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La dernière question de Sinclair me procure un choc. J'ai peur de commencer à comprendre... Or, je n'arrive pas à parler. Les mots restent coincés dans ma gorge avec mes sanglots. Alexandre, quant à lui, semble perdre patience.

-Mais où voulez vous en venir, bon sang ?

Sinclair soupire. Elle semblait déçue que nous ne comprenions pas par nous même. Mais je pense surtout qu'on ne veut pas se l'avouer. Pour ma part, il fallait que je l'entende de sa bouche pour y croire vraiment. Elle se tourne vers moi. Elle voit l'émotion sur mon visage. Je suis prête à craquer.

-Que sais-tu te tes parents biologiques Eléanore ?

Je ferme les yeux alors qu'une larme s'échappe et roule sur ma joue.

-Je sais que c'est un souvenir douloureux... mais tu dois savoir la vérité. Au fond de toi, je sais que tu as déjà compris.

Je souffle un grand coup avant d'ouvrir à nouveau les yeux.

-Ma mère... elle est morte alors que je n'étais qu'un bébé... Mon père, lui... n'a pas voulu assumer le fait de m'élever seul... Par chance, une jolie famille m'a adoptée. Ce sont eux mes vrais parents.

Mes mots sont tellement lourds... J'avais peur qu'ils restent coincés dans ma gorge. Je laisse quelques larmes s'échapper à nouveau du coin de mes yeux. J'aimerais totalement me libérer pour pleurer mais je n'y arrive pas. Le regard désolé du Docteur Sinclair ne m'aide pas. J'ai déjà fait face à la pitié des gens pendant beaucoup trop longtemps. Heureusement, elle finit par se tourner vers Alexandre. Concentrée sur mes propres émotions, je ne le regarde pas mais je sens qu'il fait de même.

-Vous savez ce que je vais vous demander Alexandre ?

-J'ai même compris où vous voulez en venir... J'ai perdu ma mère très jeune. Mon père n'a pas mis longtemps à refaire sa vie. Cette femme m'a élevé comme son propre fils.

Alexandre vient de débiter ses phrases comme s'il les avait apprise par cœur. Je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour lui. Nos histoires sont assez différentes bien que nous ayons chacun perdu des parents.

-Les deux femmes... les collègues de Madame Stoller... ce sont nos mères c'est ça ?

Il venait de prononcer ces mots un peu plus difficilement. Comme s'il avait peur que son hypothèse soit vrai. Ou alors fausse.

Sinclair mis un temps à répondre. Elle essayait de cacher une certaine joie. Elle est sûrement soulagée de ne pas avoir dû prononcer ces mots par elle même. Après avoir caché un léger sourire, elle hocha lentement de la tête.

-C'est exact. Elles ont tout d'abord pris d'énormes risques en continuant leurs expériences alors que vous étiez en train de grandir dans leurs ventres. Leur expérience a mal tournée, provocant l'explosion totale de la centrale.

-Mais nous sommes encore en vie, comment est-ce possible ? interrogea Alexandre.

-Seules elles trois ont survécu à l'accident. Peu de temps après, elles ont développé des capacités spéciales semblables aux vôtres. Puis vous êtes venus au monde. Stoller explique dans son journal qu'au départ il voyait sa femme comme une super-héroïne crée parla science. Ses pouvoirs rendaient plus facile leur quotidien. Puis elle est devenue incontrôlable. Il a même employé les mots « œuvre du diable ».

Sinclair fait une pause, referme le journal pour le poser sur la table avant de continuer. Peut-être a-t-elle finit son histoire ?

-Un soir, alors qu'il rentrait tard du travail, sa maison était en feu. Sa femme et son jeune fils Christian n'ont pas survécu.

C'est avec une certaine émotion qu'elle a prononcé ses derniers mots. Cette tragédie la bouleverse d'autant plus car un petit garçon y a laissé la vie. Elle doit sûrement avoir des enfants.

-Et...nos mères ? demandais-je faiblement.

-Stoller n'évoque pas les circonstances de leur décès mais je suppose qu'elles sont mortes de la même manière. C'est une chance que vous n'étiez pas avec elle pendant ce moment là.

Elle a raison sur ce point. Bien que nous n'ayons jamais vraiment connu nos mères, nous avons le mérite d'être en vie. Mais pour combien de temps ? Est-ce que le même sort nous attend ?