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Le Docteur Sinclair est venue à notre secours. Je savais qu'on pouvait lui faire confiance. Et la main d'Alexandre dans la mienne me rassurait d'autant plus. Malgré son comportement parfois étrange depuis que la vitre a été brisée, je me sens en sécurité avec lui. C'est pour cela que lorsque Sinclair est à la hauteur de l'homme qui a l'air peu commode je le suies sans me poser de questions vers la voiture. Je ne peux entendre que le début de la conversation du Docteur tellement Alexandre est rapide.

-Hey Dan ! C'est la folie en bas, qu'est-ce qui se passe ?

-Les deux gamins se sont échappés, ils ont attaqué le boss, il est fou de rage.

-Mais c'est horrible ! Qu'est-ce que je peux faire ?

-Vous ne devez pas vous mêler de ça, ordre de Stoller.

Une fois dans la voiture, Alexandre prend soin de fermer la porte sans faire de bruit. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour Sinclair. Elle prend d'énormes risques pour nous aider.

Dans l'obscurité créée par le parking, j'observe tant bien que mal mon voisin. Il semble reprendre son souffle qui est très rapide. Il essaie de le masquer mais je commence à remarquer sa peur.

-Alexandre,prends de grandes inspirations, ne te laisse pas gagner par la panique.

-Je vais bien

-Ce n'est pas ce que je vois. Fais comme moi.

Je prends sa main et la dépose sur mon ventre.

-Fais rentrer l'air dans ton ventre, comme ça. Puis expire doucement.

La respiration ventrale est un excellent moyen de se détendre même dans des situations extrêmes. On peut se concentrer sur soi, sur ce qu'on ressent et ainsi le maîtriser. Alexandre suit mes mouvements puis nous finissons par respirer à l'unissons. Tout est si calme. Nous sommes à nouveau comme dans une bulle, hors du danger. Je n'arrive même plus à distinguer sa respiration de la mienne, même quand je ferme les yeux.

Une porte claque, nous sommes interrompus. C'est le Docteur Sinclair qui vient de s'installer au poste de conducteur. Alexandre enlève sa main rapidement. Il est encore tendu mais il semble moins paniqué.

-Restez à couvert jusqu'à nouvel ordre, chuchota Sinclair.

La voiture démarre, fait marche arrière puis sort du parking. Une fois à l'extérieur, Sinclair expire de soulagement. Je m'attendais à être éblouie par la lumière extérieur mais à ma grande surprise, il fait nuit. Il est clair que je n'avais plus la notion du temps dans le laboratoire. Je ne sais même pas quel jour on est.

Une fois assez loin du bâtiment, on nous autorise à nous redresser. Je me décide alors à prendre la parole.

-Où nous emmenez vous ?

-Loin d'ici

-Vous avez un plan au moins ?

Elle semble réfléchir. Je pense qu'elle a surtout improvisé ses actions au fur et à mesure. Du moins, c'est ce qu'elle laisse entendre par son silence. Elle se contente de rouler pour nous éloigner de cet enfer.

-Ma famille possède une maison dans la forêt, finit-elle par lâcher. Cela fait des années que je n'y suis pas allée mais j'ai toujours les clés sur moi. Vous y serez en sécurité.

-Comment pouvez-vous en être aussi sûre? Est-ce qu'on peut vous faire confiance ? interroge Alexandre.

-L'avantage dans mon métier, c'est qu'on ne parle pas de notre vie privée. Stoller ne connait pas l'existence de cette maison secondaire.

Alexandre reste pensif. Il se méfie, ce que je peux comprendre. Sinclair, quant à elle, reste concentrée, les yeux rivés sur la route devant elle. Je regarde par la fenêtre. Le ciel est dégagé, ce qui me permet de contempler un moment les étoiles, comme si cela faisait des semaines que je ne les avais pas vu.

-Est-ce qu'on pourra contacter nos proches ?

-Sûrement pas ! me répond-elle sèchement.

Mon voisin fronce les sourcils, je la vois nous observer quelques secondes dans son rétroviseur. Elle soupire, se rendant à priori compte du ton qu'elle venait de prendre.

-Du moins, pas pour l'instant... Pas tant que je ne sais pas ce que Stoller a en tête. Ce serait trop dangereux.

J'ai tout à coup un très mauvais pressentiment. Toujours plongé dans les étoiles, j'essaie de ne pas céder à nouveau à la panique.

La route me paraît courte. Lorsque la voiture s'arrête devant ce qui ressemble plus à un chalet, je ne me rends pas compte qu'il est déjà si tard. Le tableau de bord affiche 22h30.

Sinclair coupe le moteur mais ne bouge pas. Elle sort un petit carnet de la poche de sa veste. Je la vois le fixer quelques instants avant de soupirer longuement. Ma curiosité prend le dessus.

-Qu'est-ce que c'est ?

-La vérité. Si vous êtes prêts à l'entendre.