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Stoller a fait une grande erreur en m'enfermant dans son bureau. J'ai tout d'abord cru que c'était fini, qu'il allait faire je ne sais quoi avec Eléanore et Alexandre et que j'avais perdu. Je voulais ouvrir la porte, la forcer. Or, une idée plus ingénieuse m'a ensuite traversée l'esprit. Fouiller son bureau. Ce n'était pas une mince affaire en vue du désordre qui y règne. Mais j'ai fini par le trouver. Son journal. Tout y est écrit. J'ai dans un premier temps cru rêver lorsqu'il a évoqué l'histoire des deux jeunes gens. Je l'ai même relu deux fois pour bien comprendre la situation. Il fallait que je fasse quelques chose. Je ne connais pas encore ses intentions mais je dois mettre les jeunes à l'abri avant qu'il ne soit trop tard.

Avec un peu de jugeote et beaucoup de force, j'ai pu sortir. J'ai couru jusqu'à leurs chambres. Les deux portes étaient grandes ouvertes et les pièces étaient vides. C'est en voyant l'agitation que j'ai compris qu'ils essayaient de s'enfuir. Or, il était évident qu'ils n'arriveraient pas à trouver la sortie seuls, du moins, pas avant d'avoir été attrapés par Stoller. Je me suis donc précipitée à leur recherche, sans vraiment savoir ce que je ferai une fois que je les aurai trouvé. Par chance, je n'ai pas croisé mon collègue.

Eléanore et Alexandre avaient eu raison de se cacher. Ce dernier ne semblait pas me faire confiance ce qui est assez justifié. Or, il n'avait pas hésité à suivre sa camarade. La complicité muette qui s'est formée entre les deux jeunes gens est tout à fait fascinante. Alexandre se veut protecteur avec ma patiente. Il l'a clairement démontré lorsqu'il l'a prise par la main pour l'emmener à ma voiture. Par chance, Stoller n'avait parlé à personne de mon rôle dans l'histoire. Du moins, c'est ce que j'ai compris lorsque Dan m'a laissé partir sans poser de question.

Ma maison familiale est inhabitée depuis bien des années. Il s'agit d'un chalet bien caché au cœur de la forêt. J'ai espoir qu'ils puissent demeurer en sécurité là bas pendant un moment. Je reste un moment hésitante avant de sortir de la voiture. Comment vont-ils réagir face à la vérité ? Dois-je vraiment tout leur expliquer dans les détails. Selon moi, ils méritent de savoir. Mais sont-ils prêts ?

Finalement, déterminée à mettre tout au clair, je sors de ma voiture. Eléanore et Alexandre me suivent sans un mot. Lorsque j'ouvre la porte du chalet, ils y pénètrent lentement. Il fait sombre. Je sors alors mon téléphone pour y activer la lampe torche.

-Par précaution, je ne vais pas allumer le générateur d'électricité. Mais nous avons des bougies et du bois pour le feu, cela devrait suffire.

J'observe Eléanore hocher de la tête. Le silence et l'obscurité rendent l'atmosphère assez étrange. Je me demande pendant un laps de temps ce qui est en train de m'arriver. La situation est complètement dingue ! Mais après tout, je n'ai fait que suivre mon instinct.

Alexandre m'aide à mettre en route le feu de la cheminée tandis qu'Eléanore termine d'allumer les bougies. Cette dernière finit par s'asseoir dans le canapé rustique, le regard plongé dans le vide. J'invite à Alexandre à s'asseoir à ses côtés tandis que je prends place dans le fauteuil d'en face. Il fait un peu plus clair, ce qui me permet d'observer plus précisément leurs visages fatigués. J'ai beaucoup de peine pour ces deux jeunes gens qui me paraissent plus être des enfants. Ils ne méritent pas tout ce qui leur arrive. Je me mets alors à regretter certains de mes actes. Nous n'aurions jamais du agir ainsi. Si seulement les choses se seraient passées autrement... si j'avais su pour Stoller... Le mal est fait. Je me suis mise entête de le réparer du mieux que je peux. Et je vais commencer dès maintenant en leur racontant toute la vérité.