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42h plus tôt.

Je ne me suis jamais sentie aussi libre. Certes, une grande école m'attend l'année prochaine mais la validation de ma licence est déjà un premier palier de passé. Pour fêter cela, mes amis et moi avons décidé de nous rendre dans un bar pour boire des verres et danser. C'est donc à 20h que je retrouve mes amis qui m'ont accompagné pendant ces trois années d'études. C'est aux côtés de Romane que je rejoins le reste de la troupe. Lilas, Talya et Arthur nous attendent au bar. C'est avec joie que nous nous retrouvons et que nous entamons notre premier verre pour ensuite aller se défouler sur la piste de danse.

J'admire les lumières multicolores sur le visage de mes amis. Les jolies boucles de Talya virevoltent en rythme avec la musique sur ses épaules tandis qu'Arthur et Lilas rigolent de leur danse respective. Tenant la main de Romane, je la fais tourner sur elle même alors que des larges sourires emplissent nos visages. C'est donc sous la joie et les rires que nous dansons tous ensemble, en ne pensant à rien d'autre qu'à l'amusement. Les résultats de fin d'année doivent être tombés un peu partout. Le bar est bondé et tout le monde semble fêter quelque chose. La musique est tellement forte que les murs vibrent et je suis contrainte d'hurler dans les oreilles de Romane pour lui dire que j'ai besoin de prendre l'air.

C'est avec un mal de tête que je me prend une rafale de vent en ouvrant la porte. Un peu de frais me fera du bien. Je supporte difficilement la chaleur, j'ai le malaise facile. Je ne bois pas souvent d'alcool et le cocktail que j'ai ingéré pourrait me faire du tord. En effet, le passage de la chaleur au vent frais me provoque un léger tournis. Je m'assois donc sur l'une des chaises extérieures pour profiter de la légère brise qui envahit mon visage.

Alors que je m'apprête à rejoindre mes amis, deux hommes sortent et l'un d'eux me tient la porte. Je le remercie et entre. Une fois à l'intérieur, je veux prendre le relais pour le laisser sortir. Alors que ma main s'approche de la poignée, j'effleure maladroitement celle du jeune homme. Un coup de jus nous fait tous les deux sursauter et je m'excuse. « Ce n'est rien » répondit-il en détournant rapidement son regard du mien. Je trouve cela très frustrant de ne pas pouvoir voir les yeux de quelqu'un. Je retrouve ensuite Talya au bar.

-Tu ne danses plus ?

-Je fais une petite pause.

-On prend un verre ?

Je lui offre cette fois-ci un soda. Comme moi, Talya n'est pas très friande d'alcool et on a surtout besoin de se rafraîchir. Talya est ce genre de fille tellement douce qu'on ne peut s'empêcher de s'attacher à elle. Au delà de ses allures de fille sage, elle cache derrière ses grandes lunettes rondes un humour et une imagination débordante. C'est sûrement pour cela que je l'admire autant.

Le reste de notre petite bande finit par nous rejoindre pour un second verre. Sous les blagues d'Arthur, nous entamons une série de fous rires. Nous faisons quelques selfis avec le téléphone de Lilas tandis que Romane m'attire à nouveau sur la piste de danse. Cette dernière a bu un peu plus que nous ce qui accentue sa folie. J'affectionne beaucoup notre complicité mais je m'inquiète également beaucoup à son sujet. C'est une fille assez complexe. Parfois, elle décide de ne plus parler à personne pendant quelques jours ou bien de me cacher la raison de ses absences aux cours. Elle me répète sans cesse : « Ça va passer, ce n'est pas contre toi ». On a beau avoir de nombreux points communs, j'ai quand même parfois de grandes difficultés à la comprendre. C'est donc protectrice que je l'emmène au bar chercher sa troisième bière, lui faisant promettre que ce sera la dernière.

Encore une bonne heure sur la piste de danse et Talya et Romane décident de rentrer. Quelques minutes plus tard, je laisse Lilas et Arthur qui désirent rester encore un peu. Je les salue puis décide de me rendre aux toilettes avant de partir. Je pousse la porte qui donne sur des toilettes mixtes. Une porte contient un petit écriteau où est inscrit « Lady » et sur l'autre, il est écrit « Gentleman ». Lorsque je me lave les mains, un homme apparaît et vient se placer sur le lavabo adjacent pour faire de même. Alors que je me dirige vers le séchoir, je glisse sur une flaque d'eau mais deux bras viennent me rattraper. Je relève la tête, je découvre enfin les yeux magnifiques de l'homme qui m'a tenu la porte tout à l'heure. Je n'arrive pas à mettre un mot sur leur couleur mais je sens que cela va me venir. Il finit par me redresser.

-Merci, lui dis-je un peu gênée.

-Y'a pas de quoi, répondit-il en baladant son regard à droite à gauche.

-La porte plus ça, ça fait un peu beaucoup, lui dis-je en souriant. Je m'appelle Eléanore, déclarais-je en lui tendant la main.

-Alexandre.

Alexandre prend ma main puis quelque chose d'extraordinaire se produit. Un énorme courant électrique nous parcours puis nous sommes propulsés de part et d'autre de la pièce. Bien que la lumière se soit éteinte, je sens ma vision se troubler puis c'est le trou noir. Lorsque j'ouvre les yeux à nouveau, je ne vois absolument rien.