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tome 1, Chapitre 43 « XXXXII. Mort » tome 1, Chapitre 43

J'ouvre les yeux. Je me sens étrangement bien et apaisée. C'est lorsque j'observe rapidement où je suis que la triste réalité me reviens en pleine face. Je soupire. Il fait jour. Les simples rideaux laissent filtrer les rayons du soleil. Il ne reste que quelques braises dans la cheminée. Je sens comme un poids sur moi, au sens propre du terme. Il s'agit du bras d'Alexandre qui m'a entouré toute la nuit. Je souries lorsque je vois d'aussi prêt son visage endormie. Il me prend soudainement l'envie de caresser son visage. J'approche alors ma main de sa joue mais, lorsque je l'effleure, je suis prise d'un coup de jus. « Foutues pouvoirs ! » pensais-je très fort. Heureusement, cela ne le réveille pas. Il s'agite quelques secondes mais il continue de dormir.

Délicatement, je soulève son bras pour pouvoir sortir des couvertures et me lever. Je m'étire un peu et me dirige vers la cuisine. J'ouvre le robinet et je constate avec étonnement que l'eau est en route. Je passe mes mains sous le liquide frais puis je m'en met sur le visage. Lorsque je relève la tête, mon regard croise celui de son reflet sur la vitre du placard. Je reste un moment à me fixer. Tous les événements de la veille se mettent alors à défiler dans mon esprit. Alexandre en souffrance lorsqu'il a essayé d'utiliser ses pouvoirs. Les hommes de Stoller venus pour nous emmener. La violence dont ils ont fait preuve envers Alexandre. Mes pouvoirs incontrôlables. Les hommes morts. Stoller. Les hommes morts, leurs corps étendus sur le sol. Stoller s'approchant de moi. Les hommes morts. Morts. MORTS !

Les larmes avaient commencé à couler sur mes joues. Mais qu'est-ce que je suis au juste ? Une meurtrière ? Je suis hypnotisée par le reflet de quelqu'un qui m'effraie. Comme si c'était une autre personne. Et pourtant, c'est bien moi. C'est moi qui ai tué ces hommes...

-Bonjour.

Je sursaute lorsqu'Alexandre apparaît à l'entrebâillement de la porte. J'essuie alors furtivement quelques larmes avant de lui répondre, un faux sourire aux lèvres :

-Bonjour.

-Tu pleurs ? demanda-t-il, inquiet.

-Non, je viens juste de me passer de l'eau sur le visage.

Il n'avait pas cru une seule seconde en mes paroles. Il s'approche doucement de moi. Puis, d'un geste doux, il place une main sous mon menton pour relever ma tête, avant de me prendre par les épaules. Je ne peux alors plus cacher mes yeux rougis par les pleurs. Alexandre me scrute, le regard inquiet.

-Je suis là pour t'écouter tu sais ?

Je ravale un sanglot. On a rarement été si proche lui et moi. Je me rends compte qu'il n'est plus grand que moi que de cinq centimètres, pas plus. C'est comme si cette nuit passée ensemble avait abattue toutes les barrières entre nous.

-Je... J'ai... tué des hommes, répondis-je d'une voix tremblante. Et je ne sais pas comment je suis censée vivre avec ça à présent.

Je pleurs de plus belle. Je m'effondre totalement dans les bras d'Alexandre. J'y déverse toute ma peine. Son étreinte se ressert de plus en plus, comme une protection contre n'importe quel danger. Je finis peu à peu à me calmer. Je me recule un peu pour essuyer mes larmes.

-Je ne sais pas comment je ferais si tu n'étais pas là. Comment fais-tu pour ne pas perdre pieds ?

Alexandre se détourne alors de moi, comme s'il voulait se cacher.

-Honnêtement...J'essaie juste de rester fort mais en réalité je ne le suis pas...Je me dis juste que, si je craque, on ne pourra pas s'en sortir. Alors je me bats pour rester debout.

Je sens beaucoup de peine dans sa voix. Jusqu'ici, je le voyais comme quelqu'un sur qui je pouvais me reposer, quelqu'un qui était là pour me protéger. Je me rends compte à présent que cette histoire éprouvante est également la sienne. J'ai été égoïste sur ce coup.

Alors, je le contourne pour lui faire à nouveau face.

-Je suis là pour toi aussi, Alexandre.

Malgré la tristesse que je peux lire dans ses yeux, Alexandre arrive à esquisser un sourire. Délicatement, il pose une main sur ma joue.

-Je sais.

Soudain, je sens que mon cœur est sur le point d'exploser. Hypnotisé par ses yeux, je n'arrive plus à bouger. Je vois alors son regard se diriger sur mes lèvres.


Texte publié par KmilleHope, 6 octobre 2020 à 15h58
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