle se sent redevable envers sa camarade. Eléa la remercie, mais lui conseille d’aller à l’observation, cela lui fera du bien et puis… on ne fait pas attendre un beau garçon, murmure la blonde, malicieuse. Lily proteste.

— Tu m’aideras une autre fois ! ajoute Eléa.

Comme il l’a promis, Alexis guette Ombeline à la sortie du réfectoire. La jeune fille sent son cœur s’accélérer légèrement en rencontrant les yeux verts de l'adolescent. Elle tente tant bien que mal de ne pas rougir lorsqu’il lui sourit. Elle croise le regard mauvais de Karelle et d’une de ses camarades, la sorcière aux cheveux blond très clair et aux prunelles grises. Celle-ci lève le menton d’un air hautain.

Alors que Lily passe devant elle, la jeune fille lâche d’un ton méprisant, juste assez fort pour qu'Ombeline l’entende :

— Il parait qu’elle vient d’une école d’humains… Elle ne savait même pas qu’elle avait des pouvoirs cette gourdasse…

Ombeline se raidit. C’est exactement le genre de commentaires qui ont conduit à ses accrochages récents avec Olivia. Cette attitude hautaine et supérieure. Alexis, qui a sans doute aussi saisi la remarque, lui prend le bras pour l’orienter plus loin, foudroyant la blonde.

Laisse-les parler… La voix du garçon résonne dans sa tête et Ombeline bondit, sous l’œil amusé d’Alexis, qui la retient pour éviter qu’elle ne tombe dans les marches. Alexis la guide vers le dernier étage de l’Académie. Celui, qui selon Lily ne devrait pas exister quand on regarde le bâtiment de l’extérieur. La jeune fille fronce les sourcils en se rendant compte qu’il y a encore un escalier.

Quand elle pose la question, Alexis lui explique que certains étages comme celui de la bibliothèque et le cinquième ne sont pas réellement présents sur ce « plan ». D’ailleurs, lorsqu’ils débouchent sur le toit-terrasse, il l’amène près du bord. De l’extérieur, il semble qu’ils se trouvent au troisième.

— Ce n’est pas que je n’apprécie pas ta compagnie Alexis, mais l’observation ne commence que dans une heure non ? interroge Ombeline assez abruptement après cette constatation.

Alexis sourit à nouveau et Lily a l’impression que son cœur est pris de vertige…

— Je t’ai proposé mon aide plus tôt et étant donné les rumeurs qui ont couru toute la journée sur le cours du professeur Suc, je me suis dit que ce ne serait pas de trop. Je craignais que tu ne refuses et… j’avais envie de passer un peu de temps avec toi. Avoue l'adolescent.

Ombeline s'empourpre violemment cette fois. Elle se félicite que la nuit soit tombée à présent, empêchant le garçon de voir son teint rouge tomate. Alexis l’emmène un peu plus loin, et l’invite à s’asseoir sur un banc. Il s’installe en face d’elle.

— Qu’est-ce qu’on t’a dit de nos pouvoirs ? commence-t-il.

— Pratiquement rien. Eléa m’a rapidement précisé qu’il y avait différentes sphères, mais je n’en sais guère plus.

Alexis hoche la tête. Il lui explique que globalement, la plupart des sorciers peuvent manier les pouvoirs d’illusion. La divination et l’invocation sont des sphères dont la maitrise est plus rare, plus difficile et demandant plus d’entraînement. La sphère d’enchantement est plus vaste, allant de l’empathie au charme. Enfin, la sphère élémentaire, sur laquelle porte le cours du professeur Suc, contrôle les éléments. Air, terre, eau, feu… jouer avec les éléments était inné pour certains sorciers, les dominer était plus ardu.

— Donne-moi tes mains.

Ombeline hésite quelques secondes, mais Alexis prend les devants et les lui saisit. Il clôt les yeux quelques instants. Lily continue à le regarder, fascinée en tentant d’oublier la douceur de ses doigts entrelacés aux siens. Elle frissonne quand, soudain, des gouttes d’eau tombent sur ses épaules. Elle observe d’un œil le firmament, mais ne voit pas le moindre nuage. Elle reporte son attention sur Alexis, et croise ses prunelles vertes qui la fixent d’un air malicieux.

Dans le creux de leurs mains, les perles liquides se sont accumulées. Sous les yeux d'Ombeline, elles se regroupent pour former une grosse bulle avant de se diviser à nouveau en plusieurs gouttelettes qui s’envolent vers le ciel. Il fanfaronne maintenant.

— Ferme les yeux.

Il lui adresse un petit hochement de tête. Ombeline s’exécute.

— Inspire profondément. Détends-toi. Concentre-toi sur ton souffle, les pulsations de ton cœur, le sang dans tes veines… Écoute…

La voix d’Alexis a quelque chose d’hypnotique. Lily perçoit le tumulte ambiant autour d’elle, le bruissement des feuilles, les pas lointains, quelques éclats de voix, puis se recentre sur elle-même, discerne le battement de son cœur, se focalise sur sa respiration…

— Ta magie coule dans tes veines, à l’instar de ton sang, flux et reflux à chaque pulsation de cœur. Puise en elle et façonne-la selon ta volonté. Quand tu le sens, libère-là à petite dose, comme si tu ouvrais un robinet.

Lily tente de s’imprégner de ce qui se passe autour d’elle, se détend, et dans ses mains, soudain, ressent un crépitement. Elle papillonne brusquement les yeux et voit, flottant au-dessus de leurs paumes, une longue flamme ondulante. Elle lève un regard affolé vers Alexis qui secoue doucement la tête.

— Chacun son élément. Moi j’ai plutôt une tendance eau, chez toi, c’est davantage le feu apparemment. Pas de quoi s’inquiéter, le tout, c’est de rester calme.

— Et comment je fais pour le faire disparaître maintenant ? Demande Lily, un brin de détresse dans la voix.

— Tu refermes la valve, petit à petit.

Alexis lui fait un clin d’œil. Lily se concentre à nouveau sur elle-même, sur son cœur qui cogne dans sa poitrine. Elle se visualise en train de serrer la vis d'un robinet. Doucement, la flamme rétrécit puis s’éteignit !

Lily pousse un petit cri de joie et de soulagement et se jette au cou d’Alexis, avant de reculer brusquement rouge comme une tomate. Elle s’éloigne subitement et se rend compte que d’autres étudiants sont déjà arrivés sur la terrasse. Parmi les visages connus, celui de Karelle et de son amie méprisante, qu’elle a croisées un peu plus tôt à la sortie du réfectoire, qui lui lance à présent un regard dégouté.

L’observation se déroule sans accroc. C’est davantage un moment de détente où les élèves peuvent poser des questions au professeur, certaines, terre à terre, concernant les constellations. D’autres, plus techniques, en rapport avec le lien que peuvent avoir les différentes phases de la lune et autres évènements célestes sur la magie. Ombeline apprend ainsi que les lunaisons peuvent notamment influer sur les élémentaires, quelque peu sur le charisme, mais très peu sur l’iIllusion ou l’invocation. Mais elle se contente surtout de profiter de l’instant, de la douceur de la terrasse chauffée par le professeur, du ciel étoilé et du contact de l’épaule d’Alexis près d’elle.

Dans tous les cas, l'astre nocturne a toujours eu grande importance chez les sorciers. Une lune noire voit souvent l’exécution de plans plus sombres qu’une pleine lune, mais cela, explique le professeur en riant, tient surtout au fait que sans elle, il y a moins de lumière pour qu’on surprenne les actes maléfiques.

***

Ombeline s’éveille plus détendue le lendemain matin. Elle se prépare, et bute, en sortant de la chambre sur la blonde aux yeux gris.

— Bonjour ! Je suis Sibyl ! La salue-t-elle, un sourire hypocrite plaqué sur le visage.

La jeune fille lui retourne un bonjour hésitant, se méfiant de son expression fielleuse. Karelle se faufile derrière elle, la bousculant au passage, si bien qu’elle rentre dans Sibyl. Celle-ci jette un regard torve à Karelle qui répond par une grimace désappointée. Puis Karelle saisit le bras de Lily d’un côté, et de Sibyl de l’autre.

— Dis-moi Lily, tu as eu le temps de visiter un peu les jardins ?

— Euh… pas vraiment, j’y ai fait un bref tour, mais…

— Alors viens !

— Mais… on va être en retard pour le petit-déjeuner ! protesta piteusement la jeune fille tandis que Karelle et sa copine la tirent vers les étages inférieurs.

Les deux adolescentes l’entraînent dans le Jardin. Elles lui indiquent certaines zones, l’entrée du Labyrinthe — que Lily a déjà découvert — et s’enfoncent plus profondément. Dans certains coins, la végétation parait franchement hostile. Lily se demande comment on peut trouver une telle variété de plantes dans un seul endroit quand Karelle lui lâche le bras et s’éloigne, l'abandonnant avec Sibyl. La blonde lui désigne alors une rangée de cristaux géants qui s’élèvent comme des stalagmites. Leur cœur pulse d’une lueur rouge malsaine.

— Ça, c’est la zone des premières années, tu devrais y faire un tour !

Ombeline secoue la tête. D’une, elle doute des paroles de Sibyl et de deux, elle n’a aucune envie de voir les pierres de plus près. Le poil de ses bras se hérisse rien qu’à y penser. Mais Sibyl entraîne Lily plus avant avec une force exceptionnelle. Lily se sent comme absorbée par l’énergie des cristaux. Elle tente de résister, mais perçoit un changement d’air alentours. Alors qu'elle se retourne, il est trop tard, le jardin s’efface dans un miroitement. Autour d’elle, un désert. Elle pousse un cri quand, dans le cercle d’énergie par lequel elle peut encore légèrement observer le jardin, elle aperçoit un éclair de fourrure rousse jaillir et bondir dans ses bras. L’écho du rire de Sibyl s’éteint lentement dans l’ambiance feutrée.

— Cette petite peste va nous le payer ! Glapit Mr Foxy.

— Où est-ce qu’on est ? s’inquiète Ombeline.

Mr Foxy regarde un instant autour de lui et soupire. Malheureusement, le furet n’a pas d’information exacte. Il n’a jamais étudié la cartographie des parcs de l’Académie.

— Beaucoup trop loin… Tu n’aurais jamais dû pénétrer ici. Oui, oui je sais, tu n’y es pas allée de ton plein gré et tu ne connais pas encore les jardins ni leur fonction. Les jardins qui entourent l’Académie ont une particularité, certains endroits sont bien ce qu’ils semblent être, le reste en revanche… où tu peux percevoir un miroitement et ces cristaux, mènent à d’autres lieux, d’autres temps, d’autres… dimensions. Là, apparemment, on est simplement perdus dans un désert de glace, impossible de dire si on a changé d’époque. Une seule solution pour rentrer : utiliser ton don d’invocation et nous ramener dans les jardins par téléportation.

— Tu plaisantes ? Je ne sais même pas si j’ai ce don ! rétorqua Lily.

— Jamais, mais ce n’est pas le pire… soupire le familier.

Selon le furet, dans ces zones des jardins sont généralement retenues des êtres plus ou moins dangereuses. Les cristaux rouges que l’adolescente a remarqué plus tôt signalent une créature très hostile qu’il ne faut surtout pas approcher. Lily frissonne et regarde autour d’elle. Le silence se fait pesant. La jeune fille n’aperçoit pour l’instant personne sur la blancheur éclatante de la neige qui les entoure et n’a pas vraiment envie de voir le genre de chose qui peut être emprisonné là. Elle n’a aucune idée de la façon dont le don d’invocation est supposé se manifester. Elle tente de faire le vide et de se concentrer sur ce qu’elle ressent au fond d’elle comme le lui a conseillé Alexis pour les éléments, mais échoue et balance de grands coups de pieds dans le manteau blanc en pestant et en maugréant de frustration. Le ciel au-dessus d’eux se chargeant de nuages sombres.

— Il te faut une chose qui t’aide à te focaliser Ombeline. Quelque chose qui te serve d’ancre pour te ramener à notre réalité. Un objet à la fois ancien et qui te soit cher. Tu dois aussi trouver une incantation pour donner du pouvoir à ta volonté, des mots pour appuyer ta pensée, comme tu as dû l’apprendre en cours de sortilèges.

— J’ai le médaillon de maman, ça peut fonctionner ? demande Ombeline

L’adolescente n’ajoute pas que ses connaissances en termes de sortilège se résument à la page blanche du sort d’oubli. Mais elle a retenu les paroles de Miss Siobbhan, les mots doivent être siens pour fonctionner. C’est un peu m'équivalent d'écrire une chanson, et ça, elle sait faire. Le furet hoche sa petite tête et lui suggère de s’asseoir, mais la jeune fille est gelée et n’a aucune envie de se tremper les fesses, aussi, refuse-t-elle. C’est donc droite comme un piquet qu’elle prend le médaillon entre ses doigts gelés. Elle tente d’ignorer le silence feutré et oppressant quand un murmure lui parvient. Une sorte de chuchotement incompréhensible qui la fait trembler de tout son être. Mr Foxy se tient dans la neige devant elle et renifle l’air, le nez levé vers l’horizon encore désert.

Elle ferme les yeux et se concentre sur le poids du médaillon dans sa main, sur le froid glacial qu’irradie le métal et sur sa forme. Celle-ci la ramène aux battements de son cœur et sa respiration se fait plus profonde. L’air frais pénètre dans ses narines et la glace. Le chuchotement se reproduit semblant plus proche et Ombeline entrouvre les yeux pour apercevoir à travers la neige qui s’est mise à tomber en tourbillons violents une silhouette décharnée aux prunelles bleus luisants. Ses poils se dressent sur ses bras quand la bouche de la créature s’élargit et que le murmure à la fois caressant et effrayant se fait entendre à son oreille. La chose sourit d’un air carnassier.

— Concentre-toi Lily, ramènes-nous vite ! lui crie le furet, non moins terrifié qu’elle.

Ombeline respire brusquement, et il lui semble au moment où elle ferme les yeux que la silhouette du furet grossit considérablement jusqu’à adopter une forme plus… canine. Elle a de plus en plus froid et il lui apparaît aussi que son sang se solidifie dans ses veines. Mais elle n’a pas l'occasion de s’y attarder et sa conscience dérive de nouveau vers le médaillon. Elle sent enfin le pouvoir affluer et se laisse guider par son instinct. Un souffle gelé sort de ses lèvres bleuies par le froid quand l’incantation franchit sa bouche.

— Pour que mon cœur ne se change pas en glace, emporte-nous en lieu et place…

Cela n’a pas vraiment de fin, mais aucune autre rime ne lui est venue et le temps presse. Ses cheveux se soulèvent doucement de sa nuque et la lumière inonde son champ de vision. Elle sent un grand vertige, comme lorsque l’on est sur des montagnes russes et que le wagonnet entame sa descente subite. Puis elle tombe encore et encore. Avant que son esprit ne cède, elle se souvient que ses pieds touchent soudain un sol dur et s’effondre.

***

Elle ouvre les yeux plusieurs heures plus tard dans son lit. Madame Jennas fait les cent pas près d’elle et Mr Foxy se love contre elle. Ses poils sont encore parsemés de cristaux de glace et il tremble. Ombeline caresse sa fourrure, le soulève délicatement pour le poser tout contre elle, au chaud sous la couette. La directrice se retourne vivement en entendant Lily bouger, ses iris verts lancent de tels éclairs que Lily tente de se glisser davantage sous ses couvertures. L’enchanteresse se radoucit en voyant sa réaction.

— Comment avez-vous atterri dans cette zone des jardins, Mademoiselle Rives ? interroge-t-elle.

Ombeline hésite, elle n’est là depuis quelques jours et les ennuis la poursuivent déjà. Accuser ses camarades ne lui a pas réussi ces derniers temps. Cependant, elle a dans l’idée que Madame Jennas découvrira la vérité tôt ou tard.

— C’était Sibyl… souffle une petite voix étouffée avant qu’elle ai terminé de peser le pour et le contre.

Lily baisse la tête vers son familier qui a ouvert les yeux, glissé le bout de son museau hors du lit et murmuré ces quelques mots. La directrice fronce les sourcils, mais ne met pas en doute sa parole, elle fait à Lily signe de parler. La langue de celle-ci se délie immédiatement, contrainte par la magie de madame Jennas.

— Sibyl et Karelle ont tenu à m’emmener dans les jardins ce matin. Elles ne m’ont pas vraiment laissé le choix et nous nous sommes enfoncées assez profondément dans les jardins jusqu’à un endroit où s'élèvent ces cristaux rouges qui ne m’inspiraient pas vraiment. Karelle est partie et Sibyl…

Lily hésite, mais la directrice insiste pour qu’elle continue.

— Sibyl m’a indiqué les cristaux et poussée vers eux. Je suis passée au travers pour me retrouver dans ce désert de glace. Sans Mr… Wulfric, je n’aurais probablement jamais pu revenir.

— Douce Triade ! Non en effet, et tu n’aurais sans doute pas échappé à Izotz, c’est un ancien esprit des neiges. Si elle t’avait touchée, ton cœur ainsi que le reste de ton corps se serait changé en glace. Le froid que tu as ressenti, ce n’est que le résultat de son murmure. Peu à peu, ton sang se figeait. Je suis désolée Ombeline, je sais que certains de mes élèves sont… agacés par ta présence, certains d’entre eux étudient depuis des années pour développer des dons que tu sembles posséder d’instinct. Et il y a toujours ceux qui détestent le fait que tu ne sois qu’à demi-sorcière… Je n'ai pas anticipé ce genre de réactions… Sibyl et Karelle seront sanctionnées. En attendant, détends-toi.

Ombeline se sent soudain somnolente et ferme les yeux pour ne les rouvrir qu’en toute fin de journée. Eléa, installée près d’elle, se met aussitôt à babiller joyeusement, déposant sur son bureau une liasse de feuilles. Lily comprend que la jeune fille est ravie, car Karelle a tellement de corvées suite à sa punition, qu’elles ne la verront pratiquement pas du week-end. Comme elle se sent mieux et que Mr Foxy a disparu, Lily décide d’aller dîner au réfectoire. Le silence se fait un instant quand elle entre et elle capte quelques murmures d’admiration avant que Mme Jennas ne tape dans ses mains et que les activités reprennent.

— Réussir à t’échapper d’une zone rouge c’était plutôt balèze Lily, d’autant qu’on n’est pas supposé manier l’invocation en première année. Lui glisse Eléa. Je pense que tu as gagné le respect de beaucoup ici, mais rendu d’autres jaloux. Sibyl t’a vraiment poussée à travers les cristaux ? Demanda-t-elle enfin, changeant de sujet.

Ombeline acquiesce. Elle n’a pas conscience d’avoir réalisé quelque chose d’exceptionnel. Elle a simplement tenté de sauver sa vie. Et sans Mr Foxy, elle n’aurait même jamais su comment s’y prendre. Elle sursaute quand quelqu’un bondit dans le siège encore libre à côté d’elle.

— Comment te sens-tu Lily ? Je viens d’apprendre ce qu’il s’est passé ! Te jeter entre les griffes d’Izotz, quelle idiote !

Sibyl pas toi bien sûr. Mais apparemment, tu as réussi à filer de là-bas. Tu es fin prête pour les Epreuves on dirait ! Je suis content que tu ailles bien.

Lily fixe de grands yeux sur Alexis, qui a débité sa tirade sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit. Abasourdie, elle se focalise sur la dernière partie de sa phrase.

— Les Epreuves ? demande-t-elle d’une toute petite voix ?

— Nous franchissons tous au moins une Epreuve avant d’être considérés comme de vrais sorciers. Il y en a deux autres qui existent et vu tes dons, tu les passeras toutes. La première a lieu à la onzième lune de ta seizième année. Elle est ouverte à tous les sorciers et obligatoire. C’est aussi la plus pénalisante en cas d’échec, car le Conclave nous dépouille de nos pouvoirs… Euh… tu n’étais pas au courant ?

Lily secoue la tête, un peu sonnée.

— Oh… Madame Jennas va me passer un sacré savon ! fait l’adolescent en posant la main sur son front.

Après avoir découvert ses origines. Accepté la présence de sorcellerie, avoir été projeté dans un autre monde au travers d’un cristal, voilà qu’on lui explique que d’ici quelques mois à peine, il se pouvait qu’elle perde tout ? Un mal de tête se formait doucement sous le crâne de Ombeline. Elle ne sait pas si c’est dû au sort d’invocation qu’elle a lancé pour se tirer d’affaire ou à toutes ces informations, mais elle n’a soudain plus qu’une envie : aller se coucher. L’appétit coupé, elle prend congé de ses camarades et déambule dans les couloirs pour retrouver le chemin de sa chambre. Elle n’a pas aperçu ses deux ennemies dans le réfectoire et croise les doigts pour ne pas les voir. Par bonheur, Mr Foxy, qui semble avoir perçu sa détresse, vient à sa rencontre et la guide jusque la bonne porte. Sans même allumer la lumière, Lily trébuche jusqu’au lit et ne retire que ses chaussures et ses collants avant de tomber de fatigue.


Texte publié par JenniferDaina, 8 août 2020 à 15h24
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tome 1, Chapitre 4 « Au fond des jardins » tome 1, Chapitre 4
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