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tome 1, Chapitre 1 « L'homme-sans-clan » tome 1, Chapitre 1

            Couché dans les hautes herbes la sagaie serrée dans son poing, l'adolescent suivait le chasseur. Il calquait ses mouvements, marchait dans ses traces. Le sol était gelé, dur comme la pierre. Le vent de l'aube était froid ; il transperçait ses fourrures de ses griffes acérées, mais il ne grelottait pas. Des odeurs riches chatouillèrent ses narines : excréments des rennes sauvages et sa propre peur.

Le rouge de l'aube nimbait le ciel d'une aura sanglante, la neige scintillait et dans l'air flottait de petits cristaux blancs trop légers pour tomber. Le temps, suspendu, écoutait les battements de cœur de l'adolescents. Soudainement, le chasseur jeta un regard par-dessus son épaule avant de poser son index sur ses lèvres, lui intimant par-là le silence. Il poursuivit son chemin, silencieux comme une ombre et agile comme un Crocs-de-Sang.

Ils se rapprochaient de leur gibier.

Duneyl et Heqa avaient quittés les huttes de leur village depuis deux soleils entiers, leurs estomacs grondaient de faim et leurs réserves étaient maigres. Bientôt à court d'eau, ils furent forcés de faire fondre un peu de neige mélangée à du poisson séché. Le clan, tout comme eux, attendait la viande avec impatience avant de suivre le troupeau des rennes vers le sud, au printemps. L'hiver était rude et tuait.

Le premier soleil, les frères suivirent les traces du troupeau avec assiduité, dissimulant leur odeur avec des cendres, évoluant dans le sens contraire du vent le plus souvent qu'il leur était possible. Rapidement, la nuit tomba pour les enfermer dans une gangue de glace tranchante, de silence et de sifflements. Les étoiles nimbaient le ciel, rajoutant à la petitesse des hommes.

Le second soleil, néanmoins, ils parvinrent à rattraper leur retard en jouant de leurs muscles et de leur vigilance. Quand la lumière commença à décliner, Duneyl repéra le premier cervidé.

Le jeune renne, sans doute né à l'été dernier, portait encore les tâches caractéristiques de la juvénilité de l'herbivore. Ses bois ne grandissaient pas encore : réduits à deux bosses couvertes de duvet blanc, le petit trottait derrière sa mère et le reste du troupeau.

Un grand mâle arrachait l'écorce des arbres et semblait complétement plongé dans sa besogne. Il arrachait de ses dents de grandes bandes et mettait les troncs à nus. Il avait perdu ses bois à l'automne, mais sa largeur et la puissance de ses sabots insufflèrent la prudence aux deux chasseurs.

Duneyl suivit le regard d'Heqa. Il fixait le cervidé devant peser dans les cent quatre-vingts kilos ; une bête massive au garrot épais. Son aîné fronça le front, les sourcils ramenés au-dessus de ses yeux cobalt.

Heqa arma son bras.

D'un regard, il l'invita à l'imiter. Jambes fléchies et muscles bandés, Duneyl resserra son étreinte sur sa propre sagaie. Il devait viser fort et d'un seul coup au risque de faire fuir le troupeau ou de sortir son arc dans la précipitation. Aucun des deux ne devaient rater leur lancé.

Son aîné tira le premier en se redressant comme un ressort ; il y mit toute sa puissance et vivacité. Le mouvement de l'épaule du coude et du poignet forma une vague souple et agile. La sagaie fendit l'air dans un sifflement précis.

Ce fut si rapide que Duneyl ne put en capter la totalité. L'adolescent sursauta au bruit assourdissant des sabots sur le sol gelé de la taïga lorsque la voix de son frère claqua plus fort que le vacarme environnant.

« Par ici, suis-moi ! »

Le troupeau de cervidés se dirigeait vers la sortie du bois à toute allure. Il filait dans le renfoncement de deux collines coiffées d'une barrière de calcaire blanc haut d'au moins cinq pas. Heqa éclata de rire. Ils seraient rapidement piégés sans aucune retraite possible.

Si Duneyl parvenait à courir assez vite, peut-être pourrait-il soulager le renne d'une flèche. Il se mit à galoper à en perdre haleine. Ses bottes le maintenaient en équilibre sur la neige et la glace, il puisa dans ses ressources et entraînements pour se surpasser et devancer son frère aîné.

De grosses tâches de sang éclaboussaient la neige, le troupeau affolé prenait de la vitesse. Dans un fracas de sabots et neige mêlées, les branchages s'ébrouèrent sur les échines. Les rennes prenaient la fuite. Le jeune adolescent n'eut pas le temps de réagir. Il décida de rebrousser chemin brusquement sous le regard étonné de Heqa mais s'en moqua. Il avait une idée.

Duneyl se saisit de son arc recourbé au manche gravé. Des cerfs, un rhinocéros laineux au centre et des Grands-Marcheurs étaient gravés dans le bois avec le trait fragile et hésitant de celui qui n'avait pas l'habitude d'user du feu pour dessiner. Cet arc était l'exemple même du raffinement du Peuple des Rennes, clan adoptif du jeune Duneyl qui courait sur le sol gelé de la taïga pour monter au sommet des falaises qui piégeaient les rennes. Il saisit une flèche en pointe de silex, appela Heqa à le rejoindre d'un cri. Son aîné le rattrapa en quelques foulées souples, son arc en main et son couteau de silex à portée.

Plus bas, sous la falaise, la harde s'était rassemblée en brâmant. A l'arrière, le mâle blessé se traînait pitoyablement sur la neige, laissant derrière lui une ligne sanglante que les deux chasseurs suivirent du regard pour l'apercevoir coucher sur son flanc. Ses yeux roulèrent dans ses orbites quand l'animal vit les deux chasseurs juchés sur la falaise coiffant les collines alentour.

« Nous allons descendre, lui fit savoir Heqa, pour lui ôter la vie avec respect. Suis-moi. »

Le reste de la harde s'ébroua, décidant de rebrousser chemin. Ils s'enfuirent en laissant un de leur membre blessé à la merci des deux hommes. Duneyl se rapprocha à pas lent après être descendu en faisant le tour, de peur de le voir se dresser à nouveau sur ses sabots et disparaître dans la taïga. Mais, faible et profondément blessé par la sagaie jaillissant de son flanc, il dut se rendre à l'évidence qu'ils avaient réussi.

Avant d'achever le cervidé, Heqa murmura une prière pour son esprit. Il posa sa main sur les yeux ronds de l'animal qui sentait sa fin approcher. Avec des gestes soignés, il posa son arc et sa flèche. De son autre main, il dégaina de son fourreau en cuir bouilli son couteau de silex. Il posa avec délicatesse le fil de la pierre près de la jugulaire du cervidé pour, d'un seul coup, lui trancher la gorge et le maintenir au sol.

Le sang jaillit à flot. Ayant posé sa besace à sa droite, Heqa l'ouvrit d'un mouvement et farfouilla à l'intérieur pour sortir un bol en terre cuite peint de motifs bleus. Il récolta le sang fumant et tendit le récipient à Duneyl qui l'accepta d'un sourire ravi. Puis, Heqa s'occupa de découper l'animal, de le dépecer et de cueillir le foie encore fumant du corps. Il l'offrit à son petit frère qui l'accepta d'un hochement de tête intimidé.

Lentement, avec précaution, ils travaillaient sur leur prise pour en jeter les viscères, garder les parties nobles, les pattes, la viande, pour l'empaqueter avec soin. Il fallait se hâter, car le froid aura tôt fait de tout geler. Le soleil effleurait l'horizon pour quelques heures à peine. Heqa se pressa.

Ils ficelèrent le tout pour le porter sur le dos, dans des sacs de cuir bouilli et ils se mirent en marche.

Ils rejoindront la pinède à la fin de la matinée où ils pourront aisément faire une pause pour concevoir un traîneau sommaire. En raison de fortes bourrasques de vent, la neige n'avait plus aucune emprise sur le sol dur comme de la glace. Ils progressèrent rapidement en gardant en tête la douce chaleur des huttes de leur village d'hiver. Heqa prit finalement la parole alors qu'ils gravissaient une colline herbeuse, où le regard portait sur un horizon bleuté et gris, glacé.

« Tu es un bon chasseur, Duneyl. Il ne te reste plus qu'à parcourir la toundra pendant trente soleils et tu seras alors un homme. J'ai hâte de voir ce jour arriver. Te sens-tu prêt ?

- Il n'existe aucune raison qui me fasse penser le contraire, répondit son jeune frère, je suis plus que prêt. »

Heqa hocha de la tête, satisfait de cette réponse.

« Tu es de mon clan, un vrai homme-renne. »

Cette remarque gonfla le cœur du jeune homme d'une chaude joie, renforçant son sentiment d'appartenance, octroyant à l'adolescent l'impression de ne pas être seul, de ne jamais pouvoir être abandonné.

Heqa était un chasseur du clan de dix-sept printemps, aux cheveux dorés, nattés avec soin et huilés pour plus de brillance ; cette attention coquette était surtout utile pour masquer son odeur. En lui rendant son sourire, les deux frères échangèrent la chaleur d'un frère, la chaleur d'un ami. Si Duneyl était plus jeune de deux printemps, il était déjà grand de taille et ses épaules étaient larges. Adopté alors qu'il n'était qu'un nourrisson, Duneyl était différent physiquement de son frère, mais leur ressemblance était plus subtile, dissimulée sous leur enveloppe charnelle.

« Que les dieux soient avec toi. Rentrons, dit Heqa, Ajürna nous attends et va très certainement nous préparer un excellent repas avec cette prise ! »

Ajürna, la femme de son frère, était une femme extraordinaire qu'il avait prise pour épouse l'été dernier. Cela faisait des lunes et des lunes qu'ils se tournaient autour, s'embrassaient en cachette, jouaient à se chamailler dans la toundra ou à se baigner bruyamment dans les lacs d'eau claire. Leur union s'était imposée avec l'accent de l'évidence. Imaginer la douceur de la hutte avec Ajürna pour lui conter des histoires poursuivit de motiver Duneyl et ce dernier poussa plus fort encore sur ses jambes.

Le silence se posa entre eux tandis qu'ils traversaient les grandes étendues herbeuses et blanches. Au loin, près d'un lac prit dans la glace, un groupe de trois rhinocéros laineux nommés les Cornus, paissaient sereinement. L'un d'eux leva la tête, huma l'air, souffla avant de leur tourner le dos, bien peu impressionné par ces deux hommes sentait le sang et le cadavre. Les bêtes étaient énormes. Si elle se décidaient à charger, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir vivant. Observer ces immenses animaux avait toujours un effet électrisant, comme un rappel de la petitesse des hommes face à Janah, la Terre-Mère et aux majestueuses créatures foulant son dos.

En se rapprochant des immenses pins au loin, Duneyl brisa le silence :

« Œil d'Aigle m'a promis mon bracelet pour la lune prochaine. »

Heqa plongea ses yeux couleur de glace au soleil, dans ceux sombres de son cadet.

« Je l'espère pour toi. Trente soleils, c'est long, autant pour celui qui attend que celui qui voyage. »

Sans savoir pourquoi, Duneyl ressentit une vague de chaud et de froid dans son ventre ; les sensations se mélangèrent pour donner une impression de malaise. Était-il heureux de devenir un homme ? Le passage à l'âge adulte était-il toujours aussi difficile, pour chaque être humain ?

Il n'avait pas la réponse.

« Nous avons des rituels, qui nous ont été donnés par les dieux eux-mêmes et Janah. Certains hommes ne le font pas car ils sont devenus sourds aux murmures des dieux et à leurs paroles. Ce pourquoi nous devons toujours respecter certaines traditions.

— Qui ? Qui sont sourds face aux dieux ?

— As-tu déjà entendu parler des Grands-Fronts ? Ceux qui vivent à l'extrême sud ?

— Oui, Anhiq adorait me raconter des histoires effrayantes sur eux quand je ne voulais pas dormir.

— Ce sont des êtres étranges qui portent des bois de cerfs en coiffes pour certains, et enterrent leur mort sous des pierres. Ils sont différents et parlent à d'autres dieux.

— Pourquoi me parles-tu d'eux ?

— Car ils sont sourds, justement, aux murmures de Janah. Tu ne dois jamais cesser d'écouter ; tu risquerais de te perdre sur son dos.

— Personne n'a tenté de parler avec eux ? Pour les connaître et les initier à la voix des dieux ? »

Un rire sec s'échappa des lèvres de son frère. Ce dernier réajuste la viande sur son épaule, à présent gelée, avant de lui répondre en prenant soin de bien choisir ses mots.

« Beaucoup ont essayé de communiquer avec eux. » Un silence, puis : « Aucun ne sont revenus. Ce sont des barbares qui idolâtrent la guerre, comme les Anikulapo. Ils sont de la même race ; ce sont des personnes dangereuses, qu'il vaut mieux éviter. »

Duneyl ne répondit pas, préférant le mutisme pour toute réponse. Oui, il avait peur de ces hommes trapus au grand front, oui il avait peur des Anikulapo, des rêves qu'il faisait encore parfois quand il pensait à ses parents.

Après un long moment, les deux hommes parvinrent enfin sous le couvert des arbres. L'odeur de sève remonta dans leurs narines qu'ils humèrent avec force. Ils décidèrent de poser leur prise le temps de récupérer assez de bois pour leur traîneau. Duneyl se chargea des plus grosses pièces, Heqa du tressage des branches vertes. Ils surveillaient la course courte du soleil en même temps puis, au bout de presque une heure, ils terminèrent.

Dans quelques semaines, le printemps s'imposera sur les Terres de Janah, et la transhumance commencera. Cette pensée galvanisa le jeune Duneyl.

Tout d'un coup, Heqa, occupé à tirer le traîneau, se redressa, les sens aux aguets, le corps figé dans la position du chasseur qui écoute.

Duneyl l'imita, le sourcil interrogateur.

Un bruit.

Des pas humains, dans les fourrés. Ce n'était sûrement pas un habitant de leur village : le Peuple des Rennes avait pour habitude de s'annoncer à l'avance pour ne pas s'attirer des ennuis inutiles, ou être confondu avec une bête sauvage.

Le silence.

Un bruit.

Une branche qui se brisa, à une volée de pas, derrière l'ombre des arbres. Le soleil était à mi-parcours dans l'azur du ciel, éclairant faiblement la pinède de ses rayons obliques. Sans pouvoir contrôler les battements de son cœur, Duneyl tourna la tête de tous les côtés.

« Je ne suis pas un ennemi, fit une voix basse et grave.

— Qui es-tu ? lança Heqa au vide.

— Jondal, je porte le nom de Jondal. Je suis sans clan et j'ai faim. »

La source de la voix se précisa sur la gauche de Duneyl. Une ombre se détacha d'un tronc pour prendre, en contre-jour, la forme d'un homme à la silhouette musclée, aux épaules couvertes d'une dense fourrure de loup gris dont les poils sont agités par le vent à la manière d'une prairie d'été. Elle était abîmée à la fois par le temps et le manque de soin évident. Il portait également un large pantalon en cuir de phoque, en meilleur état. Pour seules armes apparentes, une lance à la pointe durcie par le feu et un couteau de silex glissé à la ceinture. Hirsute, les joues dévorées par une barbe noire striée d'argent, les yeux graves et attentifs, le vagabond plongea ses yeux dans ceux du jeune homme, captivé. Duneyl se sentit livré à son regard, comme si soudainement il se retrouvait incapable de lui mentir ou de cacher ses pires secrets.

« Sans clan ? releva-t-il dans un murmure.

— D'aussi loin que ma mémoire peut remonter, non, j'avais un clan. Aujourd'hui je n'en ai plus, et cela n'a pas d'importance. »

Duneyl sentit que les mots, durs, résonnaient des accents de la vérité. Il ne parvenait pas à soutenir le regard de l'étranger, aussi préféra-t-il baisser les yeux.

« Que veux-tu de nous ? »

Le vagabond détacha son attention de Duneyl pour se reporter sur le chasseur blond.

« Manger un peu, de quoi survivre... je suis fatigué. »

Heqa lâcha le traîneau et se saisit brusquement de sa sagaie, la pointe de pierre sur le torse de l'inconnu.

« Nous allons partir, mon frère de clan et moi, loin de toi, Jondal. Nous n'allons pas t'aider, car notre village a faim. Je suis désolé. »

Duneyl ouvre la bouche pour protester, mais le regard noir de son frère aîné l'intima à garder le silence le plus complet, malgré son envie de tendre la main. Il lutta à l'intérieur de lui-même, serra les dents pour ne pas protester.

Heqa, sans quitter l'homme-sans-clan des yeux, ramassa son traîneau et poursuivit sa route. Pourquoi ne pas l'aider ? Lui donner un petit morceau de viande ? Si Heqa se retrouvait dans la même situation, il serait heureux de compter sur la générosité de ceux qui croiseraient sa route ! En plus de cela, ils étaient chargés de viande fraîche dont ils ne pourraient avoir besoin dans l'immédiat. Le dilemme tordait violemment la conscience du jeune homme.

Alors que Heqa ne regardait pas, après avoir dépassé le vagabond, Duneyl fit tomber un morceau épais dans la neige en jetant un regard par-dessus son épaule. L'étranger et l'adolescent se saluèrent discrètement. Duneyl demeura silencieux jusqu'à ce qu'ils soient assez loin.

« Pourquoi ne lui avoir rien donné ?

— Cette viande a été chassée pour notre village, pas pour un étranger bientôt mort dans la rudesse de l'hiver.

— On peut l'aider ! » protesta le jeune homme.

Heqa pivota sur lui.

« Tu lui as déjà donné de la nourriture, Duneyl. Je t'ai vu. Alors ne me pousse pas à la colère. »

Duneyl se pétrifia. Heqa était doté d'une vue exceptionnelle, il aurait dû s'en rappeler. Il ne comprenait pas pourquoi Heqa s'était refusé à l'aider, en opposant l'unique argument de positionner le village avant tout le reste.

« Père aurait été heureux d'aider un étranger, répliqua Duneyl. Il aurait aimé que nous le fassions. »

Heqa se figea, plongea son regard dans le sien, triste et humide de larmes. Il ne dit rien.

Le chemin se déroula tranquillement, seuls les pas crissant sur la neige pour briser la monotonie ; aucun des deux frères ne parlèrent de cet incident de l'homme-sans-clan.


Texte publié par Synwir, 5 juillet 2020 à 13h34
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